L'implication française en Côte d'Ivoire fait des émules en Centrafrique

BANGUI, 30 jan (AFP) - 12h13 - La Centrafrique délaissée par rapport aux efforts diplomatiques déployés par la France pour la Côte d'Ivoire, lorgne vers Paris, certains journaux et opposants n'hésitant pas à réclamer un "Marcoussis 2" pour sortir le pays d'une situation catastrophique.

A Bangui, où on ne semble toutefois pas avoir encore pris la mesure des difficultés d'application de l'accord inter-ivoirien, on relève surtout que la forte pression diplomatique de la France a permis d'arriver à un accord alors que les centrafricains ignorent toujours à quelle date et où se tiendra le dialogue national promis fin novembre par le président Patassé.

Confronté à une rébellion qui occupe, comme en Côte d'Ivoire tout le grand nord du pays depuis novembre, M. Patassé a également appelé début janvier à une plus grande implication de la France, mais par l'envoi de militaires qui garantiraient son maintien.

"Après +Marcoussis 1+ pour la Côte d'Ivoire, +Marcoussis 2+ pour la RCA?", s'est interrogé cette semaine le quotidien indépendant "Le Citoyen", se faisant l'écho d'une opinion répandue dans ce pays affaibli par des crises politico-militaires récurrentes depuis 1996.

"Une partie de l'opinion centrafricaine, fatiguée des crises à répétition, est en train de lorgner vers Paris. Après la Côte d'Ivoire, il est temps que Jacques Chirac et la France pensent à la souffrance exacte du peuple centrafricain dont le pays est divisé en deux, avec un gouvernement plus qu'incapable d'accomplir les devoirs de sa charge régalienne malgré l'étendue faramineuse des richesses de la RCA", écrit Le Citoyen.

Soulignant les similitudes entre les deux pays, dirigés "par deux +présidents mal élus+ et au tempérament fougueux", le quotidien poursuit: "Une partie de l'opinion publique pense aussi que la France, au lieu de louvoyer, devrait s'impliquer plus ouvertement dans la crise centrafricaine en offrant notamment sa précieuse médiation".

Cette implication de la France est largement souhaitée par l'opposition centrafricaine, qui accorde peu de crédit aux chances de réussite du dialogue national s'il se tient dans la capitale centrafricaine.

"Trop d'accords ont été conclus dans le passé avec le président Patassé qui sont restés lettre morte. Quant à une médiation purement africaine, ça n'a malheureusement jamais donné grand chose", relève une personnalité de l'opposition sous le couvert de l'anonymat.

"Il faut que les décisions qui sortiront de ce dialogue soient immédiatement exécutoires. C'est pourquoi nous voudrions qu'il se déroule sous médiation internationale, comme ça s'est fait pour la Côte d'Ivoire, que la communauté internationale soit témoin des engagements pris. C'est pourquoi nous voudrions un +Marcoussis 2+", explique cette personnalité.

Cette perspective est violemment rejetée par "L'écho de Centrafrique", quotidien pro-gouvernemental. Sous le titre "Côte d'Ivoire: l'horizon de plus en plus noir", le journal écrit que le "coup d'Etat d'une partie de l'armée ivoirienne vient d'être officiellement approuvé par Paris. Des mutins deviennent ministres sans aucun jugement ni amnistie".

"Nous espérons que la dialogue national centrafricain n'aboutira pas au même consensus. (...) Trop de concessions ont déjà été faites, ainsi que trop de gouvernements de large ouverture ou d'union nationale. Que va-t-on nous demander aujourd'hui? Peut-on être un gouvernement d'opérette dirigé à la baguette par (le ministre français des Affaires Etrangères) Dominique de Villepin?", demande L'Echo de Centrafrique.

Et le journal pro-Patassé d'imaginer le cauchemar un gouvernement dirigé par un Premier ministre nommé François Bozizé, chef de la rébellion, avec, au poste de ministre de la Défense son porte-parole, Parfait M'Baye...


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 14

 

Les écoles privées de Bangui reprennent les cours

BANGUI, 29 jan (AFP) - 16h23 - Les écoles privées de Bangui ont repris les cours mercredi, après deux jours d'une grève de soutien aux enseignants du secteur public, en grève depuis le 1er octobre pour exiger le paiement de 9 mois d'arriérés de salaires, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les écoles privées de la capitale centrafricaine avaient fermé leurs portes lundi matin pour marquer leur solidarité avec l'opération "école noire" de leurs collègues de la fonction publique.

Redoutant des dérapages, le gouvernement avait déployé des éléments de la police anti-émeutes devant les établissements scolaires de Bangui, publics et privés. Aucun incident n'a été déploré.


Visite en Libye du Premier ministre centrafricain

BANGUI, 29 jan (AFP) - 16h22 - Le Premier ministre centrafricain, Martin Ziguélé, séjourne depuis lundi en Libye pour une visite de travail d'une durée non précisée, a rapporté mercredi à Bangui la radio nationale centrafricaine.

"La visite du chef du gouvernement (...) est dominée par des questions de relations bilatérales, dans les domaines économiques", a ajouté la radio sans fournir plus de détails.

Tripoli a contribué à sauver à deux reprises le régime du président centrafricain, Ange-Félix Patassé, lors des tentatives de coup d'Etat de mai 2001 et octobre 2002, grâce à un contingent militaire libyen dépêché dans la capitale centrafricaine.

Ce dernier a été remplacé fin décembre par une force de maintien de la paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC).

La Libye demeure présente en Centrafrique dans l'exploitation minière, notamment du diamant, et l'exploration pétrolière.

Le régime de Bangui est confronté depuis novembre à un mouvement rébelle qui occupe des pans entiers du pays et à une crise financière et sociale aiguë qui ne lui permet plus d'honorer régulièrement les salaires des fonctionnaires.