ASSUMONS NOTRE CENTRAFRICANITE ICI ET MAINTENANT

 

La grande marche populaire du 28 Mars 2003, consécutive au changement de cap du 15 Mars 2003 aura été ou devrait être l’occasion donnée à notre pays pour repartir sur de nouvelles bases. A l’aube de la fin de la "  Transition Consensuelle " que le génie centrafricain a conçue et expérimentée, le paysage politique national devient de plus en plus lisible pour les uns, illisible pour les autres et des nuages s’amoncellent à l’horizon…Ces nuages présagent-ils d’une pluie de bénédiction ou de malédiction sur le Centrafrique après quarante et quatre années au cours desquelles le pays n’a plus régressé que progressé ?

Le Président Barthélemy BOGANDA, peu avant son dernier voyage de Berberati, avait fait remarquer ceci : " Nous avons oublié, dans le texte de notre Constitution, de mettre notre pays sous la protection de Dieu." (1) Tout en militant pour le caractère laïc de l’Etat, cette remarque m’interpelle…Je ne m’hasarde pas à trouver en cela la justification de toutes les dérives que nous avons connues…Toutefois, cela mériterait une certaine attention…

Que faire pour que le Centrafrique de nos Ancêtres, le Centrafrique de BOGANDA s’inscrive enfin dans une nouvelle dynamique évolutive afin que soit corrigé le faux départ de 1960 ?

Je ne crois pas répondre à cette question si je ne faisais que me répandre ici en invectives contre ceux et celles qui, à un moment donné, ont eu à divers niveaux, à assumer des responsabilités dans notre pays. Je ne voudrais pas non plus les disculper ou mieux, nous disculper pour le retard que nous avons fait connaître, de manière consciente ou inconsciente, à notre pays. Ma réponse se veut celle d’un citoyen patriote qui a aimé son pays, qui l’aime, qui ne pourra que l’aimer et qui, du 01 Avril 1983 au 27 Mai 2001, a eu à apporter sa modeste petite pierre à l’œuvre de construction nationale en enseignant tout en s’impliquant dans la vie associative, syndicale et politique. (2)

A l’heure où des initiatives sont menées ici et là pour que l’année 2005 soit l’année de l’Afrique et en raison des grandes échéances électorales prévues en cette fin d’année 2004 et au début de l’année 2005 en Centrafrique, je voudrais, par patriotisme et avec réalisme, assumer ma centrafricanité en exprimant ce que je crois être bon pour mon pays, la République Centrafricaine. Car le Centrafrique ne doit pas rester en marge de ce mouvement de renaissance du continent.

Depuis l’accession de notre pays à la souveraineté, la conjugaison de multiples facteurs endogènes et exogènes a provoqué le non -développement et notre société est malade, profondément malade. Les valeurs sociales traditionnelles positives n’ont plus prise sur les individus. Le Centrafrique profond va mal et le Centrafricain ou la Centrafricaine se sent mal dans sa peau... La crise actuelle ne se résume pas seulement à une crise politique, militaire, sociale ou économique. Elle est aussi morale, spirituelle et elle est bien profonde. Le soleil se lève mal, il pleut mal, on sème mal et l’on moissonne mal…Avec une espérance de vie estimée à quarante ans et les ravages du VIH/SIDA et du paludisme, il devient impérieux de réagir, de bien réagir…

Je réagis pour ma part en proposant :

I- SUR LE PLAN DE L’ENVIRONNEMENT POLITIQUE ET ECONOMIQUE

L’histoire récente de notre pays nous permet, en toute objectivité de comprendre et de réaliser que nos partis politiques ont une très lourde part de responsabilité dans son état actuel. Loin de moi l’idée de vouer aux gémonies tous les partis politiques et tous les hommes politiques…Je dis tout de suite et je soutiens que le cheminement politique d’Abel GOUMBA mérite, malgré tout, respect et considération dans notre capharnaüm de partis et d’hommes politiques…Cet unique exemple que je me permets de citer est l’exception qui confirme la règle selon laquelle "  Barthélemy BOGANDA a laissé des chaussures trop larges " pour tous ses successeurs…

Nos partis, par leur nombre et leur fonctionnement posent problème. Le moment est sans doute venu pour qu’un débat national soit initié sur le type et le nombre de partis politiques dont la RCA a besoin en cette période de guerre économique mondiale. Nous sommes maintenant à une époque où les sociétés financières internationales contrôlent pratiquement toutes les sphères de décision et la gestion du pouvoir dans tous les pays et, singulièrement dans les pays en voie de développement. Nos partis politiques actuels ont –ils tous des projets politiques qui répondent aux impératifs de la démocratie, aux aspirations de la population et à la conjoncture internationale ? Je crois ne pas me tromper en répondant d’emblée par la négative, au regard des tristes réalités politiques centrafricaines…

Quand des partis ne ressurgissent que le temps d’une élection, quand des partis, censés avoir en leur sein des spécialistes dans tous les domaines de la vie de la Cité, ne se résument seulement qu’à quelques individus d’une maisonnée ou à la parentèle, quand des partis politiques, créés pour éduquer la population ne disposent même pas de programme de formation, quand des Organisations de la Société Civile et les Organisations des Travailleurs disposent des structures plus visibles et plus opérationnelles que celles des partis ou quand des leaders de partis sont timorés face à une crise et sont plus prompts à abandonner sur le quai des militants par égoïsme ou quand les intérêts personnels de ces mêmes leaders priment sur l’intérêt général, quand des partis ne sont pas à même de faire respecter une certaine discipline en leur sein, il n’est sans doute pas erroné de leur denier le droit d’avoir le monopole de la conduite des affaires de l’Etat…

Je me souviens, au sortir des crises militaires de 1996, de l’expérience de l’Union des Forces Acquises à la Paix et au Changement (UFAP) où les Organisations des Travailleurs, à l’initiative de l’Union Syndicale des Travailleurs de Centrafrique (USTC) ont, de concert avec les Organisations de Défense des Droits de l’Homme et la Presse Privée et Indépendante, fait sortir de leur torpeur nos Partis Politiques pour que les élections de 1998 et 1999 reflètent la voix du Peuple souverain. Malheureusement, les petites querelles de leadership de nos hommes politiques, le niveau de conviction et d’engagement de certains leaders et élus ont fait renvoyer aux calendes grecques les changements par la voix des urnes que le peuple attendait de tous ses vœux lors de ces législatives et présidentielles…

Et il a fallu encore que les Organisations Syndicales et la Société Civile prennent leur responsabilité dès Octobre 2000 pour faire étaler au grand jour les limites d’un régime qui précipitait le pays de plus en plus dans le gouffre… Des voix se sont alors élevées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays pour que la conjugaison d’efforts multiformes aboutisse au 15 Mars 2003…Et pourtant, nous avions à l’époque plus d’une quarantaine de partis politiques…D’autres partis ont continué à voir le jour…

Au regard de tout cela, je pense pour ma part que nous devons aujourd’hui et plus que jamais, remettre en cause courageusement l’existence de la pléthore de partis politiques. La recomposition ou la reconfiguration du paysage politique est aujourd’hui nécessaire, voire vitale… Les partis politiques centrafricains doivent, en toute objectivité, accepter de fusionner en quatre ou cinq grands groupes pour qu’une collaboration avec la Société Civile Centrafricaine qui ne cesse de s’organiser de manière indépendante, proposent une alternative crédible d’une Nouvelle Société qui réponde aux attentes des populations centrafricaines. Ce regroupement, il est vrai, devra se faire autour des plateformes clairement définies. Des voix se sont déjà élevées dans ce sens. Et il est urgent que nous arrivions, très rapidement à " dépolluer " le paysage politique de certains groupements pompeusement baptisés "  partis politiques " et qui ne jouent, en dernière analyse, que le jeu de la division, de la diversion et du morcellement inutile de l’électorat.

Les conséquences de la "  parenthèse historique 1993-2003 "  doivent aujourd’hui nous amener à œuvrer pour la restauration et le raffermissement de l’unité nationale, de la paix, de la stabilité, de l’indépendance dans l’inter -dépendance internationale et de l’intégration régionale. La Réconciliation Nationale qui ne peut être décrétée ou qui ne peut résulter d’un quelconque forum doit être initiée par des actions concrètes à court, moyen et long terme. Ces actions peuvent aller du dédommagement des victimes des crises militaro politiques, à la sanction pénale des auteurs des crimes. Car il n y a pas pire crime que l’impunité. La défense de la Démocratie Centrafricaine qui passe par le respect des Droits

de l’Homme, de l’Enfant, des Minorités et la sauvegarde de la dignité de la Femme doit devenir la préoccupation de tous les instants.

Dans le Centrafrique Nouveau, les médias doivent être libres, la Liberté Syndicale garantie et l’image du pays, ternie par des décennies de gabegie, réhabilitée par une bonne Politique Extérieure.

Avec la tenue des Etats Généraux de la Défense Nationale en 1996 et le Dialogue National de 2003 au cours desquels la problématique de la Défense a été examinée dans sa globalité, le moment est venu pour que notre pays se dote d’une Politique Cohérente de Défense Nationale qui intègre la Politique Extérieure de Défense, la Défense Civile, la Défense Economique, la Défense Culturelle et la Défense Militaire. L’Armée, creuset de l’unité nationale, doit être réhabilitée et devenir garante de la Démocratie Centrafricaine. Elle doit, en temps de paix, être sollicitée pour les actions de développement dans les domaines de la santé, de l’éducation, des exploitations agro-pastorales et minières, du reboisement, de l’écotourisme, des grands travaux et de constructions de route et… de chemin de fer !... La priorité du moment étant encore la guerre contre l’insécurité, toutes les compétences dont disposent nos Forces de Défense et de Sécurité doivent être mobilisées pour éradiquer ce fléau qui freine les activités économiques.

Sur le plan de l’Economie, je rêve d’un Centrafrique où le système économique va prendre en compte les besoins vitaux des individus, aussi bien des générations actuelles que futures. Dans la mesure où ce qui est nécessaire sur le plan écologique est ce qu’il y a de meilleur sur le plan économique, que l’écologie et le social sont indissociables et que les ressources de notre pays sont liées pour le meilleur et pour le pire aux ressources des individus, notre Politique Economique doit être tridimensionnelle : elle doit être à la fois écologique, sociale et démocratique... Nous devons devenir des fourmis travailleuses grâce à un environnement qui facilite la création des unités de production décentralisées et restreintes (Petites et Moyennes Entreprises (PME), Petites et Moyennes Industries (PMI), Coopératives Communales ou Villageoises autogérées).

La première coopérative financière du pays, le " Crédit Mutuel de Centrafrique - CMCA " doit, tout en étant à l’abri de l’intrusion de la " politique " dans son fonctionnement, s’étendre en toile d’araignée pour couvrir tout le territoire national afin d’aider l’importante frange de la population qui n’a pas accès aux structures bancaires classiques, d’avoir la possibilité de financer les micro projets de développement ou les activités génératrices de revenus et d’emplois.

La stratégie à mettre en œuvre, dans le domaine économique est la maîtrise de la Nature Centrafricaine grâce à la Science et la Technologie, y compris les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Nous devons, grâce à la Science et à la Technique, exploiter rationnellement nos ressources dans les domaines de l’agriculture, de l’apiculture, de la sériciculture, de la forêt, de la pêche, de la pisciculture, de la chasse, de la faune, de la flore, de l’écotourisme, de l’artisanat, de l’élevage, des ressources minières, géologiques, hydrauliques, énergétiques et de la Culture.

La bonne gestion de la chose publique, combinée à la moralisation de la gestion économique et financière, sous-tendue par une conscience professionnelle et la lutte contre la corruption sont des atouts majeurs pour l’instauration d’un Nouvel Environnement Economique et Financier, favorable à l’avènement d’une " Bourgeoisie Nationale " née de la force des poignets et de la sueur du front.

La Diaspora Centrafricaine en Afrique, en Europe et en Amérique est aujourd’hui une réalité et représente un capital économique. Elle peut apporter un appui inestimable dans le domaine des investissements pour peu que des structures incitatives soient mises en place…

II- SUR LE PLAN DE L’ENVIRONNEMENT CULTUREL, ARTISTIQUE ET SPORTIF

Le niveau de développement et de stabilité d’un pays peut se jauger par la santé du sport, de l’art et de la culture à travers la musique, le théâtre, la peinture, la sculpture, la danse, la littérature, le cinéma etc.…Notre pays doit enfin se doter d’une Politique Cohérente de Développement Culturel, Artistique et Sportif. J’affirme que les Centrafricaines et les Centrafricains ont des dispositions naturelles pour être les meilleurs dans le domaine du sport et des arts, non seulement sur le plan sous-régional ou africain, mais également à l’échelle mondiale…

Nous devons lutter contre l’avilissement culturel et l’illettrisme afin de restaurer et de protéger notre " Centrafricanité ", c'est-à-dire, la spécificité culturelle centrafricaine qui est cet ensemble des différentes valeurs propres à nos multiples ethnies, fédérées par l’usage commun de notre langue, le Sango. A cet effet, nous devons promouvoir le Sango et mettre en place des Bibliothèques Communales ou Villageoises pour la conservation des contes, des légendes et la tradition orale, des Maisons des Jeunes, des Personnes âgées et de la Culture ainsi que des Musées Préfectoraux ou Régionaux. Puissant moyen d’éducation civique et d’éveil de la conscience civique, authentiquement centrafricaine, la Musique et les activités culturelles doivent être valorisées par leur professionnalisation. Le musicien centrafricain doit pouvoir vivre grâce à sa musique…

 

III- SUR LE PLAN DE L’ENVIRONNEMENT SOCIAL

Nous devons savoir et l’expérience le confirme que toute réforme du système éducatif et de formation n’est viable que si les principaux acteurs de ces changements que sont les enseignants et formateurs sont placés dans un environnement socio professionnel où les conditions minimales d’une vie décente soient garanties. La revalorisation multiforme de la fonction enseignante est donc un impératif. Elle doit se faire en attirant les meilleurs éléments des universités et des lycées vers les métiers de l’enseignement.

La scolarisation doit devenir obligatoire pour tous les enfants et surtout pour les filles, jusqu’à l’âge de vingt ans pour prendre en compte les effets néfastes des successives années blanches. Il doit s’améliorer en terme de qualité et privilégier les mathématiques, les sciences pures et exactes, les sciences de la nature et de la vie, la technologie, l’enseignement professionnel, artistique et l’instruction civique.

Les préfectures, en raison de leur spécificité, doivent être dotées, en établissements d’enseignement technique et professionnel dans les domaines des métiers du bois, de la taxidermie, de la maroquinerie, de la bijouterie, de l’hôtellerie, de l’agro-alimentaire, de la sculpture, de la mécanique, du froid et climatisation etc. Des pôles, en ce qui concerne ces établissements d’enseignement technique et professionnel, pourraient être mis en place. Par exemple : transformation et sculpture de bois dans les préfectures de la Lobaye, l’Ombella -M’Pocko et la Sangha Mbaéré ; la Ouaka et la Haute-Kotto pour la taxidermie, la maroquinerie et la bijouterie ; la Nana-Mambéré, l’Ouham , l’Ouham-Péndé et la Kémo pour l’agro alimentaire ; la Nana Gribizi pour les métiers de transformation des métaux ; la Basse-Kotto, le Mbomou et le Haut-Mbomou, pour les métiers du froid grâce au barrage sur le fleuve Oubangui que la partie centrafricaine pourrait mettre en valeur au niveau de la ville de Mobaye etc.…

L’administration des établissements scolaires du Fondamental1 va relever de la compétence des municipalités, celle des collèges et lycées, des préfectures et les normes éducatives doivent être définies au niveau du Gouvernement pour l’ensemble du pays. Avec trois ou quatre Centres Universitaires et un Centre National de Recherches Appliquées au Développement et une abondante main d’œuvre qualifiée, le pays va être outillé pour amorcer son véritable développement dans le contexte de la mondialisation et du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD).

Le système éducatif de type nouveau à mettre en place doit, non seulement induire un esprit compétitif au niveau des élèves et étudiants, mais également créer de nouveaux environnements scolaires à travers des formes originales d’architecture scolaire, en rapport avec le cadre de vie.

L’objectif " Santé pour tous d’ici à l’an 2000 ", en République Centrafricaine, n’a pas été atteint et ne pouvait pas l’être …Aujourd’hui et plus que jamais, il est impérieux de tout mettre en œuvre pour sauvegarder le savoir du terroir en matière de plantes médicinales. La médecine traditionnelle doit être " boostée " pour qu’une synergie puisse s’établir entre elle et la médecine moderne. A ce propos, il est souhaitable de mener des actions vigoureuses pour lutter contre le paludisme... Maladie endémique et peu soignée dans notre pays car les moyens élaborés pour la traiter se sont toujours avérés inadaptés chez nous, en dépit de l’utilisation des moustiquaires imprégnées, le paludisme tuerait autant que le SIDA... La revalorisation de la médecine traditionnelle peut nous conduire à importer de Chine une plante, " l’Artemisia Annua " ou " Armoise Annuelle " qui a la propriété de le soigner. En effet, la consommation régulière d’infusions faites à base des feuilles de cette plante permet de soigner les crises de paludisme. (3) En ce qui concerne la lutte contre le SIDA, des actions déjà entreprises doivent être intensifiées…

Quand bien même les maisons du 3ème âge soient une absurdité dans la Société Centrafricaine, nous ne sommes pas à l’abri de la dépravation des mœurs…La protection de la Famille, la protection des Personnes Handicapées, des Personnes du Troisième Age sans descendance et celle de l’Enfant, en particulier les enfants orphelins du SIDA doivent être initiées à travers une nouvelle démarche. Ces enfants pourraient être admis prioritairement dans des structures du genre "  Village d’Enfants S. O. S -Kinderdoff " de Gbangouma qu’il convient de multiplier dans quelques préfectures…

On ne dira jamais assez que l’Etat a été, pendant longtemps et à tort, le plus gros employeur. Ce qui a donné naissance à un type de travailleur, dans la plupart des cas, supposé corrompu, corruptible, plus enclin ou soupçonné d’être prêt à accepter n’importe quoi pour arrondir les fins de mois dans un environnement où le respect des bonnes mœurs apparaît comme une exception ou comme une anomalie… Pays pourtant vierge où tout ou presque est à construire, le chômage, en particulier celui des jeunes diplômés ou de jeunes lettrés me paraît inacceptable. Je suggère que des mesures incitatives soient mises en place pour que la Nouvelle Génération fasse le choix de la guerre économique... Parallèlement, la moralisation de l’administration et la lutte contre toute forme de corruption doivent être menées, de manière méthodique dans toutes les sphères de l’Etat.

Ce nouveau monde du travail et de l’emploi en République Centrafricaine où le Secteur Privé, créateur de richesses, doit être renforcé, ne peut se faire qu’avec la révision du Code du Travail et la Protection Sociale véritable pour toutes les travailleuses et pour tous les travailleurs.

 

IV- SUR LE PLAN DE L’ ENVIRONNEMENT SCIENTIFIQUE, TECHNOLOGIQUE ET ENERGETIQUE

Après l’effondrement des régimes communistes combiné au nouveau découpage du monde qui se dessine depuis le 11 Septembre 2001 à travers la lutte contre le terrorisme international et l’élargissement de l’Europe, notre pays n’a pas d’autre choix que de s’appuyer sur les sciences, la recherche et la technologie pour son développement endogène. A cet effet, l’enseignement scientifique, technique et professionnel, la recherche appliquée au développement, l’adaptation des technologies importées aux réalités centrafricaines et la promotion d’une technologie nationale doivent avoir une place de choix pour l’avènement d’un Nouvel Environnement Scientifique et Technologique.

Il est possible qu’avec les moyens dont nous disposons, nous pouvons apporter un enseignement scientifique et expérimental de qualité à nos jeunes apprenants. J’ai eu l’honneur et la chance de participer, avec le concours de collègues expatriés de la Coopération Française et de nationaux, à l’élaboration d’un matériel didactique en bois centrafricain (machine d’Atwood).
Ce matériel a été validé par le Comité Scientifique du Projet d’Harmonisation des Programmes de Sciences Physiques et de Technologie dans les Pays Francophones d’Afrique et de l’Océan Indien, le 05 Juin 2001 à Conakry. (4)

Des actions en profondeur doivent être initiées, notamment, la vulgarisation et l’incitation en vue de susciter l’éveil scientifique auprès des enfants de la maternelle et des élèves dans les écoles, les collèges et les lycées. Aussi, tout devrait être mis en œuvre pour inverser la tendance actuelle du déséquilibre notoire entre les filières scientifiques, techniques et professionnels, entre les effectifs des enseignants des disciplines scientifiques, techniques et professionnels et ceux des disciplines littéraires d’une part, et d’autre part, entre les effectifs des élèves et étudiants " scientifiques " et " littéraires "…

La Politique Energétique doit prendre en compte la protection de l’environnement physique. Les ressources en bois et en charbon de bois doivent continuer à être utilisées, mais de manière rationnelle. Cette Politique Energétique que je propose doit s’appuyer sur les énergies renouvelables que sont les énergies d’origine hydraulique, éolienne et solaire. L’expérience des stations radio de la Gendarmerie Nationale alimentée dans l’arrière-pays par des panneaux solaires doit être vulgarisée. Ainsi, la promotion de micro -centrales solaires et l’utilisation des " foyers améliorés " dans les ménages seront un gage pour une industrialisation qui respecte notre environnement.

Dans la mesure où la Science est destinée à rendre l’Homme maître et possesseur de la Nature, cette nouvelle orientation va conduire notre société vers une société post-industrielle par l’exploitation rationnelle et judicieuse des mille et une richesses naturelles du pays.

V- SUR LE PLAN DE L’ENVIRONNEMENT SPIRITUEL, MORAL ET PSYCHOLOGIQUE

La Société Centrafricaine est minée par une profonde crise spirituelle, morale et psychologique. Et nous devons mener le combat contre cette crise qui est source de tension, d’incompréhension, d’insécurité, de corruption, d’intolérance, de maladies mentales, de détournement et destruction de biens publics ou privés, de destruction des outils de travail, d’impunité, d’incivisme, de la haine tribale, du tribalisme, du régionalisme et de la xénophobie quelquefois...Et ce n’est pas surprenant que certains propos immoraux et insanités sont déversés sans scrupules sur le net…

Pour venir à bout de ce marasme, il est impérieux que des campagnes d’éducation basée sur la prise en compte des valeurs traditionnelles positives, alliées à la pratique des religions qui prônent l’amour, la tolérance et le pardon soient menées par les médias publics et privés…Les parents doivent, non seulement prendre leur responsabilité pour donner une éducation de base conséquente à leur progéniture, mais aussi et surtout, ils doivent placer la cellule familiale dans un cocon qui permette à l’enfant de devenir un bon citoyen…

 

CONCLUSION

Je termine ici mon propos tout en mettant toutes ces propositions et suggestions à la disposition de tous mes compatriotes du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest…

Enfin, je disais ci -haut que je me sentais interpellé par le fait que Barthélemy BOGANDA avait remarqué qu’il avait oublié, dans le texte de la Constitution de 1958, de placer notre pays à l’époque sous la protection de Dieu…Je crois qu’il n’avait pas l’intention de faire de notre pays, un état théocratique. Mais il reconnaissait à sa manière l’omnipotence, l’omniprésence et l’omnipuissance de Dieu sans qui, toute œuvre humaine, surtout dans le domaine de la Politique, est vouée à l’échec. Je pense que notre laïcité qui a toujours signifié la coexistence des deux principales religions, le Christianisme et l’Islam, à la lumière de tout ce que nous avons connu depuis 1960, doit se traduire aujourd’hui par l’implication totale et active des croyants véritablement transformés et pratiquants, dans toutes les sphères de la vie politique et économique pour que des changements positifs au sommet de l’Etat provoquent le changement de mentalité et de comportement au niveau de toute la population…

 

 

 

Clotaire SAULET SURUNGBA

Professeur de Sciences Physiques au Lycée Jean-Jacques ROUSSEAU (Sarcelles – France)

"clotairesauletsurungba@wanadoo.fr"

Notes :

  1. –Barthélemy BOGANDA, Elu de Dieu et des Centrafricains de Pierre KALCK, p.188, Collection Sépia Poche
  2. -L’auteur a été, Rapporteur Général de la Commission Défense Militaire du Comité Préparatoire des Etats Généraux de la Défense Nationale, Premier Rapporteur Général du Bureau des Etats Généraux de la Défense Nationale (1996), Chef de Cabinet du Ministre Délégué Chargé de la Restructuration des Armées, Rapporteur Général de la Coordination Nationale des Centrales Syndicales Centrafricaines (USTC, CSTC, CNTC, CCTC, UGTC) jusqu’au 27 Mai 2001, Conseiller Pédagogique et Président de l’Association des Enseignants de Sciences Physiques de Centrafrique (AESPCA)...
  3. -L’association " JAMMU AFRICA " dont le siège est situé à la Maison des Associations, 7, Place du Petit Martroy, 95 300 Pontoise (France) a pour objectif d’aider les pays africains à lutter contre le paludisme par l’importation, la culture et la distribution des graines d’Artemisia Annua.
  4. -A découvrir sur le site  Education en Afrique : www.educaf.org ou visiter le site de Daniel KRAUSS " d.krauss.free.fr ".