44e Président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama, est élu mardi 4 novembre 2008 avec une avance indiscutable sur John McCain

 


Dernier pointage et résultats définitifs, cliquez sur le lien suivant :

Political Dashboard - 2008 Presidential Election on Yahoo! News (winner : Barack Obama)

 

 President-elect Barack Obama and his wife Michelle and Vice president-elect Joe Biden and his wife Jill take the stage after Obama delivered his victory speech at the election night party at Grant Park in Chicago, Tuesday night, Nov. 4, 2008. (AP Photo/Pablo Martinez Monsivais)


 

Résultats du dépouillement de l'élection présidentielle américaine

AP, mercredi 5 novembre 2008, 10h13 (Paris)

 

Voici les résultats de l'élection présidentielle américaine, après dépouillement dans 91% des circonscriptions:

- Obama 60.154.776 électeurs - 52%

A remporté 28 Etats dont le District de Columbia, soit 349 grands électeurs

Mène dans 1 Etat, soit 15 grands électeurs

- McCain 53.920.528 - 47%

A remporté 20 Etats, soit 147 grands électeurs

Mène dans 2 Etats, soit 26 grands électeurs

Autres 1.456.212 - 1%
Le vainqueur devait atteindre le seuil des 270 sur 538 grands électeurs des 50 Etats et du District de Columbia (Washington DC). AP

Barack Obama et sa famille devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées dans le Grant Park à Chicago (Illinois)
Barack Obama et sa famille devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées dans le Grant Park à Chicago (Illinois) [photo: AFP]


Victoire écrasante de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis

Alain JEAN-ROBERT

AFP, mercredi 5 novembre 2008 - Le démocrate Barack Obama a remporté mardi une victoire historique et écrasante sur son adversaire républicain John McCain, devenant, à seulement 47 ans, le premier Noir élu président des Etats-Unis.

"Il a fallu longtemps. Mais ce soir, grâce à ce que nous avons fait aujourd'hui et pendant cette élection, en ce moment historique, le changement est arrivé en Amérique", a affirmé M. Obama, à l'occasion de son premier discours de président élu, devant une foule oscillant entre joie et émotion, dans l'immense jardin public Grant Park, cerné de gratte-ciels illuminés au bord du lac Michigan à Chicago.

"Si jamais quelqu'un doute encore que l'Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doute encore du pouvoir de notre démocratie, ce soir est la réponse", a-t-il fait valoir.

"C'est votre victoire", a-t-il assuré à ses partisans. Il a salué son adversaire républicain John McCain qui "a enduré des sacrifices pour l'Amérique que la plupart d'entre nous ne peuvent même pas commencer à imaginer". "Je le félicite" pour sa campagne, a-t-il dit. M. Obama a également rendu hommage à sa femme Michelle et à ses deux filles, Malia et Sasha, 10 et 7 ans, qui l'accompagnaient à la tribune. Après son discours il a été rejoint par son colistier Joe Biden et sa famille.

Dès l'annonce de la victoire d'Obama, des scènes de liesse ont éclaté dans plusieurs villes américaines. Les quelque 240.000 personnes rassemblées à Grant Park ont laissé éclater leur joie et leur émotion, brandissant des drapeaux américains et des pancartes frappées du slogan "Yes we can" (oui nous le pouvons), du sénateur de l'Illinois.

Le président George W. Bush a appelé celui qui doit lui succéder le 20 janvier pour le féliciter de sa victoire à l'issue d'une "superbe" soirée électorale, a indiqué la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. Des milliers de personnes se sont massées devant les grilles de la présidence, en scandant "Obama, Obama".

L'adversaire républicain de M. Obama, John McCain, a reconnu sa défaite, indiquant à ses partisans, rassemblés à Phoenix (Arizona, sud-ouest) qu'il avait félicité M. Obama. Des sifflets ont accueilli ces paroles. "Cet échec est le mien, pas le vôtre. J'aurais souhaité que le résultat soit différent", a dit le sénateur de l'Arizona, accompagné de sa femme Cindy et de sa colistière Sarah Palin. "C'est une élection historique", a-t-il poursuivi. "Je reconnais la signification particulière qu'elle a pour les Noirs américains, la fierté qui doit être la leur ce soir".

Le président élu va hériter d'une situation économique extrêmement difficile. Les Etats-Unis, et le monde dans leur sillage, traversent la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Le pays est engagé dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan.

M. Obama a promis de baisser les impôts pour 95% des salariés, d'engager une politique de grands travaux et de garantir une couverture santé pour tous. Sur le plan international, il a promis de retirer les soldats américains d'Irak "de façon responsable" dans un délai de 16 mois et de concentrer les efforts à la lutte contre Al-Qaïda et les talibans. Sa tâche pourrait être cependant facilitée par un Congrès qui demeure à majorité démocrate.

Les Américains étaient aussi appelés à renouveler un tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants et, selon des résultats partiels, les démocrates avaient ravi cinq sièges aux républicains au Sénat américain, ce qui leur permettrait d'avoir 56 sièges sur 100. Les démocrates ont également conforté leur majorité à la Chambre des représentants.

Les Américains se sont massivement mobilisés pour choisir le successeur de l'impopulaire George W. Bush. Le taux de participation a atteint le chiffre record de 66%, du jamais vu depuis 1908.

Aussitôt après l'annonce de la victoire de M. Obama, les marchés d'Asie-Pacifique s'affichaient en forte hausse, portés par un sentiment d'optimisme. L'élection de M. Obama a été saluée à travers le monde, dans des messages où revenaient souvent les termes de "changement" et d'"espoir", les mots clés de la campagne du candidat démocrate.

Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré que la "victoire brillante" de M. Obama soulevait "un immense espoir", adressant dans une lettre au président élu américain ses "félicitations les plus chaleureuses".

Le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari, a réagi avec réserve. "Nous respectons le choix des Américains", a-t-il déclaré à l'AFP. "Nous ne pensons pas qu'il y aura un brusque changement politique, et il n'y aura pas un désengagement rapide américain d'Irak, car une affaire importante se joue ici", a-t-il dit.

En Afghanistan, le président Hamid Karzai a estimé que l'élection de M. Obama avait "fait entrer le peuple américain, et avec lui le reste du monde, dans une ère nouvelle".

Au Kenya, pays dont le père du président élu américain était originaire, le président Mwai Kibaki a décrété jeudi journée fériée "afin de permettre aux Kényans de célébrer l'exploit historique" de Barack Obama.

 


 

George W. Bush félicite Barack Obama

AP, mercredi 5 novembre 2008 - Le président sortant George W. Bush a félicité son successeur Barack Obama pour son écrasante victoire, lui promettant une "transition aisée" après ses deux mandats à la Maison Blanche.

"Quelle nuit impressionnante pour vous", a lancé Bush à Obama, à 23h12, téléphonant au sénateur de l'Illinois peut après qu'il ait recueilli le nombre suffisant de voix de Grands électeurs pour être considéré comme président-élu. "Vous êtes sur le point de vous engager dans un des grands voyages de la vie. Félicitations, et profitez-en bien".

George W. Bush a également téléphoné au républicain John McCain: "John, vous avez tout donné. Je suis fier de vous et je suis désolé que ça n'ait pas marché", a-t-il dit au rival malheureux d'Obama, selon la porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino.

Le vice-président Dick Cheney a de son côté téléphoné au colistier de Barack Obama Joe Biden pour le féliciter.

Le président sortant devait faire une déclaration officielle dans les jardins de la Maison Blanche à 10h40 locales mercredi matin.

Le président, très impopulaire et devenu un véritable repoussoir dans la campagne, est resté invisible toute la journée. Il avait voté par correspondance il y a plusieurs jours, et était donc absents des bureaux de vote mardi, sans aucune autre apparition publique.

Il a passé la soirée à la Maison Blanche, regardant les résultats à la télévision. Et la seule fête prévue, un dîner, était due au fait que le 4 novembre est également l'anniversaire de la First Lady, qui fêtait ses 62 ans. Pendant le dîner, Bush avait porté un toast: "Que Dieu protège celui qui gagnera ce soir".

Mardi soir, environ 2.000 personnes manifestaient sur Pennsylvania Avenue, fêtant devant la Maison Blanche la victoire de Barack Obama.

Sur cette même Pennsylvania Avenue, déjà les premiers signes physiques de l'après-Bush apparaissaient: des ouvriers commençaient à installer les gradins pour le jour de l'Inauguration du prochain président des Etats-Unis, Barack Obama. AP

 


 

Dans une lettre au président élu des Etats-Unis rendue publique par l'Elysée le mercredi 5 novembre 2008, lLe président français Nicolas Sarkozy félicite Barack Obama pour sa "victoire brillante" à l'élection présidentielle américaine.

Le président 
Nicolas Sarkozy lors de la visite du candidat démocrate Barack Obama à Paris, le 
25 juillet 2008
Le président Nicolas Sarkozy lors de la visite du candidat démocrate Barack Obama à Paris, le 25 juillet 2008

 


 

Explosion de joie au Kenya après la victoire de Barack Obama

AP | 05.11.2008 | 09:31

La famille kenyane de Barack Obama a laissé éclater sa joie mercredi en chantant "Nous allons à la Maison Blanche" après avoir la victoire historique du sénateur de l'Illinois à la présidentielle américaine.

Dans l'ouest du pays à Kogelo, le village natal du père de Barack Obama aujourd'hui disparu, la police avait renforcé la sécurité pour empêcher les hordes de journalistes et d'autres d'investir la petite maison de Sarah, la grand-mère par alliance d'Obama.

Mercredi, la vieille dame et d'autres membres de la famille sont sortis dans la rue pour saluer la victoire de celui qui au Kenya est qualifié de "fils de la terre".

A l'annonce de cette victoire, le président kenyan Mwai Kibaki a décrété que ce jeudi serait férié. AP

 

 

Le Kenya décrète un jour férié pour fêter la victoire d'Obama

2008-11-05 16:19:52

 

NAIROBI, 5 novembre (Xinhua) --Le gouvernement kenyan a  déclaré jeudi jour férié pour célébrer la victoire de Barack Obama dans la présidentielle américaine. 

 Selon un communiqué du président Mwai Kibaki, les Kenyans  auront une journée de repos pour marquer l'élection historique de  M. Obama au poste le plus puissant de la planète. 

Après l'annonce du triomphe de M. Obama, les Kenyans s'en sont  donné à coeur joie, en chantant et dansant dans l'ensemble du pays, dont Kogelo, le village natal de la grand-mère paternelle de M.  Obama.

 


Le Kenya en fête toute la nuit pour Obama

 

mardi 4 nov, 18 h 23

The Associated Press

 

KISUMU, Kenya - De nombreuses fêtes ont commencé à battre leur plein mardi soir au Kenya, la bière "Senator" coulant à flots et les habitants déterminés à danser et chanter toute la nuit, en espérant qu'elle soit historique avec l'élection du premier président noir aux Etats-Unis, l'"enfant du pays" Barack Obama.

Dans la journée, les Kenyans s'étaient massés dans les églises du pays, priant pour que le candidat démocrate et sénateur de l'Illinois soit élu.

L'"Obamania", qui s'est emparée de l'Afrique, est plus particulièrement forte au Kenya, où le défunt père du candidat démocrate est né, à environ une heure de route de la ville de Kisumu, dans l'ouest du pays. A Kogelo (480 km de Nairobi), où vit toujours la "grand-mère" d'Obama, dernière épouse de son grand-père paternel, de très nombreux journalistes étaient présents. La police a bloqué l'accès à la maison de famille.

La grand-mère, Sarah, a assisté à une messe en plein air où l'évêque Ogonyo Ngende a prié pour l'autre grand-mère du candidat, Madelyn Payne Dunham, 86 ans, morte dimanche soir à Hawaii.

"Je crois que c'est bien une personne dont il aurait voulu qu'elle puisse le voir devenir président des Etats-Unis", a soupiré Saïd Obama, oncle du candidat, en parlant de la défunte.

Dans la capitale kenyane, Nairobi, dans le bidonville de Kibera, l'un des plus grands d'Afrique, des milliers de personnes avaient mis le feu à des pneus avant de se rassembler autour d'un feu de joie géant, brandissant drapeaux américains et posters d'Obama.

"Nous serons là jusqu'au matin, et nous continuerons à faire la fête si Obama gagne", expliquait Sam Ouma, 32 ans, un des organisateurs. "Si Obama perd, je ne sais pas ce que fera cette foule".

"Ce soir, nous n'allons pas dormir", confiait auparavant Valentine Wambi, 23 ans, étudiant à l'Université de Nairobi. "Il y aura des festivités partout".

De nombreux Africains espèrent qu'une présidence d'Obama se traduira par une aide plus importante pour le continent noir, le plus pauvre du monde.

 


 

"A ceux qui doutent encore de l'Amérique, ce soir j'apporte la réponse"

LE MONDE | 05.11.08 | 10h39

Chicago (Illinois), envoyée spéciale

 

A peine élu, le 44eprésident des Etats-Unis, Barack Obama, s'est hissé à la hauteur de l'événement historique que constitue son élection, quarante ans après la fin de la ségrégation raciale. Dans un discours d'une grande simplicité, mais balayant deux cents ans d'histoire de la nation américaine, il s'est adressé à l'Amérique mais aussi au monde, à tous ceux qui "écoutent serrés autour de leur poste de radio" dans les endroits reculés : "Une nouvelle aube du leadership américain est à portée de main", a-t-il déclaré.

Premier président africain-américain de l'histoire des Etats-Unis, Barack Obama a été élu dans un raz de marée qui a mis tout le pays en liesse. Du New Hampshire à Harlem, des grilles de la Maison Blanche au Grant Park de Chicago, les Américains ont repris sa promesse : "Yes we can!" ("Oui, nous le pouvons!"), tout est possible à un peuple réconcilié. Dans un pays ébranlé par les crises – économique, morale, identitaire –, Barack Obama a montré le chemin : "Nous sommes et nous serons toujours les Etats-Unis d'Amérique." A Chicago, Barack Obama s'est adressé à 65000 personnes depuis un podium protégé par deux vitres pare-balles. Son visage était grave, comme si le manteau de la fonction s'était imposé sur ses épaules. Il a limité les effusions avec Joe Biden, désormais vice-président élu. Lorsqu'il a eu fini son discours, les spectateurs, tous submergés d'émotion, certains en pleurs, sont restés longtemps à regarder la tribune et les familles qui s'y trouvaient : Michelle, la nouvelle First Lady, sa mère et son frère Craig Robinson, entraîneur de basket-ball. Malia, 10ans, et Sasha, 7ans, les fillettes à qui leur père a pris soin de dire qu'il les aimait "plus encore qu'elles ne le savaient". Elles ont gagné la permission d'avoir un chien, cadeau que leurs parents leur avaient promis avant de s'engager dans la course à la Maison Blanche.

Barack Obama a aussi évoqué sa grand-mère, morte juste avant l'instant historique. "Je sais qu'elle regarde", a-t-il dit.

Sans triomphalisme, alors qu'il a remporté les trois "grands prix" que sont pour le scrutin présidentiel, l'Ohio, la Floride et la Pennsylvanie, et qu'il a effectué un parcours sans-faute depuis l'annonce de sa candidature à Springfield, la ville d'Abraham Lincoln, Barack Obama a inscrit sa victoire dans l'épopée patriotique. Il a parlé des jalons posés par ses prédécesseurs, de l'esclavage, de la Grande dépression et du New Deal grâce auquel les Américains avaient conquis "la peur elle-même". Il a évoqué Martin Luther King, la conquête de la Lune, les nouvelles technologies. Et la foule, d'abord timidement, puis avec confiance, a repris avec lui : "Yes we can!", comme si elle réapprenait la fierté, après huit ans de flottement. "S'il y a encore qui que ce soit ici qui doute que l'Amérique soit un endroit où tout est possible, qui se demande encore si le rêve de nos fondateurs est toujours vivant, qui s'interroge encore sur la puissance de notre démocratie; ce soir vous apporte la réponse", a dit le futur président.

Barack Obama a lancé un appel au consensus en rendant hommage au parti républicain d'Abraham Lincoln. Il n'a pas caché que la tâche était ardue – deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière en un siècle. "La route sera longue. La pente est raide. Il se peut que nous n'y parvenions pas en un an ou même en un mandat, a-t-il dit. Mais je vous promets : en tant que peuple, nous y arriverons." Outre les participants invités à la soirée, plusieurs centaines de milliers de personnes qui n'avaient pas pu se procurer de tickets se trouvaient sur Michigan Avenue, les Champs-Elysées de Chicago. Les églises noires de la ville avaient organisé des veillées pour un moment que les pasteurs considéraient comme une célébration plutôt qu'une fête : l'appropriation par les Noirs d'une histoire à laquelle beaucoup ne s'étaient jamais sentis associés.

Malgré son nom, malgré les centaines de courriels qui ont circulé sous le manteau pour semer le doute sur son lieu de naissance ou sa religion, Barack Obama est entré dans le panthéon des présidents américains. "Les gens l'aiment. Encore plus que Clinton", a résumé Mel Zye, un habitant des quartiers Sud dans lesquels il a vait travaillé lorsqu'il était arrivé à Chicago en 1985.

Corine Lesnes

 

 


 

La campagne de Barack Obama jugée sans faute
http://www.lesechos.fr/info/inter/4792660-la-campagne-de-barack-obama-jugee-sans-faute.htm

04/11/08

 

 


Le sénateur de l'Illinois a mené une campagne exemplaire, fondée sur un message politique immuable et sur l'appel à la participation de la population.

DE NOTRE CORRESPONDANTE À SAN FRANCISCO.

 

A quelques heures du verdict électoral, Barack Obama peut déjà se prévaloir d'un trophée : celui de champion marketing de l'année 2008, décerné ce mois-ci par l'Association of National Advertisers. Le candidat démocrate l'a ainsi emporté sur Apple et Nike, également dans la course. « Quand je regarde sa campagne, je me dis que nous tous, professionnels du marketing, avons beaucoup d'enseignements à en tirer », a déclaré Angus Macaulay de l'agence Internet Rodale Marketing Solutions. Réputée pour sa maîtrise impeccable des technologies « collaboratives » du Web, qui lui a permis de bâtir un réseau sans précédent de donateurs et de bénévoles mobilisés avec la précision d'une horloge suisse, l'équipe de campagne de Barack Obama n'a pas négligé pour autant les outils traditionnels. Comme le clip politique, par exemple, mais un clip revu et corrigé.

A six jours des élections, l'équipe du sénateur de l'Illinois a en effet lancé, mercredi soir 29 octobre, son opération la plus ambitieuse depuis l'achat, l'été dernier, de 5 millions de dollars d'espaces publicitaires durant les jeux Olympiques. A sept jours du scrutin, le candidat démocrate a orchestré la diffusion simultanée d'un « infomercial » (ou « adtertainment » en anglais) d'une demi-heure sur sept chaînes, dont les trois grands réseaux nationaux CBS, NBC et Fox. Coût estimé par les experts : 45 millions de dollars pour l'ensemble de l'opération. Un chiffre non confirmé officiellement ; seul celui de 4 millions de dollars pour l'achat d'espaces publicitaires est assumé par l'équipe d'Obama. Réalisé en partie par Davis Guggenheim, réalisateur du documentaire d'Al Gore « Une vérité qui dérange », le film ouvre sur des champs dorés qui ondulent sous un ciel immense, référence explicite à l'ouverture du célèbre poème de Katharine Lee Bates « America the Beautiful ». La caméra plonge sur les visages empreints d'inquiétude d'une foule attentive, tandis que s'élève la voix du narrateur, Barack Obama. Les vingt-cinq minutes suivantes entrecroisent savamment son récit personnel à celui de quatre familles en difficulté, sélectionnées en fonction de leur représentativité démographique et géographique. Nul hasard en l'occurrence : presque toutes sont issues d'Etats cruciaux - Missouri, Ohio, Kentucky - où la partie n'est pas encore gagnée pour le sénateur de l'Illinois. Et dans un cadre évoquant une version intime du Bureau ovale, le candidat démocrate énumère les points clefs de son programme sur le ton à la fois passionné et posé de l'homme providentiel, qu'il a incarné depuis le début de sa campagne. Pour Tom Shales, critique de télévision du « New York Times », « le ton et la texture même du film rappellent le clip de campagne réalisé pour Ronald Reagan, une démarche destinée à satisfaire et sécuriser l'opinion publique ».

La dernière touche

David Axelrod, le stratège de la campagne d'Obama, a expliqué que le format de trente minutes avait été choisi pour trancher avec le brouhaha publicitaire. « Les ondes sont inondées de spots de trente secondes et il est difficile de se faire entendre », a-t-il expliqué, en ajoutant que la date de diffusion devait permettre de peser sur les électeurs encore indécis à quelques jours du scrutin. Quelque 33 millions de téléspectateurs étaient présents au rendez-vous. L'exercice était banal à l'époque où la télévision restait le meilleur véhicule de propagande politique, et où l'interactivité entre l'auteur et le destinataire du message n'était même pas envisagée. Mais une telle initiative n'avait pas été prise depuis la campagne de Ross Perrot en 1992.

Surtout, pour le candidat démocrate, il s'agissait de mettre la dernière touche à une campagne jugée sans faute par les experts. « Barack Obama a entamé la campagne équipé d'une identité et d'un message dont il ne s'est jamais départi. Il n'a pas seulement parlé de changement, il l'a illustré depuis le début avec un récit très personnel sur la vie et la mort, observe John Reffue, consultant en stratégie de communication politique. Il a fait preuve d'une discipline rare, en ne déviant jamais de son message initial. » Par contraste, « John McCain a eu beaucoup de mal à décider ce qu'il représente, estime Audrey Haynes, professeur de sciences politiques à l'université de Géorgie, spécialisée dans les stratégies médias de campagne. L'image du «réformateur» ne collait pas avec la volonté du parti de maintenir le statu quo, donc il a dû jongler entre un discours réservé à la base républicaine et un autre destiné aux indépendants et aux indécis. Une tension que l'arrivée de Sarah Palin a rendue encore plus intenable. » A rebours, critiqué durant les primaires pour l'importance qu'il a accordée aux idées générales, aux dépens des détails de son programme politique, Barack Obama a atteint l'objectif rêvé de tout candidat : incarner une aspiration populaire, au point d'enrôler ses partisans dans son sillage. « Il a compris que les présidents les plus efficaces dans l'histoire politique américaine sont ceux qui ont su communiquer au public de grandes idées générales », indique Charlton McIlwan, professeur de sciences politiques à New York University. Il relève les exemples de Ronald Reagan, pour lequel une Amérique fière se devait de représenter la force dans un monde en proie à la guerre froide, mais aussi de Bill Clinton, dont le message sur l'avènement de l'Amérique du XXIe siècle avait durablement frappé les esprits.

Participer et s'impliquer

Déjà, le message de changement martelé par Barack Obama lui a permis de transformer la question de la race en politique. « Non seulement il a réformé la perception de l'homme noir présidentiable, mais il a instillé la notion que voter pour lui parce qu'il est noir est une excellente chose, en raison de la portée de cet acte pour le pays », ajoute Charlton McIlwan. Simultanément, l'appel direct à l'action individuelle a constitué le fil rouge de la campagne du candidat démocrate. Plus de 600 millions de dollars de fonds lui ont permis de noyer les ondes de radio ou de télévision locales et nationales à travers le pays, y compris dans les Etats traditionnellement jugés négligeables, ou perdus d'avance. Mais le mouvement de masse observé à travers la création sur le terrain de plusieurs centaines d'équipes de militants est encore le phénomène le plus remarquable de la campagne. « Nous essayons de convaincre l'opinion publique que le seul moyen de sortir de l'impasse, de surmonter les intérêts particuliers et les lobbyistes, est de participer et de s'impliquer », a déclaré en substance Barack Obama à John Stewart, dans l'émission satirique « The Daily Show ».

Par contraste, John McCain a mené une campagne traditionnelle orchestrée autour de la capacité à dominer le cycle quotidien de l'actualité. Une stratégie qui a fonctionné en sa faveur pendant plusieurs semaines après l'annonce de la nomination de Sarah Palin, réduisant sensiblement l'écart entre les deux candidats dans les sondages. Mais une stratégie fragile qui, à l'épreuve du temps, n'a pu empêcher la désaffection d'une partie de l'électorat pour le gouverneur de l'Alaska et n'a pas suffi à masquer la vulnérabilité de John McCain face aux questions économiques.

Reste à voir quelle conclusion en tireront les électeurs américains invités aujourd'hui aux urnes.

LAETITIA MAILHES

 


 

Nous sommes tous des Obamas français

Par Claude Ribbe, mardi 4 novembre 2008 à 19:00 - http://www.claude-ribbe.com/dotclear/

Comme il est étrange, cet engouement français pour l’élection présidentielle américaine ! Et comme il est curieux de lire, de voir et d’entendre ces journalistes qui font mine de déplorer qu’il n’y ait pas d’Obama français alors que ce sont eux qui semblent l’avoir décidé en excluant a priori et systématiquement tout Obama potentiel pour exhiber leurs béni-oui-oui habituels, choisis à cause de leurs alliances ou de leur sottise (parfois les deux). Regardez un peu ce que nos maîtres censeurs essaient de désigner comme les représentants des «noirs» de France, après avoir tenté de fabriquer de toutes pièces une communauté qui ne peut exister que dans le malheur. On pourrait imaginer qu’un pays comme la France donne au moins l’exemple en rappelant que Barack Obama n’a rien de particulier si ce n’est d’être le meilleur candidat de cette élection, en saluant une démocratie où les partis politiques ne barrent pas la route aux candidats sur la seule considération de la couleur de leur peau. C’est d’ailleurs en jouant cette carte universaliste et, au fond, de tradition française, qu’Obama est là où il est.

Mais c’est tout l’inverse qui se produit. La part la plus nauséabonde de la France, celle qui prétend représenter le pays, parler au nom du pays, sous prétexte qu’elle a le porte-voix, de s’exciter sur cette prétendue couleur d’Obama, comme le colon fantasmait sur le cul de la "négresse", avec d’autant plus de nervosité qu’on sait bien qu’ici un Obama aurait, depuis longtemps, été abattu en plein vol. Depuis des décennies, tous les partis politiques français, de droite, du centre, de gauche, d’extrême gauche, les ont brisés, laminés, ostracisés, nos Obamas. Dès qu’il s’en présentait un, méthodiquement, sournoisement, efficacement, on l’abattait, on le détruisait. Par peur, par bêtise. Voilà où on en est arrivés, à force de vouloir censurer l’histoire. L’Amérique, ancienne colonie esclavagiste, a été obligée d’assumer son passé. En France, on en est encore à se demander s’il est bon d’en parler.

Ce qui se passe en ce moment aux États-Unis met simplement en lumière que la France est gangrenée par le racisme hypocrite de l’élite au pouvoir. Un racisme qui est absolument le même à gauche qu’à droite. Alors, forcément, pendant ce temps, dans les ghettos où se font élire des politiciens corrompus avec des taux d’abstention atteignant parfois les quatre cinquièmes, des jeunes rêvent d’Amérique pour oublier leur quotidien révoltant.

Et pourtant, il y en a des Obamas français. Il y en a même depuis longtemps. En octobre 1795, à une époque où la France savait tirer toutes les conséquences des principes universalistes qui ont fondé la République, c’est le général de division Alexandre Dumas, né esclave à Saint-Domingue, que la Convention appelait à la rescousse, sans s’occuper de la couleur de sa peau. Mais l’essieu de sa voiture se brisa à la patte d‘Oie de Gonesse et c’est un traîne-savate raciste qui lui souffla la place, rétablissant l’esclavage et institutionnalisant un système ouvertement fondé sur des préjugés dont nous ne sommes pas sortis. Puis de deux siècles après, le même pays, en plein Alzheimer, ne se souvient plus de rien. Des vieillards gâteux, arc-boutés sur une prétendue grandeur napoléonienne qui fait rire le monde entier, n’essayant même plus de cacher les fantasmes coloniaux qui rongent leur vieille carcasse, tentent de nous faire avaler leur vomi communautariste, ce que l’Europe a produit de plus abominable.

Non, les «noirs» de France n’ont aucune raison communautaire de se réjouir de l’élection d’Obama. Mais tous les Français auxquels le racisme a un jour barré la route peuvent espérer, peut-être, grâce à cet exemple donné par le pays jusqu’à ce jour le plus puissant du monde, que justement, on arrive à s’intéresser enfin à autre chose qu’à la couleur de leur peau.

 

Note de présentation du texte ci-dessus de Claude Ribbe :

De: "Joss Rovélas" jossrovelas@msn.com

FW: Nous sommes tous des Obamas français

 

Construire un rapport de forces collectif.


J'étais resté silencieux jusqu'alors sur ce déferlement hypocrite obamaniaque des élites françaises, ces mêmes élites conceptrices de la négrophobie occidentale qui se traduit par tant d'actes de violences racistes quotidiennes à l'encontre des noirs qu'ils soient français ou étrangers. Des actes de violences dans les domaines du travail, du logement, de la culture, de la politique, de la culture et du spirituel allant jusqu'au meurtre institutionnel  ou de droit commun.

Malheureusement le racisme congénital des élites françaises n'a rien à envier au racisme  conscient ou inconscient de certains intellectuels français animateurs des causes dites 'justes et supérieures'. En effet, ceux-ci ne conçoivent la problématique noire que comme 'porteuse d'eau' de leur projets, occultant par un négationnisme atavique propre à la suprématie blanche à laquelle ils appartiennent eux aussi, les faits historiques pourtant incontournables* attestant de l'imposture de la cause qu'ils mettent au-dessus de toutes les autres et qui participe à la manipulation et l'étouffement de la cause noire !

Je recommande donc un article très édifiant de Claude Ribbe 'Nous sommes tous des Obamas français' qui sera très utile à la réflexion sur la problématique noire et le racisme français que Obama soit élu ou pas !

Après les impostures mortifères du type Dieudonné Mbala Mbala et Kémi Séba, la question ne doit plus être de savoir 'à quel leader se vouer' mais plutôt de savoir sur quelles orientations le faire et comment construire un rapport de forces favorable à l'éradication de l'oppression raciale négrophobe et l'établissement solide de droits civiques égaux pour les noirs vivant en France qu'ils soient français ou étrangers.

Joss Rovélas
*  Lire 'Traite des blancs, traites des noirs' de Rosa Amélia Plumelle Uribe.