Centrafrique : Entre catéchisation et fétichisation de l’unité nationale par approximation successive et par instrumentalisation de la pauvreté toxique ; quelle est la problématique de campagne des élections générales d’Avril 2010 ?

 

Cet article s’inscrit dans la série des deux précédents ; questions sur la bonne gouvernance et la bonne gouvernance en question (cf. les livraisons de Sangonet et l’Indépendant) puis « lettre sans complaisance aux forces vives de la nation » (cf. les livraisons de Sangonet, l’Indépendant et le Confident, en juillet 09). A en croire le site du journal « LeConfident . » et son horodateur, le deuxième a été lu par près de 11.000 internautes. Que ces internautes et le journal trouvent ici, l’expression de toute ma gratitude.

Qu’est-ce qui justifie la rédaction de celui ?  Deux questions de l’actualité brûlante m’ont poussé à cette entreprise d’élucidation.

- La première porte sur la multiplication des accords économiques qu’initient les institutions internationales avec la République Centrafricaine ; qu’il s’agisse des accords avec la Banque mondiale ou celui, de défense que signera très prochainement le gouvernement français avec celui du Général-Président.

- La deuxième question est celle de savoir dans quel état, l’Etat Centrafricain amène-t-il et sans état d’âme, la démocratie en Centrafrique aux élections de 2010 ?

Pour tenter de répondre à ces deux questions, j’ai élaboré une grille d’analyse sinon une clef de lecture que je nomme « STS ; Sciences, Technologie et Société » afin de faire affeurer l’analyse socio économique à partir de l’observation de la culture politique dominante. Ainsi, au travers de cette grille d’analyse ou ce tropisme, je tenterai de répondre aux deux questions, sans oublier de pointer du doigt, les problématiques qu’elles induisent à quelques mois des « probables élections d’Avril 2010 »

 

1) De nombreux auteurs d’articles lient le problème des accords émanant des légitimités supra nationale au soutien éventuel à Bozizé. D’autres ne vont pas par le dos de la cuiller, en prêtant au gouvernement du Général-Président des vertus  dont celles de sa capacité d’assurer une bonne gouvernance. Renouveler des accords n’a pas pour corollaire l’approbation des politiques publiques du régime en place. La doctrine de la Communauté internationale a toujours été invariablement la suivante. Maintenir les liens avec un Etat indépendant même s’il est gouverné par des dictateurs. La constance de cette doctrine ne s’est jamais démentie depuis les régimes défunts de Bokassa, Dacko II, Koligba et Patassé.

Ne tombons pas dans les approximations et demandons à Bozizé de rendre des comptes ; en d’autres termes, chaussons les bonnes lunettes de la vigilance politique pour renvoyer dans les cordes, Bozizé s’il le faut.

 

La rhétorique que les groupies injectent dans les esprits et qui accréditeraient l’idée que le Général-Président est un démocrate voire un initiateur de bonne gouvernance n’est que de la poudre aux yeux et de la propagande affligeante. Il appartient aux électeurs Centrafricains, aux organisations concourant à la démocratie ; partis politiques et autres composantes de la société civile d’infliger, par leur vote à Bozizé ou tout autre candidat, qui ne remplirait pas les conditions préparant la Centrafrique pour les cinquante ans à venir, une cinglante défaite .

 

2) Pour ce qui est de la deuxième question, elle vise à faire un état des lieux des valeurs de la République et du socle commun de la démocratie depuis les dix dernières années.

            a) La démocratie en Centrafrique ; depuis ces dix dernières années est dans un piteux état. La démocratie ; fondement et mode de fonctionnement des institutions Républicaines, est malmenée. Elle est criblée de balles émanant des tirs groupés de toutes les oligarchies, qui s’affrontent dans ce pays ; Etat-marché et Religion-Armée. La seule culture politique dominante d’accès au pouvoir est le coup d’Etat ou la rébellion armée ; avec ce que cela implique comme enfants associés aux groupes et forces armés ; les EFGA. Le pouvoir en place a raté deux grands rendez-vous historiques avec la démocratie et l’unité nationale. 1) le Dialogue national et le Dialogue politique inclusif ont été de belles occasions pour des tribuns de la lutte des places et des carrières. A l’exception de Maître Pouzer- qui a réussi à démasquer l’instrumentalisation de la problématique sécuritaire ; érigée en sécuritocratie, chacun des intervenants à chercher sa place au soleil. L’institution qui en est issue ; la CEI n’a de parité que la façade et son responsable a préféré les lambris du paradis terrestre à ceux ; éloignés et inatteignable peut-être par lui, que sont les lambris du vrai paradis céleste. 2) l’abandon du Nord à l’emprise des entités et groupes armés ; ce qui revient à dire que c’est tout le processus de régionalisation du territoire, qui a été gelé depuis le 15 mars 2003.

            b) Les racines de l’unité nationale et des valeurs Républicaine, contenues dans la devise et l’hymne ; la Renaissance, sont rongées par les vermines des coalitions contre nature de toutes sortes. Des personnages sans envergure qui, dans d’autres pays d’Afrique seraient des « Cons », sont érigés, par convention ou connivence  de ces ubuesques coalitions en « icônes » (Pardonnez-moi cette figure de style ; volontiers prosaïque. Je voudrais que mes lecteurs et potentiels lecteurs prennent note de mon cynisme à propos de la question)

            c) La Centrafrique occupe un rang plus qu’honorable parmi les petits pays très endettés ; 72é sur 73. Elle est le pays le plus pauvre de la CEMAC et de toute la sous-région.

            A l’instar de la Somalie, on exhibe les enfants dénutris pour appâter l’aide humanitaire.  Au sujet des enfants dénutris et des enfants soldats qui prolifèrent, on peut s’interroger sur le niveau de respect par la Centrafrique, de Convention lnternationale des Droits de l’Enfant du 20 Novembre 1989, qu’elle a signée puis ratifiée. Cette convention – renforcée au fil des années par les différents protocoles additifs sur le travail des enfants et celui interdisant l’enrôlement des enfants dans les forces et groupes armés, repose désormais sur un socle régional qu’est la Charte Africaine des droits et du bien-être de l’Enfant.  Dans les régions laissées à l’abandon par le Général-Président, non seulement les enfants sont enrôlés de forces et/ou dénutris mais, n’ont aucune existence légale, c’est-à-dire les services de l’Etat-civil n’existent pas du tout. 

            Lors des rencontres entre les experts de la sous-région, les initiatives des plénipotentiaires Centrafricains ne déclenchent qu’hilarité. C’est le no man’s land du pouvoir militaire et la « terra incognita » de la quête de victoire sur la pauvreté par l’implication des populations et de la sécurité des transactions.

            La conjonction de ces deux représentations ont amplifié la marginalisation de la Centrafrique et entraver l’émergence des facteurs de progrès puis, ont continué à noyer toute une nation dans la régression. La Centrafrique est devenue le réservoir génétique de la médiocratie et de la sécuritocratie, par ceux là-même, qui avaient la charge de sa direction ; particulièrement ces dix dernières années.

A la lumière de ce tropisme , la Centrafrique est le paradis, par excellence de la fétichisation des campagnes politiques et, - non pas du la catéchisme - mais de l’ésothérisation du débat politique, par revendication d’appartenance à des loges. Tenter, même par tâtonnement, de résister à la narration habituelle pour analyser les manières dont les différents acteurs politiques conviennent ou combinent pour maintenir la population soit dans la résignation, soit dans la résilience, est un travail exaltant.  Pourquoi ? Ce paradis, tour à tour sanctuaire de l’impunité généralisée des oligarques, du dévoiement et de la bifurcation de l’aide publique internationale, est en route vers les élections générales tel un mouton qu’on mène à l’abattoir. Quelles sont les singularités ostensibles des élections, qui se préparent ? Comment identifier les acteurs et les institutions appelés à concourrir ? Il y a tellement d’inconnus, tout est quadrature du cercle pour l’électeur Centrafricain, que ce n’est pas faire œuvre d’intelligence, que de pronostiquer la victoire de François et son fils Francis.

 

Donc, pronostiquer que l’électeur deviendra la première victime de cette parodie est une façon de démontrer des évidences. Y-a-t-il dans les partis politiques et les organisations de la société civile- qui ne concourrent pas, des occasions qui permettraient aux électeurs notamment dans les grandes villes, de s’interroger sur les ressorts invisibles et les logiques cachées des multiples candidats ?

            Loin de réduire la question au champ sémantique, l’état de santé de la démocratie en Centrafrique mérite qu’étende l’analyse au champ sémiologique. Candidat déclaré d’un parti ou candidat indépendant ne se reconnaissant dans aucun parti, candidat se présentant à sa propre succession, tous les candidats ont en commun de n’éprouver, aucune gène, a fortiori, aucune hésitation à se mettre en lévitation, malgré la complexité du monde sous l’effet de la mondialisation.

Ils ont, pour certains, catéchisé leurs sorties publiques en s’autodivinisant, comme détenteur d’une révélation voire d’une certaine extra lucidité alors qu’ils sont plutôt des extra-obcurcisants. D’autres laissent deviner leur appartenance aux forces occultes par des pratiques ésothériques. L’homme politique Centrafricain se croit  présomptueusement surhomme de façon hystérique et, s’autorise la falsification unilatérale et tendancieuse de l’histoire de tout un peuple. Tous les candidats se sentent tous nantis d’une mission de rédempteur ; voire de messie et s’adressent aux électeurs prostrés par la pauvreté et la misère comme, s’ils s’adressaient à une marée de nains de jardins et  croyaient incarner le Christ de la multiplication de pains et de poissons. Lorsque ces candidats s’adressent à la population, non seulement ils ont une posture d’illuminés mais, pire encore, se croient en présence d’un peuple frappé d’amnésie collective ; eux qui agissaient notoirement et ostensiblement plutôt par pulsion et par improvisation, que pour impulser la construction cohérente de l’unité nationale.  L’homme politique Centrafricain, non seulement polarise l’unité nationale sur sa personne, ses intérêts et affiche la posture d’un être infaillible, mais n’a aussi qu’une représentation erronnée à la fois sur le plan géographique et sur le plan économique de la mesure de la maturité des Centrafricains. Que dire de ceux dont la politique se réduit à la théâtralisation de l’allégence !

            Le regain d’un intérêt analytique de l’état des lieux, à quelques mois des élections générales, plonge ses racines dans le déni de l’homme politique Centrafricain du nouveau rapport qui s’est installé entre lui et la nation ces dix dernières années. C’est un rapport de méfiance et de défiance consécutive à la rupture de confiance et à la dépossession. L’appréciation de ce rapport donne le goût d’avoir du dégoût, pour la manière dont cette population est représentée.

Je conviens avec mes potentiels contradicteurs qu’un tel exercice a d’énormes limites ; surtout quand on sait que la crise Centrafricaine , comme toutes les crises humaines et institutionnelles est multifactorielle.

Certains de mes contradicteurs, les plus courageux rangeraient la présente tribune dans la catégorie de tropisme d’insurgé alors que ceux qui ne perçoivent pas sa pertinence n’y verraient qu’une œuvre de subversion ; voire de disséminateur de sophiciades. Ce travail récuse l’invective comme moyen d’amener en public, le présent débat  et, soutient la thèse d’une reconnaissance du droit à la critique, à ceux qui, comme moi, n’ont ; certes pas la légitimité politique mais se nantissent de clef de lecture ou tropisme d’analyse, sans que cela ne revête l’allure d’une quelconque prescription ou ordonnance médicale pour leader de société en crise.

 

: 2010 ; une campagne vertiginogène par sa dimension hérétique, son ton trivial, sa perfidie et l’anomie comme moteur. 

           

«  Nous cessons de vivre, le jour où nous taisons ce que nous savons déterminant pour le devenir des autres » Rév Martin-Luther King (notre adaptation)

 

Le fait institutionnel marquant de l’histoire de l’ex-empire de Bokassa 1er est que, le Général-Président au pouvoir d’abord par coup d’Etat du 15 mars 2003 puis après les élections de 2005, a euthanasié un régime moribond. Le mal dont souffrait le régime défunt était ; entre autre le culte du légalisme fondé sur la victoire électorale sur un autre régime. Le légalisme triomphant s’est mué en véritable gangrène ; et confinant à une pathologie de type addiction congénitale à entretenir la zizanie

Pour autant, l’homme du 15 mars s’est plus mis à l’abri, que n’a apporté de solution à la problématique de lutte contre la pauvreté toxique. D’ailleurs, les évènements du 15 mars 2003 ont toutes les caractéristiques de double revanche ; se mettre à l’abri du fait qu’un Président civile a commis un crime de lèse majesté en rétrogradant un militaire accéder au pouvoir par coup d’Etat après le rejet par le suffrage universel de 1982 où, moins de 1,5% d’électeurs se sont portés sur son nom.

 

Qu’ils accèdent au pouvoir par coup d’Etat ou par le suffrage universel, les régimes politiques, qui se sont succédés en Centrafrique, ces dix dernières années, se caractérisent par un manque pathologique de projet de société. Les politiques publiques n’ont jamais considéré que l’implication des collectivités locales et des composantes de la société civile ; notion dont les contours sont flous, confus et diffus.

 

A l’exception de l’apologie de la sécurocratie sur fond d’autocratie, la société n’a guère été organisée et structurée, ni autour d’un métier ni d’une tradition professionnelle. La seule forme moderne d’organisation sociale est le syndicalisme des élites. Rares sont les occasions où j’ai remarqué les   syndicats des fonctionnaires ; tout corps confondu, s’indigner du sort qui est fait aux ouvriers, artisans de taxis, petits commerçants et autres paysans. Si c’est une tare, la Centrafrique n’est pas la seule nation au monde, à en souffrir. Ailleurs, on s’efforce de bâtir, d’édifier des institutions fiables, crédibles, fabriquant des réponses pérennes et structurelles pour relever le défi de la pauvreté.

 

Depuis dix ans, la sécurocratie a handicapé la sécurité des transactions les plus élémentaires.

Les politiques publiques de construction de connaissances scientifiques pour décrypter, disséquer les facteurs handicapant la non implication des composantes de la société n’existent pas. Les logiques qui ont toujours guidé l’offre politique Centrafricaine dans sa globalité sont des « invariants », des broyeuses d’idéologie et de l’autocratie brouillonne, qui ne se nourrissent qu’avec le sang de ceux qu’elles ont stigmatisés. Les logiques explicatives ou compréhensives de l’implication dans la lutte contre la pauvreté ne recoivent guère l’adhésion des régimes au pouvoir.Quand la rue les interpelle, ils répondent à coups de grande ou d’intimidation par des assignations au nom des troubles à l’ordre public.

 

 Le corrolaire des premières logiques est la montée de l’esprit courtisan, la prolifération de foyers et fabriques d’affirmations péremptoires et d’approximations et d’arrogances. Le défunt régime s’était, en son temps, entouré d’apprentis sorciers, des tirs au flanc, des fieffés artisans de l’approche ethnocentriste des politiques publiques. C’était une véritable fabrique d’approximations et de doctrinaires des affirmations péremptoires. En logeant les fantassins de l’homme du 15 mars 2003 et sa cohorte d’oligarques à la même enseigne, on ne se couvre nullement de ridicule ; pire encore ; le Général-Président est entrain de préparer la Centrafrique à admettre une dynatie rampante.

            Ces logiques « invariants » ; Convertisseur Bessmer des libertés et des initiatives, est tristement célèbre, par son incapacité à disséquer les niveaux d’intrication et d’imbrication des liens ; en termes d’échanges internationaux avec la sous-région et le reste du monde. La trame de fond de la campagne qui commence ; est le déni pathologique des candidats, des   mutations sociales et de l’éveil relatif de l’opinion publique en Centrafrique ; il existe une presse différente de la presse officielle et il faut s’en réjouir.

 

La référence à la religion, les allusions aux saintes écritures sont des hérésies à coupler le souffle et n’ont de sens que pour servir de sédatif et d’anesthésiant. Au lieu de traiter les gens comme ils devraient être, on les traite comme ils sont. Le discours religieux et politique sont cousus, volontairement de fil d’émotion que d’invitation à la réflexion. Il est sur un fond de théologie de la libération ; non pas contre le Marxisme-Léninisme mais par pitié pour les oubliés du capitalisme post colonial avec ses excès que sont la corruption et la mauvaise gouvernance. L’appel aux offrandes et à la pratique des la solidarité entre les croyants, évoque les « indulgences » et prend des allures de campagnes de culpabilisation. Les tribuns et scribes ; révérends et prélâts ne s’engagent nullement à faire une bonne utilisation de ces deniers et, par courtoisie élémentaire à rendre compte aux généreux donateurs.

            Partant du postulat que les Centrafricains sont dans leur majorité un peuple peu belliqueux et coopératif, les candidats instrumentalisent, sans scrupule les Saintes écritures et se livrent à un étalage éhonté de théologie apocryphe, dans le seul but d’amplifier le phénomène de la dépossession d’une population déjà désemparée ; tantôt résignée, tantôt résiliante. On voit monter de façon ostensible et notoire une sorte de connivence entre les oligarchies religieuses et militaires. Les premières, servant de verni et/ou cosmétique aux secondes. Les institutions de la République ; garant de la démocratie sont sous les ordres des oligarques religieux : un vrai prélât à la médiature et un autre vrai –faux pasteur à la tête de la Commission électorale indépendante.

 

Les révérends et autres prélats ; supposés être les témoins du Christ sur terre, au lieu de prendre faits et causes pour la veuve et de l’orphelin, se disputent les places les plus juteuses au sommet des institutions de la République et rivalisent de forfaiture et concussion avec les oligarchies civiles et militaires. Nombreux sont les candidats qui se sont entourés d’hommes religieux s’étant autoproclamés « prophète ». Or, selon les Saintes écritures ; I Cor chap 12 et 13, la prophétie est un don. Elle se définie comme la détention de la science de tous les mystères. Dans le nouveau testament, celui en qui on reconnaît ou on détecte le don de prophétie n’est pas un maniaque de toutes les médiocrités les plus achevées qui soient. On ne peut apprivoiser pour soi un prophète.

           

Après 50 ans d’indépendance, de nombreux pays d’Afrique ont réalisé que pour lutter contre la pauvreté des populations, il faut entreprendre de rompre le lien séculaire entre le Couple Etat-marché et entamer l’élaboration des mécanismes de régulation dans le conflit entre le Capital et le Travail. Le fonctionnement du couple Etat-marché a pour corollaire le sens que l’on donne au pouvoir politique. Il est patrimonial, autocratique et à caractère clientéliste alors que la dimension « marché » offre l’opportunité de vendre pour soi, de distribuer pour son égo, les concessions et licences d’exploitation des matières premières et autres produits d’exportations. La connivence des multinationales pour le contrôle des puits de diamant ou d’uranium sont de nature, à rendre fort celui qui est l’homme fort, à la fois sur le plan religieux, militaire et politique.

 

Pendant que des changements s’amorcent ailleurs en Afrique, la seule alternative qu’offrent les diverses oligarchies en Centrafrique est de renforcer la connivence du couple « Religion-Armée. » Si l’on ne prend garde, une théocratie qui ne décline, ni son identité ni son nom, se met insidieusement aux manettes des institutions de la République et confisquera à termes la démocratie et la laïcité. Le danger, qui guettent nos libertés, notre potentialité à réfléchir, à faire éclore les mécanismes de respect des droits de l’homme, est de voir les disciples de Raspoutine de toutes les obédiences, s’incrustrer dans les hauts lieux de la République et déployer, sans le contrôle de personne, sans aucune vigilance institutionnelle, leur art de la manipulation et du contrôle des esprits notamment celui des plus fragiles et vulnérables par le fait de la pauvreté et la misère.

            Depuis les dix dernières années, l’unité nationale n’a jamais été aussi mise à mal. Son tissu s’effiloche à grande vitesse. Sa trame se détricotte par la convergence de confusions et d’obscurantisme, que l’on ne trouve nulle part ailleurs sur cette planète. Quand ce tissu est considéré, comme sale par ceux là mêmes qui s’autoproclament rédempteur, par le seul fait qu’ils se sont entourés de sécurocrates, on le lave ; non pas en famille mais avec la lessive de l’obscurantisme et de la confusion. Par exemple, la confusion entre le registre « spirituel » et le registre « spiritiste ». Notre offre écclésiatique est truffée de révérends et prélats se disant « prophètes » mais ne sachant rien à l’exégèse et à l’herméneutique. Des pasteurs fourbes, véreux et validant à la sauce biblique les impostures des autocrates narcissiques, envahissant et en puissance. L’apôtre Paul désignait ces impostures, sous le vocable de comportement de « crétois ». Ce sont des comportements, qui consistent à profiter de la pauvreté et de la misère, pour jeter leur dévolu, avec la complicité des politiques, sur les esprits fragiles et vulnérables.

Le registre spiritiste est le gisement à ciel ouvert de la culture d’allégence et d’obséquiosité, qui est inerte à toute initiative de changement, ayant pour moteur, l’accès à l’émancipation communautaire, soit des individus soit des collectivités locales. 

Comment sortir de cette spirale du décrochage ? Ces élections générales ne sont-elles pas l’occasion pour les forces vives de Centrafrique de préférer des hommes d’Etat aux hommes politiques, de désarmer les braqueurs des conditions de leur émancipation ? Est-on en droit de compter sur la presse pour donner les clefs de lecture sans tomber dans le travers de la calomnie et le discrédit des candidats.

 

II : Sortir la démocratie de l’otisme et de la myopie des postulants actuels pour l’ancrer dans la participation et l’implication de tous

 

« Comment peut-on parler de démocratie avec un peuple à genoux »

Célestin Freinet. ( notre adaptation)

 

A l’aune du tropisme par lequel, j’ai analysé l’état des lieux et le comportement des acteurs et institutions, si rien ne se fait en Avril 2010, cette seconde moitié du premier centenaire des indépendances resterat identique à la première. 

Ce prisme me permet de mettre en lumière deux problématiques évidentes pour les années à venir mais qui n’effleurent mêmes pas les esprits bien pensants des leaders politiques.

 

1) La peur de tomber en disgrâce des plus fragiles, fonde-t-elle à elle seule, l’enracinement de la culture de l’allégeance et de théâtralisation vertiginogène des composantes des différentes oligarchies ?

 

2) D’où l’oligarchie militaro-religieuse tire-t-elle la légitimité du caractère sacerdotal, voire épiscopal de sa vocation politique ?

            La démocratie en Centrafrique est sommée par la mondialisation de faire sa mue, si elle veut capter les externalités positives des technologies pour déclencher des transformations favorables pour sa population dans les années à venir. La dite métamorphose doit s’opérer aussi bien sur le front interne que sur le front international, par une reconfiguration radicale de l’architecture d’ensemble, à commencer par le profil d’homme politique. Qu’il (elle) soit représentant de l’autorité administrative ou du pouvoir politique, il (elle) doit avoir à la fois   les compétences et les qualités de sculpteure et d’architecte de l’unité nationale, de détecteur de levier de transformation et être celui ou celle,qui initie et inspire des logiques et des dynamiques explicatives et comprhensives aboutissant à repérer les facteurs  saillants et générateurs de pauvreté et qu’il convient de combattre.

 Sur le plan international, la République et la démocratie doivent exiger le respect en Centrafrique et par la Centrafrique des conventions internationales portant particulièrement sur la sauvegarde, la promotion et défense des droits civiques et humains et la sécurité des droits humains.

De mon point de vue, ce ne sont pas les vies humaines qu’il faut broyer avec une cruauté légendaire ou le recours à des humiliations et des pratiques vexatoires qui bloquent l’insertion dans les échanges internationaux et retardent l’intégration et le rayonnement sous régional. C’est la non participation et l’implication des communautés humaines et territoriales au développement. Or, la cléf de voûte de l’éducation au développement est la formation dont le vecteur essentiel est l’appropriation.

            a) La participation et l’implication des communautés humaines et organisations territoriales impliquent des politiques publiques fondées sur un programme d’éducation et d’émancipation considérées comme de véritables leviers de transformation. L’idée de base aurait pour objectif de donner aux acteurs et institutions impliqués dans un projet, des capacités et des possibilités d’action. C’est le savoir relatif à l’action qui serait mis au premier plan, plutôt que le savoir relatif au fait. La participation doit s’entendre comme une implication des communautés humaines et territoriales dans la vie sociale et économique sous l’impulsion du pouvoir politique. La caractéristique réside dans le fait que ce ne sont pas seulement des institutions sociales établies  et des individus qui tentent de formuler et de réaliser leurs objectifs au sein de processus participatifs, mais également des groupes se constituant de manière autonome et allant au-delà des clivages administratifs classiques ; ce que j’appelle les territoires communs d’origines et/ou les unités productives communes en matière d’ activités de pêche artisanale, voire de toute autre activité susceptible de faire éclore une filiarisation . Le temps de croissance baptisé « temps de vaches grasses et temps de vaches maigres » dans le livre de la Genèse et sous l’impulsion de Joseph ne consiste pas à décréter trois jours de prière et de jeûne ; faut-il encore avoir un même Dieu, une même adhésion à une certaine justice et  l’adhésion aux mêmes principes de répartition et de régulation. De ce point de vue, les olygarques sont d’authentiques et fieffés fabricants de théologie apocryphes.

La problématique de participation et implication est suscceptible de catalyser la réflexion et l’action au sein de tous les partis politiques, des organisations composant la société civile, car, elle met en mouvement des notions d’organisations sociales et de structuration de la société autour des concepts de parties prenantes et d’entités.

En tant que problématique de développement, elle peut susciter l’intérêt de nombreuses ONG et autres partenaires désireux de venir partager avec les acteurs locaux, leurs bonnes pratiques C’est un formidable levier d’insertion aux échanges internationaux et de participation à la mondialisation. Envisagée sous le prisme de travail de recherche appliquée, les expérimentations qui en résulteraient généreraient des externalités technologiques dont la capture, par les populations et  communautés  territoriales impliquées, constitueraient de véritable levier de transformation.

 

b) Quant à l’ouverture à l’internationale, la démocratie Centrafricaine est plutôt une démocratie fabricante des déplacés au niveau interne et exportatrice des réfugiés pour les pays voisins.

En tant que pays le plus pauvre de la sous-région et un des plus fragiles à l’échelle du continent, il est étonnant que la problématique du respect en Centrafrique et par la Centrafrique des conventions internationales ne fasse pas partie des projets des postulants. Que la question n’occupe pas une place de choix dans les campagnes des Etats voisins non enclavés géographiquement parlant se comprend. Mais que la Centrafrique n’en fasse pas une pièce maîtresse de son futur projet, relève de l’amateurisme et c’est manquer de crédibilité pour les porteurs de projet politique

 

La participation à la communauté internationale ne saurait se réduire à jouer le « passager clandestin » ou à mettre en œuvre la théorie de jeu du dilemme du prisonnier derrière les autres chefs d’Etat dans la compétition pour le leadership régional. Dans ce cas, à l’instar d’un grand auteur, je dirais que la Communauté internationale est à la Centrafrique (République et démocratie) ce que le reverbère est à l’ivrogne. Il s’en sert pour s’appuyer davantage que pour s’éclairer. Les postulants à la magistrature suprême réduiraient-ils le rôle de la Communauté internationale et ses institutions spécialisées à n’être que des bailleurs de fonds, des pompiers des urgences humanitaires et des gendarmes pour les incrustrer longtemps au pouvoir ?

 

Conclusion :

Si vous pensez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance »

Abraham Lincoln. ( notre adaptation )

La démocratie en Centrafrique n’a pas d’autres choix que de passer du statut de la fin de l’adolescence au statut de jeune adulte à l’occasion de ces élections générales.Très  longtemps, l’approche politique des régimes successifs, et particulièrement ceux de cette décade a consisté à faire de cette démocratie plutôt un objet de leur protection paternaliste qu’un sujet de droit, titulaire de ses droits et capables de les exercer tant devant les tribunaux que dans les isoloirs.

La question au cœur de ces consultations tourne autour, non pas d’empêcher aux candidats de se présenter mais de fixer une exigence incontournable ; élucider les voies et moyens crédibles pour lutter contre la pauvreté et ancrer la Centrafrique à la communauté internationale par la naissance d’un Nouveau Pacte Républicain  sinon :

·       Refus de voter aux présidentielles et aux législatives pour les relais locaux des obédiences, les extra-lucides et les illuminés ; quelle que soit leur obédiance dont la FranceAfrique.

·       Refus de voter dans les deux cas pour ceux qui ont une addiction à l’instrumentalisation de la foi chrétienne à des fin de propagande politique et pour renforcer les racines de la culture d’allégeance et leur paternalisme rétrograde et non émancipateur .

·       Refus de voter pour les fabricants de politiques de fabrication des déportés et d’exportation des réfugiés et tous ceux qui véhiculent une approche messianique et rédemptrice de la lutte contre la pauvreté.

Gervais Douba

Université de Rouen

Vice Président DEI-France

Membre des réseaux « entrepreneuriat AUF et Académie de l’entrepreneuriat/OPPE.