JEUNESSE FRANCAISE ET IMMIGRATION

 

    J’ai déjà suggéré à ceux qui continuent de parler de « jeunes français issus de la deuxième génération » d’appliquer la même appellation à l’ancien président Nicolas Sarkozy, également issu de la deuxième génération de l’immigration hongroise . Aussi, il suffit de rappeler ici l’illégalité de cette appellation et conséquemment, l’abus, la non maîtrise du droit et  l’ingratitude qu’elle sous-tend en ce qui concerne les Africains en particulier et tous les peuples colonisés par la France en général .

 

    Quand la France engageait massivement les Africains pour la première et surtout la seconde guerre mondiale ( Goumiers marocains, Tirailleurs sénégalais, …), elle ne regardait pas beaucoup leurs couleurs ! Brazzaville était même devenue la capitale de la France . Mais les Hongrois et les Polonais « apportaient un peu de blondeur aux Français » dixit un instituteur du Nord-Est de la France dans un accès de franchise raciste . Il y a aussi des blancs blonds et bêtes suis-je tenté de lui rétorquer .

    Dans la bouche ou sous la plume de certains Français ( hommes politiques, journalistes, militants…), le mot « jeune » est fortement connoté : il désigne toujours les jeunes issus de l’immigration, ceux dont la présomption d’innocence est souvent bafouée, les Mamadou et les Mohamed …comme s’il n’y a pas de jeunes à Neuilly, dans le 16ème ou le 8ème arrondissement de Paris ! Ces « jeunes », grands, costauds et beaux obsèdent littéralement certains  hommes politiques, on peut même dire qu’ils leur « fichent » un complexe tel qu’il est à nouveau question de durcir l’arsenal répressif à leur égard dès seize ans .   Il ne faut pas se tromper de  combat . L’idéal n’est-il pas de donner des moyens égaux à tous pour réussir ? La France, ce pays qui a légué au monde sa Révolution, sa Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, qui a inventé la Sorbonne et l’ENA (anagramme de ANE ), dont la moitié de la population se déclare intellectuelle, que dis-je, ce pays que le monde entier envie …serait-elle devenue intolérante ? Montesquieu, Rousseau et surtout Voltaire vont se retourner dans leurs tombes !

Il est vrai aussi que les Révolutionnaires français, dans leurs petits calculs bourgeois ont « oublié » les femmes et les esclaves …

    Un futur Obama en France est une pure vue de l’esprit, une utopie ; néanmoins,  « nous devons apprendre à nous connaître, sinon nous mourrons comme des idiots » conseillait le Révérend Martin Luther King .

    La police française n’est pas condamnée à singer son homologue américaine : la trajectoire des deux pays est différente . Pourquoi humilier systématiquement les « jeunes » en transformant un banal contrôle d’identité en viol, donc en crime ?

Ces « jeunes », nés français, ne demandent qu’à vivre tranquillement dans leur pays, malgré l’épaisseur du plafond de verre, les regards en biais, la marginalisation ( ghetto de banlieues ) . Quel gâchis de discriminer autant de talents !

    Il y a une profonde hypocrisie de la part des hommes politiques français  à affirmer péremptoirement qu’ils présentent volontiers leurs pièces d’identité aux caissières des hypermarchés . Ces éléments de langage ne trompent personne . D’abord, ils ne font pas leurs courses eux-mêmes ou rarement, ensuite, on n’a jamais vu une caissière plaquer un client au sol et encore moins lui introduire une matraque télescopique dans le corps . Le jeune Théo et sa famille peuvent appeler au calme : la cause dépasse leurs personnes et leur cellule familiale . La forte réaction populaire traduit une forte tension dans la société française à deux mois de l’élection présidentielle . 

    La visite du Président François Hollande à Théo est louable . Seulement, l’aurait-il fait s’il était candidat ? C’est le moment de rappeler que s’il avait réalisé une de ses propositions –phares de candidat, à savoir, obliger les policiers à délivrer un récépissé à chaque contrôle policier,  peut-être que Théo ne serait pas violé !

   

     Aux descendants d’immigrés, ceux qu’on continue d’appeler invariablement « les immigrés de la deuxième, troisième, voire de la quatrième génération » de se lever pour investir les différentes sphères françaises et plus particulièrement la sphère politique pour peser sur le destin de ce pays et se faire enfin respecter . Pour commencer, ils doivent s’inscrire massivement sur les listes électorales pour voter . Ensuite, ils doivent se présenter eux-mêmes aux élections , histoire de ne plus laisser toutes les places aux hommes blancs en costumes-cravates qui décident de tout à la place des femmes, des Noirs et des Arabes . La res publica est affaire de tous .

 

                                         Le 24 Février 2017

                                         David KOULAYOM-MASSEYO .