Mbeki s’en va, Motlanthe devient président de la République jusqu’aux prochaines élections en Afrique du Sud (avril 2009)

 


 

Le parti au pouvoir confie la présidence à un modéré

 

 


Le vice-président de l'ANC Kgalema Motlanthe, le 7 décembre 2005 à Johannesburg

©AFP/Archives (2005) - Gianluigi Guercia

 

JOHANNESBURG (AFP), 22 septembre 2008 - Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l'ANC, a désigné lundi son vice-président, Kgalema Motlanthe, président de la République avec pleins pouvoirs jusqu'aux prochaines élections, au lendemain de la démission du chef de l'Etat Thabo Mbeki.

M. Motlanthe "sera le nouveau président, pas un président par interim, il sera le président de la République jusqu'aux élections" générales au 2ème trimestre 2009, a indiqué à l'AFP le porte-parole du groupe parlementaire du Congrès national africain (ANC), K. K. Khumalo.

Le groupe parlementaire, qui détient plus des deux tiers des sièges à la Chambre des députés, s'est réuni dans la matinée au Cap, siège du Parlement, pour nommer son candidat.

Formellement, celui-ci sera ensuite élu par les députés et pourra former son gouvernement, qui dirigera le pays jusqu'à de prochaines élections générales.

Un président par interim n'aurait pu qu'expédier les affaires courantes du pays. Avec les pleins pouvoirs liés à sa fonction, M. Motlanthe pourra constituer un vrai gouvernement de transition.

Son choix semble témoigner d'une volonté de pondérer la crise née de la décision du comité directeur de l'ANC, qui retiré samedi sa confiance à M. Mbeki, l'appelant à la démission sans attendre l'alternance découlant des élections générales

 

 


Le président sud-africain Thabo Mbeki annonce à la télévision sa démission, le 21 septembre 2008

©AFP - Gianluigi Guercia

 

Lorsqu'il avait accédé à la vice-présidence de l'ANC, lors d'un congrès en décembre 2007 qui avait renversé le camp Mbeki pour porter celui de Jacob Zuma à la direction, M. Motlanthe avait été présenté comme un candidat potentiel à la présidence de la République, alternative au controversé tribun zoulou.

Ce stratège politique de 59 ans, connu pour sa modération, est l'une des figures les plus populaires de la nouvelle équipe dirigeante du parti.

Il a ces derniers mois mené une campagne de réconciliation dans le pays, visant à rassurer la minorité blanche et les investisseurs étrangers inquiets de la réputation populiste de M. Zuma.

M. Motlanthe avait intégré le gouvernement Mbeki il y a quelques semaines afin d'assurer une transition en douceur pour le camp Zuma, en tant que ministre à la présidence.

Le président Mbeki, 66 ans, évincé par son parti après neuf ans à la tête de l'Etat, avait remis dimanche sa démission au Parlement.

En Afrique du Sud, le président n'est pas élu par le peuple, mais par le Parlement. Tirant sa légitimité de sa désignation par l'ANC, M. Mbeki ne pouvait pas aller à l'encontre de l'appel à démissionner de son parti.

L'ANC avait justifié sa décision par un souhait d'unification du parti, profondément divisé depuis que le camp Zuma a évincé le chef de l'Etat de la direction du parti au congrès de Polokwane.

La formation avait également invoqué les "interférences politiques" dénoncées par un juge de Pietermaritzburg (sud-est) dans les attendus de l'invalidation du dossier d'accusation prononcée le 12 septembre dans un procès pour corruption contre M. Zuma.

 

 


Le président de l'ANC Jacob Zuma, le 12 septembre 2008 à Pietermaritzburg

©AFP - Str

 

Les partisans du chef de l'ANC ont toujours affirmé que les déboires judiciaires du tribun zoulou tenaient d'un complot orchestré au plus haut nivveau de l'Etat pour barrer à M. Zuma la route de la présidence.

Le choix de M. Motlanthe pourrait également contribuer à persuader les principaux ministres du gouvernement sortant de rester en fonction jusqu'aux élections.

Il répond aussi à ceux qui craignent, à l'instar du quotidien Business Day lundi, que "les têtes brûlées de l'alliance tripartite" (l'ANC est alliée au gouvernement avec le parti communiste et la confédération syndicale Cosatu) ne dominent désormais la scène politique.

En soi, relevait toutefois le quotidien, la "crise ne menace pas notre démocratie", soulignant qu'un scénario similaire pouvait advenir dans un pays comme le Royaume uni.

 


 

Le portrait de Thabo Mbeki

NOUVELOBS.COM | 22.09.2008 | 12:49

Voici le portrait de Thabo Mbeki, président démissionnaire d'Afrique du Sud, remplacé lundi 22 septembre par Kgalema Motlanthe.

Thabo Mbeki, qui a remis dimanche sa démission de la présidence de l'Afrique du Sud après avoir été poussé à le faire par son parti, paie le prix de l'usure du pouvoir mais aussi de son approche de la politique, un mélange d'autoritarisme et de basses manoeuvres.
C'est le profil bas que Thabo Mbeki va quitter la présidence qu'il occupait depuis 1999, accusé par sa formation du Congrès national africain (ANC) d'avoir instrumentalisé la justice pour écarter son rival, le populaire Jacob Zuma.


Dimanche, lors d'une allocation télévisée, il a cependant nié s'être ingéré dans les affaires de justice, assurant avoir "toujours protégé l'intégrité de la justice".
Il a aussi reconnu des manquements dans la lutte contre la criminalité et la pauvreté, ce que lui reprochaient de nombreux partisans de l'ANC.
Son attitude distante et son déni des fléaux qui ravagent le pays, comme le sida, lui ont d'ailleurs déjà valu une cuisante défaite en décembre dernier quand le charmeur et populiste Zuma lui avait ravi la présidence de l'ANC.


Depuis, le raz-de-marée pro-Zuma a emporté nombre de ses fidèles, mais Thabo Mbeki est resté enfermé dans sa tour d'ivoire, semblant insensible aux difficultés de ses concitoyens.
Il a mis une semaine en mai avant de réagir aux violences xénophobes qui ont fait des dizaines de morts dans les townships. Attaques qu'il a fini par attribuer à des "éléments criminels", comme pour nier toute raison sociale au mécontentement dans les quartiers pauvres.
Selon son biographe, Mark Gevisser, les déboires du chef de l'Etat démissionnaire s'expliquent en partie par son "approche d'exilé et de conspirationniste de la politique", liée à ses années de lutte contre le régime raciste d'apartheid.


Personnalité énigmatique, habitué des discours sibyllins, Thabo Mbeki, 66 ans, a centralisé le pouvoir en Afrique du Sud, créant un Etat fort et une économie stable, et promu les solutions africaines pour répondre aux problèmes de l'Afrique.
Même sur ce plan, il va quitter le pouvoir sur une note amère: s'il est parvenu au tour de force de faire accepter au vieux président zimbabwéen Robert Mugabe un partage du pouvoir sur le papier, la résolution de la crise à Harare reste bloquée par la formation du gouvernement d'union.
Thabo Mvuyelwa Mbeki est né en 1942. Son père Govan Mbeki est un compagnon de lutte de Nelson Mandela, le premier président noir d'Afrique du Sud.


A 14 ans, Thabo Mbeki rejoint la Ligue de la jeunesse de l'ANC, est expulsé du lycée trois ans plus tard pour activisme politique et termine le programme scolaire chez lui.
En 1962, il part en Tanzanie, puis en Grande-Bretagne où il décroche un Master en économie, et en Union soviétique pour un entraînement militaire. Il passera au total près de trente ans en exil, également en Zambie, au Botswana, au Swaziland et au Nigeria.
De retour au pays, il est au centre des négociations avec le régime d'apartheid qui mènent à un gouvernement d'union nationale en 1994, dont il devient le vice-président.
Jusqu'à son accession à la présidence en 1999, il gère les affaires pendant que Mandela négocie avec les investisseurs et la minorité blanche, afin de remettre à flot un pays divisé par des décennies de racisme institutionnalisé.


Les Sud-Africains se sont toujours interrogés sur les capacités d'unification de Thabo Mbeki.
Ce dernier se plaît lui à souligner la croissance économique sans précédent enregistrée depuis 2003 et la réduction du taux de chômage officiel, de 31,2% en 2003 à 25,5% en 2007.
Personne ne lui refuse la paternité de ces succès. Mais les alliés de gauche de l'ANC lui reprochent de ne pas être assez social.
Il l'a reconnu à demi-mot, admettant que des progrès restaient à faire dans la lutte contre l'extrême pauvreté dans laquelle vivent encore 43% des Sud-Africains. Dimanche, il a regretté la persistance d'une "pauvreté abjecte" dans son pays.

 


 

 

L'ANC désigne le successeur de Mbeki

TF1/LCI, le 22/09/2008 - 13h26

 

Après la démission dimanche de Thabo Mbeki, le vice-président du Congrès national africain Kgalema Motlanthe a été désigné lundi président de la République.

Thabo Mbeki a été poussé vers la sortie par son propre parti en raison d'"interférences" dans la constitution du dossier d'accusation pour corruption du chef de l'ANC, Jacob Zuma

 

Le vice-président du Congrès national africain, l'ANC, au pouvoir en Afrique du Sud,  a été désigné lundi président de la République après la démission dimanche de Thabo Mbeki. Kgalema Motlanthe "sera le nouveau président, pas un président par interim, il sera le président de la République jusqu'aux élections" générales au deuxième trimestre 2009, a déclaré le porte-parole du groupe parlementaire ANC, K. K. Khumalo, à l'issue d'une réunion.

Poussé vers la sortie par son parti, Thabo Mbeki avait annoncé dimanche soir qu'il avait remis sa démission. En décembre déjà, il avait été évincé de la présidence de l'ANC, lors d'un congrès aux allures de coup d'Etat interne qui avait porté à sa tête son rival Jacob Zuma. Dix jours après, le nouveau chef de l'ANC était inculpé pour corruption dans le cadre d'une enquête impliquant le groupe d'armement français Thales. Ses partisans avaient immédiatement hurlé au complot. Le non lieu pour vice de forme, prononcé le 12 septembre, par un juge qui a évoqué des pressions politiques dans le dossier, leur a fourni les munitions pour réclamer la tête de Mbeki.

Kgalema Motlanthe, connu pour sa modération, avait intégré le gouvernement Mbeki il y a quelques semaines afin d'assurer une transition en douceur pour le camp Zuma, en tant que ministre à la présidence. Son choix semble témoigner d'une volonté de pondérer la crise née de la décision du comité directeur de l'ANC, qui avait appelé samedi Thabo Mbeki à la démission sans attendre l'alternance découlant des élections générales. Ce stratège politique de 59 ans est l'une des figures les plus populaires de la nouvelle équipe dirigeante du parti. Il a ces derniers mois mené une campagne de réconciliation dans le pays, visant à rassurer la minorité blanche et les investisseurs étrangers inquiets de la réputation populiste de Jacob Zuma

Actualité internationale et africaine de sangonet

 

 

Le président Thabo Mbeki démissionne. Kgalema-Motlanthe, vice-président du Congès national africain (ANC), est désigné pour assurer l’intérim (premières dépêches)