Rose Kabuye, chef du protocole du président rwandais Paul Kagame, transférée d’Allemagne en France, veut prouver son innocence

 


 

Le Rwanda demande à la France un procès rapide pour Rose Kabuye

 

21/11 08:21 CET

http://www.euronews.net/fr/article/21/11/2008/rwandan-presidential-aide-vows-to-clear-name/

 

Proche du Président rwandais Paul Kagame, Rose Kabuye est soupçonnée d’avoir participé à l’attentat contre l’ancien chef d’Etat Juvénal Habyarimana. Interpellée en Allemagne au début du mois et transférée à Paris mercredi, elle a ensuite été placée en liberté sous contrôle judiciaire mais n’ignorait pas les risques encourus en voyageant en Europe. Certains estiment qu’elle a agit de la sorte pour pouvoir avoir accès au dossier.

Rose Kabuye s’exprimait jeudi pour la première fois dans cette affaire : “Je sais que je suis innocente. Personne ne m’a envoyé. J’ai décidé, lorsque j’ai été arrêté à Francfort, que je devais venir affronter la justice française afin de prouver mon innocence.”

Rose Kabuye aurait hébergé le commando responsable de l’attentat contre Habyarimana, l‘élément déclencheur du génocide rwandais selon l’ONU.

Non seulement l’inculpée nie les faits, mais elle va même plus loin en expliquant que cette tuerie, qui a fait 800.000 victimes selon l’ONU, n’a pu être l‘élément déclencheur d’une tuerie qui avait été planifiée selon elle.

 

 


 

Entente diplomatico-judiciaire entre Paris et Kigali ?

 

RFI - 21/11/2008 à 04:25 TU

http://www.rfi.fr/actufr/articles/107/article_75113.asp

 

L'arrestation et le transfèrement en France de Rose Kabuye, la responsable du protocole du président rwandais, Paul Kagame, auraient été soigneusement préparé par Paris et Kigali. Depuis 18 mois, la France tente de désamorcer la crise diplomatique entre les deux pays. Aujourd'hui, l'arrestation de Rose Kabuye pourrait faire l'affaire des deux capitales.

 

Selon nos informations, des négociations directes entre Paris et Kigali ont eu lieu avant même le voyage et l'arrestation de Rose Kabuye en Allemagne, d'où elle a été transféré vers la France mercredi. Le 28 octobre, le conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy se rendait à Kigali, cinq jours après que les deux magistrats français qui instruisent le dossier sur l'attentat du 6 avril 1994 - qui avait coûté la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana et à trois coopérants français - aient décidé de clore leur instruction.

Une étape « normale » dans une procédure judiciaire. Elle ouvrait la voie à un procès devant la cour d'assise spéciale, chargée, en France, de juger les actes terroristes. Un procès par contumace, en l'absence des neufs suspects visés par la procédure et qui risquait d'envenimer, encore un peu plus les relations entre les deux pays.

L'instruction est relancée

L'arrestation de Rose Kabuye retarde de facto ce processus. Ayant désormais accès au dossier, ses avocats sont en effet en droit de demander de nouveaux actes judiciaires et notamment, l'audition de nouveaux témoins. Jusqu'ici, les neufs Rwandais suspectés par la justice française étaient « recherchés » en vertu d'un mandat d'arrêt international, mais ne pouvaient pas avoir accès au dossier d'instruction.

Techniquement, rien ne peut empêcher les avocats de faire durer le plus longtemps possible cette nouvelle phase de l'instruction du dossier, qui est donc relancée, peut-être pour plusieurs années, indique une source proche du dossier. Une fois leur enquête terminée, les deux magistrats français devront transmettre leur dossier au Parquet de Paris.

Une procédure qui pourrait prendre plusieurs années

Le procureur prendra alors des réquisitions en faveur d'un non-lieu ou d'un renvoi devant la cour d'assises spéciale. Un avis que les juges d'instruction pourront suivre, ou non, avant de transmettre leur dossier à la chambre de l'instruction de la cour d'appel. C'est elle qui décidera, en dernier lieu, de renvoyer ou non les suspects devant un tribunal.

Chacune de ces étapes est susceptible d'appel, de la part de la défense comme des parties civiles et la procédure pourrait donc prendre encore plusieurs mois, voire plusieurs années, avant qu'un éventuel procès n'ait lieu.

L'arrestation de Rose Kabuye est aussi l'occasion de tenter de mettre à mal l'instruction menée pendant neuf ans par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière. Un dossier qui empoisonne les relations entre Paris et Kigali, et dont les milieux politico-judiciaires n'hésitent pas à dire, aujourd'hui, qu'il n'est construit qu'à charge.

Rose Kabuye, chef du protocole du président rwandais

« Notre chère Rose », comme l'appellent les hommes et les femmes qui ont manifesté ces derniers jours à Kigali. La diplomate est en passe de devenir un symbole pour beaucoup de ses compatriotes. Cette exilée rwandaise a grandie dans les camps de réfugiés du sud-ouest de l'ouganda. Ses parents avaient fui les premiers pogroms antitutsis au Rwanda à la fin des années 50.

Elle étudie les sciences politiques à l'Université Makerere de Kampala, puis elle rejoint le Front patriotique rwandais (FPR), dès la fin des années 80. C'est une combattante de la première heure, qui mène une vraie carrière militaire. Mais elle goûte aussi à la prison en 1993, en Ouganda, sur ordre de Paul Kagamé.

En 1994, elle fait partie de l'équipe qui négocie la paix avec le président d'alors, Juvénal Habyarimana. Au moment de l'attentat contre l'avion présidentiel, le 6 avril 1994, elle occupe des fonctions administratives au sein du mouvement.

Après la prise de pouvoir du FPR, elle est la première femme de l'histoire du Rwanda nommée Lieutenant-colonel, elle devient maire de Kigali, et mène une politique d'embellissement de la capitale. Cette mère de famille est décrite comme chaleureuse, spontanée et très volontaire.

Aujourd'hui, à 47 ans, cette longue femme se retrouve au coeur de la bataille diplomatique entre la France et le Rwanda. Pour lui marquer son soutien, le président Rwandais, Paul Kagamé, est venu lui rendre visite à la prison de Francfort en Allemagne.

 

 

Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise de l'Information

La remise en liberté sous contrôle judiciaire de Rose Kabuye

«On demande à ce qu'elle puisse avoir un procès le plus rapidement possible, un procès juste, un procès où elle pourra enfin être entendue.»

RFI - 21/11/2008 par Aurélie Tisseyre

 


 

La Rwandaise Rose Kabuye veut "prouver son innocence"

Reuters, Jeudi 20 novembre 2008, 20h26

Rose Kabuye, une proche collaboratrice du président rwandais Paul Kagamé poursuivie par la justice française pour complicité d'assassinats dans un dossier lié au déclenchement du génocide de 1994, a déclaré jeudi être venue en France pour prouver son innocence.

Cette haute personnalité du régime de Kigali a été mise en examen mercredi pour relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs mais, comme l'avait demandé le parquet, a été laissée en liberté sous contrôle judiciaire.

Elle devra rester en France et répondre aux convocations, mais pourra voyager à l'étranger avec autorisation du juge d'instruction, une décision saluée au Rwanda.

"Je ne suis pas venue ici par hasard", a-t-elle déclaré jeudi soir sur LCI. "J'ai décidé que le mieux était de venir en France pour prouver mon innocence".

Arrêtée en Allemagne le 9 novembre, elle avait été extradée vers la France. Elle figure parmi les neuf responsables de son pays visés depuis 2006 par des mandats d'arrêt internationaux.

Le dossier, qui a entraîné la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali, concerne l'attentat en 1994 qui avait coûté la vie au prédécesseur du Tutsi Paul Kagamé, le Hutu Juvénal Habyarimana.

Cet événement avait marqué le début du génocide qui s'est traduit par la mort de quelque 800.000 Tutsis et Hutus modérés entre juin et avril 1994.

"PAS DE NÉGOCIATION"

Rose Kabuye, 47 ans, chef du protocole du président rwandais, ex-maire de Kigali et ancien officier du Front patriotique rwandais (FPR), est soupçonnée d'avoir organisé l'hébergement à Kigali du commando qui a abattu avec des missiles l'avion présidentiel à son atterrissage à Kigali.

Elle aurait co-dirigé l'action, selon les charges retenues en 2006 par l'ancien juge Jean-Louis Bruguière.

Rose Kabuyé a démenti qu'il y ait eu négociation entre la France et le Rwanda pour qu'elle soit laissée en liberté.

"Je ne pense pas qu'il y ait eu la moindre négociation (...) c'est simplement une décision de justice", a-t-elle dit.

Plusieurs sources estiment que sa venue en Allemagne, où elle savait qu'elle serait arrêtée, est un choix de Kigali pour avoir accès au dossier et tenter un règlement judiciaire de l'affaire. Le président Kagamé a toujours nié les accusations.

"Je suis innocente, personne ne m'a envoyée", a-t-elle ajouté en anglais, ses propos étant traduits en français.

Rose Kabuyé a réfuté la thèse du juge français selon laquelle l'explosion en vol de l'avion de Juvénal Habyarimana a été l'élément déclencheur du génocide.

"Tout ce qui a pu arriver à l'avion n'a rien à voir avec le génocide, le génocide c'est quelque chose qui a été planifié, ça ne s'est pas passé du jour au lendemain", a-t-elle dit.

L'un de ses avocats, Le Forster, a estimé que l'enquête permettrait de faire taire ces accusations.

DÉBAT SUR LES RESPONSABILITÉS DANS LE GÉNOCIDE

"Par la recherche de la vérité, on peut arriver à la paix. C'est l'ensemble du Rwanda qui est concerné par sa reconstruction", a-t-il souligné.

Saisi depuis 1998 après plainte des familles de trois membres de l'équipage français de l'avion et de la veuve de Juvénal Habyarimana, Agathe, le juge Jean-Louis Bruguière a estimé que la responsabilité du FPR et de Kagamé, qui a bénéficié de l'immunité en tant que chef d'Etat, était établie.

Onze autres personnes ont été tuées dans l'attentat, dont le président burundais Cyprien Ntaryamira.

Le juge français s'est fondé en particulier sur des témoins, qui se sont depuis rétractés pour certains dans les médias. Ainsi, Joshua Abdul Ruzibiza, ancien officier du FPR, a déclaré ces derniers jours à Libération et France Culture qu'il avait menti au juge Bruguière en accusant son ex-parti.

A Kigali, l'hypothèse officiellement privilégiée est celle d'un attentat mené par des extrémistes proches d'Habyarimana, visant à donner un prétexte au génocide, qui avait été préparé.

Le dossier attise le débat sur les responsabilités du génocide.

Pour Paris, Paul Kagamé a pris le risque de déclencher les massacres pour favoriser sa prise de pouvoir. Pour Kigali, la France cherche à cacher son rôle dans le génocide, Paris soutenant le régime Habyarimana dont sont issus les génocidaires.

Thierry Lévêque et Yves Clarisse, édité par Elizabeth Pineau

 


 

Le Rwanda veut un procès rapide pour Rose Kabuye, qui se dit innocente

AFP, Jeudi 20 novembre 2008, 11h32

 

Rose 
Kabuye et le président rwandais Paul Kagame, le 7 novembre 2008 à Nairobi 

Rose Kabuye et le président rwandais Paul Kagame, le 7 novembre 2008 à Nairobi (Photo :. AFP)

Le Rwanda a demandé jeudi un procès rapide pour Rose Kabuye, une proche du président Paul Kagame inculpée à Paris pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste", tout en soulignant n'avoir "pas confiance" dans la justice française.

La directrice du protocole de Paul Kagame, remise en liberté sous contrôle judiciaire en France, est soupçonnée par la justice française d'être impliquée dans l'attentat, le 6 avril 1994, contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, qui avait été tué dans l'explosion, ainsi que l'équipage français de l'appareil.

"Le gouvernement demande que Mme Kabuye soit jugée sans tarder, que la justice française lui donne le plus rapidement possible l'occasion de se défendre. Le gouvernement et le peuple rwandais attendent impatiemment que justice lui soit rendue", a déclaré à l'AFP la ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement rwandais, Louise Mushikiwabo.

"Nous demandons un procès rapide. Mme Kabuye est là parce que quelqu'un (le juge français Jean-Louis Bruguière, ndlr) avait des motivations politiques. Nous attendons impatiemment qu'elle puisse revenir dans son pays, retrouver sa famille et reprendre son travail", a poursuivi la ministre.

Transférée mercredi d’Allemagne - où elle avait été arrêtée le 9 novembre - vers la France, Mme Kabuye, 47 ans, a été mise en examen mercredi soir par le juge d'instruction Marc Trévidic pour complicité d'assassinats et association de malfaiteurs, le tout en relation avec une entreprise terroriste.

La justice a ordonné sa remise en liberté assortie d'un contrôle judiciaire lui interdisant de quitter la France sans autorisation et l'obligeant à répondre à toute nouvelle convocation des juges.

Le juge la soupçonne d'avoir pris part à l'attentat contre l'avion de l'ancien président rwandais, qui servit de détonateur au génocide, déjà largement planifié par le régime en place.

Le génocide a fait environ 800.000 morts, selon l’ONU essentiellement parmi la minorité tutsi, et a pris fin avec la prise du pouvoir à Kigali de la rébellion dirigée par M. Kagame.

Interrogée jeudi matin par la chaîne d'information en continu France 24, Mme Kabuye s'est montrée confiante. "Quand je pourrai expliquer ce qui s'est vraiment passé, tout rentrera dans l'ordre", a-t-elle assuré.

"Je n'ai pas peur car je suis innocente. Même si on m'a enlevé ma liberté pour un moment, maintenant je suis libre", a encore dit Mme Kabuye.

La porte-parole du gouvernement rwandais a pour sa part estimé que la remise en liberté de Rose Kabuye ne représentait "qu'une petite étape".

"Si elle est entendue par des juges indépendants, nous ne doutons pas qu'elle sera vite libérée", a indiqué la ministre.

"Le fait qu'elle soit aujourd'hui devant un tribunal français ne nous donne pas confiance. La justice française ne nous a pas inspiré confiance jusqu'à présent. Mais nous attendons de voir ce qui en sortira".

Dans ce dossier qui a conduit à la rupture des relations bilatérales, une incarcération de cette cadre du régime de Kigali aurait été très mal perçue au Rwanda, où les manifestations les plus importantes depuis le génocide de 1994 se sont déroulées mercredi.

Huit autres proches de M. Kagame sont visés par des mandats d'arrêts émis en novembre 2006 par le juge Bruguière qui a depuis quitté ces fonctions au pôle antiterroriste à Paris.

 


 

Rose Kabuye compte prouver son innocence

AP, Jeudi 20 novembre 2008, 19h40

"Je suis ici pour prouver mon innocence", a déclaré jeudi la responsable du protocole du président rwandais, Rose Kabuye, arrêtée le 9 novembre dernier en Allemagne et laissée en liberté sous contrôle judiciaire mercredi soir après avoir été extradée vers la France.

Mme Kabuye a été mise en examen pour "complicité d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste" pour sa participation présumée à l'attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana en avril 1994, et laissée en liberté sous contrôle judiciaire.

"Lorsque j'ai été arrêtée à Francfort, je n'ai pas voulu compliquer les choses avec l'Allemagne", a-t-elle expliqué sur LCI, au sujet de son refus de combattre le processus d'extradition: "J'ai décidé après mon arrestation que le mieux était de venir en France. Peut-être qu'à terme ce sera une bonne décision".

Rose Kabuye, âgée de 47 ans, une proche du président Paul Kagame, major dans l'armée patriotique rwandaise (APR), était recherchée par la justice française dans le cadre de l'enquête sur l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, considéré comme l'élément déclencheur du génocide au Rwanda. Elle est soupçonnée d'avoir hébergé le commando avant l'attentat.

Cette mise en examen intervient à un moment où l'un des témoins à charge de cette enquête, Josué Ruzibiza, a déclaré dans plusieurs médias français qu'il revenait sur ses déclarations, disculpant Mme Kabuye. AP

 


 

La diplomate rwandaise, Rose Kabuye, a été remise en liberté par la justice française

LE MONDE, 20 novembre 2008,13h26

 

Le parquet de Paris a requis et obtenu, mercredi 19 novembre au soir, la mise en liberté sous contrôle judiciaire de Rose Kabuye, la proche du président rwandais Paul Kagamé, peu après sa mise en examen pour "complicité d'assassinat et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" par le juge d'instruction Marc Trévidic.

La diplomate rwandaise est l'une des neuf personnalités rwandaises proches du pouvoir accusées d'avoir organisé l'attentat contre l'avion de l'ancien président hutu Juvénal Habyarimana, qui, le 6 avril 1994, a déclenché le génocide des Tutsis. Mme Kabuye est privée du droit de quitter la France sans autorisation.

La décision de remise en liberté est de nature à satisfaire le gouvernement rwandais. Mercredi, d'imposants défilés organisés par les autorités ont parcouru la capitale rwandaise aux cris de "Libérez notre chère Rose !".

Le fait que le parquet, lié à l'exécutif français, ait permis d'éviter le maintien en détention de la diplomate, devrait aussi satisfaire Kigali. Les Rwandais, en entrant dans la logique judiciaire après deux ans de tentatives pour l'éviter, ont choisi de "crever l'abcès", selon l'expression du président Kagamé. Les avocats de Mme Kabuye, Léon-Lef Forster et Bernard Maingain, ont salué une "décision raisonnable", tandis que l'avocat de la veuve de l'ex-président Habyarimana, Philippe Meilhac, a dit avoir "l'impression que les autorités françaises tentent de ménager (...) les relations avec le Rwanda". La bataille judiciaire entre Kigali et Paris à propos de l'attentat de 1994 mais aussi au sujet du rôle de la France dans le génocide, a donné lieu à de multiples enquêtes et rapports contradictoires.

Ce foisonnement de documents inquiète Paul Quilès, qui présida en 1998 la mission parlementaire sur le génocide du Rwanda. "Il me paraît essentiel d'éviter que (...) cette multiplication d'interprétations contradictoires ne crée la confusion, (...) et n'amène l'opinion publique internationale à se désintéresser des immenses tragédies vécues par les peuples du Rwanda et de la République démocratique du Congo", a écrit M. Quilès dans une lettre adressée le 11 septembre au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Il demande de "soumettre l'ensemble des travaux" sur le génocide "à l'examen d'une commission constituée de personnalités indépendantes".

Datée du 3 novembre, la réponse de M. Ban constitue une fin de non-recevoir, assurant que les rapports publiés restent la propriété des organes qui les ont diligentés. L'ONU s'est toujours refusée à enquêter sur l'attentat de 1994.

Philippe Bernard

Article paru dans l'édition du 21.11.08

 

 


 

 

Rwanda : Rose Kabuye veut faire exploser en vol le dossier Bruguière

 

Par KongoTimes! - http://afrique.kongotimes.info/news/141/ARTICLE/7898/2008-11-20.html  

 

 

Thu, 20 Nov 2008 09:48:00

Rwanda - Rose Kabuye, chef du protocole du président rwandais Paul Kagame

 

Description

D’heure en heure, la population rwandaise, très mobilisée, a suivi les étapes du transfert de Rose Kabuye, directeur de protocole du président Kagame, qui a quitté la prison pour femmes de Francfort pour se présenter devant la justice française. Répondant aux autorités qui attendaient un demi million de personnes dans les rues, les associations de la société civile avaient largement mobilisé et des centaines de milliers de Rwandais ont manifesté dans toutes les villes du pays.

D’heure en heure, la population rwandaise, très mobilisée, a suivi les étapes du transfert de Rose Kabuye, directeur de protocole du président Kagame, qui a quitté la prison pour femmes de Francfort pour se présenter devant la justice française.

Répondant aux autorités qui attendaient un demi million de personnes dans les rues, les associations de la société civile avaient largement mobilisé et des centaines de milliers de Rwandais ont manifesté dans toutes les villes du pays.

Au-delà des slogans officiels de «solidarité avec notre chère Rose » et de dénonciation du rôle de la France et de l’Allemagne, les manifestants voulaient aussi exprimer un sentiment de plus en plus répandu en Afrique et dont le Rwanda se veut le héraut : le refus d’une certaine ingérence occidentale, dont, a ux yeux des Africains, la justice internationale se veut l’un des terrains d’action.

A ce sujet, l’ « affaire Kabuye » et plus largement le mandat d’arrêt lancé par le juge Bruguière contre neuf hauts dirigeants rwandais, accusés d’avoir perpétré l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, est parfaitement emblématique de cette justice considérée en Afrique comme une « machine de guerre ».

En effet, depuis le début, l’ordonnance du juge français est apparue comme construite uniquement à charge, sans connaissance du terrain et basée sur des éléments invraisemblables comme l’existence d’un « network commando » qui se serait mis en position de tir à Masaka, fief de la garde présidentielle, pour abattre l’avion et regagner tranquillement sa base, et cela alors que partout dans la ville les miliciens hutus avaient déjà dressé des barrières.

Le pire restait à venir : l’ordonnance Bruguière est désormais minée par la rétractation des principaux témoins sur lesquels reposait l’accusation ! Voici deux ans déjà, Emmanuel Ruzigana, un ancien militaire du Front patriotique rwandais, avait confié au Soir qu’alors qu’il se trouvait en Tanzanie et souhaitait gagner l’Europe, il avait reçu un visa pour la France et que dès son arrivée à l’arrivée à Paris, il avait été immédiatement conduit dans les bureaux du juge anti terroriste.

Après un interrogatoire mené sans traducteur et où il s’opposa à plusieurs des assertions du juge, il eut le sentiment d’avoir été piégé et ne signa qu’une déposition de cinq lignes.

C’est en Norvège qu’il prit connaissance des propos accablants qui lui avaient été prêtés et lors de notre rencontre, démentant le tout, il assura qu’Abdul Ruzibiza, à l’époque simple aide soignant dans les rangs du FPR, ne pouvait avoir connaissance de toutes les informations dont on lui prêtait le récit et qui furent publiés dans un ouvrage préfacé (sinon rédigé…) par l’historienne Claudine Vidal.

Ruzibiza lui-même, dans plusieurs interviews données depuis la Norvège où il réside, vient également de se rétracter sur toute la ligne : il n’aurait rencontré Bruguière que durant trente minutes, n’échangeant avec lui que quelques mots, après quoi il fut invité à signer une déposition déjà rédigée d’avance ! « Il s’agissait d’une affaire montée de toutes pièces » s’exclame aujourd’hui le témoin préféré de Stephen Smith, Pierre Péan, Jean-Louis Bruguière et autres, qui précise que « Rose Kabuye est aujourd’hui victime de cette machination, son arrestation est illégale et absurde ».

C’est justement pour obliger les successeurs de Bruguière, les juges Philippe Coirre et Marc Trividic, qui ont succédé à Bruguière, d’ouvrir leurs dossiers et de soumettre les pièces à la défense que Rose Kabuye, en connaissance de cause, a demandé son transfert à Paris. Elle a quitté la prison de Francfort sans menottes, en compagnie de ses avocats et après une première rencontre avec les juges français, elle sera placée en résidence surveillée.

Combattante de la première heure du Front patriotique, Rose Kabuye, qui avait été réfugiée en Ouganda, est considérée au Rwanda comme une héroïne, non seulement pour ses faits de guerre mais aussi pour le combat qu’elle mène aujourd’hui, dans l’intention de « crever l’abcès » et de faire éclater la vérité.

Si le dossier Bruguière, bâti sur des témoignages que leurs auteurs renient désormais, devait exploser en plein vol, Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner pourraient enfin, ainsi qu’ils le souhaitent, renouer le dialogue et reprendre les relations diplomatiques avec le Rwanda, rompues depuis deux ans. Plusieurs tentatives de relance avaient échoué et Bernard Kouchner avait fait état d’un « blocage persistant » en raison des mandats d’arrêt.

Colette Braeckman
Published By www.KongoTimes.info

 

 


 

 

Le président du Faso à l’Elysée : "Il faut éviter que la justice internationale soit une jungle”

lefaso.net jeudi 20 novembre 2008 - http://www.lefaso.net/spip.php?article29741&rubrique2 

 

"L’audience que le président français, Nicolas Sarkozy a accordée, mercredi 19 novembre 2008 à son homologue burkinabè, Blaise Compaoré, a été la dernière étape de la visite du président du Faso en Suisse et en France, entamée le 11 novembre. La place de l’Afrique dans le concert des nations sur le plan économique, les relations bilatérales entre le Burkina et la France ont, entre autres, été les principaux points de cette audience initialement prévue pour le 18 novembre.

Comme à Strasbourg, à l’ouverture des troisièmes Journées européennes du développement, le président du Faso est revenu sur la nécessité d’impliquer l’Afrique dans les grandes décisions de ce monde. A ce sujet, Blaise Compaoré a déclaré à la presse que : « J’ai tenu à féliciter le président Sarkozy pour la gestion de la crise internationale sous son éclairage à Washington et bientôt en Angleterre.

J’ai souhaité que l’Afrique soit présente aux prochaines négociations qui vont fonder une nouvelle vision du développement du monde. Même si nous n’avons pas une position importante dans les échanges mondiaux, il est certain que cette crise peut nous affecter durablement. Nous avons souhaité donc que l’Afrique puisse être entendue ». Par ailleurs, le chef de l’Etat burkinabè a sollicité la solidarité de la France vis-à-vis de l’Afrique. A propos de la coopération bilatérale entre la France et le Burkina, que le président du Faso a qualifiée d’ « excellente », il dit avoir remercié son homologue français pour « les appuis constants de la France au développement de notre pays ».

L’audience à l’Elysée a été une occasion pour les journalistes de recueillir le point de vue du président du Faso sur la situation en Côte d’Ivoire et au Togo où il est médiateur et ce qui a été qualifié par un confère de « harcèlement » de la justice internationale, française notamment, contre des dirigeants et responsables africains. A propos de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré a estimé que : « les élections se préparent bien » avec comme leitmotiv qu’elles se tiennent « dans la transparence et l’équité pour tous les candidats ».

Il s’agit en fait,a-t-il puursuivi, de prendre toutes les précautions pour que les élections se déroulent dans un environnement « sécurisé ». « C’est à la commission électorale de proposer une date, au regard de l’évolution de l’inscription sur les listes électorales », a-t-il soutenu. Au sujet de la démobilisation qui est un point d’achoppement du règlement de la crise ivoirienne, le président du Faso est très optimiste puisqu’il a déclaré à Paris que : « Nous sommes sur le point de trouver un consensus là-dessus ». Au Togo, le bon déroulement des élections législatives est un point de satisfaction pour le médiateur qu’il est. « Il faut que pour les [élections] présidentielles de 2010, les différentes parties puissent discuter sur un certain nombre d’aspérités qui restent encore à aplanir sur les questions de l’organisation électorale et du code électoral ».

Là aussi, il pense qu’ « il faut regarder ces perspectives avec beaucoup d’optimisme ». Sur la question des arrestations de dirigeants et responsables africains à la demande de juges occidentaux, le président du Faso a qualifié la colère des autorités rwandaises de « légitime », suite à l’arrestation de Rose Kabuye, le chef du protocole et proche du président Paul Kagamé. « Si l’Afrique adhère à la justice internationale, je crois qu’elle souhaite que cette justice soit un instrument de coopération et de collaboration et non un instrument qui semble se dresser avant tout contre les Africains et qui fait fi de la souveraineté de ces Etats ». En clair, le chef de l‘Etat fait remarquer qu’ « il faut éviter que cette justice ne soit une jungle où chaque juge d’un pays souverain peut inculper telle ou telle personne sans coopération, sans entraide ».

Urbain KABORE, Envoyé spécial à Paris

lefaso.net et Sidwaya - http://www.sidwaya.bf/dossier_PF-Elysee.htm

Actualité internationale et africaine de sangonet