La passion politique

 

Chers compatriotes, promoteurs de Sangonet.com,

Mes chaleureuses felicitations pour cette heureuse initiative, qui, sans nulle doute, contribue a forger une image plus positive du Centrafique.

Merci du fond du coeur ....

Mais force est tout de meme de constater que la passion politique, souvent synonyme de deraison, d'analyse violente, partisane, .... semble au rendez-vous dans les points de vue et autres rubriques politiques.

Est-ce la consequence des echecs recurrents de nombreux regimes centrafricains qui heurtent l'amour passionel des patriotes que nous sommes, ou alors le reve passionnel d'une prise de pouvoir qui fonde ces analyses passionnelles ? Les deux peut-etre, l'un nourrisant l'autre, peu importe a la limite quelle composante pese -t - elle plus que l'autre.

Mieux, pourquoi jouer aux Ayatolha ?

Apres 40 annees de vie sur terre, et ayant passe plus de 23 annees a l'etranger, dont une partie dans des pays africains francophones, ayant partage plus ou moins le meme sort que le notre, j'ai appris, l'age aidant, a etre plus nuance dans le jugement du bilan de notre personnel politique....

Comme vous le constatez, la Republique a pratiquement le meme age que moi, et certainement de nombreux centrafricains qui aspirent aujourd'hui, a juste titre, a la conduire, .... !

De fait, les centrafricains sont loin d'etre maitres de leur destin, puisque nos peres, ages a peine de 20 a 30 ans a l'epoque, qui ont eu la lourde charge de diriger cette jeune Republique, etaient a peine matures, pourvus d'experience, de repere, et d'expertise, quand ils ont du faire face brutalement, sans transition aucune, a ce defi. Ceux qui l'ont voulu ainsi savaient ce qu'ils faisaient, puisqu'ils connaissaient, mieux que quiconque, l'etat reel de nos capacites....

Dacko, Bokassa, Goumba, Patasse, Maidou, le feu Koyamba, etc ... avaient a peine 30 ans, quand on (pas les centrafricains, ne l'oublions jamais !) leur a confier des charges presidentielles, ministerielles, ou des postes de la haute fonction publique, laquelle etait, et demeure, massivement peuplee de jeunes agents, soumis a des conditions difficiles de travail, mais qui, malgre tout pour certains d'entre eux, font des prouesses, pas toujours reconnues a leur juste valeur helas !il faut reconnaitre aaussi que l'instabilite fonctionnelle des structures administratives, en partie liee aux performances contestees et constatees de certains agents, n'a jamais donc aide au raffermissement de l'experience. De l'independance a nos jours, peut-on compter une centaine de fonctionnaires centrafricains ayant occupe un poste administratif de responsabilite dans un Ministere pendant 15 a 20 ans, comme on le constate dans d'autres etats freres, pas toujours aussi riche que la Cote d'Ivoire, le Gabon ou le Cameroun ? Pourquoi une telle instabilite chronique ?

Lorsque cela a ete possible, souvenons-nous de la joie populaire ressentie - toujours d'actualite d'ailleurs - quand un decret presidentiel, un arrete ministeriel, ou une note service y met fin ?

C'est tant et si vrai, que notre Republique est l'un des rares pays ou vivent dans la meme ville Bangui, 5 anciens presidents (Goumba, Dacko, le feu Bokassa, Ma?dou, Kolingba), de nombreux anciens premiers ministres, de Directeurs Generaux, de chefs de service, etc ... ? Sans pour autant qu'on daigne les recycler. Est-ce normal ? Pourquoi autant d'intolerance ?

Cela est-il du a l'etroitesse des richesses a partager, a des considerations d'ordre etique voir moral ?

En tout cas, nos sociologues ont de la matiere, et une tentative d'explication aidera, sans doute, a nuancer la severite de nos analyses, et a mieux eclairer ceux qui aspirent a la conduite des affaires de la Republique.

Attention donc aux derives contestataires excessifs qui minent le respect du Chef, des autorites politiques, et qui commencent a forger des reflexes populaires de derision incivique des messages souvent censes de nombreux leaders.Souvenons-nous de ce qu'est devenu les "j'ordonne la reprise du travail", "je ne saurai cueillir les feuilles de manguier pour vous payer", "le donnant-donnant", etc ... des Premiers Ministres Edouard Frank, Lakoue Derant Enoch, Jean-Paul Ngoupande, etc ... .

Attention aussi aux mots d'ordres insurrecctionnels qui ont deja plombe le pays comme ceux des partis d'opposition de la defunte CFD, sous le regime Kolingba, qui ont conduit a trois annees scolaires blanches irreparables.

Bien que le regime Kolingba ait ete vaincu, qui donc en a paye la note ? La Republique ! Ce prix etait-il raisonnable ?

Et plus recemment le recours hatif et irreflechi aux armes pour, soit disant, revendiquer des reglements de salaire a l'armee. Une fois de plus, la Republique a severement trinque.

Pourquoi evoquer a nouveau, avec delectation, une probable guerre civile, dont les centrafricains en payeront, seuls, la note ?!

Meditons tout cela, et preservons nous de toute forme d'extremisme !

Nous avons ete piege il y a quanrante ans, essayons d'abord de comprendre le pourquoi, avant de nous taper dessus comme des chiffoniers, a la satisfaction generale de ceux qui nous ont tendu ce piege, et qui nous observe. Autant de Presidents ne peuvent pas tous etre aussi nuls qu'on le pretend, puisqu'ils ne dirigent pas seuls. Nous, centrafricains, sommes donc en partie comptables du bilan politique de nos dirigeants ulterieurs respectifs.

Quand aux francais en particulier et aux etrangers en general, notamment ceux qui ont longtemps vecu en Centrafique, qui souvent en ont tire de grands profits, et qui sont encore la ou qui, une fois partis, crachent dans la soupe, nous en avons coutume. Une fois de plus, cela est toujours imputable a la naivete excessive du centrafricain, toujours pret a se vendre au premier etranger venu, convaincu que son salut viendra de l'etranger. Notre enclavement geographique serait-ce la raison de cette extreme permeabilite et fragilite ? Ailleurs sur le continent africain, l'etranger a droit a la place qu'il merite, et qui se situe rarement au dessus de la tradition seculaire africaine d'accueil. Cessez donc de prostituer vos filles, femmes et vous-meme ! Allons, un peu de pudeur, d'intimite et de dignite. Halte aux excessifs formulations naives dont nos leader sont coutumiers, a l'instar de Mon Papa De Gaulle, Mon frere Giscard, Mon ami X, etc .. . L'histoire de la Republique est rytmee par le poids excessif de ces aventuriers Conseillers Francais, Ouest Africains (tres peu d'Afrique Centrale), et autres representants, pas toujours plus competents que de nombreux africains, "mais souvent cooptes", d'institutions specialisees des Nations Unies, regnant sur Bangui, chez qui grande partie du personnel politique et administratif centrafricain en attend des privileges volatils mineurs, en contrepartie d'un reniement complet, au point de partager avec eux, leur mepris primaire du Centrafricain. Alors, un peu de fierte nationale, malgre les difficultes economiques, ayons confiance en nous, et apprenons a nous aimer et a aimer notre beau pays !

Pour ma part, notre histoire pourrait s'intituler "RCA : Une decolonisation inachevee". Les centrafricains ont certes leur part de responsabilite, mais la communaute internationale aussi, et c'est peut-etre ce qui a amene les Nations Unies a se mouiller. Une transition democratique, sous controle des Nations Unies, est peut-etre l'une des solutions possibles. Ce schema en cours d'application chez nous risque d'etre etendu a certains pays africains, confrontes aux memes difficultes que le Centrafrique. Cependant, ne nous y complaisons pas.

Meditons avec serenite, et gardons nous d'ajouter de l'huile sur le feu .... . Surtout ne faisons pas le jeu de nos detracteurs ..... et relevons la tete dans la dignite et le respect mutuel.

Meilleures salutations patriotiques.

 

From: MR MALIKO RUFIN <rmaliko@iccnet.cm>

Subject: Libre opinion a publier

Date: Thu, 1 Jul 1999 14:29:19 +0530

Organization: BEAC


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