Invité au sommet UE-Afrique, Mugabe critique à nouveau le gouvernement britanique

HARARE, AFP, 04 décembre 2007 — Le président zimbabwéen Robert Mugabe a remercié mardi l'Union européenne et ses homologues africains pour l'avoir invité au sommet UE-Afrique de Lisbonne, tout en critiquant à nouveau le gouvernement britannique.

"La sinistre campagne menée par la Grande-Bretagne pour nous isoler - y compris les récentes tentatives pour nous empêcher de participer au sommet UE-Afrique, organisé par le Portugal - va de mal en pis", a déclaré M. Mugabe devant le Parlement lors de son discours sur l'état de la Nation.

"Je souhaite remercier l'UE et les pays africains pour leur soutien, et le gouvernement portugais pour son analyse correcte de la situation."

"Le rejet de principe des pays de l'UE et d'Afrique des tentatives de la Grande-Bretagne d'internationaliser de ce qui est clairement un différent bilatéral, renforce notre position selon laquelle les problèmes entre nous et nos anciens colonisateurs doivent être réglés bilatéralement."

Le Premier ministre portugais José Socrates a estimé pour sa part que le sommet UE-Afrique des 8 et 9 décembre à Lisbonne est déjà "un succès" compte tenu de la participation "record" de chefs d'Etat et de gouvernements européens qui ont confirmé leur présence.

"Le sommet est un succès de par les présences confirmées", a déclaré M. Socrates, président en exercice du conseil de l'Union européenne, interrogé par l'agence Lusa en marge d'un congrès à Estoril (environ 20 km de Lisbonne).

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a averti qu'il ne participerait pas au sommet prévu les 8 et 9 décembre en raison de la présence de Mugabe.

Les relations entre Londres et Harare se sont dégradées depuis le lancement en 2000 d'une réforme agraire au Zimbabwe lors de laquelle plus de 4.000 fermiers blancs, majoritairement d'origine britannique, ont été expulsés.

M. Mugabe a par ailleurs estimé que les négociations entre son parti et l'opposition "menaient à l'aube d'une nouvelle ère d'échange constructif au delà des divisions politiques".

Il a cependant mis en garde contre toute violence en vue des élections générales prévues en 2008 et averti qu'il "ne tolérerait aucune ingérence étrangère".

"Ceux qui veulent mener campagne doivent le faire dans un climat de paix", a-t-il déclaré, soulignant que "le gouvernement a les moyens de traiter fermement quiconque s'implique dans des actes de violence".

 

Mugabe est arrivé à Lisbonne pour le sommet UE-Afrique

LISBONNE, Reuters, Jeudi 6 décembre 2007 - Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, est arrivé jeudi soir à Lisbonne pour y participer à un sommet UE-Afrique que le Premier ministre britannique Gordon Brown boycotte pour ne pas s'asseoir "à la même table" que lui.

(Publicité)

Accusé de violation des droits de l'homme, Mugabe n'est en principe pas autorisé à circuler dans l'Union européenne, mais la présidence portugaise de l'UE l'a invité pour ce sommet de deux jours, qui marque sa première visite en Europe depuis 2001.

Selon un responsable qui a requis l'anonymat, le dirigeant zimbabwéen a évité les journalistes à son arrivée à l'aéroport de Lisbonne en empruntant une sortie latérale.

Les chefs d'Etat et de gouvernement africains, dont beaucoup voient en Mugabe un héros de l'indépendance, insistaient pour qu'il soit présent à la rencontre de Lisbonne, la première entre les deux continents depuis 2000.

Brown a fait savoir qu'il ne viendrait pas au Portugal après que Mugabe eut annoncé qu'il acceptait l'invitation. Pour le dirigeant britannique, le président du Zimbabwe a réduit son pays à la misère en bafouant les droits fondamentaux. Des organisations de défense des droits de l'homme ont aussi reproché aux autorités de Lisbonne d'avoir invité Mugabe.

Un responsable du Foreign office a déclaré jeudi que Londres avait choisi la meilleure attitude "en s'abstenant poliment de prendre part à la réunion, sans chercher à la bloquer ou à en empêcher d'autres d'y participer".

Il y a six ans, Mugabe avait brièvement séjourné en France et en Belgique.

Pour la plupart des Européens, la polémique sur la venue de Mugabe, dont le régime est soumis à des sanctions, ne pouvait pas empêcher d'organiser une réunion indispensable. Le Vieux Continent redoute en effet de perdre pied en Afrique face à des pays émergents comme la Chine.

Actualité internationale et africaine de sangonet