Réflexion 249. Services des morts et services en faveur des défunts. Par Isaac Benguemalet
 

 

Le 17 Octobre 2016

 

Isaac BenguemaletIl y’a services religieux et services religieux tout comme il y’a services religieux pour les morts, services religieux des morts, services religieux en faveur des défunts ou en faveur des morts et services religieux des défunts. Difficile à comprendre même par le plus versé dans la plus haute science ésotérique ou des religions de ce monde surtout de la planète en vigoureuse perte de repères et surtout de vitesse de croisière.

Malgré tout l’effort du conducteur spirituel, le monde est monde parce que complexe et difficile d’approche donc de compréhension. Mais il y’a des choses de ce monde qui marchent depuis que le monde est monde, et le monde humain, le monde animal, le monde végétal, le monde universel et le monde pluriversel, continuent eux de tourner à leur rythme sans trop se poser de question. Ceux d’entre ces mondes qui arrivent à le faire, sont des dieux ou considérés comme tels. Des histoires de rue, des histoires de monsieur tout le monde, sont là pour édifier qui le veut ou le souhaite. Le monde agricole et surtout rural en est rempli de ces anecdotes à dormir debout.

Chez les éleveurs transhumants, tant que les hommes n’auraient pas disparu de la terre, le cheptel du bétail de bovins, de baoulés, de ndamas, de zébus, ne finirait jamais. Entendre par les hommes aussi bien les vivants que les morts. Que ceux qui ont eu du temps avant la proclamation artificielle de l’indépendance du pays en perte totale de repère, surtout tous ceux qui habitaient la petite bourgade de Bouar doivent se rappeler l’histoire de ce commerçant Portugais, ces premiers usuriers de la belle époque avant les syro-libanais aujourd’hui. Il excellait dans le commerce de produits frais notamment de la viande de porc. Les réfrigérateurs de son magasin ne désemplissaient pas. Et pourtant l’élevage du porcin n’était pas de mise à Bouar. Tous les soirs ce commerçant, torche magique à la main entourés de ces agents allaient à la chasse non pas du sanglier espèce proche du porc, non ! Il s’agit bien de la chasse occulte contre les êtres humains vivants ou morts, une simple projection de la lumière de la torche, transformait la victime (vivant ou mort) en porc.

Des hommes d’église toutes confessions confondues les uns tous les soirs surtout le 1et le 2 novembre, journées des saints ou des morts, pour non pas rendre un souvenir mérité aux défunts mais beaucoup plus s’emparer des forces des esprits pour des activités éphémères de ce bas monde. Alors des prêtres sortent les nuits bougie et vivres de toute sorte dans les paniers se rendent au cimetière pour les offrir aux hommes de l’au-delà. D’autres prêtres attendent le service du jour pour convier les âmes d’outre-tombe à l’autel de grâce afin de les détenir captifs pour leurs travaux domestiques ou champêtres. Tout comme le font d’ailleurs les spécialistes du « Ngbin » ou du « kimbouazine » entendre les envoûteurs d’âmes des défunts. C’est pourquoi, tant que le pouvoir politique restera loin des journées de deuil en faveur des décédés, pour telle ou telle cause, les éternels journées des drapeaux en berne qui n’arrivent ni à effacer les douleurs ou à réparer dans le fond les problèmes, le pays s’en porterait que mieux. Car au lieu d’encenser les criminels avec les larmes de crocodiles ou des journées de prières au contenus parfois vide, il vaut mieux laisser les acteurs attitrés se saisir du problème et le résoudre avec les mêmes armes bien sûr sans outrepasser la mesure. Car laisser la violence faire son lit, c’est donner l’occasion aux violents de toute sorte de toujours penser que la voix du salut éternel est bien dans la loi du talion. Et ce n’est pas avec des concessions qu’on étouffe la violence, au contraire on la couve.

Le contrecoup à la violence reste l’intransigeance sur les moyens vigoureux à mettre en place pour la riposte. Ni les pleurs, ni les services religieux aux morts ni les services en faveur des défunts ne parviendront à résoudre durablement le problème de violence qui a sa racine lointaine dans le cœur de certains groupes d’hommes, ce, depuis des générations. Le processus de rectification de tout ce comportement doit utiliser les moyens à la hauteur des actes posés, au lieu de lésiner.