La loi sur l’asile et l'immigration ou la « communauté sans étranger » en France est un leurre

 

La loi portée par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, est un leurre politique. Elle ne vise qu'un but : siphonner l'électorat de la Droite et laisser le Front national comme seule alternative face à La République en Marche. Tout le reste n'est que falbalas. En effet, le mythe d’une « communauté sans étranger » est entretenu depuis 1945 (1). Voici pourquoi.

 

1 – Dans la Richesse des Nations, son ouvrage phare, Adam Smith fait de l'intérêt personnel et de la division du travail les facteurs décisifs du progrès. Il laisse entendre que seule la libre circulation des biens, des hommes et des capitaux favorise une utilisation rationnelle des ressources naturelles dans le cadre de la division internationale du travail. Cette loi, établie par A. Smith dès 1776 et enrichie par David Ricardo en 1817 stipule que « l’État est capable de causer des inégalités bien supérieures [ aux conséquences de la dérégulation du commerce] en s'opposant à la libre circulation du travail et des capitaux entre emplois et entre lieux » (2).

 

2 – Ainsi, la politique du contrôle de l'immigration que veulent instaurer la France et « la police de l'Europe » (3), ainsi que les États-Unis, ne vise qu'un seul objectif : augmenter la rente capturée par ces pays au détriment des autres, en particulier les pays africains.

En effet, il est établi qu'en 2012, les pays pauvres ont reçu 1,2 billions de $ des pays avancés, alors qu'ils ont irrigué les pays riches à hauteur de 3,3 billions de $, soit un bénéfice net de 2 billions de $ en faveur de ces derniers.

 

Or la France figure parmi les plus mauvais mutualistes. Pendant le quinquennat de François Hollande, dont Emmanuel Macron était le ministre en charge de l’Économie, l’État français n'a consacré que 0,32 % de son PNB à l'aide au développement, alors que la référence fixée par les Nations Unies en 1970 est de 0,70 % !

Les meilleurs élèves en la matière sont le Danemark, La Suède, la Norvège, les Pays-Bas, la Grande Bretagne et l'Allemagne, avec une participation à hauteur de 1 % chacun.

Ainsi, le moins faisant est le plus disant !

 

Certes, le président Emmanuel Macron promet d'atteindre le pourcentage de 0,55 % de PNB d'ici 2022 – son mandat se termine en 2021 - ce sera toujours moins bien que François Mitterrand (0,56) ou Jacques Chirac (0,57).

 

3 – Dans le débat sur la future loi sur l'immigration, des voies notables se sont tues : les membres du Conseil présidentiel – ce conclave pour jeunes franco-africains qui se réunit une fois par mois à l’Élysée – sont devenus aphones ; et Jean-Paul Delevoye, ancien président du Conseil économique, social et environnemental et ancien maire de Bapaume, qui avait tenu un discours courageux et admirable sous la présidence de Nicolas Sarkozy, est silencieux et taisant depuis qu'il est devenu membre de la République en Marche !

 

Le général Charles de Gaulle aurait dit, à juste raison : « les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts » (4). En d'autres termes, une alliance ne sert que si elle tient les objectifs qui lui sont assignés, sinon on la change. Voilà la jeunesse africaine avertie. Elle sera réduite aux acquêts si elle ne se bouge (5).

 

En 2050, les Africains seront 1,5 milliards de citoyens du monde, dont quelques 5 à 600 millions d'éventuels locuteurs francophones. Sans eux, le Français sera, au mieux une langue vernaculaire comme l'Italien, au pis une langue morte comme le Latin. La France sans l'Afrique est une puissance rabougrie, à l'inverse de la Grande-Bretagne qui dispose d'une solide alliance avec le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande au sein du Commonwealth (6).

 

A bon entendeur, salut !

 

Paris, le 17 janvier 2018

 

Prosper INDO

Économiste.

 

1.      « D'ailleurs, j'ai bluffé, mais la première armée, c'était des nègres et des Africains » in Georges Pompidou : Pour rétablir la vérité, Ed. Flammarion, 1982, P. 127-128. On peut également se reporter à la conversation entre De Gaulle et Alain Peyrefitte du 5 mars 1959, in Alain Peyrefitte : C'était de Gaulle, tome 1, Ed. Fayard, 1994, p. 52.

2.      Adam Smith : La Richesse des Nations, Livre X, 2ème partie.

3.      Ibid.

4.      Eric Walther, in La Tribune n° 55, 5 juillet 2013, p. 8.

5.      Ainsi, voir le président de la République centrafricaine et son premier ministre accaparer 2,266 milliards de francs CFA de fonds spéciaux, dans le cadre de la Loi de finances 2018 de la Nation, alors que le gouvernement ne consacre que 351 millions de francs CFA à l'enseignement supérieur et 131 millions de francs CFA à la politique de l'emploi, relève de la stratégie « des biens mal acquis » et une vision de l'avenir si condamnables !

6.      Jean-Paul Ngoupandé : L'Afrique sans la France.