Mwai Kibaki réélu à la présidentielle au Kenya. Violences et contestations des résultats

 


 

Reports: Dozens die in Kenya riots

NAIROBI, Kenya (CNN), december, 31, 2007-- Dozens of people are reported to have been killed in violence sparked by allegations of vote-rigging in Kenya's disputed presidential elections.

Media reports said 46 bodies were taken overnight to a morgue in the western Kenyan city of Kisumu -- Kenya's third largest city and a bastion of defeated opposition challenger Raila Odinga.

Police fired warning shots and tear gas at opposition protesters in Nairobi Monday a day after President Mwai Kibaki was controversially returned to power.

Several officers, who spoke to the Associated Press on condition of anonymity for fear of reprisals, said they were ordered to shoot to kill to halt the violence.

However, a government spokesman insisted that no such order was given, AP reported.

The streets of the Kenyan capital were almost deserted Monday as the government deployed riot police armed with shields and weapons to quell opposition protests.

Small bands of Odinga supporters were stopped from making their way to a rally in Uhuru Park -- a traditional site for political demonstrations in the center of the city. The rally was called by Odinga, who accused Kibaki of "doctoring" the vote after narrowly losing out to his rival.

Odinga told CNN on Monday that Kenyans were "in a state of mourning" following the result. "They are mourning the loss of democracy," he said.

Businesses in the city were shut down and a government ban on live television broadcasts imposed Sunday was still in place as Kibaki struggled to cope with the fallout from the vote.

A member of staff in the Imperial hotel in Kisumu told CNN by telephone that a curfew was in force on the streets.

The woman, who did not want to be named, said the city center was deserted except for armed police patrols. She said she and other hotel staff had been forced to sleep in the hotel overnight after police threatened to shoot on sight anyone who breached the curfew.

"I have not been home to my family. We do not know what is happening," she said.

A Kenyan woman interviewed by CNN on the streets of Nairobi said: "It's dictatorship. Can't you see that?"

Witnesses told CNN of widespread violence in the Nairobi slum of Kibera as angry Odinga supporters set fire to buildings and clashed with police.

Local media reported a number of deaths as a result of the rioting, as well as reports of police brutality.

The most closely-fought election in kenya's history threatened to unravel Sunday as opposition officials shouted down the electoral commission chairman as he tried to announce the result.

The official count put Kibaki narrowly ahead of Odinga of the opposition Orange Democratic Movement -- 4,584,721 votes to 4,352,993.

The result was immediately called into question, however, with election observers from the European Union saying they had doubts about the legitimacy of the count.

British Foreign Secretary David Miliband said in a statement Sunday that Britain had "real concerns at the irregularities reported by the EU observers and others."

One international observer, who did not wish to be identified, told CNN that the vote count was "clearly cooked."

Analysts said, however, that it was probable that both of the main parties had been involved in electoral fraud.

Thomas Cargill, a specialist on African politics at the British think tank Chatham House, said it was difficult to imagine Odinga giving up his claims for the presidency without a fight.

"It is very worrying," Cargill told CNN.

Odinga called for his supporters to gather Monday in Uhuru Park to protest the result. The park is traditionally the location for political rallies as well as where the swearing-in of presidents takes place.

Kibaki, however, was sworn in hurriedly Sunday in a ceremony at the presidential palace.

His slim margin of victory is a marked difference from his win five years ago, in a landslide election. He had run on promises to fight corruption.

Since, he has seen his authority erode amid a number of high profile corruption scandals in his government.

He faced a serious challenge from Odinga, a flamboyant politician who hails from the minority Luo tribe and has won support from the rural and urban after promising to share the wealth among all the people.

A peaceful election and a smooth transition of power were seen as crucial for Kenya, a stable country in an otherwise-volatile region.

Copyright 2007 CNN. All rights reserved.

 


 

 

Les violences après la réélection de Mwai Kibaki ont fait 104 morts

NOUVELOBS.COM   31 décembre 2007

Alos que le bilan des émeutes ne cesse de s'alourdir, le chef de l'opposition Raila Odinga appelle à "une action de masse pacifique".

 

Lors d'une conférence de presse à Nairobi, l'opposant kényan Raila Odinga a appelé, lundi 31 décembre, ses partisans et la population kényane à une "action de masse pacifique" pour rejeter la réélection du président Mwai Kibaki. "Nous appelons à une action de masse, une action de masse pacifique", a déclaré le leader de l'opposition, indiquant: "Nous informerons à chaque instant la police de ce qui va se passer et il y aura une marche pacifique".

 

104 morts, dont 40 à Nairobi

 

Un nouveau bilan faisait état de 104 morts, lundi dans la matinée, après des émeutes qui ont suivi l'annonce, dimanche, de la réélection contestée du président Mwai Kibaki. Une source policière a annoncé la découverte de 40 corps à Nairobi, morts lors d'émeutes ayant eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi.

53 ont également été tuées à Kisumu, dans l'ouest du Kenya, bastion d'un des leaders de l'opposition, Raila Odinga. Un couvre-feu a été imposé à Kisumu.

 

Calme relatif à Nairobi

 

A Nairobi lundi matin, les rues de la capitale étaient désertes, et quasiment aucun véhicule de transport en commun n'y circulait. Des camions de policiers anti-émeutes étaient dispersés aux points stratégiques du centre de la ville. La police de la capitale ne signalait aucun incident en début de matinée à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, en proie au pillage et aux incendies dimanche.

Le chef d'Etat sortant du Kenya Mwai Kibaki a remporté dimanche l'élection présidentielle de jeudi, la plus serrée de l'histoire du pays. Des accusations de fraudes et les retards dans le décompte des voix ont alimenté les violences.

 

"Kibaki doit partir"

 

Dimanche, le président de la commission électorale Samuel Kivuitu a lu les résultats en direct à la télévision, après que les autres journalistes ont été expulsés des bureaux de la commission électorale. Selon lui, Mwai Kibaki a battu son opposant Raila Odinga de 231.728 voix. "Cela signifie que l'honorable Mwai Kibaki est le vainqueur", a-t-il annoncé.

Quelques minutes plus tard, des nuages de fumée noire s'élevaient au-dessus du bidonville de Kibera à Nairobi, où des milliers de partisans de l'opposition occupent les rues depuis deux jours, dénonçant un scrutin truqué et criant: "Kibaki doit partir".

Le gouvernement a par la suite suspendu la diffusion des programmes de télévision "pour assurer la sécurité publique et le calme", tandis que le chaos régnait dans les bidonvilles de Kibera et Mathare. Rapidement investi pour un second mandat de cinq ans au palais présidentiel, le nouveau président s'est félicité d'avoir "fait la fierté de notre nation et montré l'exemple pour le reste du continent".

 

Accusation de fraude

 

Dimanche avant la publication des résultats, Raila Odinga avait appelé le chef d'Etat sortant à reconnaître sa défaite, l'accusant de fraude.

Le camp de Mwai Kibaki avait réagi en demandant d'attendre la publication des résultats officiels, et accusé le Mouvement démocratique orange de Raila Odinga d'être à l'origine des violences. "L'ODM est responsable de toutes les incitations à la violence", a déclaré Danson Mungatana, l'un des leaders du Parti d'unité nationale (PUN) de Kibaki.

Alors que les résultats provisoires faisaient état d'une mince de 38.000 voix pour le candidat du Mouvement démocratique orange (MDO) Raila Odinga, la commission électorale avait temporairement suspendu l'annonce des résultats samedi soir, promettant de se pencher sur les suspicions de fraudes.

Observateur en chef des élections pour l'Union européenne, Alexander Graf Lambsdorff a estimé que la commission électorale kenyane "n'avait pas réussi à satisfaire tous les partis et tous les candidats sur la crédibilité du décompte des voix".

 

Participation de 115%

 

Le président de la commission électorale Kivuitu a reconnu qu'il y avait eu des problèmes, notamment une circonscription où le taux de participation a atteint 115%. Dans une autre, un candidat s'est enfui avec des bulletins de vote.

Quelque 14 des 36 millions de Kényans étaient appelés à élire un président jeudi à l'issue d'une campagne axée sur la corruption, que le chef de l'Etat sortant et à nouveau candidat Mwai Kibaki avait déjà promis d'éradiquer il y a cinq ans. Mwai Kibaki avait succédé en 2002 à Daniel Arap Moi, que la Constitution empêchait de se représenter après 24 ans passés au pouvoir et des réélections marquées par des accusations de fraude en 1992 et 1997.

Indépendant depuis 1963, le Kenya est l'un des pays les plus développés d'Afrique, avec une industrie du tourisme en pleine expansion et l'un des taux de croissance les plus dynamiques. Pour nombre d'observateurs, ces élections auraient dû servir de test pour ce qui reste une jeune démocratie.

 

 


 

Kenya: 64 morts dans les émeutes à la suite de la réélection de Mwai Kibaki

Par Par Michel CARIOU

NAIROBI, AFP, 31 décembre 2007 - Soixante-quatre personnes ont été tuées au Kenya dans les émeutes qui ont immédiatement suivi l'annonce dimanche après-midi de la réélection du président Mwai Kibaki, rejetée par son adversaire Raila Odinga dont une manifestation prévue lundi a été interdite.

 

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Ces nouvelles victimes portent à au moins 84 le nombre de morts depuis le 27 décembre, jour des élections générales kényanes, selon un bilan établi de sources policières et auprès de la morgue de Kisumu (ouest). Ces violences à caractère politique sont les pires dans le pays depuis une tentative de coup d'Etat avortée en 1982.

 

A Kisumu, fief du candidat de l'opposition à la présidentielle Raila Odinga, les corps de 46 personnes, portant des marques de balles, se trouvaient lundi matin à la morgue de l'hôpital provincial, a-t-on appris auprès d'un des employés de la morgue.

 

"Ces corps ont été amenés (dans la nuit de dimanche à lundi) par des policiers", a déclaré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, un employé de la morgue qui a compté les corps.

 

Sept autres cadavres se trouvaient dans l'enceinte de l'hôpital dans l'attente de leur transfert à la morgue, selon un correspondant de l'AFP.

 

Un couvre-feu a été imposé dans la ville de 06H00 à 18H00 par la police qui "a reçu l'ordre d'abattre" ceux qui le violerait, a indiqué à l'AFP un haut responsable policier sous couvert d'anonymat.

 

Dans le centre du pays, à Nakuru, les corps de sept personnes ont été retrouvés par la police.

 

"Ils n'ont pas été tués par la police, il s'agissait de combats entre groupes politiques rivaux", a déclaré à l'AFP Stephene Munguti, commandant de police de Nakuru, dans la vallée du Rift.

 

Toujours dans la vallée du Rift, quatre autres personnes ont été tuées dans des affrontements entre groupes rivaux, dans le village de Cheber, selon une source policière.

 

Quelques minutes après l'annonce dimanche de la réélection de M. Kibaki pour un dernier mandat, des émeutes meurtrières ont embrasé les fiefs de M. Odinga, à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, et dans plusieurs villes de l'ouest du pays.

 

Dans la capitale, dont le centre était déserté, de nouvelles émeutes ont éclaté lundi dans le plus grand bidonville de la ville, Kibera, fief de M. Odinga.

 

Peu avant l'annonce de sa défaite, M. Odinga avait accusé le président Kibaki d'avoir fraudé sur au moins 300.000 voix. La différence de voix entre les deux candidats est de 231.728 voix, selon les résultats.

 

Le camp de M. Kibaki a démenti toute fraude, accusant en retour les partisans de M. Odinga d'avoir triché dans leurs fiefs.

 

Dimanche soir, le Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga a appelé les Kényans à "rejeter" les résultats officiels, invitant la population à un rassemblement lundi en début d'après-midi à Nairobi pour assister "à la présentation à la nation du président du peuple-élu, Raila Odinga".

 

La police a interdit ce rassemblement, menaçant d'arrestation M. Odinga s'il avait lieu. Lundi midi, l'ODM n'avait pas réagi à cette interdiction.

 

Le gouvernement kényan a également ordonné dimanche soir la suspension immédiate de la diffusion en direct par les radio et télévisions des reportages sur les émeutes.

 

Les affrontements du week-end - dans un pays d'ordinaire calme mais qui a une tradition de violences électorale - et les accusations de fraudes ont provoqué l'inquiètude des partenaires occidentaux de Nairobi.

 

Si le département d'Etat américain a félicité M. Kibaki, l'Union européenne et la Grande-Bretagne - l'ancienne puissance coloniale - ont accueilli froidement l'annonce de la victoire du président sortant.

 

Après l'annonce de la réélection de M. Kibaki, les autorités ont décrété un jour férié lundi. Depuis le jour de Noël, toute activité économique a presque cessé au Kenya, en raison des fêtes, des élections générales du 27 décembre et des tensions post-électorales.

 

 


 

Mwai Kibaki déclaré vainqueur de la présidentielle au Kenya

Par Nicolo Gnecchi et Daniel Wallis

NAIROBI, Reuters, dimanche 30 décembre 2007 - Le président sortant, Mwai Kibaki, a remporté l'élection présidentielle de jeudi au Kenya, le scrutin le plus disputé depuis l'indépendance du pays, avec environ 230.000 voix d'avance sur son adversaire, Raila Odinga, a annoncé le président de la commission électorale.

 

Kibaki a presque immédiatement été investi dans ses fonctions.

 

Kivuitu, qui avait été interrompu par des invectives et des échauffourées lorsqu'il avait tenté une première fois d'annoncer en public les résultats définitifs, a précisé que Kibaki avait obtenu 4.584.721 voix, contre 4.352.993 pour son adversaire.

 

"En conséquence, la commission déclare l'Honorable Mwai Kibaki vainqueur", a dit dimanche le président de la Commission électorale du Kenya (ECK), Samuel Kivuiti, devant un petit groupe de journalistes.

 

Cette annonce a suscité la joie des partisans de Kibaki qui sont descendus dans les rues pour célébrer la victoire.

 

Mais il est très probable que les résultats soient contestés par le parti d'Odinga, qui a accusé le gouvernement de fraudes massives, accusations qui ont donné lieu à des heurts interethniques.

 

Dans le bidonville de Kibera à Nairobi, bastion de l'opposition, des milliers de personnes sont aussitôt descendues dans les rues, incendiant des maisons et des commerces.

 

La police avait dû escorter le président de la Commission électorale en lieu sûr lorsque celui-ci avait entamé une première fois la lecture des résultats.

 

Les délégués des partis et la plupart des journalistes avaient alors été expulsés du Centre de conférence de Nairobi et l'ECK a achevé la lecture des résultats devant un petit groupe de reporters.

 

"TRÈS GRAND POINT D'INTERROGATION"

 

"La manipulation des résultats a eu lieu juste ici", a lancé Odinga en brandissant une liste de plaintes détaillées portant sur des fraudes. "Kibaki a rempli cette commission avec ses affidés et ils font pression sur le président de la commission pour qu'il annonce des résultats truqués", a-t-il ajouté.

 

Le responsable de l'équipe d'observateurs européens, Alexander Lambsdorff, a déclaré qu'il y avait "un très grand point d'interrogation" sur le décompte des voix.

 

Des représentants internationaux ont déploré les troubles qui ont éclaté dans le pays depuis deux jours.

 

"Lorsque vous voyez ce genre de violences dans le pays comme celles qui ont eu lieu hier et le désordre auquel nous assistons aujourd'hui, c'est vraiment une triste journée pour le Kenya", a déclaré l'ambassadeur américain Michael Ranneberger.

 

Il a déclaré à la presse que Kibaki et Odinga devraient s'adresser au pays et lancer un appel au calme.

 

Les retards dans l'annonce des résultats ont donné lieu à des manifestations qui ont dégénéré en affrontements et à des heurts interethniques.

 

Dimanche, un épais nuage de fumée visible dans toute la ville s'élevait de bâtiments incendiés dans un bidonville de Nairobi.

 

Des renforts de police en tenue anti-émeute se sont déployés en grand nombre alors que beaucoup de Kényans craignent de nouvelles violences.

 

Les rares supermarchés ouverts étaient bondés de clients inquiets. Les rayons de viande, d'eau, de lait se sont rapidement vidés.

 

A Kisumu, dans l'ouest du pays, deux personnes ont été tuées dans les violences et la police a tiré en l'air pour disperser des groupes de jeunes. Selon des témoins, la police a également abattu deux personnes à Migori, ville qui se trouve dans la même province que Kisumu.

 

Le Kenya passait jusque-là pour un pôle de stabilité dans la région.

 

Avec la contribution de Guled Mohamed, Katie Nguyen, Wangui Kanina, Helen Nyambura-Mwaura, Duncan Miriri, Bryson Hull, Andrew Cawthorne, George Obulutsa et Tim Cocks, version française Gwénaelle Barzic.

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