Accord de paix, refugiés, viol au Darfour, et appel à une enquête au Soudan

 


 

Le Secrétaire général souhaite l'application totale des accords de paix Nord-Sud au Soudan

Nations Unies, New York, 22 août 2007 – Dans son dernier rapport sur la Mission des Nations Unies au Soudan, le Secrétaire général déplore que les forces armées contrôlées par Khartoum n'aient pas encore quitté le Sud-Soudan, saluant néanmoins les progrès dans la mise en place d'unités mixtes.

« J'avais espéré pouvoir informer le Conseil de sécurité de l'achèvement du retrait des Forces armées soudanaises du Sud-Soudan et en prendre acte en tant que réalisation majeure des parties. Malheureusement, malgré le dur travail réalisé par tous les intéressés et les assurances fréquentes données par le gouvernement de sa détermination, la date butoir du 9 juillet 2007 n'a pas été totalement respectée », affirme le Secrétaire général dans son dernier rapport sur la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS.

Ban Ki-moon demande en conséquence « aux Forces armées soudanaises de retirer immédiatement du Sud-Soudan tous les éléments militaires réguliers qui y sont encore, à l'exception de ceux affectés aux unités mixtes intégrées ».

« Si le redéploiement est une étape majeure vers la pleine application du protocole de sécurité de l'Accord de paix global, plusieurs autres éléments de cet accord clef devront encore être fidèlement mis en ?uvre par les deux parties dans les mois à venir et étroitement surveillés et vérifiés par l'UNMIS, conformément à la résolution 1590 (2005) ».

Comme je l'ai déjà indiqué au Conseil, la mise en place des unités mixtes intégrées continue de revêtir une importance centrale. D'après les échéances prévues dans l'Accord de paix global, la formation de ces unités est une condition indispensable au retrait complet des forces de l'Armée populaire de libération du Soudan des États du Kordofan méridional et du Nil bleu, explique le Secrétaire général.

« Les unités mixtes intégrées sont aussi chargées de protéger les champs pétrolifères, alors que les installations pétrolières elles-mêmes doivent être démilitarisées en vertu de l'Accord. Compte tenu de l'importance de ce processus, je demande instamment aux parties d'achever l'affectation des troupes aux unités en question, qui a déjà quelque neuf mois de retard ».

Un autre problème essentiel auquel se heurte la mise en ?uvre de l'Accord de paix global est la réintégration des anciens membres des autres groupes armés.

« La dissolution formelle des Forces de défense du Sud-Soudan et l'incorporation de ses membres dans l'Armée populaire de libération ou leur absorption dans les programmes de désarmement constituent une évolution positive. Toutefois, les déclarations d'incorporation ou de démobilisation doivent êtres suivies d'une action transparente », affirme Ban Ki-moon.

Lorsque le redéploiement des Forces armées soudanaises sera achevé, les efforts de mise en ?uvre de l'Accord de paix global devront naturellement être axés sur le retrait de l'Armée populaire de libération du Soudan du Kordofan méridional et du Nil bleu.

« Ces aspects, de même que les incertitudes entourant le statut d'Abyei, l'accord sur la frontière du 1er janvier 1956 et la gestion du secteur pétrolier, feront partie des principaux problèmes à régler par les parties et l'ONU dans les mois à venir », affirme le rapport.

Enfin, « s'agissant par ailleurs des élections, l'état d'avancement des préparatifs a jusqu'ici été décevant et les deux parties doivent considérablement accélérer leurs travaux sur les réformes législatives nécessaires », déplore le Secrétaire général.

 


 

Soudan : le HCR plaide pour l'intégration des réfugiés de l'est du pays

Nations Unies, New York, 22 août 2007 – Le Soudan connaît depuis des années un afflux important de réfugiés en provenance de l'Erythrée et de la Somalie, dans l'est du pays, rappelle aujourd'hui l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, qui préconise leur intégration dans le pays.

« Avec la crise au Darfour, on ne parle plus de la situation des réfugiés dans l'est du pays, qui dure pourtant depuis des décennies », indique le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) dans un communiqué publié aujourd'hui.

Depuis quarante ans, des dizaines de milliers de personnes ont fui l'Erythrée et l'Ethiopie pour se réfugier dans les zones arides des Etats de Kassala, Gedaref, Gezira, Sennar et Mer rouge.

Beaucoup ont pénétré le Soudan lors du conflit qui a opposé l'Ethiopie et l'Erythrée pendant trente ans, jusqu'à l'indépendance de cette dernière en 1993. Mais les hostilités ont continué entre les deux pays jusqu'en 2000.

Un programme de rapatriement volontaire organisé par le HCR avait permis que 98.000 Erythréens rentrent chez eux. Mais avec la détérioration de la situation politique et humanitaire en Erythrée, la tendance s'est inversée et l'émigration vers le Soudan a repris.

Chaque semaine, environ 120 Erythréens arrivent au camp de Wad Sherife, dans l'Etat de Kassala, indique le communiqué. Ceux qui obtiennent le statut de réfugié sont alors transférés au camp « Kilo 26 », qui accueille déjà 12.500 personnes.

Le HCR estime que 130.000 Erythréens vivent dans douze camps, mais aussi dans les zones urbaines et rurales.

Depuis novembre 2003, 22.000 réfugiés auraient traversé la frontière avec le Soudan.

Le HCR soutient à présent leur intégration dans le pays. Il a engagé des discussions avec le Soudan et d'autres pays afin d'envisager une réinstallation à long terme pour certaines familles car, « pour beaucoup, le rapatriement n'est même plus une option », indique le communiqué.

L'agence se préoccupe également de rendre les réfugiés plus autonomes et moins dépendants de l'aide humanitaire.

 


 

La France souhaite déployer des troupes de l'UE et de l'ONU au Tchad et en République centrafricaine

Par Edith Lederer AP

Mercredi 22 août 2007 - La France a fait circuler mardi une proposition de déclaration qui approuverait le déploiement de troupes de l'Union européenne et de la police des Nations unies au Tchad et en République Centrafricaine, en vue d'assurer la protection des civils pris dans le flot des populations déplacées venant du Darfour.

L'ébauche de la déclaration du Conseil de sécurité manifeste la volonté de ce dernier à autoriser une opération internationale visant pendant un an à protéger les réfugiés, les personnes déplacées et les civils soumis à des risques, dans l'est du Tchad et dans le nord-est de la République centrafricaine.

Le nouvel ambassadeur de France aux Nations unies Jean-Maurice Ripert a dit espérer voir le Conseil de sécurité approuver la déclaration jeudi et adopter une résolution avant le sommet du Conseil des ministres de l'Union européenne prévu le 17 septembre afin de prendre une décision finale au sujet de la force de l'UE.

Selon Jean-Maurice Ripert, le déploiement des troupes européennes et de la police onusienne sera probablement suivi par une opération de maintien de la paix de l'ONU.

"La situation humanitaire et sécuritaire au Tchad est très mauvaise et résulte de l'effet de l'afflux de population dû à la crise du Darfour", a noté le diplomate français avant d'ajouter: "Nous avons ensemble 400.000 réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur même du Tchad et nous avons plus de 200.000 personnes déplacées dans le nord de la République centrafricaine. Cela ne peut plus continuer comme ça".

Toutefois, M. Ripert a tenu à souligner que la force européenne déployée n'a "aucun objectif militaire et ne sera pas chargée de la protection de la frontière", expliquant qu'il serait irréaliste de tenter d'assurer la protection d'une frontière de plusieurs milliers de kilomètres.

Le vice-ambassadeur américain Alejandro Wolff a déclaré que les Etats-Unis soutenaient la proposition mais avaient des questions sur les relations entre l'UE, l'ONU et le gouvernement tchadien ainsi que sur le rôle de la force, sur la durée de son mandat et sur ce qui "viendrait ensuite".

Depuis que l'envoi d'émissaires du Conseil de sécurité dans la région soudanaise du Darfour et au Tchad en juin 2006, les Nations unies ont discuté du déploiement de la police et des troupes internationales dans ces deux pays appauvris situés sur une frontière très volatile.

Le président tchadien Idriss Déby s'est opposé à la proposition originelle de Ban Ki-moon en vue d'un déploiement d'une force militaire des Nations unies, mais a donné son accord pour une force de l'UE après avoir rencontré le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner en juin.

Avec l'approbation d'Idriss Déby et l'accord de l'UE, le mois dernier, pour commencer à planifier une mission de force de paix de 3.000 personnes, les choses semblent commencer à rentrer dans l'ordre. AP

 


 

L'Onu dénonce enlèvements et viols au Darfour par des miliciens 

GENEVE (Reuters), Reuters - Mardi 21 août 2007 - Le Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'Onu accuse des milices alliées au gouvernement soudanais d'enlèvement de masse et de viol de femmes et de fillettes au Darfour, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre.

Dans son dernier rapport basé sur le témoignage de victimes et de témoins, le HCR prie Khartoum d'enquêter sur les cas d'une cinquantaine de femmes réduites en "esclavage sexuel" après l'attaque en décembre de Deribat, localité de la région de Jebel Marra, dans le Sud-Darfour, tenue par les rebelles.

Les personnes enlevées, dont de nombreux enfants, ont été détenues pendant environ un mois et régulièrement battues et violées, souvent devant les autres, affirme ce rapport rédigé par les services de Louise Arbour, Haut Commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme.

"Des témoins ont rapporté que l'enlèvement, le viol et les autres atteintes aux droits de l'homme qui se sont poursuivis durant cette période ont été commis par le même groupe d'hommes ayant mené l'attaque initiale", souligne ce rapport.

Le HCR conclut que le gouvernement soudanais porte une part de responsabilité pour ces actes commis par les Forces populaires de défense (PDF) et par la faction Abou Gassim.

L'armée soudanaise a fourni un soutien aérien et terrestre aux raids qui se sont conclus par la mort de 36 civils.

 


 

HCDH : le gouvernement soudanais appelé à enquêter sur de nouveaux cas de violence sexuelle

Nations Unies, New York, 21 août 2007 – Un rapport du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) publié aujourd'hui à Genève demande instamment au gouvernement soudanais d'ouvrir une enquête indépendante sur des cas d'enlèvements, de viols et de violences sexuelles commis par l'armée au Darfour et de proclamer le caractère intolérable de ces crimes.

« Le rapport, qui fait suite à celui publié en avril 2007, contient des témoignages de victimes décrivant comment des femmes ont été kidnappées, utilisées comme esclaves sexuelles et soumises à d'autres violations des droits fondamentaux à Deribat et dans les villes voisines par les forces armées soudanaises ainsi que les groupes qui les soutiennent », affirme un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

Ces actes seraient intervenus à la fin du mois de décembre 2006, à la veille d'une attaque aérienne et terrestre.

Le rapport établit en coopération avec la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS) souligne que le gouvernement soudanais porte une responsabilité pour les actes de ses armes forcées et des groupes informels alliés, notamment les « Forces de défense populaires et l'Armée de libération du Sud/faction Abu Gasim ».

Ces actes pourraient aussi constituer des crimes de guerre, souligne le HCDH, qui déplore qu'aucune enquête n'ait été menée par le gouvernement soudanais.

Les accusations ont été transmises par les autorités locales aux forces armées soudanaises. Le Conseil consultatif sur les droits de l'homme du Soudan a soumis à l'UNMIS une proposition visant à établir un comité d'enquête conjoint, avec la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS).

Le rapport recommande notamment au gouvernement soudanais d'établir un organe d'enquête indépendant dont le rapport sera public, de juger les responsables, de suspendre immédiatement tout responsable présumé et de faire passer le message du caractère intolérable des actes de viol et de violences sexuelles.

Enfin, le gouvernement est invité à réformer la loi, à savoir les articles 145 et 149 du Code pénal de 1991, afin que les femmes qui voudraient parler ne soient pas dissuadées de dénoncer les cas de viol de peur d'être accusées du crime d'adultère.

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