Lettre à mes frères et soeurs musulman(e)s de Centrafrique

 

 

Ni le Prophète Mohamet, ni Jésus Christ, ni Ngakola n’avaient donné les ordres de tuer cet autre centrafricain, parce qu’il ne le considérait pas comme un être humain. Ce ne seront ni Abakar Sabone ni François Bozizé ou les auteurs de la crise centrafricaine qui dicteront aux centrafricains des différentes confessions religieuses comment vivre en paix en eux-mêmes et avec les autres, et, créer une communauté nationale où il fait bon vivre, vivre heureux et libre des rêves et folies qui hantent ceux qui avaient la prétention d’être les véritables têtes à penser d’une révolution quelconque, utopique en Centrafrique. (Anonyme)


Le groupe rebelle Séléka sous la direction de ses chefs d’origines ou d’ethnies diverses était entré en Centrafrique et s’était dirigé sur Bangui pour, soi-disant, chasser François Bozizé du pouvoir, parce que les actions de son régime et des membres de son gouvernement ne savaient plus être au service des intérêts des citoyens centrafricains ou servir les intérêts la nation.

Nous conviendrons certainement ensemble que la majorité des centrafricains était non seulement fatiguée du régime dictatorial et incompétent de Bozizé, mais également épuisée des exactions constants, exercées par divers groupes de bandits appelés rebelles. Les dirigeants des rebelles, centrafricains ou étrangers, prétendaient alors offrir de meilleures alternatives économiques et sociales aux centrafricains ou donner des leçons de gestion plus judicieuses des affaires économiques aux dirigeants des autres partis politiques dans le pays. Toutefois, nul était dupe, car ces rebelles, leurs maîtres à penser, leurs conseillers spirituels, leurs parrains, et leurs financiers ne rêvaient que de la main-mise crapuleuse et des profits qu’ils tireraient de l’exploitation des nombreuses ressources naturelles du pays, sous n’importe quel prétexte, légitime ou fallacieux.

Cela nous avait fait beaucoup de peine au coeur de voir que ces nouvelles forces de la Séléka, constituées en majorité d’étrangers, d’origine tchadienne, soudanaise ou encore venus d’ailleurs, après avoir chassé François Bozizé du pays et réduit à néant tout ce qui représentait une certaine autorité ou un quelconque symbole de souveraineté nationale, elles s’étaient retournées contre les populations civiles de Bangui, des villes ou des villages de l’intérieur. Les forces de la Séléka s’étaient transformées en une force brutale d’invasion, puis en une force d’occupation de l’ensemble du territoire national. Pour ceux qui savent, ces hommes de la Séléka opéraient comme les fameux SS des forces Nazis qui avaient sévi en Europe et en Afrique du Nord. Vous remarquerez que lorsque la victoire avait semblé être acquise aux forces militaires de la Séléka, Abakar Sabone, leur porte-parole, n’avait nullement fait mention de partition ou de division de la République Centrafricaine quand partout dans le pays les forces d’invasion de la Séléka semaient la terreur et la désolation.

Les hommes de la Séléka avaient été ceux qui avaient humilié la majorité des centrafricains, à l’exception du reste de la population qui parlait soit les langues assimilées à l’arabe des ethnies du nord ou, soit qui pratiquait les rituelles de l’islam. La raison originale de chasser François Bozizé du pouvoir, à propos de l’intervention des hommes de la Séléka, s’était soudain métamorphosée, puis passée à l’exécution d’idéologies prétendument confessionnelles. Et toutes les exactions des hommes de la Séléka s’étaient déroulées méthodiquement et pendant longtemps à travers le pays, sans qu’une seule voix d’imam musulman se soit levée dans la mosquée du village, dans la mosquée de la ville ou dans les mosquées de Bangui, pour dénoncer les meurtres, les pillages, les rapines, les destructions de biens et autre crime qui étaient perpétrés par leurs co-religionnaires à l’endroit de leurs concitoyens des autres confessions religieuses.

Comment donc ces résidents tchadiens, soudanais, camerounais, maliens, sénégalais, nigériens, nigérians, en majorité de confession musulmane, qui avaient été accueillis à bras ouverts pendant des décennies dans les communautés centrafricaines, tant à Bangui que dans les villes et les villages de l’intérieur, étaient restés muets face à ces exactions ou encore étaient tombés en admiration quand les hommes de la Séléka donnaient la grande raclée à la majorité des centrafricains qui était innocent ou qui avait eu aucune responsabilité dans les mauvaises décisions et le dysfonctionnement systémique du gouvernement de François Bozizé et du KNK? Mais n’étaient pas déjà ces mêmes centrafricains qui avaient choisi de demeurer animistes ou de se convertir au christianisme, et qui avaient été, eux aussi, les victimes des anciens régimes et des partis politiques au pouvoir à Bangui, y compris le KNK de François Bozizé?

Dans leurs préparations, les architectes et dirigeants de la Séléka avaient sous-estimé les réactions, toutes aussi violentes, des chrétiens et animistes des villages. Ces populations, à défaut de recevoir une intervention quelconque rapide et musclée, venant de l’extérieur pour sauver leur peau, avaient conclu de se défendre eux-mêmes et de laver l’affront qui leur était fait. Sans discernement, il s’était mis à imiter les méthodes des agresseurs de la Séléka qui les avaient attaqués en premier. Ils avaient alors utilisé, non les armes modernes semblables à celles de leurs agresseurs, mais les moyens rudimentaires que l’on connait.


Et cela nous avait fait également beaucoup de peine de lire les reportages des évènements de Boda, de Carnot ou d’ailleurs et d’écouter les témoignages des tueries de musulmans dont nombreux étaient également nos frères, nos enfants ou nos amis. Il serait aujourd’hui temps de réaliser la gravité de la folie de tous ces évènements et de recouvrir nos sens en recherchant la vérité et en posant les questions essentielles qui pourraient éventuellement poser les pierres de la paix au sein des diverses communautés du pays.


Certes, la cupidité des hommes et femmes politiques en Centrafrique devraient être considérée comme ayant été à l’origine de la déconfiture du bon fonctionnement de ses institutions politiques, de son administration, de son armée nationale, et de toutes les infrastructures dans le pays. Les régimes politiques successifs à Bangui avaient nommé à des postes importants de l’administration publique, des individus fourbes et sans compétence véritable qui ne rêvaient à occuper ces postes que pour détourner à leurs profits les services, les fonds et les biens qui pouvaient être détournés. Si ceux-ci étaient pris la main dans le sac, ils étaient toujours assurés d’être graciés par leurs maîtres et leurs parrains du parti politique au pouvoir à Bangui. Comment donc s’étonner de voir les institutions du pays s’effondrer sans âme, comme des châteaux de sable après une tempête? A l’origine était également le cas d’une multitude d’officiers d’une armée nationale, indisciplinée et dépourvue de patriotisme, qui avait obtenu les galons sans mérite et sans essuyer une seule goutte de sueur du front; c’était également le cas d’hommes de troupe, de gendarmes ou policiers, de gardes forestiers ou douaniers qui ne répondaient jamais aux appels et cependant érigeaient des barrages routiers pour escroquer les usagers. Tout cela avait remis en question le bien-fondé de l’existence d’une armée nationale ou celui des forces de l’ordre. Les mutineries successives de l’armée avaient démontré le manque de discipline et la division qui, chacun à sa manière, avaient entraîné la déliquescence d’une armée dirigée par des chefs tribalistes, des pistonnés et des parvenus, sans autorité aucune sur l’ensemble des troupes. La justice dans ses cours, elle, se penchait du côté du plus offrant ou du côté dicté par une décision arbitraire du régime politique en place. Les qualités de l’instruction civique et de l’éducation, données au rabais dans les écoles, étaient entrées dans les voies du mercantilisme ou de l’analphabétisme. Sans possibilité de débouché sur un emploi, contrairement à ce qu’avaient connu leurs grands-parents ou leurs parents, la jeunesse n’avait plus pour option que des emplois à quota tribaliste dans les administrations, des petits emplois informels, le banditisme, le port de nuit d’une tenue militaire ou l’entrée dans un mouvement de rébellion.


Ce n’est pas tout, des aspirants du pouvoir, des terroristes, des crapules en tout genre comme Abdoulaye Miskine, Abakar Sabone, Nouredine Adam, Michel Djotodia, Lévi Yakité, François Bozizé et autre, avaient été ceux qui avaient créé divers mouvements éclectiques de rébellions pour soutenir tel ou tel régime, pour faire des réclamations contractuelles, des demandes légitimes ou pas au nom de la démocratie, pour quémander de l’argent auprès de dirigeants politiques d’autres pays comme Mohamar Kadafi, Idris Deby, Omar Bongo, Denis Sassou-Nguesso, et autres émirs et princes arabes. A tous leurs parrains et à chacun, ces bandits proposaient en retour l’octroi de droits, la concession de marché pour l’exploitation gracieuse ou gratuite des ressources minières ou des ressources naturelles de la Centrafrique. De nombreuses compagnies internationales et anonymes jouaient également le jeu de l’investisseur étranger aux gros moyens financiers. Et tous les bénéfices de ces raquettes ne passaient jamais par les caisses du trésor public centrafricain et ne profitaient jamais aux centrafricains chrétiens, musulmans, animistes, bouddhistes, ou autre. Toutes ces rébellions opéraient comme des entreprises privées dont les grands patrons étaient de nombreux inconnus et leurs agents ceux que nous avions cités plus haut.


Abakar Sabone, Michel Djotodia, Nourédine Adam, François Bozizé, Lévi Yakité et tous les autres seraient simplement des aventuriers dont les ambitions personnelles avaient produit toutes les aberrations et les nombreuses victimes chrétiennes, musulmanes et animistes en Centrafrique. Aujourd’hui, ils ont détruit la République Centrafricaine qui n’est plus représentée que par une administration en manque de souveraineté, incompétente, asservie, et montée de toute pièce par un chef d’état étranger, coupable des malheurs des centrafricains chrétiens et musulmans. Ces hommes qui prétendent être vos frères seraient simplement des terroristes qui avaient abusé de la confiance de tous les centrafricains et de la confiance des étrangers musulmans ou autre qui avaient choisi la Centrafrique comme une terre d’asile.


Mais dites-nous d’où était venue l’idée de partition du pays entre les musulmans et les chrétiens, les uns dans le nord et les autres dans le sud? Nous vous renverrons aux commentaires précédents qui nous avions écrits et qui étaient intitulés “Qui seraient les architectes du grand projet Séléka en République Centrafricaine?” pour les détails.


Toutefois, notre appel à chacun d’entre vous que nous considérons avant tout comme nos frères, nos soeurs et nos enfants serait le suivant: Arrêtez donc de vous entretuer. Rappelez-vous que ces rebelles et politiciens sont ceux qui vous trompent. Aucun leader véritablement religieux ne vous avait demandé de commettre ces actes odieux et criminels. Suivez les exemples de l’Imam Omar Kobine Layama, de l’Archevêque de Bangui Dieudonné Nzapaläinga et du Président de l’Alliance Evangélique Nicolas Guérékopamé Gbangou. Faites arrêter tous ces démons chrétiens ou tous ces satans musulmans qui vous trompent et sèment ainsi la zizanie entre les confessions religieuses et communautés des centrafricains. Faites traîner ces bandits, terroristes et traîtres devant votre cour de justice, celle des musulmans et celle des chrétiens centrafricains qui ne veulent que la paix. Jugez-les, puis établissez la paix des braves entre chrétiens et musulmans centrafricains. Ce n’est qu’un problème interne à la Centrafrique et qui peut être réglé par la volonté des centrafricains. Ceux sont les conditions simples à remplir par tous. Nous savons que chacun n’attend que de rentrer chez soi. Accomplissez tout le cela et retournez chez vous pour reconstruire vos communautés et pour vivre en paix. Rappelez-vous que les voix des musulmans qui appellent à la division du pays et à la division des centrafricains sont les voix des sirènes!


Enfin, que les esprits de discernement, de justice, de réconciliation, de sagesse, et de paix reviennent dans tous les coeurs!


Yang Mè Zègbè. (15/052014)