Conflits armés au Tchad : rébellion et tensions transfrontalières (agences de presse)

 

 

Le Tchad maintient la présidentielle du 3 mai, Paris refuse de recevoir l'opposition armée

 

N'DJAMENA (AFP), mercredi 19 avril 2006, 14h47  - Le régime tchadien a réitéré son intention d'organiser coûte que coûte l'élection présidentielle du 3 mai, malgré la rébellion repoussée la semaine dernière devant N'Djamena, tandis que Paris refuse de recevoir l'opposition armée .

 

Comme il l'avait déjà promis le 13 avril le fracas de la bataille de N'Djamena à peine calmé, le président-candidat Idriss Deby Itno a répété que le premier tour du scrutin présidentiel serait maintenu le 3 mai et que ses troupes avaient repris le contrôle de l'ensemble du territoire.

 

"Nous n'avons aucune raison de ne pas organiser l'élection à la date constitutionnelle prévue (...) le 3 mai 2006", a déclaré mardi le chef de l'Etat tchadien lors d'une conférence de presse. "Il n'y a aucune autre force qui puisse empêcher la tenue des élections", a-t-il insisté.

 

Dans un entretien accordé mercredi au quotidien français Le Figaro, Idriss Deby a justifié son insistance par la nécessité d'éviter "un vide constitutionnel". "C'est un risque très grave", a-t-il estimé.

 

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy n'a "pas prévu" de recevoir des représentants de mouvements armés tchadiens cherchant "à prendre le pouvoir par la force" et qui lui avaient demandé une audience, a déclaré mercredi le porte-parole du ministère.

 

La "résistance unie", réunissant le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) et le Front uni pour le changement (FUC), avait annoncé dimanche sa décision de "saisir" M. Douste-Blazy. Elle précisait, dans un communiqué, que le but de l'audience serait de "connaître le rôle exact de l'armée française à N'Djamena", d'"obtenir des explications sur les tirs dont ont été la cible, jeudi dernier, nos colonnes, de la part de Mirage F1 français" et de "prendre des mesures conjointes pour éviter le risque d'une confrontation entre la résistance populaire et les troupes françaises".

 

"Nous ne pouvons que déplorer une telle prise de position", a déclaré le représentant du FUC en France, Laona Gong, après l'annonce du refus français. "N'eut été l'intervention française, nous serions en position d'être au pouvoir", a-t-il ajouté, en affirmant que le FUC était "une réalité incontournable".

 

Idriss Deby a confirmé mardi que l'Armée nationale tchadienne (ANT) avait totalement démantelé les colonnes rebelles du Front uni pour le changement (Fuc) qui avaient attaqué la capitale.

 

"La situation est sous contrôle sur l'ensemble du territoire (...) le calme et la stabilité vont revenir dans le pays", a-t-il assuré.

 

Au pouvoir depuis 1990, le président Deby, qui a modifié la Constitution il y a un an pour pouvoir briguer un nouveau mandat, est le grandissime favori d'un scrutin où il affronte quatre autres candidats, tous issus de partis représentés dans son gouvernement.

 

Les partis d'opposition ont préféré boycotter l'élection, qu'ils jugent pipée et jouée d'avance, et appelé les forces politiques du pays à un "dialogue national". Un scénario, encouragé par certains bailleurs de fonds, que le pouvoir a jusque-là écarté d'un revers de main.

 

Même si le front militaire semblait toujours calme mercredi, les autorités s'inquiètent d'une possible reprise des opérations de la rébellion à l'approche du scrutin. Un porte-parole du Fuc, Albissaty Saleh Allazam, n'a d'ailleurs pas fait mystère de ses intentions de "tout faire pour empêcher l'élection".

 

"La stratégie des rebelles va consister à essayer de prendre un maximum de villes hors de N'Djamena pour y empêcher l'élection", a confirmé sous couvert de l'anonymat un responsable militaire tchadien.

 

En accusant à plusieurs reprises ces derniers jours le Soudan de réarmer les rebelles en vue d'une nouvelle offensive, les autorités n'ont pas caché qu'elles se préparaient à de nouveaux combats.

 

Des sources militaires tchadiennes ont indiqué que l'armée avait récemment commandé dans un pays d'Europe de l'Est six hélicoptères de combat Mi-17, dont deux viennent d'être livrés à N'Djamena.

 

Confirmant certains soupçons, le président Deby a reconnu dans les colonnes du Figaro qu'il comptait bien "acheter des armes" avec ses revenus pétroliers. "Quel est le pays au monde qui, ayant des ressources, n'achèterait par d'armes pour se défendre ?", a-t-il demandé.

 

Enfin, le Tchad a menacé de fermer son robinet de brut à la fin du mois s'il ne récupérait pas d'ici là quelque 100 millions de ses pétrodollars bloqués en raison d'un conflit qui l'oppose à la Banque mondiale sur leur utilisation. Une médiation américaine est en cours pour dénouer cette crise.

 

 

 

Le Tchad va "acheter des armes", annonce Idriss Déby

 

PARIS (AP), mercredi 19 avril 2006, 11h38 - Le président tchadien Idriss Déby affirme que son pays va "acheter des armes" pour "se défendre", après la récente offensive rebelle sur la capitale N'Djamena. Il remercie également la France de son aide et de son soutien "clair et sans ambiguïté".

 

"Quel pays au monde qui, ayant des ressources, n'achèterait pas d'armes pour se défendre?", s'interroge-t-il dans un entretien publié mercredi par "Le Figaro". "Nous allons acheter des armes" qui arriveront au Tchad "d'ici à deux jours", précise-t-il.

 

Idriss Déby marque aussi sa satisfaction face à la réaction de Paris. "La France est le seul pays à avoir condamné de la manière la plus ferme l'agression contre le Tchad", salue-t-il, avant de marquer sa satisfaction concernant l'aide militaire française.

 

L'antenne médicale du dispositif militaire français Epervier "nous a permis de faire soigner gratuitement des blessés et d'en évacuer une quinzaine à Paris", détaille Idriss Déby. "Quand la colonne de mercenaires est arrivée jeudi à l'aube dans N'Djamena, elle était attendue. Nos forces étaient là", dit-il.

 

"En revanche, dire que l'armée française a tiré sur des colonnes de mercenaires, c'est un mensonge grossier", poursuit-il.

 

Jeudi dernier, l'armée française avait reconnu avoir procédé mercredi à un tir de semonce contre une colonne rebelle qui progressait vers N'Djamena. AP

 

 

 

Tchad: Paris refuse de recevoir l'opposition armée

PARIS (AFP), mercredi 19 avril 2006, 13h59  - Le ministre des affaires étrangères Philippe Douste-Blazy n'a "pas prévu" de recevoir des représentants de mouvements armés tchadiens cherchant "à prendre le pouvoir par la force" et qui lui avaient demandé une audience, a déclaré mercredi le porte-parole du ministère.

"Il n'est pas prévu que le ministre rencontre des représentants de mouvements cherchant à prendre le pouvoir par la force", a déclaré à la presse le porte-parole, Jean-Baptiste Mattéi.

La France avait indiqué mardi qu'elle "étudiait" cette demande d'audience avec M. Douste-Blazy, émanant de l'opposition armée tchadienne qui a tenté la semaine dernière de prendre la capitale N'Djamena.

La "résistance unie", réunissant le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) et le Front uni pour le changement (FUC), avait annoncé dimanche sa décision de "saisir" M. Douste-Blazy. Elle précisait, dans un communiqué, que le but de l'audience serait de "connaître le rôle exact de l'armée française à N'Djamena", d'"obtenir des explications sur les tirs dont ont été la cible, jeudi dernier, nos colonnes, de la part de Mirage F1 français" et de "prendre des mesures conjointes pour éviter le risque d'une confrontation entre la résistance populaire et les troupes françaises".

"Nous ne pouvons que déplorer une telle prise de position", a déclaré le représentant du FUC en France, Laona Gong, après l'annonce du refus français. "N'eut été l'intervention française, nous serions en position d'être au pouvoir", a-t-il ajouté, en affirmant que le FUC était "une réalité incontournable".

Une réponse favorable de la France à cette demande d'audience aurait établi de fait la rébellion comme interlocuteur, alors que Paris est le principal soutien du président Idriss Deby Itno. Les responsables français considèrent que la rébellion tchadienne est loin de représenter une alternance viable pour le pays. Ancienne puissance coloniale, la France dispose au Tchad de 1.350 hommes et de plusieurs avions, dont six Mirage F1. Liée au Tchad par un accord de coopération militaire, la France est venue en aide à plusieurs reprises cette semaine au régime du président Deby, qu'elle estime "légitimement élu".

L'armée française a tiré un coup de semonce jeudi près d'une colonne rebelle, a transporté des soldats tchadiens et leurs armes, et fournit du renseignement militaire --vital dans le conflit en cours-- aux autorités tchadiennes. Le président tchadien s'est félicité mercredi du soutien apporté par l'armée française, et confirmé son intention de réarmer rapidement son pays, dans un entretien au quotidien Le Figaro.

 

 

Tchad : pas de report des élections présidentielles

Par EuroNews - mercredi 19 avril 2006, 9h31 –

Pas question pour le chef de l'Etat tchadien de reporter les élections présidentielles
Malgré les attaques des rebelles la semaine dernière et la décision de l'opposition de boycotter le scrutin, le président Idriss Deby tient à ces élections. La constitution a d'ailleurs été modifiée pour qu'il brigue un troisième mandat. Le scrutin se déroulera le 3 mai. Mais à partir du 27 avril, les nomades pourront commencer à voter. Ils auront le choix entre Idriss Deby qui prévoit déjà d'être élu au premier tour et des candidats qui lui sont proches. Les principaux partis de l'opposition, eux, dénoncent déjà l'organisation d'élections frauduleuses. Pour l'heure, ce sont les rebelles et le Soudan que fustige surtout Idriss Deby. Les rebelles du Fuc qui à N'Djamena et à Adré la semaine dernière se sont confrontés aux forces gouvernementales. Les combats ont fait plus de 70 morts parmi les civils et 40 parmi les militaires, d'après Deby. Le président tchadien a continué hier à accuser le Soudan de réarmer la rébellion du Fuc, le Front uni pour le changement. Il a également estimé que l'Union africaine pratiquait une "politique de l'autruche".

 

 

Le Conseil de sécurité devrait appeler le Tchad et le Soudan à ne pas se déstabiliser, selon l'ambassadeur de France à l'ONU

 

NATIONS UNIES (AP), mercredi 19 avril 2006, 8h41 - Le Conseil de sécurité va probablement réagir à la récente offensive rebelle sur la capitale du Tchad, N'Djamena, en demandant aux dirigeants du Tchad et du Soudan voisin de respecter l'engagement qu'ils ont pris en février dernier de ne se déstabiliser l'un l'autre, a déclaré l'ambassadeur de France aux Nations unies.

 

Jean-Marc de La Sablière a précisé mardi que le Conseil de sécurité devrait également souligner dans un projet de déclaration préparé par les membres africains de l'ONU qu'il est inacceptable dans l'Afrique du XXIe siècle que quelqu'un s'empare du pouvoir par la force.

 

"Les choses ont changé", a souligné M. de La Sablière. "Fomenter un coup d'Etat comme il y a 15 ou 20 ans (...) n'est pas acceptable (...) De surcroît, utiliser le territoire d'un pays pour déstabiliser un autre pays est quelque chose qui n'est pas acceptable", a ajouté le diplomate français.

 

Le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan qui a qualifié de "très inquiétant" la tentative de coup d'Etat au Tchad, a informé le Conseil de sécurité mardi soir des derniers développements et de la dernière attaque. Il a invité le Conseil à se pencher sur les mesures à prendre, selon l'ambassadeur du Japon Kenzo Oshima.

 

Mardi, lors d'une réunion à huis clos, les membres du Conseil de sécurité ont été informés du fait que 125 nouveaux véhicules transportant des combattants bien armés et portant des uniformes neufs se trouvaient à la frontière soudano-tchadienne à un millier de kilomètres de N'Djamena. Les membres du Conseil veulent à présent savoir qui a fourni les véhicules, les armes et les uniformes, ont précisé des diplomates qui ont requis l'anonymat.

 

 

 

Le Tchad continue à accuser le Soudan et critique l'Union africaine

 

 N'DJAMENA (AFP, mardi 18 avril 2006, 18h13   - Le Tchad a poursuivi mardi son réquisitoire contre "l'agresseur" soudanais, l'accusant de réarmer la rébellion du Front uni pour le changement (Fuc) en vue de nouvelles attaques, et a mis en cause la retenue de l'Union africaine (UA) à l'endroit du régime de Khartoum.

 

Après le chef de la diplomatie tchadienne lundi, le chef de l'Etat Idriss Deby Itno est lui-même monté au créneau pour dénoncer le réarmement et la reconstitution des forces rebelles engagées selon lui par le Soudan, avec lequel il a rompu ses relations diplomatiques vendredi.

 

 

"Au moment où je vous parle, le régime de Khartoum est en train de rafler des jeunes du Darfour (...) pour les enrôler de force et les diriger contre le Tchad", a affirmé M. Deby lors d'une conférence de presse.

 

Lundi, le ministre des Affaires étrangères Ali Ahmat Allami avait pour sa part accusé, dans un entretien accordé à l'AFP, les Soudanais "de reconstituer une nouvelle armée", après la défaite subie jeudi par les rebelles aux portes de N'Djamena, et "de préparer une nouvelle boucherie".

 

Le Tchad accuse depuis des mois le Soudan d'être derrière les raids menés sur son territoire par les rebelles du Fuc. Les autorités de Khartoum comme les rebelles du Fuc ont toujours catégoriquement démenti.

 

Toutefois, l'implication du Soudan dans une tentative de "déstabilisation" du Tchad ne fait plus guère de doutes dans de nombreuses capitales.

 

Pour la première fois, bien qu'en termes très diplomatiques, les Etats-Unis ont averti lundi soir Khartoum que tout appui aux rebelles tchadiens serait désormais considéré comme "inacceptable".

 

Le porte-parole du département d'Etat Sean McCormack a déclaré que Washington n'avait "pas abouti à des conclusions définitives" sur l'implication du Soudan, mais un diplomate s'exprimant sous couvert de l'anonymat n'a pas fait mystère que Khartoum y était probablement mêlé.

 

Dans ce climat d'extrême tension entre son pays et le Soudan, le président Deby a dénoncé mardi la "politique de l'autruche" de l'Union africaine (UA), lui reprochant de ne pas condamner assez fermement Khartoum.

 

"Je regrette que l'UA fasse une politique de l'autruche qui ménage la chèvre et le chou", a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse. "L'UA doit condamner l'agression du régime de Khartoum (...) de la manière la plus ferme, la plus claire et la plus dynamique possible", a-t-il ajouté.

 

Le chef de l'Etat tchadien s'est entretenu mardi avec un émissaire du président de la Commission de l'UA Alpha Oumar Konaré, après avoir reçu la veille un représentant de la Libye, qui a annoncé avoir entamé une médiation entre le Tchad et le Soudan.

 

"Notre espoir est grand de résoudre le problème", a déclaré mardi à la radio soudanaise le ministre libyen pour les Affaires africaines Omdurman Ali Abdel Salam Triki après avoir rencontré lundi les présidents des deux pays.

 

La médiation de l'UA et de la Libye avait permis la signature le 8 février à Tripoli d'un accord, jamais appliqué, dans lequel Tchad et Soudan s'interdisaient de mener des activités hostiles à l'autre.

 

Le sous-secrétaire d'Etat américain chargé des Affaires africaines, Donald Yamamoto, est également attendu avant la fin du mois au Tchad, cette fois pour tenter de dénouer le conflit qui oppose ce pays à la Banque mondiale (BM) sur la gestion de ses revenus pétroliers.

 

Sur le front militaire, la situation semblait toujours calme mardi, après les accrochages rapportés ce week-end dans la région de Sahr (sud). "La situation est sous contrôle sur l'ensemble du territoire", a répété Idriss Deby mardi, "le calme et la stabilité vont revenir dans le pays".

 

Toutefois, les autorités tchadiennes redoutent en coulisse une reprise des combats à l'approche de l'élection présidentielle du 3 mai, que le président-candidat Deby a décidé de maintenir coûte que coûte.

 

Un porte-parole du Fuc, Albissaty Saleh Allazam, a d'ailleurs confirmé à l'AFP que les rebelles allaient "tout faire pour empêcher l'élection".

 

 

 

Tchad: Washington a adressé un avertissement à Khartoum

 

WASHINGTON (AFP), mardi 18 avril 2006, 9h19   - Les Etats-Unis ont adressé un avertissement au gouvernement soudanais pour le prévenir que tout appui aux rebelles tchadiens serait "inacceptable", a révélé lundi le département d'Etat en n'écartant pas une implication de Khartoum dans les troubles au Tchad.

 

Le porte-parole du département d'Etat Sean McCormack a déclaré que Washington n'avait "pas abouti à des conclusions définitives" sur un rôle du Soudan dans l'offensive ratée montée la semaine dernière par les rebelles du Front uni pour le changement (Fuc) tchadien contre N'Djamena. Mais il indiqué qu'ils n'en écartaient pas la possibilité.

 

 

"Nous avons clairement fait savoir au gouvernement du Soudan que ce genre de conduite serait à l'avenir inacceptable", a-t-il dit. Il a ajouté qu'outre les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Union africaine avaient aussi contacté des gouvernements africains pour leur rappeler les principes de non ingérence dans les affaires d'autrui. Le Soudan a rejeté les accusations de soutien au Fuc réitérées par le Tchad à nouveau lundi, qui a affirmé que Khartoum était en train de réarmer les rebelles du Front uni pour le changement.

 

Un responsable du département d'Etat qui a requis l'anonymat a confié à des journalistes que le gouvernement du président soudanais Omar el-Béchir avait probablement trempé dans l'offensive lancée la semaine dernière contre le président tchadien Idriss Deby Itno. Khartoum lui reproche de soutenir les rebelles du Darfour, une province de l'ouest du Soudan en proie depuis trois ans à une guerre civile sanglante.

 

Le Tchad a de nouveau mis en cause lundi le Soudan, l'accusant de reconstituer la rébellion en vue d'une nouvelle attaque contre N'Djamena, mais a assoupli sa position sur le contentieux pétrolier avec la Banque mondiale et sur les réfugiés soudanais. Après avoir rompu ses relations diplomatiques avec Khartoum et accusé le président soudanais Omar el-Béchir de "génocide" au Darfour, le régime du président Idriss Deby Itno a affirmé cette fois que son voisin était en train de réarmer les rebelles du Front uni pour le changement (Fuc).

 

"Les Soudanais sont en train de reconstituer une nouvelle armée" de l'autre côté de la frontière et "de préparer une nouvelle boucherie", a affirmé le chef de la diplomatie tchadienne Ahmat Allami. Des sources militaires tchadiennes et la rébellion ont aussi annoncé lundi que plusieurs officiers supérieurs ont déserté depuis jeudi les rangs de l'armée pour rejoindre le Fuc. Ces officiers sont "au moins une dizaine" selon le porte-parole du Fuc Albissaty Saleh Allazam. Ce sont des "Arabes qui avaient des responsabilités au sein de l'armée". Ils ont rejoint les rebelles après l'échec de l'attaque "de peur d'être arrêtés", a expliqué de son côté l'une des sources militaires tchadiennes.

 

Autre signe de la tension entre les deux voisins, le Tchad a retiré dimanche sa délégation des négociations de paix sur le Darfour à Abuja (Nigeria) entre le gouvernement de Khartoum et les rébellions de la province soudanaise. La crise du Darfour est considérée par le régime tchadien comme la principale source de déstabilisation de son pays depuis 3 ans, et les camps qui accueillent 200.000 réfugiés soudanais dans l'est de son territoire comme l'un des "réservoirs" du Fuc.

 

Le Tchad a toutefois baissé d'un ton au sujet de ces réfugiés qu'il avait menacé vendredi d'expulser avant la fin juin. Le Haut-commissaire pour les réfugiés, Antonio Guterres a annoncé que M. Deby "a réaffirmé que les réfugiés ne seraient pas refoulés et que le Tchad respecterait les principes internationaux" concernant leur accueil.

 

Le Tchad a aussi mis un bémol à ses exigences dans le conflit qui l'oppose à la Banque mondiale (BM) au sujet de l'utilisation de ses revenus pétroliers, en annonçant dimanche soir qu'il acceptait de reporter à la fin du mois sa menace de fermer son robinet de brut (200.000 barils par jour) afin de permettre une médiation des Etats-Unis. En proie à une grave crise financière exacerbée par la situation militaire, le Tchad souhaite récupérer environ 100 millions de ses pétrodollars, actuellement bloqués par la BM ou retenus par le consortium pétrolier américano-malaisien qui extrait le brut des champs de Doba (sud). Le sous-secrétaire d'Etat américain chargé des Affaires africaines, Donald Yamamoto va se rendre au Tchad à la fin mois servir notamment de "Monsieur Bons offices" dans le conflit qui oppose N'Djamena à la BM.

 

 

Des avions français ont bombardé des villes de l'est du Tchad

PARIS (AFP), jeudi 13 avril 2006, 14h11 - Des avions militaires français ont bombardé jeudi des villes de l'est du Tchad aux mains des rebelles, faisant un nombre indéterminé de victimes civiles, a affirmé le représentant en France de la rebellion du Front uni pour le changement (Fuc), Laona Gong.

Le ministère de la Défense a aussitôt formellement démenti de tels bombardements, affirmant qu'il s'agissait d'accusations "sans aucun fondement et sans aucun sérieux".

Le ministère avait toutefois indiqué plus tôt qu'un avion Mirage français avait tiré "un coup de semonce mercredi matin à l'est de N'Djamena dans la zone où une colonne de rebelles tchadiens faisait route vers la capitale".

"Nous venons d'apprendre que depuis ce matin, dans l'est du Tchad, l'armée française intervient militairement avec des avions. Et nous déplorons dans les villes d'Adré et de Moudeïna (près de la frontière avec le Soudan) de nombreuses victimes civiles des bombardements français", a pour sa part affirmé jeudi M. Gong en ajoutant "n'avoir pas de chiffres exacts" sur les victimes.

En même temps que s'engageait la bataille pour N'Djamena, d'autres combats se sont déroulés jeudi à l'aube à Adré, selon des sources humanitaires.

Par ailleurs, M. Gong a indiqué n'avoir pas d'information sur une éventuelle intervention d'hélicoptères français contre les rebelles autour de la capitale, comme l'ont affirmé des habitants.

M. Gong a dénoncé "cet aveuglement de la France à vouloir sauver un régime contre lui-même" en assurant que le président Idriss Deby Itno n'avait "presque plus personne à ses côtés pour faire face à la résistance".

Mais "la situation pourrait dégénérer si le gouvernement français persiste dans sa volonté de nous réduire à tout prix", a prévenu M. Gong.

"Nous déplorons le fait que la France (...) qui est impliquée à plus d'un titre dans les problèmes du Tchad, n'ait pas pris la juste mesure de la lutte que nous menons", a-t-il poursuivi.

Cet ancien ministre tchadien des Affaires étrangères a regretté que Paris "n'ait pas donné suite favorable à nos démarches pour jouer un véritable rôle de médiation et éviter au Tchad une nouvelle guerre".

Il a affirmé que les rebelles du Fuc étaient entrés à l'aube dans les faubourgs de la capitale N'Djamena.

"Les prochaines heures seront décisives", a-t-il dit en soulignant que le Fuc souhaitait réunir les "principaux responsables politiques et de la société civiles, ainsi que les chefs de tribu, pour organiser la transition démocratique dès que le régime de Deby sera tombé".

Le président Deby a lui affirmé jeudi que la situation était sous contrôle de l'armée nationale.

La France maintient quelque 1.200 hommes dans son ancienne colonie, appuyés par six chasseurs Mirage F1. Une compagnie de 150 hommes basés au Gabon a été envoyée en renfort.

En vertu des accords de coopération avec le Tchad, la France assure une mission de "soutien au renseignement" au gouvernement tchadien ainsi qu'une "assistance logistique" à l'armée tchadienne.

 

 

La République centrafricaine ferme sa frontière avec le Soudan

BANGUI (Reuters), vendredi 14 avril 2006, 18h16  - La République centrafricaine a fermé sa frontière avec le Soudan pour protester contre l'attaque de N'Djaména par des rebelles, considérée à Bangui comme une "agression" soudanaise contre le Tchad.

Le chef de la diplomatie centrafricaine, Jean-Paul Ngoupande, a précisé que son pays n'allait pas jusqu'à rompre ses relations diplomatiques avec le Soudan, comme l'a fait vendredi le Tchad.

Le Tchad a ouvertement accusé Khartoum d'avoir armé les rebelles qui ont attaqué jeudi N'Djamena.

Ngoupande a justifié cette décision en expliquant que le Soudan n'avait pas respecté l'accord signé avec le Tchad lors du sommet de Tripoli en février dernier, qui enjoignait les deux pays d'empêcher l'établissement sur leur territoire de bases pour des insurgés.

 

 

 

Déby affirme avoir maté la rébellion dans N'Djamena

 

N'DJAMENA (AP), jeudi 13 avril 2006, 23h24   - Des combats ont opposé jeudi les rebelles aux forces gouvernementales à N'Djamena, la capitale du Tchad mais le président Idriss Déby a affirmé que les assaillants avaient été écrasés et qu'il avait ainsi déjoué la deuxième tentative visant à le renverser en un mois.

 

"La situation est sous contrôle", a déclaré Idriss Déby sur la radio publique après trois heures d'affrontements ayant impliqué des hélicoptères et des chars. Il a affirmé que l'armée avait maté une colonne rebelle qui tentait d'entrer dans la capitale peu avant l'aube. Seuls quelques tirs sporadiques pouvaient être entendus à N'Djamena après son allocution.

 

Le président Déby a également réaffirmé que la rébellion du Front uni pour le changement (FUC) était composée de mercenaires recrutés par le Soudan pour le renverser, accusation formellement démentie par Khartoum. "Dans les heures qui viennent, nous allons rassembler toutes les preuves que le gouvernement soudanais est derrière les rebelles", a-t-il dit.

 

Dans la soirée, il a présenté aux médias plus de 285 prisonniers. Plusieurs ont déclaré que des gradés avaient collaboré avec les rebelles et leur avaient affirmé qu'ils ne rencontreraient aucune résistance en entrant dans la capitale.

 

Les habitants des faubourgs est de N'Djamena ont été réveillés peu avant l'aube jeudi par des tirs nourris, provoquant l'affolement dans toute la ville. La veille, des informations faisaient état d'une avancée des forces rebelles sur la capitale.

 

Dans l'après-midi, des journalistes de l'agence Associated Press (AP) ont vu une dizaine de corps dans les rues de la ville mais des habitants ont parlé de davantage de cadavres. Le général Mahamet Ali Abdullah, s'exprimant à la radio publique, a affirmé que les forces gouvernementales avaient tué plusieurs centaines de rebelles et il a appelé les habitants de la capitale à fêter la victoire. Mais N'Djamena restait calme, la plupart des magasins étant fermés. A l'Assemblée nationale, les soldats détenaient une vingtaine de rebelles.

 

A quelques semaines de l'élection présidentielle, les affrontements avaient éclaté mardi dans le centre du pays. C'est la première fois que la rébellion mène une attaque au coeur du pays, après plusieurs incidents près des frontières soudanaises et centrafricaines. Des dizaines de déserteurs de l'armée tchadienne ont rejoint les mouvements rebelles depuis octobre pour tenter de renverser le chef de l'Etat.

 

La France a dépêché 150 militaires supplémentaires afin d'assurer la protection de ses quelque 1.500 expatriés, soit un total de 1.350 hommes.

 

Le ministère français de la Défense a toutefois estimé que les événements dans la région de N'Djamena ne constituaient pas "des combats au sens propre du terme". "On a des indications qui montrent que les actions ne sont pas très coordonnées", a déclaré Jean-François Bureau, porte-parole du ministère qui a semblé ainsi fortement relativiser les rumeurs d'assaut imminent sur la ville. "En tout état de cause, et c'est pour nous le point essentiel, la sécurité de nos ressortissants n'est pas mise en cause par ces actions."

 

Il a toutefois reconnu que l'armée française avait procédé mercredi à un tir de semonce contre une colonne rebelle qui progressait vers la capitale. Des avions de chasse français ont effectué jeudi pour la deuxième journée consécutive des missions de reconnaissance pour évaluer la menace.

 

Pour sa part, le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-Baptiste Mattéi, a souligné que "la situation au Tchad restait très préoccupante et évolutive. Des consignes de grande prudence sont maintenues pour la communauté française. Le lycée français est fermé jusqu'à nouvel ordre." Le chef de la diplomatie Philippe Douste-Blazy a fait savoir par communiqué dans la soirée qu'il restait "en contact avec toutes les parties concernées pour mettre un terme aux troubles actuels".

 

Jacques Chirac a eu à plusieurs reprises le président Déby au téléphone, ainsi que le président de l'Union africaine Denis Sassou Nguesso et plusieurs chefs d'Etat africains, a-t-on appris dans l'entourage du président français. "Le président a suggéré au président Déby de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies (...), "ce qui a été fait". Le sujet devait être évoqué jeudi à New York. M. Chirac a réaffirmé la "condamnation de toute tentative de prise du pouvoir par la force", précisait-on de même source.

 

Pour sa part, le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, a exprimé ses craintes concernant ces violences et leurs possibles conséquences sur la sécurité et le bien-être des 200.000 réfugiés originaires de la région du Darfour qui vivent dans des camps à l'est du pays.

 

Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a condamné toute tentative de coup d'Etat et appelé les parties à résoudre leurs divergences pacifiquement, selon son porte-parole Stéphane Dujarric. L'Union africaine a elle aussi condamné la tentative de prise de pourvoir et appelé au dialogue pour le retour au calme. AP

 

 

 

Le président tchadien assure que la situation est "totalement sous contrôle"

PARIS (AP), jeudi 13 avril 2006, 11h48  - Le président tchadien, Idriss Déby, a assuré jeudi sur RFI que "la situation dans la ville de N'Djaména était totalement sous contrôle", et que les assaillants qui ont mené une attaque contre la ville d'Adré, dans l'est du pays, avaient été "totalement détruits".

Il a précisé que trois véhicules avaient "été détruits sur place" à proximité de l'Assemblée nationale à N'Djaména et que les autres assaillants n'étaient que "des fuyards à pied". "Il n'y a pas eu de tir d'arme lourde", a-t-il affirmé, interrogé par téléphone par Radio France Internationale.

Par ailleurs, "la colonne qui a attaqué ce matin à Adré a été totalement détruite", a-t-il rapporté. "Nous allons réunir tous les prisonniers et tous les armements que le Soudan a donné à ces rebelles" pour "les montrer à la presse comme preuve de l'ingérence du Soudan dans les affaires intérieures du Tchad".

Des tirs ont été entendus jeudi matin dans les faubourgs est de N'Djaména. La ville a été réveillée peu avant l'aube par le fracas des armes, provoquant la panique dans toute la ville au lendemain des informations selon lesquelles les forces rebelles marchaient sur la capitale du Tchad. AP

 

 

 

Tchad: combats à l'arme lourde aux portes de la capitale

 

N'DJAMENA (AFP), jeudi 13 avril 2006, 8h13   - D'intenses combats à l'arme lourde ont débuté jeudi aux premières heures du jour aux portes de N'Djamena entre l'armée tchadienne et les rebelles du Front uni pour le changement (Fuc), a-t-on appris de source militaire tchadienne.

 

Ces affrontements ont démarré vers 05H30 locales (04H30 GMT) à l'initiative de l'armée fidèle au président Idriss Deby Itno, qui a attaqué des positions rebelles à quelques kilomètres seulement des faubourgs de la capitale, a-t-on précisé de même source.

 

Des échanges intenses de tirs d'armes lourdes étaient entendus jeudi matin autour de N'Djamena.

 

Les rues du centre et du nord de N'Djamena étaient toutefois parfaitement calmes jeudi matin.

 

Des affrontements à l'arme lourde ont également eu lieu jeudi à l'aube dans la ville d'Adré (est), à plus de 800 km de N'Djamena, à la frontière avec le Soudan, ont indiqué des sources humanitaires.

 

Les rebelles du Rassemblement pour la démocratie et la liberté (RDL), qui constituent l'essentiel des troupes du Fuc, avaient déjà attaqué la ville d'Adré le 18 décembre mais avaient été repoussés par l'armée tchadienne à l'issue de violents combats.

 

Selon une source militaire tchadienne, l'avant-garde des rebelles du Fuc a atteint les portes de N'Djamena dès mercredi en fin d'après-midi.

 

Signalés mardi dans la région de Mongo, à moins de 400 km à l'est de la capitale tchadienne à mi-chemin de la frontière soudanaise, une de leurs colonnes avait été repérée mercredi à 15H00 GMT par des chasseurs français de type Mirage F1 à environ une heure et demie de route de N'Djamena, selon une source militaire à Paris.

 

Des sources militaires tchadiennes avaient confirmé mercredi en soirée que des combats à l'arme lourde avaient opposé quelques heures plus tôt des troupes tchadiennes aux combattants du Fuc autour de la localité de Dourbali, à une centaine de kilomètres au sud-est de N'Djamena.

 

Pour sa part, le représentant du Fuc en France, l'ancien ministre tchadien des Affaires étrangères Laona Gong, avait affirmé mercredi soir sur une chaîne de télévision française que les rebelles se trouvaient pratiquement aux portes de N'Djamena et qu'ils contrôlaient "plus de 80%" du Tchad.

 

La France a placé mercredi en état d'alerte son dispositif militaire au Tchad, qui compte 1.200 soldats, et déployé en renfort à N'Djamena 150 soldats basés à Libreville.

 

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