Darfour : le groupe de contact international élargi à Paris, Palais de l’Elysée (Presse internationale)

 


Darfour : entretien avec le groupe de contact international élargi

Communiqué de presse, Présidence de la République , Paris le lundi 25 juin 2007

 

Le Président de la République a reçu le groupe de contact international élargi sur le Darfour, lundi 25 juin 2007 à 11 heures au Palais de l'Elysée.

Propos préliminaires du Président de la République lors de la réunion du groupe de contact

Pour le Président de la République, le but de la réunion est de donner un nouvel élan fort à la mobilisation de la communauté internationale au profit du Darfour et de sa région.

Le Président de la République et ses partenaires sont déterminés à régler la crise au Darfour pour soulager les populations. Il faut agir tout de suite, et sur tous les fronts : le processus politique, le volet sécuritaire, et l'aide humanitaire d'urgence.

L'objectif de la réunion est de consolider l'unité de la communauté internationale et de coordonner ses efforts. Chaque acteur impliqué dans la crise devra pouvoir agir concrètement pour mettre fin à cette situation inacceptable.

La France, les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Canada, la Norvège, l'Allemagne, au titre de la Présidence de l'Union européenne, l'Italie, la Suède, le Danemark et le Portugal seront représentés dans le groupe par leur ministre des Affaires étrangères. Lord Triessman, le sous-secrétaire d'Etat chargé de l'Afrique, représentera le Royaume-Uni, les vice-ministres des Affaires étrangères chinois, russe et japonais seront présents. L'Egypte sera représentée par un vice-ministre, la Belgique par le ministre de la Coopération au développement et l'Espagne par le Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères.

Pour l'Union européenne, outre M. Steinmeier au titre de la Présidence, M. Javier Solana, haut-représentant pour la PESC, M. Louis Michel Commissaire chargé du Développement, et M. Brylle, qui est l'envoyé spécial de l'Union européenne pour le Darfour, seront présents. La délégation de l'ONU sera conduite par le secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki Moon. Elle comprendra M. Guéhenno, Mme Margareta Wahlstrom, M. Eliasson, M. Guterres et un représentant du PNUD.

Le Secrétaire général de la Ligue arabe sera présent, de même que le directeur général de l'OCI, le président de la Banque africaine de développement et le vice-président pour l'Afrique de la Banque mondiale.

 


Les grandes puissances à Paris pour unir leurs efforts sur le Darfour

Par Pierre GLACHANT

 

PARIS (AFP), lundi 25 juin 2007, 15h37   - Les grandes puissances, dont la Chine et les Etats-Unis, et des organisations internationales se sont retrouvées lundi à Paris, pour la première fois, afin d'unir leurs efforts pour tenter de mettre fin à la tragédie du Darfour et montrer leur détermination face à Khartoum.

 

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, des représentants d'une vingtaine de pays, dont la Chine principal soutien du régime soudanais, et d'institutions internationales participent à la rencontre, sans précédent depuis le début de la guerre civile en 2003 dans cette province de l'ouest du Soudan.

 

 

Pour Paris, à l'origine de la réunion qui a commencé en milieu de journée, il s'agit de "donner un coup d'accélérateur" aux efforts diplomatiques, au moment où, sous la pression internationale, Khartoum vient finalement d'accepter l'envoi d'une force hybride de l'ONU et de l'Union africaine (UA) de plus de 20.000 hommes.

 

"Le Soudan doit savoir que s'il coopère nous l'aiderons puissamment et que s'il refuse il faudra être ferme", a assuré le président français Nicolas Sarkozy aux participants.

 

 

"Le silence tue", a aussi lancé M. Sarkozy, à propos d'un conflit qui a fait selon l'ONU quelque 200.000 morts et 2,1 millions de déplacés, la pire crise humanitaire actuelle. Ces chiffres sont contestés par Khartoum.

 

 

"Il s'agit d'insister auprès de Khartoum pour qu'il permette le déploiement" de cette force, avait déclaré Condoleezza Rice dimanche soir.

 

Le Soudan ne participe pas à cette rencontre qu'il juge "inopportune", estimant notamment avoir rempli ses engagements en acceptant sans condition la force hybride.

 

L'UA est aussi absente des débats, manifestant apparemment sa mauvaise humeur de n'avoir pas été consultée avant la réunion.

 

La force hybride doit remplacer l'actuelle force africaine au Darfour, composée de 7.000 hommes mal équipés, incapable de mettre fin aux exactions.

 

Le conflit oppose les rebelles issus des populations noires, qui réclament un partage équitable des ressources, et les milices arabes des Janjawids, soutenues par l'armée soudanaise, qui terrorisent les civils.

 

Washington, qui a dénoncé un "génocide", avait annoncé de nouvelles sanctions contre le Soudan avant que Khartoum ne se décide à accepter la force hybride.

 

La Chine a manifesté ses réserves quant à une mise en cause trop sévère de Khartoum. "La communauté internationale doit s'efforcer d'envoyer un signal positif et équilibré: il ne faut pas, pour un oui ou pour un non, menacer et faire pression sur le gouvernement du Soudan", a expliqué à l'AFP l'envoyé spécial de la Chine au Soudan, Liu Guijin.

 

La Chine, qui absorbe 60% du pétrole soudanais, a été accusée de soutenir sans condition le régime soudanais.

 

Avec cette conférence, il s'agit de marquer un "soutien politique aux initiatives prises par l'UA et l'ONU pour tenter de régler, politiquement et en termes humanitaires, mais surtout politiques, la crise du Darfour", a expliqué le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.

 

La conférence de Paris devait aborder l'épineuse question de la relance des négociations entre Khartoum et les rebelles, qui ont éclaté en plus d'une dizaines de groupes depuis un accord conclu en 2006 à Abuja (Nigeria).

 

Cette réunion "va servir à unifier la position internationale", a souligné le commissaire européen au Développement Louis Michel, qui assiste à la réunion, au côté notamment du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

 

La France recherche aussi un appui à son projet de déploiement d'une force à composante européenne dans l'est du Tchad, pour aider 230.000 réfugiés soudanais et plus de 150.000 déplacés par des violences liées au conflit du Darfour voisin. Paris vient de lancer un pont aérien humanitaire dans cette région.


 

Kouchner : "l'avenir s'est éclairci" pour le Darfour

LCI.fr , le 25/06/2007 - 18h13

. Condoleezza Rice a estimé que la conférence qui se tenait lundi à Paris a permis de "savoir exactement" ce qui devait être fait pour mettre fin à la guerre civile.

. Nicolas Sarkozy a lui demandé aux grandes puissances d'être "ferme" avec le Soudan "s'il refuse de coopérer".

 

"Le silence tue", avait lancé Nicolas Sarkozy avant la conférence sur le Darfour qui s'est tenue lundi à Paris, soulignant que la rencontre avait pour objectif de "mobiliser la communauté internationale" et de "fixer une feuille de route claire". Pour cela, il a demandé aux grandes puissances réunies à l'Elysée d'être "ferme" avec le Soudan, "s'il refuse de coopérer" à un réglement de la guerre civile au Darfour. Khartoum, qui est sous pression de la communauté internationale, a qualifié cette réunion "d'inopportune" et n'y a pas envoyé de représentant.

"Une petite lueur"

Le chef de l'Etat a aussi mis en garde la quinzaine de groupes rebelles qui s'opposent au gouvernement soudanais et à ses milices. "Nous devrons être fermes à l'égard des belligérants qui refuseraient de revenir à la table de négociation", a-t-il déclaré. "Deux axes nous guident : le premier, sans ambiguïté pour la France, consolider le rôle moteur des Nations unies et de l'Union africaine dans la conduite du processus politique", a soulginé Nicolas Sarkozy, qui a aussi réaffirmé que "la seule issue possible à la crise du Darfour est politique". Le deuxième axe, c'est "agir en urgence pour répondre aux besoins sécuritaires et humanitaires sur le terrain", a-t-il précisé.

Le président français a ensuite estimé que le feu vert donné le 12 juin par Khartoum au déploiement d'une force hybride ONU-Union africaine était "une évolution encourageante" mais qu'il fallait "désormais accélérer" le processus. Après des mois de pressions diplomatiques, le Soudan a accepté que cette nouvelle force de 20.000 hommes remplace l'actuelle force africaine, l'Amis, composée de 7000 hommes mal équipés.

"Nous devons redoubler d'efforts"

A la sortie de la réunion, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a souligné que "cela fait trop longtemps que la communauté internationale attend, la population a trop souffert et que "le temps est venu d'agir, en particulier pour le président (soudanais) Omar el-Béchir, et en même temps, je demande aux rebelles de montrer plus de souplesse et de participer au processus politique".

Bernard Kouchner a lui déclaré que "l'avenir s'est éclairci" pour le Darfour. "Quelqu'un a pu dire lors de la réunion qu'il y avait une petite lueur au fond de ces ténèbres", a indiqué le ministre des Affaires étrangères en sortant de la réunion, qui ne devait pas déboucher sur l'annonce de mesures spectaculaires. Pour la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, "C'était l'occasion de réunir tout le monde et de savoir exactement ce que nous devons faire". "La communauté internationale ne peut pas continuer à rester sans rien faire", a dit la secrétaire d'Etat américaine. "Nous devons redoubler d'efforts", a-t-elle répété.

Il s'agit de la première conférence de ce type organisée depuis le début, en février 2003, des violences qui ont fait quelque 200.000 morts et 2,1 millions de déplacés, dans cette province de l'ouest du Soudan. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, dont le pays dénonce un "génocide" et a mis en cause le régime de Khartoum, et le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon participent notamment à la rencontre.

Avec Agence

 

 


L'entrevue - Le Soudan de Khalid Medani

    Guy Taillefer , Le Devoir.com, Édition du mardi 26 juin 2007

«Le religieux prend trop de place dans l'interprétation de la réalité du monde musulman», dit le professeur d'études islamiques à McGill

Le Soudan du président Omar el-Béchir n'est pas celui de Khalid Medani. Le premier est celui de la dictature islamiste, des sympathies pour Oussama ben Laden, de la répression au Darfour et du pétrole vendu aux Chinois. Le second est celui d'un fils de diplomate progressiste, enraciné dans l'histoire du communisme soudanais, qui a grandi au sein d'une famille socialement privilégiée de Khartoum et dont les parents, dit-il, «se sont assurés que nous comprenions que ce privilège était un accident de l'histoire». Son Soudan ne nous est pas très connu: c'est celui d'une société civile «développée» et du retour attendu à la démocratie.

Aujourd'hui professeur d'études islamiques à l'université McGill, Khalid Medani, âgé de 42 ans, n'aime apparemment rien tant que sortir de son bureau pour aller vérifier sur le terrain ses intuitions politologues. Croisé récemment à Montréal, il était sur le point de partir pour le Soudan, où il passera une grande partie de son temps au cours de la prochaine année grâce à une bourse de 100 000 $ reçue de la Carnegie Corporation of New York.

Objectif: étudier les facteurs socioéconomiques incitant les jeunes Égyptiens, Soudanais et Somaliens à se joindre à des groupes extrémistes. «Mon hypothèse est que l'insécurité économique peut jouer un rôle majeur dans le recrutement des jeunes hommes.»

La thèse est contestée, pour ne pas dire raillée en certains milieux: il le sait pour se l'être fait dire quand il était en Californie, à l'Université de Stanford. «Ceux qui pilotaient les avions lors du 11-Septembre avaient été recrutés pour leurs compétences, répond-il. Ils ne représentent pas pour autant la majorité des recrues.»

En Occident, ce qui l'agace aussi est la tendance à voir l'islam comme un monolithe, un agent organisateur tout-puissant auquel se soumettent les dynamiques sociales. «Le religieux prend trop de place dans l'interprétation de la réalité du monde musulman. Il est plus fécond, à mon avis, d'étudier comment l'islam s'adapte aux réalités et aux défis sociaux et se modernise.»

 

Le Soudan informel

Le financement du mouvement islamique au Soudan, qui, pour d'évidentes raisons, lui tient à coeur, est un beau cas sur lequel il a commencé à se pencher après que les islamistes d'el-Béchir eurent pris le pouvoir par coup d'État, en 1989. Or beaucoup d'eau et de pétrole ont coulé sous les ponts au cours des dix-huit dernières années.

L'histoire politique du Soudan, dont 70 % des 38 millions d'habitants sont musulmans sunnites, est un long chapelet de dictatures militaires entrecoupées de brèves parenthèses d'élections démocratiques (à l'indépendance en 1956, puis en 1964 et en 1986).

L'islam politique soudanais, qui d'ailleurs se présentait au départ comme un mouvement démocratique, s'y est développé, explique M. Medani, en s'emparant de l'incontournable économie informelle constituée pour l'essentiel d'un marché noir de devises étrangères à hauteur de deux milliards par année.

«S'est constituée sur la base de cette économie informelle une bourgeoisie islamique que l'ancien dictateur Djafar Neimeiri a erronément cru pouvoir coopter, dit-il. Cette nouvelle bourgeoisie a littéralement dévoré l'État. Lorsque la crise politique éclate en 1988 autour du débat sur l'application de la charia, la classe politique islamiste, jugeant que c'était la seule façon de conserver ses gains, fait un coup d'État en soudoyant une partie de l'armée, moins forte et plus facile à infiltrer que ne le sont celles de l'Égypte et de l'Algérie.»

Avec le résultat que le Soudan, seul pays sunnite où les fondamentalistes sont au pouvoir, est devenu le foyer et le parrain de l'activisme islamiste pour l'ensemble de la corne de l'Afrique.

M. Medani a cherché à vérifier que la même logique s'appliquait dans la chaotique Somalie, qui n'est pas moins musulmane que le Soudan. Il a dû se détromper. Dotée d'une économie pourtant là aussi largement informelle, la Somalie repose sur une structure clanique beaucoup plus forte qu'au Soudan, a constaté le chercheur.

Si l'enracinement du fondamentalisme y a échoué, c'est en partie parce que l'armée éthiopienne, appuyée par les États-Uniens, a récemment mis en déroute l'Union des tribunaux islamiques, mais c'est aussi que les islamistes y sont loin d'avoir la légitimité des chefs de clan et d'égaler leur emprise sur le marché noir.

La différence somalienne montre bien, estime M. Medani, les limites qu'il y a à vouloir interpréter le monde musulman par la lorgnette d'un islam figé. Aussi ne donne-t-il aucune chance au gouvernement transitoire soutenu par l'Éthiopie et les États-Unis de prendre racine. «Sa structure clanique est restreinte et sans légitimité.»

 

Un Soudan démocratique?

L'exploitation pétrolière a «radicalement» modifié la donne depuis quelques années au Soudan, affirme M. Medani. Le président el-Béchir est aujourd'hui en lutte contre l'économie informelle qui l'a porté au pouvoir, alors qu'il tente de réorganiser son autorité et son clientélisme autour de l'économie formelle menée par l'industrie du pétrole. «Les fortes tensions autour du partage de la rente pétrolière vont peser lourdement sur la suite des événements au Soudan, mais aussi pour les mouvements islamiques de la région.»

M. Medani ose espérer que l'horizon soudanais finira par se démocratiser. Quoiqu'il juge à ce titre que le terrible conflit du Darfour, auquel l'enjeu pétrolier n'est pas étranger, a un effet pervers: «En concentrant son attention sur ce conflit, la communauté internationale permet au gouvernement de Khartoum d'entretenir ces troubles pour détourner l'attention de ses promesses de faire des élections dans trois ans, conformément aux accords de paix signés avec les groupes rebelles du Sud-Soudan en 2005 et qui ont mis fin à vingt ans de guerre civile.»

En effet, Khartoum louvoie infiniment au sujet du déploiement au Darfour d'une force hybride des Nations unies et de l'Union africaine, qui vient de faire l'objet d'un accord de principe.

Les revendications démocratiques, dit-il, ne demeurent pas moins importantes parmi les Soudanais de la classe moyenne. L'un des signes les plus spectaculaires du désenclavement de la société soudanaise est venu l'année dernière de Hassan al-Turabi, principal chef religieux du pays, leader politique de premier plan considéré par certains comme l'un des plus grands penseurs contemporains de l'islam.

Al-Turabi fut le maître d'oeuvre de l'application de la loi islamique en 1991 et c'est lui qui a permis qu'Oussama ben Laden s'installe au Soudan de 1990 à 1996 et y base les opérations d'al-Qaïda. Sa métamorphose réformiste en faveur du pluralisme politique n'en est que plus étonnante.

Rompant avec le fondamentalisme d'el-Béchir en 2000, il a soulevé une immense controverse l'année dernière en déclarant que les femmes n'avaient pas besoin de se couvrir la tête, qu'elles pouvaient diriger la prière et épouser des non-musulmans. Il n'est pas en reste sur les questions du Darfour et des réformes démocratiques. «Le gouvernement el-Béchir n'est rien d'autre qu'une dictature, a-t-il déclaré. Et le conflit du Darfour est une lutte contre un État qui nie le droit à la justice.»

http://www.ledevoir.com/2007/06/26/148554.html#


Appui international à Paris aux initiatives de paix au Darfour

PARIS (Reuters), lundi 25 juin 2007, 18h46  - Réunis en conférence à Paris, les responsables de 18 pays sont convenus de soutenir les efforts internationaux engagés au Darfour et de coordonner des initiatives futures pour stabiliser cette région soudanaise où "le silence tue", selon les mots du président français.

Les délégations ont réaffirmé leur soutien à l'action commune de l'Union africaine et de l'Onu, qui doivent déployer une force "hybride" de plus de 20.000 hommes au Darfour, et à un accord politique plus large entre Khartoum et les factions rebelles, a dit le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, lors d'une conférence de presse clôturant la réunion.

Pour la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, la réunion a permis aux délégués des principaux pays donateurs - le Groupe des Huit (G8) et la Chine, alliée clé du Soudan - de faire un bilan de la situation et de planifier des solutions.

"Nous devons vraiment redoubler d'efforts, je crois que c'était là l'esprit de la conférence qui s'est tenue aujourd'hui", a-t-elle déclaré aux journalistes. "L'idée était de prendre acte du point où nous en sommes et de veiller à faire tout ce qui est en notre pouvoir."

Ministres des Affaires étrangères des pays du G8, d'Etats européens et africains, représentants d'organisations internationales et le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, s'étaient réunis à Paris pour relancer les efforts visant à mettre fin à la crise meurtrière où est plongée cette région.

Le Darfour, région semi-désertique de l'Ouest soudanais limitrophe du Tchad, est en proie à une guerre civile et à des exactions à grande échelle. Le conflit oppose des groupes rebelles à des milices arabes appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum.

Lundi matin, le président Nicolas Sarkozy avait invité les représentants du groupe de contact élargi sur le Darfour, réunis en conférence autour de lui à l'Elysée, à agir rapidement.

"En tant qu'êtres humains et en tant que responsables politiques, nous avons le devoir de régler la crise au Darfour", avait-il dit. "Le silence tue, ajoutait-il. Nous voulons mobiliser la communauté internationale pour dire 'ça suffit'."

ISSUE POLITIQUE

Le chef de l'Etat français a invité à être ferme envers les belligérants dans ce conflit qui a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis 2003. "Je crois que la fermeté de la communauté internationale, c'est la seule façon d'amener tout le monde à la discussion", a-t-il dit.

Estimant que la seule issue au conflit du Darfour "est politique", Nicolas Sarkozy a lancé un avertissement aux autorités de Khartoum, qui n'étaient pas représentées à Paris: "Le Soudan doit savoir que s'il coopère, nous l'aiderons puissamment, et s'il refuse de coopérer, il faudra être ferme."

Khartoum a donné son accord le 12 juin à une force "hybride" Onu-Union africaine d'environ 20.000 hommes décidée il y a plus de dix mois par le Conseil de sécurité de l'Onu. Mais nombre de diplomates doutent que les dirigeants soudanais tiennent parole.

Les soldats de la Mission d'observation du cessez-le-feu de l'Union africaine actuellement sur le terrain au Darfour avec le soutien, notamment, de l'Union européenne, n'ont pas été payés depuis plusieurs mois. La France "est prête y contribuer à hauteur de dix millions d'euros" pour remédier à cette situation, a indiqué Nicolas Sarkozy.

Il a dit son souhait d'agir efficacement, sachant que "rien ne peut se faire au Darfour sans les Africains".

Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence, la France montre un intérêt marqué pour la situation au Darfour et a proposé l'envoi d'une force internationale au Tchad voisin pour y assurer la sécurité des camps de réfugiés où sont rassemblés des dizaines de milliers de Darfouris déplacés.

Les rebelles du Darfour, divisés en une dizaine de groupes depuis la signature en 2006 d'un accord entre Khartoum et l'un d'eux, se sont vu imputer dernièrement une série d'attaques contre des civils, notamment des travailleurs humanitaires.

L'UA et de l'Onu espèrent réunir début août l'ensemble des parties en conflit. Selon la Chine, le gouvernement soudanais est prêt à participer à ces discussions.

Participaient à la réunion sur le Darfour, outre la France, les pays suivants: Afrique du Sud, Allemagne, Belgique, Canada, Chine - principal allié de Khartoum dans cette crise -, Danemark, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Russie et Suède.

 


De bonnes intentions mais rien de concret pour le Darfour

EuroNews, 26/06 07:31 CE - Une vingtaine de participants, dont les Etats-Unis, la France et la Chine, étaient réunis lundi à Paris pour la conférence internationale sur le Darfour, région du Soudan meurtrie par quatre années de conflit. A l'issue du sommet le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a souligné les points de consensus. Chacun veut soutenir les efforts de paix mais Washington souhaite aller plus loin. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, aimerait prévoir des sanctions contre Khartoum. "Les Etats-Unis continueront à dire qu'il doit y avoir des conséquences pour le Soudan s'il ne remplie pas les engagements pris", a souligné la chef de la diplomatie américaine.

Officiellement Khartoum a accepté le déploiement de 20.000 hommes au Darfour. Mais le Soudan pourrait se montrer réticent dans les faits. Il est pourtant urgent de mettre un terme au conflit qui a fait 200.000 morts et plus de 2 millions de déplacés.

 

Pas de percées décisives sur la crise du Darfour 

EuroNews, lundi 25 juin 2007, 20h47 - Discuter de leur point de vue, c'est ce qu'ont fait les grandes puissances et les organisations internationales réunies à Paris

C'était la première conférence internationale depuis le début de la guerre civile il y a 5 ans dans la province soudanaise du Darfour. Même si la Chine a estimé que "menacer et faire pression sur le régime soudanais serait contreproductif", le président français a appelé la communauté internationale à "agir vite face au silence qui tue". La secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice aussi: "Nous ne pouvons plus laisser faire les choses au Darfour. Des accords ont été conclus et ne sont pas respectés. Les Etats-Unis affirment que le Soudan, s'il n'honore pas les engagements qu'il a pris, en subira les conséquences." Le secrétaire général des Nations Unies a lui aussi déclaré que le temps était venu d'agir, en particulier pour le président soudanais Omar el-Béchir. Il a aussi appelé les rebelles à montrer plus de souplesse et à participer au processus politique. Le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner, a conclu que "l'avenir s'était éclairci pour le Darfour". Toutes les parties présentes ont affirmé leur soutien au déploiement d'une force mixte de l'Union africaine et de l'ONU. L'envoi de 20 000 hommes pour protéger les populations pourraient avoir lieu d'ici fin 2008 en accord avec Khartoum. En attendant la France débloquera des fonds pour financer les 7 000 soldats de la force africaine au Darfour, des hommes mal équipés et non payés depuis des mois.

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