Le président soudanais Omar Hassan al Bachir qualifie de "mensonges" les accusations de génocide. Il entame une tournée au Darfour


Le président soudanais s'engage à oeuvrer en faveur de la paix au Darfour

EL GENEINA, Soudan, 24 juillet 2008 (La Presse Canadienne) — Le président soudanais Omar el-Béchir s'est engagé jeudi à oeuvrer en faveur de la paix au Darfour et du retour de centaines de milliers de réfugiés contraints de fuir en raison des attaques dans cette région de l'ouest du pays.

Il s'est exprimé lors d'un rassemblement en plein air auquel ont assisté plusieurs milliers de ses partisans à El Geneina dans la partie occidentale du Darfour.

La semaine dernière, le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo a demandé son inculpation pour dix chefs, dont trois pour génocide, cinq pour crimes contre l'humanité et deux pour crimes de guerre au Darfour, où selon les estimations de l'ONU, quelque 300.000 personnes sont mortes et 2,5 millions d'autres ont été déplacées depuis que le conflit a éclaté dans la région en 2003.

Trois juges de la CPI devraient décider dans deux à trois mois si un mandat d'arrêt doit être émis contre le président soudanais, comme l'a réclamé le procureur de la cour.

Au pouvoir depuis 19 ans, Omar el-Béchir cherche à se présenter comme un homme de paix depuis le début de sa visite au Darfour mercredi, journée au cours de laquelle il a également exprimé son intention de ramener la paix dans la région.

 

Le président soudanais en tournée au Darfour

KHARTOUM, Reuters, Jeudi 24 juillet 2008 - Le président soudanais Omar Hassan al Bachir, inculpé le 14 juillet par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle dans le conflit du Darfour, a entamé mercredi une tournée de trois jours dans les trois états de cette région de l'ouest du pays.

"Nous savons tous que des injustices ont eu lieu ici. Mais, dès le premier jour, nous nous sommes efforcés d'apporter la stabilité au peuple du Darfour", a-t-il déclaré devant plusieurs milliers d'habitants d'El Fasher, capitale de l'Etat du Nord-Darfour, dans un discours retransmis en direct à la télévision.

"Nous voulons transmettre au monde le message suivant: nous sommes le peuple de la paix, nous voulons la paix (...) Nous sommes les seuls à pouvoir obtenir la paix au Darfour", a poursuivi le chef de l 'Etat, invitant partis politiques, dignitaires tribaux et mouvements rebelles à s'associer à ce qu'il a appelé sa nouvelle initiative de paix.

Bachir a en outre promis la construction d'écoles, d'universités et de routes ainsi que le prochain raccordement au réseau électrique national, ce qui devrait mettre un terme aux pannes récurrentes dans la région.

Le conflit du Darfour, qui a éclaté en 2003 avec le soulèvement de populations non arabes réprimés par les milices "djandjaouids" proches du gouvernement, a fait 200.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon les experts.

Inculpé de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par le procureur de la CPI luis Moreno-Ocampo, qui a sollicité un mandat d'arrêt, Bachir a dénoncé mercredi un complot international.

"Ils cherchent à nous déconcerter (...) Ils veulent nous renvoyer à la case départ. Mais, les propos d'Ocampo ne nous empêcheront pas de faire notre travail", a-t-il affirmé.

Version française Jean-Philippe Lefief

 

 

La crise soudanaise ne peut être résolue que par une solution politique

LE CAIRE, 23 juillet 2008, Xinhua - Le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a redit mercredi que la crise actuelle au Soudan ne pouvait être résolue que par le biais d'une solution politique, a rapporté l'agence de presse officielle égyptienne MENA.

M. Aboul Gheit a fait ces remarques lors d'un entretien mercredi avec l'hebdomadaire égyptien Al-Moussawar, quelques jours après que le principl procureur de la Cour pénale internationale ( CPI) eut demandé l'arrestation du président soudanais Omar el- Béchir pour crimes de guerre présumés.

Pour le chef de la diplomatie égyptienne, la justice ne peut être assurée qu'en réalisant la réconciliation nationale du Soudan, et les accusations contre le président el-Béchir auront un impact négatif sur l'établissement de la justice au Darfour.

Le 14 juillet, Luis Moreno-Ocampo, principal procureur la CPI basée à La Haye, a officiellement demandé un mandat d'arrêt contre le président el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés au Darfour (ouest du Soudan).

Le Soudan, qui n'est pas membre de la CPI, a rejeté ces allégations de la cour, les qualifant de "nulles et fausses" et insistant sur le fait que la CPI n'a pas compétence au Soudan.

L'Egypte s'efforce toujours d'aider à résoudre la crise soudanaise et continuera à participer aux efforts pour résoudre cette crise, a souligné M. Aboul Gheit.

 

 

 

Au Darfour, Béchir qualifie de "mensonges" les accusations de génocide

Par Abdel Monem Abou Idriss ALI

carte de soudan-darfour NYALA  (Soudan), AFP; Mercredi 23 juillet 2008  - Le président soudanais Omar el-Béchir a qualifié mercredi de "mensonges" les accusations de génocide au Darfour portées contre lui devant la Cour pénale internationale à l'occasion d'une visite sous le signe du défi dans cette province en proie à la guerre civile.

Se déplaçant en convoi, entouré d'hélicoptères, soldats, policiers et membres de la Sécurité nationale, M. Béchir a été accueilli à El-Facher, capitale du Darfour-nord, par 5.000 à 6.000 manifestants pro-gouvernementaux, des fonctionnaires, membres de tribus et étudiants.

Il s'est rendu ensuite à Nyala (sud) où il a aussi été accueilli par plusieurs milliers de personnes. Le président, très souriant, a répondu à la foule en entamant quelques pas de danse, sa canne levée vers le ciel.

Sa tournée intervient un peu plus d'une semaine après que le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a réclamé un mandat d'arrêt contre lui pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, l'accusant de vouloir "mettre un point final à l'histoire des peuples Four, Masalit et Zaghawa".

Des membres de ces groupes, dont certains font partie du Congrès national, le parti du président, se trouvaient parmi les manifestants, signe de la complexité d'un conflit où les violences, la famine et les maladies ont fait jusqu'à 300.000 morts selon l'ONU,  quelque 10.000 selon Khartoum.

A El-Facher, le quartier général de la force mixte ONU-Union africaine (Minuad), M. Béchir a affirmé que "ce que Ocampo a dit sur le Darfour, ce sont des mensonges".

"Nous devons trouver une solution au problème du Darfour", a-t-il lancé devant des centaines de personnes déplacées par les violences qui lui manifestaient leur soutien.

"Je suis venu ici, au Darfour, pour dire une seule chose. Chaque personne déplacée doit retourner dans son village. Le gouvernement devra alors fournir les services sociaux", a-t-il poursuivi.

Des Darfouris déplacés ont pris à partie le gouvernement de M. Béchir, l'accusant de n'avoir pas fourni de compensations pour la perte de leurs maisons, leurs fermes et leur bétail pendant le conflit. Ils ont dressé une longue liste de doléances, de la pénurie alimentaire à l'insécurité croissante.

M. Béchir a répondu que la guerre avait entravé le développement, non seulement au Darfour mais dans tout le Soudan, affirmant que son gouvernement faisait son maximum pour résoudre la crise.

A Nyala, il a accusé la France, où vit en exil le principal chef rebelle Abdel Wahid Mohammed Nour de nuire au processus de paix et annoncé en signe de réconciliation la libération de 89 enfants capturés après une attaque de rebelles du Darfour contre Khartoum le 10 mai.

"J'ai donné ordre aux autorités de libérer ces enfants et de prendre soin de leur éducation", a-t-il dit dans un discours.

Selon Khartoum, ces enfants soldats ont participé à l'attaque menée par les rebelles du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) et déjouée par les forces régulières.

Parallèlement, un responsable de la Ligue arabe a déclaré au Caire que le Soudan avait accepté de mettre en place des tribunaux spéciaux pour juger les responsables présumés de violations des droits de l'Homme au Darfour, avec la collaboration de l'ONU, de la Ligue et de l'Union africaine.

Hicham Youssef, le chef de cabinet du secrétaire général de la Ligue Amr Moussa, a précisé que M. Béchir lui-même ne serait pas nécessairement exclu de la compétence de ces tribunaux, en dépit de son statut de chef d'Etat.

Selon ses statuts, la CPI ne peut intervenir que si la justice nationale ne peut ou ne veut pas traiter de manière adéquate les crimes tombant sous la juridiction du tribunal international.

 

 

 

Le Soudan prêt à mettre en place des tribunaux spéciaux pour le Darfour

LEMONDE.FR avec AFP | 23 juillet 2008, 16h22

Dix jours après que Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a réclamé un mandat d'arrêt contre le président soudanais, Omar Al-Bachir, pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, Khartoum s'est dit prêt à mettre en place des tribunaux spéciaux pour juger les responsables présumés des violations des droits de l'homme dans cette province en guerre. C'est la Ligue arabe, qui a joué les médiateurs, qui l'a annoncé, mercredi 23 juillet. "La Ligue arabe, l'ONU et l'Union africaine suivront [les procès] mais garantiront aussi que les lois soudanaises couvrent tous les aspects requis par le droit international", a précisé le chef de cabinet du secrétaire général de la Ligue. Si le Soudan organise des procès valables de personnes accusées de crimes au Darfour, la CPI abandonnera automatiquement ses procédures.

Les tribunaux spéciaux "jugeront toute personne accusée d'avoir violé les lois régissant les droits de l'homme, quels que soient les crimes", a expliqué le responsable de la Ligue arabe, précisant qu'Omar Al-Bachir pourrait lui-même être visé, en dépit de son statut de chef d'Etat. "Nous n'avons pas mentionné de noms, mais il a été entendu (...) que cela s'appliquerait à tout le monde (...). [Le gouvernement soudanais] pense que personne n'est au-dessus de la loi", a-t-il affirmé. Il n'a pas précisé à quel moment ces tribunaux seraient mis en place, mais a souligné l'"urgence" de la situation.

"MENSONGES"

Les autorités soudanaises ne reconnaissent pas la CPI et ont refusé de livrer un ministre, Ahmed Haroun, et un chef de milice janjawid, Ali Kosheib, visés l'an dernier par des mandats d'arrêt pour crimes présumés au Darfour. Le procès de M. Kosheib a été suspendu en mars 2007, et M. Haroun a été relâché en octobre après une brève détention. Le Soudan avait déjà promis dans le passé de juger les auteurs présumés de crimes au Darfour, mais n'a jamais organisé de procès crédibles.

L'annonce de la Ligue arabe intervient alors qu'Omar Al-Bachir entame une visite de plusieurs jours au Darfour, où il ne s'était pas rendu depuis 2007. Cette tournée est un autre moyen pour Khartoum de réagir aux accusations du procureur de la CPI. "Ce que M. Ocampo a dit sur le Darfour, ce sont des mensonges", a affirmé M. Al-Bachir devant la foule réunie à El-Facher, la capitale du Darfour du Nord, où se trouve le quartier général de la force mixte ONU-Union africaine. "Nous devons trouver une solution au problème du Darfour. (...) Je suis venu ici pour dire une seule chose : chaque personne déplacée doit retourner dans son village", a-t-il lancé aux centaines de réfugiés venus l'accueillir.

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