Le changement climatique associé à la propagation des épidémies en Afrique

BRAZZAVILE, 10 avril 2008 (IRIN) - Le changement climatique est en passe de devenir une grave menace à la santé des populations et ajoute une pression supplémentaire aux systèmes de santé publique, en Afrique en particulier, selon un haut représentant des Nations Unies.

« Il provoque une élévation du niveau de la mer, accélère le phénomène de l'érosion côtière, augmente l'intensité et la fréquence des catastrophes naturelles et la disparition des espèces », a rappelé Luis Gomes Sambo, directeur Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « L'impact sur la santé humaine est encore plus grand ».

Le changement climatique, a-t-il poursuivi, serait directement responsable des changements observés dans la répartition géographique des maladies à vecteur, telles que le paludisme, et des épidémies de méningite à méningocoques, de fièvre de la vallée du Rift et de choléra dans des régions où ces maladies n'existaient pas auparavant.

« Par exemple, la répartition géographique de la méningite à méningocoques semble s'étendre désormais au-delà de la ceinture méningitique habituelle, et jusqu'en Afrique australe », a expliqué M. Sambo, à l'occasion de la journée mondiale de la santé, célébrée le 7 avril à Brazzaville, capitale de la République du Congo.

« Les maladies hydriques et les épidémies de diarrhée aiguë sont fréquentes pendant les inondations », a-t-il ajouté. De nombreuses inondations se sont produites dans les régions est, ouest et sud du continent.

L'OMS, a-t-il souligné, apportera en priorité une aide aux pays d'Afrique pour qu'ils développent des capacités leur permettant d'évaluer et de réduire les impacts négatifs du changement climatique sur la santé des populations.

En termes de capacités sanitaires, en effet, l'Afrique est confrontée à une crise. Par exemple, le continent représente 14 pour cent de la population mondiale et 25 pour cent de la charge de morbidité mondiale, pourtant, il ne réunit que 1,3 pour cent de la population mondiale des professionnels de la santé.

Alors qu'il faut un ratio de 2,5 professionnels de la santé pour 10 000 habitants pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le ratio professionnels de la santé/population en Afrique est de 0,8 pour 10 000. Sur les 57 pays confrontés à de graves pénuries de professionnels de la santé, 36 se trouvent en Afrique.

Selon l'OMS, un million de professionnels de la santé supplémentaires sont nécessaires immédiatement en Afrique pour améliorer la situation. En outre, les infrastructures des centres de santé devront aussi être considérablement améliorées.

En attendant, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a prévenu que le changement climatique menaçait la qualité et la disponibilité de l'eau et des vivres, les éléments déterminants de la nutrition et de la santé.

Dans un message prononcé à l'occasion de la journée mondiale de la santé, M. Ki-moon a souligné que la malnutrition et les maladies infectieuses liées au changement climatique feraient le plus grand nombre de victimes parmi les populations les plus vulnérables : les jeunes enfants, les personnes âgées et les infirmes.

Les femmes vivant dans la pauvreté sont aussi particulièrement exposées en cas de catastrophes naturelles et autres désastres liés au réchauffement de la planète. « Le changement climatique est réel, il s'accélère et nous menace tous », a dit M. Ki-moon.

Actualité internationale et africaine - sangonet