RCA : LA CARTE MAITRESSSE SELON L'ONU

ET LA FRANCE




Et voici que l'ONU sort de son chapeau un slogan : << Bambari zone sans armes >>, à répéter comme un mantra, pour espérer conjurer les agissements des forces sécessionnistes à Bambari.

Monsieur Ladsous qui l'a lancé ne s'est même pas donné la peine de l'assortir d'une menace : la Cour pénale internationale ne fait plus peur. Les Africains ont trouvé la parade à ses nombreuses accusations, qui semblent les viser exclusivement. Elle serait négrophobe.

Donc l'ONU ayant décrété la paix, plus rien ne saurait contrecarrer l'élection présidentielle. Qui redevient la priorité des priorités, la panacée, l'ultime remède à la crise centrafricaine. La population de Bambari peut s'époumoner : elle se trompe quand elle menace de se retirer du processus électoral. La présidentielle viendrait cicatriser d'un coup de baguette magique toutes ses blessures.

Reste à convaincre une population meurtrie par les exactions et ballottée comme des fétus de paille entre les vagues des groupes armés. Reste à convaincre des habitants qui ont perdu leurs repères, entre fuite en brousse et regroupement dans les camps. Reste à convaincre tous ces hommes qui n'ont jamais voté dans leur vie, que la présidentielle est une affaire d'importance, qui passe nécessairement avant leur sécurité.

Les propos de l'ONU traduisent-ils son désenchantement ? A Bangui, on les considère au mieux comme un << engagement >> à pacifier Bambari, et au pire, comme une réponse dilatoire aux problèmes d'insécurité. D'ailleurs sur le terrain, les armes rebelles qui contrôlent la ville ont abattu sans raison un agent subalterne de la préfecture de la Ouaka.


FUITE EN AVANT


Le slogan de Monsieur Ladsous n'est qu'un vœu pieux, un coup d'épée dans l'eau, pour une population échaudée par une série de fiascos. La nomination d'un Premier ministre musulman ne devait-elle pas sceller la réconciliation ? Le Forum de Bangui, en mai dernier, n'avait-il pas entériné la fin du conflit ? En remontant le temps, le départ de Djotodja et son remplacement par Cathérine Samba Panza, n'avaient-ils pas suscité beaucoup d'espoir et même de l'enthousiasme ?

On a aujourd'hui l'impression que la crise centrafricaine échappe à toute solution. Au moment où on la croit finie, elle réapparaît, comme un fantôme, mais avec une virulence telle qu'elle met en débandade les populations démunies et sans cesse sur le qui-vive.

Déclenché par des apprentis sorciers, le conflit est aujourd'hui entre les mains de l'ONU et de la France. Ces dernières, dans un souci d'harmoniser leurs positions, parlent souvent d'une même voix. Elles vont bientôt abattre ce qu'elles considèrent comme leur carte maîtresse : l'élection présidentielle.

En attendant, le tissu social continue de se déglinguer : quand on ne tue pas pour une moto, on torture à mort une adolescente de onze ans, Ornella, accusée de sorcellerie. Généralement portée contre les enfants et les vieillards, c'est-à-dire des gens sans défense, cette infamante accusation qui n'est jamais étayée, est presque toujours punie de mort. Ornella a été assassinée par sa tante et son oncle qui sont pires que des sorciers : des assassins d'enfant.

Le dictateur Bokassa avait, en son temps, réussi à mater les Talimbi, une espèce de sorciers qui sévissaient au bord de l'Oubangui. Leur soi-disant pouvoir maléfique n'avait rien pu faire contre l'empereur. Ils se sont mis en hibernation jusqu'à ce que l'inertie de ses successeurs les tire de leur torpeur.

Messieurs les accusateurs, les véritables sorciers, c'est vous. Malheureusement, la prolifération de vos crimes, par ces temps de malheur, atteste indubitablement que le pays est en régression.



Anatole GBANDI (13 septembre 2015)