DARREN WILSON OU L’HONNEUR PERDU D’UN POLICIER AMERICAIN

 

    Avez-vous remarqué au creux de cet été chaud, que le fameux policier de Ferguson, Darren Wilson est de retour un an après son forfait ? Cet homme de 1,93 m pesant 95 kg qui avouait sa peur des Noirs est-il revenu dans le long article qui lui a été consacré par le New Yorker pour demander pardon ? Avoir des paroles apaisantes ? Prendre un peu de recul avec un meurtre qui a mis le feu dans plusieurs villes et ébranlé quelques croyances ? Non, Darren Wilson a aggravé son cas en usant d’un langage racial codé qui fleure bon son Ku Klux Klan .

 

   LES FAITS

   Tout le monde se souvient du meurtre du jeune étudiant Mickaël Brown, froidement abattu dans la rue par le policier Darren Wilson . Le corps est resté quatre heures trente minutes dans la rue, ce qui a suscité une colère légitime de la communauté noire américaine .

    Retrouvé dans sa nouvelle cache par le journaliste Jake Halpern du New Yorker qui se penche lourdement sur son enfance difficile dans une famille monoparentale ( élevé par sa mère), kleptomane, bipolaire,  célibataire et toujours intimidé par les Noirs, Darren Wilson reconnaît avoir eu recours à un mentor blanc dans son premier poste . L’accumulation d’arguments étant une logique d’avocat, nous dirions tout simplement qu’il ne suffit pas d’avoir souffert pour donner facilement la mort à un innocent . Si tous les désaxés américains devaient se retrouver dans la police pour assouvir leurs instincts criminels, voire leurs complexes divers, il ne resterait bientôt plus grand monde …surtout si l’on suit le « raisonnement » de Darren Wilson :

                 

                                    « Je ne l’ai connu que quarante cinq secondes, pendant lesquelles il a

                                       essayé de me tuer, donc je ne sais pas …Est-ce que je pense à qui il

                                       était en tant que personne ? Est-ce que je pense qu’il a eu la meilleure

                                       éducation ? Non . Pas du tout ».

 

 

Après les révélations du New Yorker sur l’enfance de Darren Wilson, on peut dire que c’est « l’hôpital qui se moque de la charité » . Pour rappel, Michaël Brown était étudiant et avait ses deux parents d’une part . D’autre part, quarante cinq secondes pour ôter la vie d’un homme quelles qu’en soient les raisons, cela doit interpeller toute conscience humaine . Que vaut la vie d’un homme ( noir) dans l’Amérique d’Obama un demi siècle après les combats de Martin Luther King ? Questions subsidiaires : Darren Wilson a-t-il un miroir chez lui ? Existe-t-il une conscience darrenwilsonienne ? 

 

     A L’ORIGINE DU MAL

   

    A l’origine du mal qui gangrène la police américaine se trouvent une mentalité et une organisation ahurissantes : le Noir en particulier et tous les bronzés américains sont désignés comme des cibles . C’est ainsi que les Noirs américains reçoivent trente cinq fois plus de contraventions que les Blancs . Là-bas, ce sont encore les pauvres qui renflouent les caisses des Etats et des villes défaillantes !

    La formation d’un policier tel que Darren Wilson est essentiellement axée sur le combat :

-cinquante huit heures de cours de tirs

-quarante neuf heures de tactique de défense

-dix heures de communication

-huit heures de tactique de « désescalade » .

 

Après cela, on s’étonne que Darren Wilson tire avant de réfléchir et s’emmêle dans ses multiples contradictions.  La police américaine s’honorerait en changeant radicalement de paradigme.

    La ville de Ferguson dépense quatre fois plus d’argent pour l’achat d’uniformes flambant neufs que pour la formation de ses agents.

     Enfin, Ferguson qui est une banlieue chic noire, totalise cinquante trois policiers dont SEULEMENT quatre Noirs …Pourquoi ?

 

           UN HEROS DE L’AMERIQUE RACISTE ?

 

    Darren Wilson n’éprouve donc aucun remords un an après avoir assassiné son jeune compatriote .  Pire, il affiche une désinvolture choquante qui dit davantage ce qu’il est que ce qu’il cherche désespérément à cacher . Devenu propriétaire d’une villa grâce aux 500000 dollars réunis par ses supporters, réconforté par les milliers de lettres de soutien reçues depuis son forfait, le « cop » de Ferguson reste droit dans ses bottes et emploie volontiers un langage codé pour stigmatiser les jeunes Noirs qui « sont absorbés par une culture différente » . De quelle culture parle cet homme qui n’en a pas un échantillon sur lui ?  Avec sa femme Barb, également policière, ils fréquentent désormais les « endroits où les gens ne sont pas mélangés ». Ce langage cousu de fil blanc ne trompe personne en Amérique, ni dans le reste du monde.

    Un observateur un peu plus perspicace que les autres a remarqué que Darren Wilson présente plusieurs coupures au visage, consécutives à son rasage matinal . Aurait-il une main qui tremble ?

    Quant à ceux qui s’attardent sur les yeux bleus et profonds de Darren Wilson, je leur rappellerais volontiers que Reinhard Heydrich, le bourreau de Lidice, l’homme de la conférence de Wansee les avait aussi .

 

 

    Faire de Darren un héros en Amérique ? Pourquoi pas ? A condition de préciser que c’est un héros pitoyable d’une certaine Amérique pourrie par la ségrégation raciale, nostalgique de tenues blanches à masques pointus, qui profite de la tenue de policier pour tuer impunément des Noirs au XXI ème siècle sans soulever beaucoup d’indignation .

    Bertolt  Brecht dans La Résistible Ascension d’ Arturo Ui se désolait déjà du « ventre (qui) est encore fécond » . Oui Mesdames,  Messieurs,  Darren Wilson, l’homme qui est entré dans la police parce qu’il a peur des Noirs, qui les tue sans remords ; cet homme-là vient d’avoir un enfant !   

 

 

                                            David KOULAYOM-MASSEYO.

 

 

(Mise en ligne : 17/08/2015)