Accord de partage du pouvoir enfin conclu au Zimbabwe sous l'égide président sud-africain Thabo Mbeki

 


Accord et poignée de main historiques au Zimbabwe

Par Clément Daniez (avec agence) – Le Point.fr 15/09/2008


Le président Robert Mugabe (gauche) et le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai (droite) ont signé lundi dans l'hôtel Rainbow Towers d'Harare un accord historique de gouvernement d'union © TSVANGIRAYI MUKWAZHI/AP/SIPA

 

Pour la première fois depuis 1980, Robert Mugabea cédé une partie de son pouvoir. Le président zimbabwéen et le leader de l'opposition et nouveau Premier ministre Morgan Tsvangirai ont signé lundi dans l'hôtel Rainbow Towers d'Harare un accord historique de gouvernement d'union. Sous les applaudissements, cette signature et une poignée de main ont mis fin à cinq mois d'une grave crise politique, débutée lorsque le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) a renversé la majorité à la Chambre des députés lors des élections générales du 29 mars. La défaite du régime avait été suivie d'un déchaînement de violences, qui a poussé le leader de l'opposition à se retirer avant le second tour de la présidentielle du 27 juin, remportée par l'unique candidat Mugabe. Le MDC a avancé les chiffres de plus de 86 morts dans ses rangs, plus de 10.000 blessés et 200.000 déplacés.

"Moi, le Premier ministre du Zimbabwe appelle la Zanu-PF (au pouvoir) et le MDC à unir le Zimbabwe. Les divisions appartiennent au passé", a déclaré Morgan Tsvangirai, avant d'appeler à "rouvrir les portes" du pays aux ONG. "Cet accord est une promesse de douloureux compromis. La route devant nous est longue et ne sera pas facile. Tout ce que nous pouvons faire est de travailler ensemble (...) pour résoudre les problèmes (...) pour une vie meilleure sans peur, pauvreté ni répression."

Dans son discours, le président Mugabe s'est engagé à faire fonctionner ce gouvernement et a une nouvelle fois mis en garde contre toute interférence étrangère dans son pays. "Soyons alliés", a-t-il lancé à l'adresse du président du MDC, qu'il a longtemps traité par le mépris. "Maintenant, nous partageons la même destinée, le temps est venu de reconnaître que nous sommes liés." Il a remercié son homologue sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans ce dossier. Ce dernier a néanmoins souligné que le gouvernement d'union n'était pas finalisé lundi au moment de la cérémonie de signature, appelant les protagonistes à se mettre d'accord "le plus vite possible"

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Un gouvernement sous double contrôle

Le texte a également été signé par Arthur Mutambara, leader d'une petite faction dissidente de l'opposition. Une dizaine de dirigeants africains ont assisté à la cérémonie. Selon la presse d'État, les deux dirigeants se sont mis d'accord samedi sur un gouvernement de 31 ministres, placés sous double contrôle. Chef de l'État, Robert Mugabe dirigera le gouvernement, tandis que Morgan Tsvangirai prendra la tête d'un conseil des ministres restreint qui participera à l'élaboration des politiques et en surveillera la mise en oeuvre.

L'accord devrait ouvrir la voie à une aide internationale massive, dont le pays, enfoncé dans un marasme économique sans précédent, a un besoin urgent. Les capitales occidentales ont commenté l'événement avec prudence. Ancienne puissance coloniale, la Grande-Bretagne s'est dite prête "sur le principe" à soutenir le nouveau gouvernement et, comme l'Union européenne, elle a décidé d'attendre avant de relancer son aide économique

 

 

 

L'opposition zimbabwéenne aura la majorité des ministères

Par Cris Chinaka Reuters -

HARARE (Reuters), Vendredi 12 septembre 2008 - Les différentes forces d'opposition au Zimbabwe disposeront d'un ministère de plus que la Zanu-PF du président Robert Mugabe dans le futur gouvernement issu de l'accord de partage du pouvoir, a déclaré vendredi un sénateur de l'opposition.

Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, présidera ce gouvernement tandis que l'opposant Morgan Tsvangirai présidera, lui, le conseil des ministres, a précisé le sénateur David Coltart.

Dans un communiqué, il dit que 13 ministères seront attribués au Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Tsvangirai, trois iront à la faction dissidente du MDC à laquelle il appartient et 15 seront réservés à la Zanu-PF.

Selon lui, les pouvoirs du président seront considérablement réduits au profit de ceux de Tsvangirai qui n'aura cependant pas, a-t-il souligné, un pouvoir absolu.

David Coltart, chargé des affaires juridiques de la faction du MDC conduite par Arthur Mutambara, a précisé que l'accord permettra au gouvernement de lancer des réformes constitutionnelles, processus qui devrait aboutir dans un an et demi à une nouvelle constitution et à des élections.

Morgan Tsvangirai informera le président de toutes les nominations, notamment celles des juges.

Le sénateur Coltart a ajouté que deux membres de la Zanu-PF occuperaient les postes largement protocolaires de vice-présidents, que le parti de Mugabe aura en outre huit vice-ministres, le MDC six et la faction de Mutambara un.

"Si les deux factions du MDC travaillent ensemble, ce qu'ils doivent faire dans l'intérêt national, elles auront la majorité au gouvernement", a-t-il dit.

A la suite de cet accord politique, l'Union européenne, qui envisageait d'annoncer lundi prochain de nouvelles sanctions contre la Zanu-PF, a décidé de réétudier la question, a fait savoir à Bruxelles la présidence française de l'UE.

PLUSIEURS MOIS DE CRISE

L'accord tant attendu entre Mugabe et Tsvangirai est censé mettre fin à la crise post-électorale dans laquelle est plongé le pays depuis plusieurs mois. Selon le président sud-africain Thabo Mbeki, qui servait de médiateur, le gouvernement d'union nationale devrait être présenté lundi prochain.

"Je ne pense pas que nous soyons sortis de l'auberge", a cependant déclaré Martin Rupiyah, directeur du département en recherches africaines à l'université de Cranfield. "Il y a de nombreuses pièces (du puzzle) qui doivent encore trouver leur place. L'une d'elles est la question du rôle de l'armée."

"Les infrastructures permettant une violence au service de l'Etat restent en place", a-t-il ajouté.

Pour John Makumbe, un analyste politique critique vis-à-vis de Mugabe, l'accord ne sera couronné de succès que si Morgan Tsvangirai se voit confier d'importants pouvoirs.

"Tsvangirai a besoin de pouvoirs exécutifs significatifs et il doit avoir les mains dans la machinerie de l'Etat, notamment les services de sécurité", a-t-il dit.

La crise actuelle est née de l'élection présidentielle. Tsvangirai, qui avait devancé Mugabe au premier tour le 29 mars, s'était retiré du second tour organisé en juin en invoquant des violences et des manoeuvres d'intimidation visant ses partisans.

Seul en lice, Mugabe, a été proclamé vainqueur du scrutin mais cette réélection contestée lui a valu les foudres des chancelleries occidentales et de nouvelles sanctions internationales.

Le pays espère que l'accord politique permettra de redresser une économie en lambeaux. L'inflation dépasse 11 millions de pour cent au Zimbabwe, qui est en proie à de graves pénuries de produits alimentaires et de carburant.

Cette situation a poussé des millions d'habitants à chercher de quoi subsister dans les pays voisins, ce qui a créé des tensions avec les populations locales.

Le ministère sud-africain des Affaires étrangères a appelé la communauté internationale à apporter "son soutien sans équivoque au peuple du Zimbabwe qui se lance sur une nouvelle voie".

Avec Jeremy Lovell à Londres et David Brunnstrom à Bruxelles, version française Philippe Bas-Rabérin, Clément Dossin, Henri-Pierre André et Guy Kerivel

 

 

 

 

Un accord de partage du pouvoir conclu au Zimbabwe, dit Mbeki

Par Cris Chinaka et MacDonald Dzirutwe

HARARE (Reuters), Vendredi 12 septembre 2008  - Le président zimbabwéen Robert Mugabe et l'opposant Morgan Tsvangirai ont conclu un accord de partage du pouvoir qui pourrait mettre fin à la crise post-électorale dans laquelle est plongé le pays.

Le président sud-africain Thabo Mbeki, qui joue un rôle de médiateur dans les pourparlers, a déclaré que la Zanu-PF de Mugabe et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Tsvangirai s'étaient mis d'accord sur toutes les questions litigieuses et qu'ils présenteraient un gouvernement d'union nationale lundi.

Mbeki a ajouté que la cérémonie de signature officielle se déroulerait en principe lundi à Harare en présence de dirigeants régionaux.

"Je suis absolument certain que les dirigeants du Zimbabwe sont décidés à appliquer ces accords (...)", a dit Mbeki, tout en appelant la communauté internationale à "respecter le fait que le peuple du Zimbabwe ait pris une décision au sujet de son pays".

Aucune précision n'a été apportée sur les termes de l'accord et les concessions accordées par Mugabe à Tsvangirai. Or, cette question centrale déterminera pour nombre d'analystes la viabilité de l'accord.

"PAS ENCORE SORTIS DE L'AUBERGE"

"Je ne pense pas que nous soyons sortis de l'auberge", a déclaré Martin Rupiyah, directeur du département en recherches africaines à l'université de Cranfield. "Il y a de nombreuses pièces (du puzzle) qui doivent encore trouver leur place. L'une d'elles est la question du rôle de l'armée."

"Les infrastructures permettant une violence au service de l'Etat restent en place", a-t-il ajouté.

Pour John Makumbe, un analyste politique critique à l'égard de Mugabe, l'accord ne sera couronné de succès que si Tsvangirai se voit confier d'importants pouvoirs.

"Tsvangirai a besoin de pouvoirs exécutifs significatifs et il doit avoir les mains dans la machinerie de l'Etat, notamment les services de sécurité", a-t-il dit.

La crise actuelle est née de l'élection présidentielle. Tsvangirai, qui avait devancé Mugabe au premier tour le 29 mars dernier, s'était retiré du second tour organisé en juin en invoquant des violences et des manoeuvres d'intimidation visant ses partisans.

Seul en lice, Mugabe, chef de l'Etat depuis 1980, a été proclamé vainqueur du scrutin mais cette réélection contestée lui a valu les foudres des chancelleries occidentales ainsi que de nouvelles sanctions internationales.

Le pays espère que l'accord politique permettra de redresser une économie en lambeaux. L'inflation dépasse 11 millions de pour cent au Zimbabwe, qui est en proie à de graves pénuries de produits alimentaires et de carburant.

Cette situation a poussé des millions d'habitants à chercher de quoi subsister dans les pays voisins, ce qui a créé des tensions avec les populations locales.

Le ministère sud-africain des Affaires étrangères a immédiatement appelé la communauté internationale à apporter "son soutien sans équivoque au peuple du Zimbabwe qui se lance sur une nouvelle voie".

Version française Philippe Bas-Rabérin et Clément Dossin

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