L’aide internationale à la Centrafrique et quelques unes de ses aberrations.

 

Si vous vous proposez d’offrir une petite fortune au centrafricain de la rue, pourquoi penseriez vous que celui-ci refuserait d’accepter l’offre?  Le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) avait été prévu en Centrafrique pour affecter 8.000 individus qu’ils avaient décidé d’appeler combattants.  Nous nous étions toujours demandés de quelle guerre ou encore de quelle bataille il avait été question?  Ou bien est-ce qu’il s’était agi de groupes d’individus qui avaient tué, brûlé des villages, violé des femmes, volé des biens, et fait fuire dans les matitis de nombreuses familles qui n’avaient aucun compte à rendre à propos des actions du gouvernement de Bozizé ou des manigances des divers partis politiques? Pour tout ce qui précède, vous doutez-vous que ces combatants et leurs commanditaires refuseraient toute forme de récompense stipulée par ce DDR, surtout dans les circonstances économiques et financières extrêmement contrastées dans lesquelles les politiciens et les rébelles avaient plongé le pays tout entier?

 

Nous laisserons au lecteur et à tous ceux qui avait applaudi la promesse de la manne du DDR, la liberté de continuer à penser que celui-ci avait été et demeure la meilleure des stratégies pour faire taire les armes et ramener la paix en Centrafrique.  Coupons ensemble cet oignon de DDR en rondelles et voyons si nos yeux ne s’en irriteraient pas à la fin.  Si nous considérons que ces 8.000 centrafricains recensés, avaient été identifiés comme ceux qui avaient fait du tort à ceux qu’ils avaient considérés comme leurs frères, comme leurs soeurs, ou comme leurs enfants, nous nous demandons d’où était née l’idée de les récompenser pour les actes odieux qu’ils avaient commis à l’endroit d’autres centrafricains?  Si ce DDR est ce qui convient, dites nous quand cette même initiative sera offerte prochainement aux hommes du LRA ougandais de Joseph Koni, afin que ceux-ci laissent la population du Haut-Mbomou en paix? Est-ce que ce genre de payment de rançon à des groupes terroristes ou à des bandits avait été une pratique acceptée par les gouvernements des grandes démocraties dans le monde?  Ne conviendrez-vous pas avec nous que ce genre de règlement à l’amiable n’avait jamais arrêté ces groupes de toujours demander plus?  Comment ces centrafricains s’étaient-ils procurés ces armes?  Qui avait été les financiers de leurs basses oeuvres? Qui avait été leurs fournisseurs?  N’est-ce pas en répondant à ces questions simples que l’on pourrait avoir une vue plus large et se permettre de proposer des solutions justes et durables aux problèmes de paix ou de sécurité en Centrafrique?  Est-ce que ce DDR empêchera ces mêmes hommes à entrer à nouveau en possession de nouvelles armes en tout genre qui circulent dans la région?  Si la réponse à cette dernière question est négative, nous devrons donc conclure que le DDR est passé à côté du panneau sans faire mouche.  Puis, il y aurait d’autres questions du genre quelles seraient les origines de ces armes?  A-t-on jamais identifié ces marchants d’armes de guerre et leurs démarcheurs qui sont au bon soin des régimes politiques en place dans la région?  Une autre question plus fondamentale consisterait à se demander si le Binuca, la Minurcat ou la Micopax n’auraient pas dû s’attaquer pour ce qui les concerne aux véritables sources du problème de sécurité de la population centrafricaine au lieu de s’occuper essentiellement de sa représentation et d’évènements protocolaires.  Le rapport récent de la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies devant le Conseil de Sécurité reconnaissait les empêtrements administratifs et les malversations qui constituaient une entrave à l’exécution du DDR en Centrafrique.  Mais n’est-ce pas une raison supplémentaire pour rejeter ce modèle d’intervention caduque et inadapté?  Cependant pour des raisons de fierté, d’orgueil ou autre, les guérisseurs des maux centrafricains avaient manqué le courage pour faire arrêter cette aberration. Qui oserait dire aux Nations Unies que le DDR n’est pas taillé pour la Centrafrique

 

Cherchons également les responsabilités dans le pays.  Il s’agirait de 8.000 individus que leurs complices avaient considérés comme des personnes honorables qui mértiaient d’être appelés combattants comme si ceux-ci étaient allés au front pour défendre leur cher pays contre l’agresseur.  Ne méritaient-ils pas tous, en réalité, d’être envoyés dans des camps de ré-éducation pour y faire pénitence?  Mais enfin, ces centrafricains ne sont-ils pas l’évidence des mauvais résultats et de l’échec du système éducatif dans les écoles, les lyçées et collèges et les institutions d’enseignement professionnel et supérieur dans le pays?  Les régimes politiques dans le pays et dans les pays voisins avaient été incapables d’offrir à leur jeunesse une éducation moderne et civique adaptée et des filières de formation professionnelle en rapport avec les besoins économiques réels du pays.  Ces mêmes régimes s’étaient essentiellement occupés à se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir à cause de la richesse du trésor publique et à cause des assistances financières octroyées au gouvernement par les diverses institutions internationales d’aide , au lieu d’avoir des ministres et des députés qui pensent véritablement à des programmes de développement de leur pays.  A l’exception de l’effet publicitaire, ces régimes n’avaient jamais pensé véritablement au développement des petites et moyennes entreprises, au développement des entreprises agricoles familiales ou à la création d’emplois pour leurs concitoyens dans les divers secteurs de l’économie.  Mais n’est-ce pas une honte pour un régime quelconque de lire dans la presse nationale qu’il y aurait famine dans les villes du pays, alors qu’aucune information émanant de la FAO aurait indiqué la présence des criquets dévastateurs de récoltes ou une baisse anormale de la pluviométrie ou d’autres infestations phyto-sanitaires dans les zones agricoles du pays.  Selon nous la résolution de ce problème de grand banditisme aurait du être abordé sous les angles de l’éducation civique, de la formation professionnelle et de l’emploi dans les zones rurales en particulier.  Nous lisions l’idee de faire obtenir le permis de conduire à ces combatants.  N’était-ce pas une idée géniale!

 

Pour ce qui concerne le grand projet de jeter aux orties la coquette somme de 20,85 millions de dollars évoqués dans ce rapport devant le Conseil de Sécurité, nous défierons les donateurs qu’un groupe restraint de centrafricains patriotiques pourrait mieux faire et donner de meilleurs résultats, autre que la numérisation des listes d’électeurs et l’organisation de scrutin pour uniquement satisfaire des égos ou des contrats, étrangers à la véritable préoccupation de la majorité des centrafricains.  A qui donc profiteraient ces initiatives qui frôleraient l’escroquerie et qui plongeraient davantage la Centrafrique dans la faillite économique et le marasme social?  Est-ce que la Centrafrique devrait craindre pour sa sécurite alimentaire malgré tous les atouts naturels que le pays aurait en sa faveur?  Si ceux qui devraient délier les bourses insistent pour l’exécution du DDR et des élections, nous leur proposerons de donner le poisson au peuple centrafricain.  Peut-être qu’après être passés de vie à trépas, le philosophe chinois Confucius leur rappellerait qu’ils avaient oublié d’apprendre aux centrafricains à pêcher le poisson, afin de sortir par eux-mêmes leur poisson de l’eau pour la consommation.  Pour finir, nous défions tout le monde de trouver les meilleures solutions possibles aux problèmes difficiles du pays, pour ramener la paix en Centrafrique et la faire durer pour le bien de tous.

 

Jean-Didier Gaïna

Virginie, Etats-Unis d’Amérique

(Sam 3 juillet 2010, 22h 43min 18s)