L'affrontement avec les djihadistes se déplace au Mali (20 novembre 2015)

Reuters – 20 novembre 2015

Otage fuyant l'hôtel Radisson à Bamako. Des hommes armés se réclamant d'Al Mourabitoune, un groupe lié à Al Qaïda, ont pris une centaine de personnes en 
otages vendredi au Radisson
Reuters/Reuters - Otage fuyant l'hôtel Radisson à Bamako. Des hommes armés se réclamant d'Al Mourabitoune, un groupe lié à Al Qaïda, ont pris une centaine de personnes en otages vendredi au Radisson …plus  Blu, un hôtel de Bamako, une semaine jour pour jour après les attentats de Paris. Les forces maliennes de sécurité ont donné l'assaut, libérant la plupart des 170 otages. /Capture d'écran vidéo le 20 novembre 2015/REUTERS TV

PARIS (Reuters) - L'épicentre de l'affrontement entre les intérêts français et les groupes djihadistes s'est déplacé vendredi au Mali, où des hommes armés se réclamant d'un groupe lié à Al Qaïda ont pris une centaine de personnes en otages dans un hôtel de Bamako, une semaine jour pour jour après les attentats de Paris.

Les forces maliennes de sécurité ont donné l'assaut contre le Radisson Blu, un hôtel luxueux fréquenté par de nombreux étrangers près du centre de la capitale malienne, libérant la plupart des 170 otages.

L'attaque, qui avait commencé à 7h00 GMT aux cris d'"Allahu Akbar" ("Allah est grand"), a pris fin vers 16h30 GMT et des casques bleus sur place disent avoir vu 27 corps répartis sur deux étages. Deux assaillants auraient été tués mais le porte-parole du ministère malien de la Sécurité intérieure a annoncé que deux autres djihadistes étaient toujours retranchés.

Les djihadistes d'Al Mourabitoune, groupe lié à Al Qaïda, ont revendiqué sur Twitter la prise d'otages. L'authenticité de la revendication n'a pu être vérifiée.

La prise d'otages, une semaine après les attentats revendiqués par l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) à Paris, vise un pays en première ligne dans les violences à caractère islamiste, où la France est intervenue en 2013.

Quelque 3.500 soldats de l'opération Barkhane sont déployés dans cinq pays du Sahel pour contrer la menace djihadiste.

Outre ce symbole de la lutte française contre l'islamisme armé, les djihadistes visaient vendredi à l'évidence des ressortissants français et, plus généralement, occidentaux qui descendent dans cet hôtel. D'après le Quai d'Orsay, 7.200 ressortissants français vivent au Mali, dont 6.200 à Bamako.

L'ENQUÊTE PROGRESSE

Al Mourabitoune, dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, avait déjà revendiqué en mars dernier l'attaque d'un restaurant de Bamako prisé des ressortissants étrangers dans lequel cinq personnes, dont un Français, ont été tuées.

Le même groupe a revendiqué l'attaque sanglante menée en août contre un hôtel de Sévaré, à quelque 600 kilomètres au nord-est de la capitale, qui avait fait 17 morts.

A Paris, l'enquête a encore progressé ces dernières heures.

Le parquet a annoncé vendredi que la femme dont le corps avait été découvert dans les décombres de l'appartement de Saint-Denis contre lequel la police a donné l'assaut mercredi est bien Hasna Ait Boulahcen, 26 ans.

Mais, selon une source proche du dossier, elle ne s'est pas fait exploser, comme on l'avait d'abord cru, et l'individu retrouvé déchiqueté est "très vraisemblablement un homme".

Trois personnes ont été tuées lors de l'assaut de mercredi : Abdelhamid Abaaoud, Belge d'origine marocaine de 28 ans soupçonné d'être le chef opérationnel des attentats du 13 novembre, Hasna Ait Boulahcen, qui pourrait être sa "cousine", et un autre individu non identifié.

Le Maroc, dont le roi Mohamed VI a été reçu vendredi par François Hollande, a fourni un élément crucial dans l'enquête sur les attaques de Paris en signalant la présence en France d'Abdelhamid Abaaoud.

Deux des trois kamikazes du Stade de France ont été contrôlés ensemble en Grèce le 3 octobre dernier, a annoncé vendredi le procureur de Paris, après identification du second. Leur identité reste toutefois inconnue pour l'instant.

PREMIERS VERSEMENTS AUX VICTIMES

Au total, les forces de sécurité ont réalisé 793 perquisitions, 107 interpellations et placé 90 personnes en garde à vue depuis l'entrée en vigueur samedi de l'état d'urgence, dont les sénateurs devaient à leur tour approuver vendredi la prolongation de l'état d'urgence pour trois mois.

A Bruxelles, les ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Union européenne (UE) se sont mis d'accord vendredi pour adopter un fichier des passagers aériens, mieux contrôler la circulation des armes à feu et renforcer les contrôle aux frontières, a déclaré Bernard Cazeneuve.

Le Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme et d'autres infractions (FGTI) a versé vendredi les premières avances aux victimes des attentats de Paris, a dit vendredi le ministre des Finances Michel Sapin.

Ces avances de quelques milliers d'euros visent à permettre aux victimes d'éviter de voir des problèmes matériels s'ajouter aux douleurs morales auxquelles elles sont confrontées, a expliqué François Werner, directeur général du FGTI.

Enfin, la construction de la "grande coalition" prônée par François Hollande pour lutter contre l'Etat islamique en Syrie et en Irak commence à prendre forme.

Le chef du conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev a rencontré le coordinateur du renseignement français Didier Le Bret vendredi à Moscou, rapporte l'agence de presse RIA.

Le Kremlin estime que les visites que François Hollande doit effectuer la semaine prochaine à Washington et à Moscou après les attentats du 13 novembre constituent un pas vers la création de cette coalition antiterroriste.

(Service France, édité par Yves Clarisse)

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Attaque à Bamako: 27 morts dans la prise d'otages revendiquée par Al-Mourabitoune

Par Serge DANIEL, Sébastien RIEUSSEC | AFP – 20 novembre 2015

 

La prise d'otages meurtrière de l'hôtel Radisson Blu de Bamako, revendiquée par le groupe jihadiste de Mokhtar Belmokhtar, fidèle à Al Qaïda, s'est terminée vendredi après neuf heures d'enfer et plus de 27 morts, à la suite de l'intervention conjointe des forces maliennes et étrangères, notamment françaises.

Cet attentat survient une semaine après les attaques meurtrières qui ont fait à Paris 130 morts et plus de 350 blessés et revendiquées pour leur part par le groupe Etat islamique.

"La prise d'otages est terminée. Nous sommes actuellement en train de sécuriser l'hôtel", a déclaré à l'AFP une source militaire peu après 16 heures (locale et GMT), tandis qu'un journaliste de l'AFP voyait circuler des agents de la protection civile sortir des corps de l'hôtel dans des sacs mortuaires orange.

"Le dernier bilan est d'au moins trois terroristes tués ou qui se sont fait exploser", a affirmé une source militaire, estimant que leur nombre total ne dépassait pas quatre. Quant à leurs victimes, au moins 27 ont péri, a ajouté cette source.

Dans la soirée, le groupe du chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar a adressé un document sonore à la chaîne qatarie Al-Jazeera : "Nous les Mourabitoune, avec la participation de nos frères (...) d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, revendiquons l'opération de prise d'otages à l'hôtel Radisson".

Peu avant 16H00, le ministre de la Sécurité intérieure, le colonel Salif Traoré, avait déclaré que les assaillants n'avaient "plus d'otage entre leurs mains" et que les forces de sécurité étaient "en train de les traquer".

Les forces spéciales françaises venues de Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, ont participé aux opération, "en assistance des forces maliennes", a explilqué vendredi soir le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. A la mi-journée, la France, qui intervient militairement au Mali depuis janvier 2013, avait également envoyé une quarantaine de membres du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au Mali.

Sont également intervenus des membres de la Minusma et des forces américaines.

Immédiatement après la fin de l'assaut, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta --qui a écourté son séjour au Tchad où il était pour un sommet des cinq pays du Sahel--, a salué sur son compte Twite "le professionnalisme des forces de défense et de sécurité du Mali et remerci(é) les pays amis pour leur assistance".

L'attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, a débuté autour de 07H00 GMT. Les assaillants sont entrés dans l'enceinte de l'hôtel au même moment qu'une voiture munie d'une plaque diplomatique, selon le ministère.

Un client de l'hôtel a raconté à la télévision malienne avoir entendu "des coups de feu tout à fait au début. Je pensais que c'était des pétards, je ne croyais pas à une prise d'otages. Mais ça a continué. Je suis sorti de ma chambre pour aller dans le couloir et j'ai vu beaucoup de fumée. Je suis rentré dans la chambre."

- Au moins 14 nationalités -

Un autre client africain a dit s'être enfermé dans sa chambre après avoir entendu des tirs d'armes automatiques dans le couloir. Ensuite, a-t-il témoigné, "les forces maliennes sont venues nous récupérer. Ils ont frappé à nos portes pour dire que "c'est la sécurité". On était un petit groupe, ils nous ont évacués par les escaliers".

Dans la matinée, le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, à l'ouest du centre-ville, avait parlé de 140 clients et 30 employés dans l'établissement au moment de l'attaque.

"Nos forces spéciales ont libéré une trentaine d'otages et d'autres ont pu s'échapper tout seuls", avait déclaré à la mi-journée le colonel Traoré, le ministère faisant ensuite état de 78 personnes libérées.

Cette attaque rappelle la prise d'otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge. Il avait déjà été revendiqué par Al-Mourabitoune.

Des étrangers d'au moins 14 nationalités faisaient partie des quelque 140 clients de l'hôtel Radisson Blu, selon le ministère de la Sécurité intérieure et les autorités ou employeurs des pays concernés: Algérie, Allemagne, Belgique, Canada, Chine, Côte d'Ivoire, Espagne, Etats-Unis, France, Inde, Maroc, Russie, Sénégal et Turquie.

Air France, qui a annulé tous ses vols à partir et à destination de Bamako, faisait état de 12 employés logés dans l'établissement qui ont été mis "en lieu sûr". Selon le ministre français de la Défense, "il n'y aurait pas de Français" tué.

Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis le sud du pays.

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Attaque à Bamako : l'état d'urgence décrété au Mali

L'hôtel Radisson de la capitale malienne a été le théâtre d'une prise d'otages vendredi. Il y a au moins 21 morts et 7 blessés.

Source AFP - Le Point.fr, le

 

Une prise d'otages dans un grand hôtel de Bamako
Une prise d'otages dans un grand hôtel de Bamako a fait au moins une vingtaine de morts. © HABIBOU KOUYATE/Anadolu Agency

L'état d'urgence est entré en vigueur samedi au Mali, au lendemain de la prise d'otages dans un grand hôtel de Bamako qui a fait au moins une vingtaine de morts, revendiquée par le groupe djihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, en coopération avec Al-Qaïda. L'attaque, qui s'est terminée par l'intervention conjointe des forces maliennes et étrangères, notamment françaises, a été menée une semaine après les attentats qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Paris, revendiqués par le groupe État islamique (EI).

Dans un discours à la nation diffusé par la télévision publique dans la nuit de vendredi à samedi, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a fait état d'un bilan de 21 morts et 7 blessés. "Le terrorisme ne passera pas", a-t-il assuré. Une source militaire malienne avait fait état auparavant d'au moins 27 morts parmi les quelque 170 résidents et employés de l'hôtel Radisson Blu présents au moment de l'attaque et d'"au moins 3 terroristes tués ou qui se sont fait exploser".

Renforcer les moyens juridiques

Le gouvernement malien a instauré l'état d'urgence pour 10 jours à compter de vendredi minuit, lors d'un conseil des ministres extraordinaire présidé jusque tard dans la nuit par le chef de l'État, rentré précipitamment d'un sommet de pays du Sahel au Tchad en raison de l'attaque. "L'état d'urgence institué permettra de renforcer les moyens juridiques des autorités administratives et compétentes pour rechercher et mettre à la disposition des autorités judiciaires des terroristes qui seraient en cavale et d'éventuels complices", selon le communiqué officiel.

Un deuil national de trois jours a également été décrété à partir de lundi. Des Russes, trois Chinois, un Américain et un haut fonctionnaire belge en mission à Bamako figurent parmi les victimes, ont annoncé leurs pays respectifs. Les forces spéciales françaises venues de Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, ont participé aux opérations "en assistance des forces maliennes", a expliqué vendredi soir le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

"Attaque terroriste odieuse"

La France, qui intervient militairement au Mali depuis janvier 2013, avait également envoyé une quarantaine de membres du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Sont également intervenus des membres de la Mission de l'ONU, la Minusma, et des forces américaines. L'attaque a été revendiquée par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, précisant qu'il s'agissait d'une opération conjointe avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans un communiqué lu au téléphone au site mauritanien Al-Akhbar et à la chaîne de télévision panarabe Al Jazeera.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné vendredi cette "attaque terroriste odieuse", soulignant qu'elle se produisait "à un moment où des progrès importants sont constatés dans le processus de paix" entre le gouvernement et l'ex-rébellion à dominante touareg du Nord, signataires d'un accord de paix en mai-juin. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) ainsi que les groupes armés pro-gouvernementaux ont également condamné la tuerie.

Attaque visant un bar-restaurant

L'attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, a débuté vendredi autour de 7 heures GMT . Les assaillants sont entrés dans l'enceinte de l'hôtel au même moment qu'une voiture munie d'une plaque diplomatique. Ils "parlaient anglais entre eux", a affirmé à l'Agence France-Presse le célèbre chanteur guinéen Sékouba Bambino Diabaté, évacué sain et sauf par des forces de sécurité, comme des dizaines de résidents terrés dans leurs chambres, estimant qu'ils "ont pris en otage ceux qui étaient à la réception et au restaurant". Des étrangers d'au moins 15 nationalités faisaient partie des clients de l'hôtel, dont 20 Indiens et 15 Français - parmi lesquels 12 membres d'équipage d'Air France - qui en sont tous sortis vivants.

Cette attaque rappelle la prise d'otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge. Il avait déjà été revendiqué par Al-Mourabitoune. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques djihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre puis le sud du pays.

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