Journée du jeudi 15 février 2007 - ouverture de la rencontre des Chefs d'Etat à Cannes (2)

 


 

Jacques Chirac : "J'aime l'Afrique"

 

NOUVELOBS.COM | 15.02.2007 | 14:12 - A l'occasion de son dernier sommet France-Afrique, le chef de l'Etat a longuement défendu son bilan.

 

Jacques Chirac a défendu jeudi 15 février son bilan africain devant une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement de ce continent réunis à Cannes. "Pour la France, l'Afrique ne sera jamais un partenaire comme un autre ( ...) Depuis 12 ans, j'ai tenu à ce (qu'elle) accompagne les évolutions du continent dans un esprit nouveau", a-t-il affirmé.

 

"Il s'agissait de refonder nos liens dans une relation tournée vers l'avenir, de les élargir à l'ensemble du continent pour tenir compte des enjeux globaux", a-t-il expliqué lors de la cérémonie d'ouverture du 24e sommet France-Afrique. "Tous les dispositifs français de coopération, civile et militaire, ont été rénovés." De même, l'aide publique au développement (APD) a été "doublée" depuis quatre ans.

 

Jacques Chirac a revendiqué ses liens personnels, "tissés de longue date", avec nombre de chefs d'Etat africains, pas tous démocrates. "J'aime l'Afrique, ses territoires, ses peuples, ses cultures. Je mesure ses besoins, je comprends ses aspirations."

 

 

"Intégrité territoriale"

 

Le président a justifié les interventions militaires françaises en Afrique par le fait que "la France respecte et continuera de respecter les accords de défense qui la lient à plusieurs pays africains". "Là où l'Afrique et la communauté internationale le demanderont, elle continuera à prendre toutes ses responsabilités", a-t-il assuré.

 

"Qu'il s'agisse de prévenir des crises ou de traiter des conflits, elle agira dans le cadre légitime des mandats onusiens ou africains", a-t-il ajouté, mais "la stabilité, c'est également veiller à l'intégrité territoriale", a-t-il plaidé, justifiant ainsi l'appui militaire français "au Tchad ou à la République centrafricaine, menacés par les risques liés au Darfour".

 

Toutefois, "l'expérience enseigne que la stabilité des Etats dépend avant tout du calendrier démocratique et de la régularité des élections", a souligné Jacques Chirac car "les crises prennent souvent naissance dans des scrutins discutables, qui entachent la légitimité du nouvel élu". Dès lors, "Il faut renforcer l'Etat de droit" et "c'est cet esprit qui nous anime en Côte d'Ivoire, pays que je souhaite voir retrouver la voie de la sagesse". Le président ivoirien Laurent Gbagbo compte parmi les absents remarqués du sommet.

 

 

"La démocratie s'installe"

 

Alors que s'achève le mandat de Jacques Chirac, "les regards changent. L'Afrique commence à être entourée, voire courtisée", s'est félicité celui qui se "bat depuis des années pour qu'on lui accorde davantage d'attentions".

 

"Voilà à peine 20 ans, plus d'une dizaine de foyers de crise étaient allumés à travers le continent", a-t-il rappelé. "Aujourd'hui, la démocratie s'installe, et que de conflits résolus!", a-t-il dit, citant le Liberia, la Sierra-Leone, la région des Grands lacs, le conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée, au Sud-Soudan ou "la tenue d'élections libres en République démocratique du Congo".

 

Et "l'image d'une Afrique paupérisée n'est plus le reflet de la réalité: la croissance moyenne du continent dépasse 5%". De même, "un mouvement s'amplifie pour le respect des droits de l'Homme, la bonne gestion des affaires publiques".

 

 

"Egoïsmes"

 

Au moment où la Chine fait une entrée en force sur ce continent, il a toutefois mis en garde contre "la facilité du court terme et les égoïsmes": "l'Afrique peut une nouvelle fois être mise au pillage, laissée pour compte de la prospérité", même si "rien n'est joué". "Le continent détient le tiers des réserves minérales de la planète. C'est un trésor. Mais il ne doit être ni pillé ni bradé", a-t-il prévenu.

 

Evoquant le commerce du coton, il a également appelé les pays riches à "cesse(r) de subventionner leur production au détriment de ceux du Sahel qui ont là leur unique source de revenu. Cette attitude est inacceptable et inhumaine!". AP

 

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Chirac presse le Soudan d'accepter "le déploiement d'une force de paix" au Darfour

 

CANNES (AP), jeudi 15 février 2007  - Jacques Chirac a ouvert jeudi le 24e sommet France-Afrique à Cannes en appelant le Soudan à "accepter le déploiement d'une force de paix" au Darfour, devant une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel.

 

"La communauté internationale et l'Union africaine se sont engagées. J'appelle tous les belligérants et le gouvernement du Soudan à écouter leur voix, à accepter le déploiement d'une force de paix, à cesser les attaques, à respecter les populations civiles et le personnels humanitaires, à comprendre l'impasse et l'horreur d'une politique du pire, et faire ainsi le choix de la réconciliation", a lancé le président français.

 

Les violences au Darfour ont fait plus de 200.000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003, le conflit s'étendant désormais au Tchad et à la Centrafrique voisins.

 

Un mini-sommet sur la situation au Darfour devait se tenir en marge du sommet en fin d'après-midi, selon l'entourage de Jacques Chirac. Il devrait réunir le président soudanais Omar el-Béchir, le Centrafricain François Bozizé, le Tchadien Idriss Déby, mais aussi le président de l'Union africaine John Kufuor et le président égyptien Hosni Moubarak.

 

Après avoir lancé les débats, Jacques Chirac n'assistera pas à cette réunion. "C'est avant tout un processus africain et la France n'a pas à s'immiscer dans ce dialogue", selon son entourage. Il s'agirait de tenter d'obtenir la restauration d'un début de dialogue entre ces pays, la fin des combats et des déstabilisations mutuelles et de convaincre Khartoum d'accepter le déploiement de Casques bleus.

 

Le président soudanais a rejeté la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un remplacement par une force onusienne de 22.000 Casques bleus des 7.000 soldats de l'Union africaine, handicapés dans leur lutte contre la violence par le manque de fonds et d'équipement inadéquat. M. El-Béchir ne s'est en revanche pas prononcé clairement sur une force mixte UA-ONU.

 

Outre les adieux de Jacques Chirac aux Africains, le sommet est également dominé par la situation en Guinée, où le président Lansana Conté a décrété lundi soir la loi martiale, après trois jours d'émeutes et d'affrontements, mais des coups de feu retentissaient encore jeudi. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, ces violences ont coûté la vie à au moins 64 personnes. Lors de la séance d'ouverture, M. Kufuor a appelé la Guinée à résoudre cette crise "rapidement et de manière pacifique".

 

Après avoir boudé le dîner restreint réunissant autour de Jacques Chirac 16 chefs d'Etat francophones mercredi soir, le président de Djibouti Ismaïl Omar Guelleh participait jeudi matin au sommet de Cannes.

 

A la veille de l'ouverture de la réunion, la juge d'instruction parisienne chargée de l'enquête sur la mort du magistrat français Bernard Borrel en 1995 à Djibouti a convoqué comme témoin le président de ce pays africain.

 

La magistrate Sophie Clément a convié le président djiboutien pour vendredi, mais il est peu vraisemblable que l'intéressé se rende à la convocation. Il est protégé par l'immunité dont bénéficient tous les chefs d'Etat en exercice.

 

Bernard Borrel, magistrat français détaché à Djibouti, a été retrouvé mort et brûlé le 19 octobre 1995 à 80km de la capitale djiboutienne. La veuve du magistrat, Elisabeth Borrel, accuse en effet le président Ismaël Omar Guelleh d'être le commanditaire de l'assassinat de son mari, ce que conteste Djibouti. AP

 

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Bilan à Cannes de 12 ans de politique africaine chiraquienne

 

 

Photo prise le 15 février 2007/REUTERS/Eric Gaillard

 

CANNES (Reuters), jeudi 15 février 2007 - En ouvrant jeudi la conférence Afrique-France de Cannes, Jacques Chirac a dressé un bilan de ses 12 années de politique africaine, qu'il a dit avoir placées sous le double signe du partenariat et de la stabilité.

 

"Pour la France, l'Afrique ne sera jamais un partenaire comme un autre", a déclaré le chef de l'Etat français devant les représentants de 48 pays réunis au palais des Festivals.

 

"Depuis 12 ans, j'ai tenu à ce que, tout en assumant dans la fidélité son héritage historique, elle accompagne les évolutions du continent dans un esprit nouveau", a ajouté Jacques Chirac, dont le second mandat se termine en mai.

 

Le passé colonial de la France désormais loin derrière, "il s'agissait de refonder nos liens dans une relation vers l'avenir, de les élargir à l'ensemble du continent pour tenir compte des enjeux globaux", a-t-il fait remarquer.

 

"Tous les dispositifs français de coopération, civile et militaire, ont été rénovés. Avec un maître-mot : le partenariat. Avec deux impératifs : stabilité et solidarité", a encore noté Jacques Chirac.

 

Dans un message adressé à son éventuel successeur à l'Elysée, Jacques Chirac a rappelé que la France devrait tenir son objectif de porter l'aide bilatérale à 0,7% du PIB en 2012.

 

Revenant sur sa diplomatie africaine, il a rappelé ses efforts déployés pour faire inviter l'Afrique aux grandes réunions internationales, du G8 notamment, et ses initiatives en matière d'aide au développement.

 

"J'ai lancé, il y a trois ans, des travaux sur les financements innovants. Ils portent leurs premiers fruits, avec la contribution de solidarité sur les billets d'avion et Unitaid", a-t-il dit.

 

Officiellement lancé en septembre, le système Unitaid permet d'acheter des médicaments contre les grandes pandémies comme le sida, le paludisme et la tuberculose, qui font des ravages en Afrique.

 

Jacques Chirac a insisté sur les "atouts", les "chances", et le "trésor" que constituent les matières premières du continent africain, qui doit selon lui avoir une place à part entière dans la mondialisation.

 

"L'Afrique et le monde sont à la croisée des chemins (...) Il n'y aura pas de mondialisation réussie sans une Afrique forte et confiante. Mais les efforts de l'Afrique seraient réduits à néant, si le monde ne l'épaulait pas dans sa marche vers l'avenir", a-t-il dit.

 

"Mais le continent demeure confronté à des défis considérables : politique, écologique, économique et démographique", a-t-il souligné.

 

En réponse à ceux qui lui reprochent de soutenir des gouvernements peu démocratiques, Jacques Chirac a justifié la récente décision de Paris d'aider le Tchad et la République centrafricaine face à la crise qui secoue la région soudanaise du Darfour.

 

"La stabilité, c'est également veiller à l'intégrité territoriale : il s'agit pour la France d'un principe essentiel", a-t-il dit. "Ainsi apportons-nous notre appui au Tchad ou à la République centrafricaine, menacés par les risques au Darfour".

 

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Darfour: Chirac appelle les belligérants à "accepter le déploiement d'une force de paix"

 

CANNES (AP), jeudi 15 février 2007, 12h11  - Jacques Chirac a appelé jeudi à Cannes le gouvernement soudanais à "accepter le déploiement d'une force de paix" au Darfour, alors que le président soudanais Omar el-Béchir refuse toujours le déploiement de Casques bleus.

 

Lors de son discours d'ouverture du 24e sommet France-Afrique, le président français a évoqué une "catastrophe humanitaire qui menace toute la région".

 

"La communauté internationale et l'Union africaine se sont engagées. J'appelle tous les belligérants et le gouvernement du Soudan à écouter leur voix, à accepter le déploiement d'une force de paix, à cesser les attaques, à respecter les populations civiles et le personnels humanitaires, à comprendre l'impasse et l'horreur d'une politique du pire et faire ainsi le choix de la réconciliation", a lancé Jacques Chirac.

 

Les violences au Darfour ont fait plus de 200.000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003, le conflit s'étendant désormais au Tchad et à la Centrafrique voisins.

 

Le président soudanais a rejeté la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un remplacement par une force onusienne de 22.000 Casques bleus des 7.000 soldats de l'Union africaine, handicapés dans leur lutte contre la violence par le manque de fonds et d'équipement inadéquat. M. El-Béchir ne s'est en revanche pas prononcé clairement sur une force mixte UA-ONU. AP

 

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