Nairobi, Bangui, Bujumbnura : des fenêtres de la paix en Afrique des Grands Lacs

 

Freddy Monsa Iyaka Duku/Le Potentiel - Kinshasa, 08 décembre 2008

 

 

Semaine importante, celle qui débute ce lundi 8 décembre. Il y a effectivement la rencontre de Nairobi entre une délégation du gouvernement congolais et celle du CNDP de Laurent Nkunda. A Bangui, s’ouvre officiellement le dialogue inter-centrafricain.

 

Entretemps, à Bujumbura, l’on aborde une nouvelle étape de réconciliation nationale avec les dernières concessions faites par les FLN et le gouvernement de Pierre Nkurunziza. Autant d’opportunités qui auront incontestablement un impact sur la quête de la paix en RDC, au-delà dans toute l’Afrique des Grands Lacs.

Nairobi, capitale du Kenya, abrite à partir de ce lundi, la première rencontre officielle entre une délégation du Gouvernement de Kinshasa et celle du Congrès national pour la défense du peuple, CNDP, du général rebelle Laurent Nkunda. Rencontre initiée officiellement par les émissaires des Nations unies, Olusegun Obasanjo, et de l’Union africaine. Les deux parties ont accepté de se rendre à Nairobi pour entamer les premières discussions en vue de ramener la paix au Kivu, en RDC et dans toute l’Afrique des Grands Lacs.

Que l’on ne se fasse pas beaucoup d’illusions d’emblée sur ce premier contact au regard des divergences qui persistent encore sur la nature de cette rencontre, les points de discussions et les objectifs à atteindre, du moins à court et moyen termes. Sans oublier la taille des délégations et le pouvoir de décisions.

En effet, Kinshasa place cette rencontre dans le contexte du Programme Amani, allant jusqu’à préciser, selon le porte-parole du Gouvernement, de ne pas violer l’esprit de la Constitution. Mais le CNDP ne l’entend pas de cette oreille. Il considère cette rencontre de Nairobi comme le début des négociations directes entre Kinshasa et ce mouvement. « Le Programme Amani fait partie de l’histoire et le CNDP n’est plus partie prenante dans ce programme », a dit le porte-parole du CNDP.

Convergences parallèles ? C’est aux médiateurs de s’employer à fond pour réduire les frontières des divergences dans le but de faire avancer les discussions. Car, le danger consisterait effectivement à remettre en cause « l’ordre constitutionnel » actuel avec toutes les conséquences que cela comporte. C’est dire en d’autres termes que l’on reviendrait à la case de départ pour un nouveau cycle de dialogue et l’organisation éventuelle de nouvelles élections. Une situation qui apparente celle de Thaïlande avec un « coup d’Etat civil » en perspective dans la mesure où le CNDP affiche ouvertement toutes ses ambitions politiques.

Nairobi devra également prendre en compte la réaction des FDLR pour éviter que les populations congolaises soient éternellement prises en otage. L’on sait que le CNDP a toujours justifié sa rébellion armée par la présence des rebelles rwandais en territoire congolais. Sur ce point, Kinshasa et Kigali, en conformité avec l’Accord de Nairobi, ont effectué une avancée significative lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères de deux pays à Goma. Un plan de démilitarisation, de désarmement a été élaboré et adopté par les deux parties. Il sera mis en exécution dès début janvier 2009 avec le concours de la Monuc.

 

Aussitôt après, les FDLR ont réagi. Elles exigent un dialogue avec Kinshasa et Kigali. Mais menace : « L’usage de la force pour nous faire partir de la RDC préconisé à la rencontre de Goma entre les gouvernements congolais et rwandais est hâtif et ne ferait que raviver l’insécurité dans la région. On ne répond pas à l’insécurité par l’insécurité. En cas d’attaque, on se défendra. Nous sommes des militaires, nous avons des armes », a souligné le Lieutenant -Colonel Garambe des FDLR.

Pareille déclaration et une telle menace ne peuvent plaire aux populations congolaises. C’est même un défi lancé à la communauté internationale, aux gouvernements de Kinshasa et de Kigali.

 

Aussi, il revient d’abord aux émissaires de l’Onu et de l’Union africaine de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour placer le Conseil de sécurité des Nations unies devant ses responsabilités, lui qui s’est toujours montré dubitatif devant la requalification du mandat de la Monuc. Il y a là une épreuve de force qui est en train d’être engagée et l’on ne peut prétendre l’ignorer. Car effectivement, une fois de plus, les forces négatives s’apprêtent à prendre les populations en otage et les transformer en boucliers humains avant de les assassiner. Un tel crime ne peut plus être commis au moment où toutes les parties sont engagées sur le sentier de la paix.

Evidemment, Kigali ne doit plus continuer à se montrer inflexible devant cette facture trop salée et trop ensanglantée payée par la RDC. C’est maintenant et de façon décisive et positive, pour la paix dans la région des Grands Lacs, que Kigali a l’obligation morale et politique de réserver une réponse sans ambiguïté à cette demande de dialogue des FDLR. Tout simplement parce que la paix au Rwanda ne doit plus continuer à être préparée en RDC, mais au Rwanda même.

 

Bangui et Bujumbura : Kinshasa et Kigali sont concernées

La paix en RDC et dans la région des Grands Lacs ne se joue pas seulement à Kinshasa et à Kigali. Ce qui se passe à partir de ce lundi à Bangui, avec l’ouverture du dialogue inter-centrafricain concerne également la RDC. Si les Centrafricains prenaient de la hauteur pour mieux se parler et songer à réécrire une nouvelle page de leur histoire en lettres dorée qui symbolise la paix, toute la région en tirera profit. Des avancées significatives enregistrées la semaine dernière au Burundi. Les FLN ont lâché du lest en se conformant aux prescrits de la Constitution burundaise. Entre-temps, le pouvoir en place a accepté d’ouvrir l’espace politique dans la perspective de l’entrée des éléments du FLN dans les institutions. Ces concessions ont été saluées samedi par une grande « Marche de la paix » à Bujumbura. Ce nouveau vent de l’espoir dans la région ne peut laisser Kigali indifférent. Bien au contraire, l’inspirer pour une paix totale.

En demeurant, il s’agit là des opportunités, des fenêtres de la paix dans la région de l’Afrique des Grands Lacs. Des éléments à capitaliser lors de cette rencontre de ce lundi à Nairobi entre les représentants de Kinshasa et ceux du CNDP.

 

http://www.digitalcongo.net/article/55257

Actualité internationale et africaine de sangonet