Le chef de l'opposition, Morgan Tsvangirai, renonce-t-il à affronter Robert Mugabe, président sortant du Zimbabwe

 


 

Zimbabwe: le retrait de Tsvangirai du second tour de la présidentielle est "compréhensible", selon Bruxelles

AP,  23 juin 2008 - Le retrait de Morgan Tsvangirai du second tour de la présidentielle au Zimbabwe est "compréhensible" dans la mesure où ce scrutin ne sera ni libre ni équitable, ont déclaré des responsables de l'Union européenne.

Javier Solana, le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), et Louis Michel, le commissaire au Développement, ont estimé que le "niveau inacceptable de la violence" et l'intimidation au Zimbabwe au cours des dernières semaines doivent être abordés lors du prochain sommet les chefs d'Etat et de gouvernement africains en Egypte à la fin de la semaine.

Dans un communiqué, le chef de la diplomatie européenne a qualifié le scrutin de "parodie de démocratie".

Dimanche à New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réagi au retrait du chef de l'opposition zimbabwéenne en exprimant ses "profonds regrets" et en condamnant fermement l'attitude des partisans du président Mugabe qui ont réussi à décourager leurs adversaires à force de violences et d'intimidations.

Dans un communiqué publié par son cabinet, Ban Ki-moon a déclaré qu'il regrettait profondément que, malgré les appels répétés de la communauté internationale, le gouvernement du Zimbabwe n'ait pas réuni les conditions nécessaires à l'organisation d'un second tour libre et équitable de l'élection présidentielle". "La campagne de violence et d'intimidation qui a gâché cette élection a porté un grave préjudice à la population de ce pays et doit cesser immédiatement", a-t-il exigé. AP

 

 

Zimbabwe: le gouvernement appelle l'opposition à ne pas se retirer

JOHANNESBURG, AFP, 23 juin 2008 - Le régime zimbabwéen a appelé lundi le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai à revenir sur sa décision de se retirer de la course à la présidentielle, selon un porte-parole du gouvernement interrogé à la radio publique sud-africaine SAFM.

"Ce serait regrettable que Tsvangirai décide effectivement de se retirer de cette élection. Je l'appelle, lui et son parti, à réfléchir à deux fois et à prendre part à ce processus démocratique", a déclaré le ministre adjoint zimbabwéen de l'Information, Bright Matonga.

"Ce ne serait pas bon pour les habitants du Zimbabwe, ni pour ce pays", a-t-il ajouté.

Il a également accusé l'opposition de se retirer parce qu'elle "manquait de carburant".

M. Tsvangirai a annoncé dimanche que, face à une "orgie de violence", il renonçait à affronter le chef de l'Etat Robert Mugabe au second tour de la présidentielle qui était prévu vendredi.

"C'est établi que nous luttons contre la violence, contre les causes de la violence et les organisateurs des violences", a assuré M. Matonga, en affirmant qu'il "y avait une réduction des violences".

Arrivé en tête au premier tour le 29 mars, M. Tsvangirai a jeté l'éponge. "Nous cessons de participer à ce qui est une parodie de processus électoral, entachée de violence et illégitime", a-t-il déclaré dimanche, ajoutant: le MDC "ne peut pas demander aux électeurs de risquer leur vie en votant."

Selon M. Tsvangirai, "200.000 personnes ont été déplacées, plus de 86 partisans du MDC tués, plus de 20.000 maisons brûlées et plus de 10.000 personnes blessées".

Le régime, qui impute ces violences au parti de M. Tsvangirai, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a mis en doute lundi son retrait.

Le ministre de la Justice, Patrick Chinamasa, cité par le quotidien d'Etat The Herald, a estimé que le MDC avait déjà "promis à 11 reprises de se retirer du second tour" et a dit ne pas prendre "cette menace au sérieux".

Il a jugé qu'il s'agissait d'une tactique à l'approche d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, prévue lundi, pour obtenir une intervention étrangère et a appelé les partisans du régime à ne pas être dupes et à poursuivre la campagne.

 

 

Kouchner tire à boulets rouges sur le président du Zimbabwe

Europe1.fr - Créé le 23/06/08 à 9h02

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a qualifié dimanche le président du Zimbabwe Robert Mugabe d'"escroc" et d'"assassin" et estimé que le retrait de son opposant à cause des violences était "le plus grand déni de démocratie que l'Afrique ait connu".

Robert Mugabe est la cible de toutes les critiques. Le président du Zimbabwe est mis en cause après les violences qui ont entraîné le retrait du candidat de l'opposition Morgan Tsvangirai. Selon lui, il est "impossible" d'organiser un second tour des présidentielles "libre et équitable". De nombreux pays ont critiqué Mugabe, c'est le cas du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en déplacement en Israël avec Nicolas Sarkozy.

Bernard Kouchner ne mâche pas ses mots. "Cet homme, je parle de M. Mugabe, qui se croit désigné par Dieu et que Dieu doit maintenir à son poste, n'est rien qu'un escroc et un assassin, il faut le dire avec force", a déclaré le chef de la diplomatie française à Jérusalem. "Il a jeté l'éponge parce qu'on a assassiné les partisans et surtout les militants de son parti. Et donc, il n'est pas question pour la France d'accepter cette fausse élection qui viendrait avec un seul candidat (...) et il n'est pas question d'en accepter le résultat", a ajouté M. Kouchner. "C'est vraiment le plus grand déni de démocratie que l'Afrique ait connu", a-t-il insisté, qualifiant le régime de Robert Mugabe, au pouvoir depuis 28 ans, de "dictature qui s'affirme par les moyens les plus sanglants".

Lundi matin, le régime zimbabwéen a appelé ses partisans à continuer de faire campagne pour le second tour de l'élection présidentielle, mettant en doute le retrait du chef de l'opposition Morgan Tsvangirai, rapporte lundi la presse d'Etat.

Olivier Durin

lire les commentaire sur le site:  europe1.fr

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Au Zimbabwe, le chef de l'opposition renonce à affronter Robert Mugabe

LE MONDE | 23.06.08 | 10h48 • Mis à jour le 23.06.08 | 10h52

Pourtant arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle du 29 mars, au Zimbabwe, le chef de l'opposition, Morgan Tsvangirai, a renoncé, dimanche 22 juin, à affronter au second tour le président sortant, Robert Mugabe, 84 ans. Il devait confirmer par courrier sa décision, ce qui entraînera l'annulation officielle du scrutin qui devait se tenir vendredi 27 juin.

Pour justifier le retrait de sa candidature, M. Tsvangirai, un ancien syndicaliste de 56 ans, a mis en avant l'"orgie de violence" imputable au parti du chef de l'Etat, la ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique). "Nous cessons de participer à ce qui est une parodie de processus électoral, entachée de violence et illégitime", a expliqué, au cours d'une conférence de presse à Harare, la capitale, le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

Le parti, a-t-il ajouté, "ne peut demander aux électeurs de risquer leur vie en votant le 27 juin". Selon M. Tsvangirai, 86 militants de son parti ont été tués au cours des dernières semaines par les partisans du chef de l'Etat, et des dizaines de milliers auraient été blessés. Des centaines de milliers de personnes auraient par ailleurs été déplacées de force dans les campagnes pour les empêcher de participer au scrutin de vendredi.

La veille de l'annonce du retrait de M. Tsvangirai, un meeting électoral organisé par son parti à Harare avait été perturbé par près de 2 000 partisans de Robert Mugabe qui, armés de barres de fer et de bâtons, s'en étaient pris aux participants, aux journalistes ainsi qu'à des observateurs internationaux. "Seul Dieu peut me retirer le pouvoir qu'il m'a donné", avait prévenu le président sortant deux jours auparavant.

La décision du chef du MDC de jeter l'éponge, qui ouvre la voie à un nouveau mandat pour Robert Mugabe, au pouvoir depuis vingt-huit ans, a suscité de multiples réactions. Si l'on met à part celles venant du régime – c'était la seule option "pour éviter l'humiliation d'une défaite", a affirmé le ministre de la justice, Patrick Chinamasa –, toutes témoignent de l'inquiétude et de la colère de la communauté internationale. C'est un "mauvais présage" pour l'avenir du pays, a estimé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, tandis que le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, dénonçait un "simulacre de démocratie".

RECHERCHE D'APPUIS EXTÉRIEURS

M. Kouchner, de son côté, a qualifié d'"escroc" et d'"assassin" le président du Zimbabwe. Mais c'est de Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale, et des Etats-Unis que sont venues les déclarations les plus fermes. A leurs yeux, le gouvernement du Zimbabwe n'est plus "légitime". La Maison Blanche devait d'ailleurs saisir, lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU du dossier du Zimbabwe.

Si Morgan Tsvangirai, dans sa recherche d'appuis extérieurs pour obtenir un retrait en douceur de M. Mugabe, peut compter sur les Occidentaux, il sait que le soutien des pays de l'Afrique australe est essentiel. Il peut compter sur plusieurs d'entre eux – la Zambie, la Tanzanie, le Botswana – tant l'image de Robert Mugabe, le "père de la nation" zimbabwéenne, s'est détériorée.

Symbole de l'évolution en cours, le chef de l'Etat angolais, le président José Eduardo Dos Santos, longtemps un allié inconditionnel de Robert Mugabe, a dénoncé la violence de la campagne menée par la ZANU-PF.

Morgan Tsvangirai doit aussi persuader l'Afrique du Sud, "poids lourd" de la région, de ne plus soutenir Robert Mugabe. Jusqu'à présent, Thabo Mbeki, le président sud-africain, a toujours ménagé le "vieux" Mugabe, lequel l'avait accueilli lorsque l'Afrique du Sud vivait sous le régime de l'apartheid. Qu'il le lâche et le président du Zimbabwe se retrouvera isolé sur le continent africain.

Même reconduit dans ses fonctions, Robert Mugabe va devoir affronter une situation intérieure délicate. Les élections législatives de mars ont donné, pour la première fois, une courte majorité à l'opposition. Le pouvoir va être contraint de gouverner par décret, sauf à débaucher quelques parlementaires de l'opposition.

Surtout, la situation économique du pays est catastrophique. La monnaie locale ne vaut plus rien (il faut 6 milliards de dollars zimbabwéens pour avoir 1 dollar américain); l'inflation atteint des sommets; les magasins sont vides et le chômage touche quatre actifs sur cinq.

Jean-Pierre Tuquoi

 

Chronologie

30 mars 2008. Le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) annonce sa victoire aux élections générales du 29 mars.

31 mars. Les observateurs régionaux jugent honnêtes les élections.

2 avril.
Les résultats finaux des élections parlementaires confirment la victoire de l'opposition. La ZANU-PF perd la majorité. [INTER]

2 mai.
La Commission électorale confirme que M.Tsvangirai est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle mais sans atteindre la majorité.

10 mai. M. Tsvangirai annonce qu'il participera au second tour.

22 juin. Le chef du MDC déclare qu'il retire sa candidature.

 

 

 

 

Le pari risqué de Morgan Tsvangirai au Zimbabwe

HARARE,  Reuters, lundi 23 juin 2008 - En se retirant du second tour de l'élection présidentielle au Zimbabwe, Morgan Tsvangirai tente le pari le plus risqué de sa carrière et aura besoin du soutien régional pour espérer emporter la mise.

Dans un scrutin libre, l'opposant, arrivé en tête du premier tour le 29 mars dernier, aurait eu de bonnes chances d'être élu vendredi prochain face à Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance, en 1980.

Mais face aux violences politiques, il a préféré, dimanche, se retirer de la course. "Nous ne pouvons demander à nos électeurs de mettre leur bulletin dans l'urne le 27 juin alors que ce bulletin pourrait leur coûter la vie", a-t-il expliqué à Harare.

Son annonce ne s'arrête cependant pas là: le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) a appelél'Afrique  et la communauté internationale à intervenir dans la crise. Il a également évoqué la nécessité d'oeuvrer à une transition politique au Zimbabwe, laissant entendre qu'il était prêt à négocier.

"Dans les deux prochains jours, le président du MDC va expliquer notre décision au monde, faire pression sur la communauté internationale, mais principalement sur la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et sur l'Union africaine, afin de faire pression sur le régime de Mugabe et résoudre cette crise", a dit Nelson Chamisa, porte-parole du parti d'opposition.

Pour Brian Raftopolous, de l'Institut du Zimbabwe, l'annonce de Tsvangirai est une "déclaration audacieuse". "Mais il semble se préserver toutes les options. Ça ressemble à un retrait provisoire", analyse-t-il.

LA STATURE RÉGIONALE DE MUGABE FRAGILISÉE ?

L'ancien syndicaliste âgé de 56 ans a toujours su que le second tour serait compliqué et n'avait accepté d'y prendre part qu'avec réticence, par refus d'accorder mécaniquement un nouveau mandat à Mugabe, 84 ans.

A première vue, son retrait conduit au même résultat. Mais à première vue seulement, car le tableau a changé. Plusieurs Etats africains se sont joints dimanche aux critiques et dénonciations du régime Mugabe par les capitales occidentales. Il y a peu, ces mêmes Etats de la région gardaient le silence et apportaient un soutien tacite à Mugabe, considéré par beaucoup comme un héros de la décolonisation.

Mais l'Afrique australe semble aujourd'hui moins patiente à l'égard du dirigeant zimbabwéen et redoute que son pays en proie à une grave crise économique ne s'effondre.

Ces dernières années, des millions de Zimbabwéens ont fui la misère, l'hyperinflation et les pénuries alimentaires. Leur arrivée dans les pays voisins a créé des tensions sociales et économiques. En Afrique du Sud, la situation a dégénéré le mois dernier en violences à caractère xénophobe.

"Des élections qui seraient organisées dans un tel environnement seraient non seulement antidémocratiques, mais feraient également honte à la Communauté de développement de l'Afrique australe et à tout le continent africain", a réagi dimanche le président zambien Levy Mwanawasa, également président de la SADC, qui a suggéré un report du scrutin "pour éviter une catastrophe dans cette région".

LE RÔLE DE L'AFRIQUE DU SUD

Au-delà de prises de position favorables à sa décision, Tsvangirai aura aussi besoin d'actes des Etats d'Afrique australe. Car les Etats-Unis et la Grande Bretagne, l'ancienne puissance coloniale, n'ont pas beaucoup de moyens de pression sur Harare.

Mais, relève Tom Cargill, de l'institut britannique de réflexion de Chatham House, les dirigeants de l'Afrique australe ne peuvent pas énormément de choses. "Mugabe insiste sur la souveraineté. C'est en partie dirigé contre les intérêts coloniaux occidentaux, mais cela peut aussi être efficacement dirigé contre les dirigeants de la région", ajoute-t-il.

Dans ce cadre, c'est l'Afrique du Sud qui a le plus grand rôle à jouer.

Le président sud-africain Thabo Mbeki n'a jamais fait montre d'une grande affection à l'égard de Tsvangirai, lequel a ouvertement critiqué la médiation menée par le Mbeki. L'opposant zimbabwéen entretient en revanche de biens meilleures relations avec Jacob Zuma, qui a détrôné Mbeki à la tête de l'ANC, le Congrès national africain.

En se retirant, Tsvangirai cherche peut-être à réunir les conditions d'une annulation du scrutin et de la constitution d'un gouvernement d'unité nationale, option qui, à en croire la presse sud-africaine, aurait les faveurs de Mbeki.

Ce dernier a annoncé dimanche que l'Afrique du Sud tenterait de convaincre Mugabe et Tsvangirai de se rencontrer. Jusqu'à présent, les perspectives d'un dialogue de ce type étaient des plus réduites. Mugabe et Tsvangirai n'ont aucune confiance l'un dans l'autre et, jusqu'à dimanche, tous deux pensaient pouvoir être élu.

"Avec le retrait du MDC, je pense que nous revenons à l'option des négociations", avance Susan Booysen, de l'université de Witwatersrand à Johannesburg.

Reuters, par Cris Chinaka  - Version française Henri-Pierre André

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