PARIS, 16 mars 2003 (AFP) - 20h45 - Deux avions de transport militaire Transall de l'armée française ont évacué dimanche soir de Bangui une quarantaine de Français qui souhaitaient quitter la capitale de Centrafrique où le général François Bozizé, chef de la rébellion centrafricaine, a pris le pouvoir samedi, a annoncé à Paris le ministère français de la Défense.
Les deux appareils militaires, en provenance de la base française de Libreville au Gabon, se sont posés en début de soirée à Bangui et ont redécollé dès que les Français ont été embarqués à bord, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Jean-François Bureau.
Entre 200 à 300 Français résident à Bangui. Le ministère n'a pas exclu que d'autres vols militaires français soient décidés lundi pour évacuer d'autres Français qui souhaiteraient quitter le pays.
Le général François Bozizé, chef de la rébellion centrafricaine, qui a pris le pouvoir samedi en Centrafrique, a imposé un couvre-feu à compter de dimanche sur toute l'étendue du territoire.
KIGALI, 16 mars 2003 (AFP) - 19h08 - Le Mouvement de libération du Congo (MLC), mouvement rebelle de la République démocratique du Congo, a affirmé dimanche que des troupes du gouvernement de Kinshasa se battent en République centrafricaine aux côtés du général Bozizé, qui s'est autoproclamé "président" au lendemain d'un coup d'Etat éclair.
"Je dénonce la présence de soldats du gouvernement de Kinshasa auprès des troupes de Bozizé et ses alliés tchadiens", a déclaré le chef du MLC, Jean-Pierre Bemba, par téléphone à l'AFP depuis son fief de Gbadolite (RDC).
M. Bemba considère la présence des troupes de Kinshasa comme une menace directe pour son mouvement, dont le territoire se trouve en face de la Centrafrique, a-t-il ajouté.
"Je mets en garde les rebelles de Bozizé et leurs alliés tchadiens contre toute tentative de déstabilisation de notre territoire", a-t-il encore déclaré.
Le MLC a annoncé avoir terminé samedi son retrait de République centrafricaine, après une intervention militaire de quatre mois destinée à aider le président Ange-Félix Patassé à faire face à une première tentative de coup d'Etat montée en octobre 2002 par le général François Bozizé, son ancien chef d'état-major.
Aucune confirmation indépendante de la présence en Centrafrique des troupes de Kinshasa n'avait pu être obtenue dimanche soir.
BANGUI, 16 mars 2003 (AFP) - 17h46 - Le chef de la rébellion centrafricaine, le général François Bozizé, s'est autoproclamé dimanche "président de la République" par la voix de son porte-parole, Parfait Mbaye, au lendemain d'un coup d'Etat éclair déclenché à Bangui en l'absence du président élu Ange-Félix Patassé.
Aucun combat n'était signalé dimanche dans Bangui, où se déroulaient des scènes de pillage. Mais des tirs sporadiques continuaient de retentir, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le bilan du coup d'Etat était inconnu. Mais au moins cinq morts et des dizaines de blessés étaient à l'hôpital, selon une source hospitalière. Trois soldats congolais de la force africaine déployée à Bangui ont également été tués samedi.
Le président Patassé, actuellement à Yaoundé, n'avait fait dimanche en fin de journée aucune déclaration sur la situation dans son pays.
Le porte-parole du général Bozizé, le capitaine Parfait Mbaye, a lu dimanche à Bangui sur les ondes de la radio d'Etat, un communiqué officiel du "président de la République", demandant aux forces armées et de sécurité de regagner les casernes dans la journée. Le capitaine Mbaye a par ailleurs déclaré à RFI que la prise du pouvoir par les partisans de Bozizé était "un fait accompli".
Trois soldats congolais des troupes de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) déployées à Bangui ont été tués samedi lors de la prise de la capitale centrafricaine par les forces du général Bozizé, a annoncé la CEMAC dans une déclaration publiée dimanche à Brazzaville.
Interrogé par l'AFP, le ministre congolais des Affaires étrangères, Rodolphe Adada, a précisé que les tués étaient deux soldats et un officier.
Ils ont été tués à l'aéroport, a dit le ministre qui n'a fourni aucune précision sur les circonstances de leur mort.
Plusieurs familles de Bangui étaient à la recherche de leurs proches perdus de vue dans la confusion qui a régné durant toute la nuit de samedi à dimanche.
Le porte-parole du général Bozizé a demandé à la population de "garder son calme" et de cesser les pillages", tout en remerciant les Banguissois de l'accueil qu'ils ont réservé aux rebelles.
Les pillages de maisons des dignitaires, de ressortissants français, de commerces et d'entreprises continuaient dimanche à Bangui, selon des témoignages concordants recueillis par l'AFP.
Depuis l'aube, des tirs sporadiques continuent de retentir: les rebelles font des sommations pour faire fuire les pillards, hommes et femmes confondus, qu'on croise ça et là, transportant leur butin.
On est sans nouvelles de la plupart des dignitaires du régime. Selon un diplomate africain, beaucoup auraient demandé protection au Bureau des Nations unies en Centrafrique (BONUCA).
La radio nationale centrafricaine, qui avait cessé d'émettre samedi, peu après le début de l'attaque rebelle, a repris ses émissions dimanche matin, diffusant d'abord de la musique militaire.
La France, samedi soir, suivie dimanche par la Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (CENSAD), qui regroupe 18 pays africains dont la Centrafrique, ont condamné cette prise du pouvoir et ont prôné une solution pacifique.
Les hommes de Bozizé ont profité samedi de l'absence du président Patassé, qui se trouvait à Niamey où il avait participé à un sommet de chefs d'Etats, pour attaquer Bangui, sans rencontrer de réelle résistance.
L'avion du président Patassé, qui devait regagner Bangui samedi après-midi a été dérouté vers la capitale camerounaise, Yaoundé où il a passé la nuit à l'hôtel Hilton en compagnie de son épouse et d'une délégation centrafricaine, après avoir été accueilli par les autorités camerounaises.
M. Patassé ne devrait pas rester à Yaoundé et des discussions étaient en cours dimanche pour lui trouver un pays d'accueil provisoire, ont indiqué à l'AFP deux sources diplomatiques africaines jointes dans la région depuis Libreville. L'une a évoqué la capitale gabonaise, Libreville, l'autre, la capitale libyenne, Tripoli.
Une source officielle gabonaise, jointe par l'AFP à Libreville, a déclaré n'être "pas au courant" d'une telle éventualité, mais confirmé que le chef de l'Etat centrafricain ne restera pas au Cameroun.
PARIS, 16 mars 2003 (AFP) - 17h39 - Les autorités françaises observaient dimanche avec une "forte attention" la situation "confuse" en Centrafrique, et ont demandé à leurs ressortissants "d'observer la plus grande prudence et de ne pas sortir de chez eux".
"La situation est confuse, et la France l'observe avec une forte attention. Il a été demandé aux Français de Bangui (un millier environ) d'observer la plus grande prudence et de ne pas sortir de chez eux", a-t-on indiqué de source diplomatique.
"Il y a eu des pillages dans les ministères, à la Primature (siège du Premier ministre), dans les banques et des résidences privées. Des contacts ont été établi avec la communauté française et des points de regroupement ont été mis en place. Mais on ne déplore aucune victime, aucun blessé parmi les Français", a-t-on ajouté de même source.
Les rebelles de François Bozizé, ancien chef d'état-major des armées centrafricaines, ont profité samedi de l'absence du président Ange Félix Patassé, qui se trouvait à Niamey pour le sommet de la Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (CENSAD), pour attaquer Bangui, sans rencontrer de réelle résistance.
Ils contrôlaient dimanche tous les points stratégiques de la capitale centrafricaine, notamment l'aéroport et M. Bozizé s'est autoproclamé "président de la République" par la voix de son porte-parole.
BANGUI, 16 mars 2003 (AFP) - 17h25 - Des salves d'applaudissements saluent chaque passage des rebelles du général François Bozizé dans les rues de Bangui. Pendant ce temps, des familles sont à la recherche de parents perdus de vue dans la confusion du coup d'Etat. Et les pillages continuent.
Dimanche à l'aube, les Banguissois ont constaté l'évidence: les rebelles centrafricains qui avaient attaqué Bangui samedi après-midi sont partout et contrôlent la capitale.
Depuis l'aube, des tirs sporadiques continuent de retentir: les rebelles font des sommations pour faire fuire les pillards, hommes et femmes confondus, qu'on croise ça et là, transportant leur butin.
Le porte-parole du général Bozizé, le capitaine Parfait Mbaye a lancé dans la matinée un appel à la population pour qu'elle cesse les pillages, tout en remerciant les Banguissois de l'accueil qu'ils ont réservé aux rebelles.
Mais le pillage continue dans les maisons abandonnées des dignitaire du régime du président élu, Ange-Félix Patassé, les magasins, les entreprises. "Il y a de la nourriture dans ce pays, et c'est destiné à certaines catégories de personnes, mais pas nous", lance une femme affairée dans la maison du Premier vice-président du parti au pouvoir, Hugues Dobozendi.
"Quelle bonne viande j'ai trouvé chez M. Dobozendi. Cette fois, il ne la mangera pas", fanfaronne-t-elle.
En dehors de celle de M. Dobozendi, les résidences du président Patassé, du Premier ministre, Martin Ziguélé, du ministre de l'Intérieur, Jacquesson Mazette, du ministre de la Communication, Gabriel Jean-Edouard Koyambounou, et bien d'autres encore, ont été pillées et saccagées.
On est sans nouvelles de la plupart des dignitaires du régime. Selon un diplomate africain, beaucoup auraient demandé protection au Bureau des Nations unies en Centrafrique (BONUCA).
Juste en face de l'ambassade de Chine, un homme transpire sous le poids d'un réfrigérateur qu'il a du mal à transporter: "Aidez-moi!", dit-il aux autres. "Tu vas bouffer dedans avec qui?" lui répond un jeune homme, qui finit tout de même par prêter main forte.
Soudain, des coups de feu retentissent. Tout le monde se met à courir. "C'est ici que trois personnes ont été abattues hier soir", dit une femme, "il faut partir vite!"
Selon une source hospitalière, au moins cinq cadavres et plus d'une dizaine de blessés se trouvent à la morgue de l'hopital communautaire de Bangui.
Plusieurs familles sont à la recherche de leurs proches perdus de vue dans la confusion qui a régné durant toute la nuit de samedi à dimanche.
Sur l'avenue des Martyrs, un groupe de femmes en larmes se dirige vers l'hôpital communautaire.
L'une d'elle se lamente: "Bobino, tu n'as même pas ramené une aiguille à la maison et tu es mort gratuitement, mon pauvre fils, abattu et gisant dans ton sang comme un animal. Oh mon Père! Quelle douleur pour moi!"
Trois véhicules de ministres du président Patassé passent en trombe sur l'avenue de France, avec des rebelles à bord. La foule applaudit et crie: "Libérateurs!".
Une voiture s'arrête et le rebelle au volant demandent: "ça va?". Tous exultent: "Oui! Oui!". Et le rebelle d'ajouter: "Rentrez à la maison, et ne volez pas!"
Au même moment, deux soldats en civil se dirigent vers leur unité de gendarmerie. Les rebelles s'arrêtent de nouveau: "Bidasses, on est là, mais vous avez eu la chance de n'avoir pas été sur le front, sinon, c'était fini pour vous". Et tous se mettent à rire.
"Nous allons vers Pétévo (un quartier sud de Bangui)", lance un rebelle aux deux militaires. "Autrement, on vous aurait déposés".
BRAZZAVILLE, 16 mars 2003 (AFP) - 17h20 - La Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale, qui a déployé une force à Bangui, a condamné "fermement" dimanche le coup d'Etat mené en Centrafrique par l'ancien chef d'état-major, le général François Bozizé, indique une déclaration de la CEMAC publiée à Brazzaville par la présidence congolaise.
"Les évènements survenus à Bangui en date du 15 mars 2003 sont venus remettre en cause tous les efforts fournis par la CEMAC. Ses ultimes efforts ont permis l'ouverture d'heureuses perspectives pour la tenue d'un dialogue national sans exclusive, considéré comme seule base viable pour le règlement de la crise centrafricaine", ajoute la déclaration dont une copie a été remise à l'AFP.
"La CEMAC condamne fermement ces évènements", souligne la déclaration.
La CEMAC avait déployé une force de paix en République centrafricainepour sécuriser Bangui et les institutions républicaines.
Lors de la prise de la capitale centrafricaine samedi par les rebelles du général Bozizé, trois éléments congolais de cette force, un officier et deux soldats ont été tués, indique encore la déclaration.
"La CEMAC rappelle que la force qu'elle a déployée en République centrafricaine est une force de paix. Elle déplore la perte d'un officier et deux soldats. Elle exige que la sécurité de cette force soit garantie", souligne la déclaration.
Pour la CEMAC, la solution de la crise centrafricaine passe par le "dialogue".
"Considérant l'extrême gravité de la situation de la République centrafricaine, la CEMAC tient à rappeler que c'est par le dialogue et avec l'aide de la communauté internationale que le peuple centrafricain parviendra à sortir de la crise dans laquelle il est plongé", poursuit la déclaration.
"La CEMAC, attachée au retour rapide de la paix en RCA, réaffirme son engagement auprès du peuple centrafricain et lance un appel pressant à la communauté internationale afin qu'elle continue à appuyer ses efforts", a lancé la communauté.
La CEMAC rappelle qu'elle s'est "investie résolument "avec l'appui de "certains partenaires" dans la recherche des "solutions à la crise centrafricaine" et a "consacré d'importants moyens diplomatiques, humains, matériels et financiers".
La France a apporté un soutien logistique à la force de la CEMAC présente dans la capitale centrafricaine.
Le Congo assure la présidence de la CEMAC jusqu'en décembre prochain.
BRAZZAVILLE, 16 mars 2003 (AFP) - 16h57 - Trois soldats congolais des troupes de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) déployées à Bangui ont été tués samedi lors de la prise de la capitale centrafricaine par les forces rebelles du général François Bozizé, a annoncé la CEMAC dans uen déclaaration publiée dimanche à Brazzaville.
Interrogé par l'AFP, le ministre congolais des Affaires étrangères, Rodolphe Adada a précisé que les tués étaient deux soldats et un officier.
Ils ont été tués à l'aéroport de Bangui, a dit le ministre qui n'a fourni aucune précision sur les circonstances de leur mort.
Les rebelles de François Bozizé, ancien chef d'état-major des armées centrafricaines, ont profité samedi de l'absence du président Ange Félix Patassé, qui se trouvait à Niamey pour le sommet du CENSAD, pour attaquer Bangui, sans rencontrer de réelle résistance.
Ils contrôlaient dimanche matin tous les points stratégiques de la capitale centrafricaine et M. Bozizé s'est autoproclamé "président de la République" par la voix de son porte-parole.
LIBREVILLE, 16 mars 2003 (AFP) - 16h24 - Le président centrafricain Ange-Félix Patassé ne devrait pas rester à Yaoundé et des discussions étaient en cours dimanche pour lui trouver un pays d'accueil provisoire, ont indiqué à l'AFP des sources diplomatiques africaines jointes dans la région depuis Libreville.
Le chef de l'Etat centrafricain a trouvé refuge samedi soir dans la capitale camerounaise, son ancien chef d'état-major, le général François Bozizé ayant profité qu'il se trouvait à l'étranger pour s'emparer des rênes du pouvoir à Bangui à l'occasion d'un coup d'Etat éclair.
Le président élu centrafricain, hébergé à l'hôtel Hilton de Yaoundé avec son épouse et une délégation d'officiels, ne devrait pas rester longtemps à Yaoundé, ont indiqué sous couvert de l'anonymat deux sources diplomatiques africaines à Yaoundé et N'Djamena.
Des discussions sont en cours pour lui trouver un pays d'accueil provisoire, ont indiqué ces sources. L'une a évoqué la capitale gabonaise, Libreville, l'autre, la capitale libyenne, Tripoli.
Une source officielle gabonaise, jointe par l'AFP à Libreville, a déclaré n'être "pas au courant" d'une telle éventualité, mais confirmé que le chef de l'Etat centrafricain ne restera pas au Cameroun.
Le président Patassé n'a encore fait aucune déclaration à propos de la situation dans son pays.
Il se trouvait au Niger, où il avait participé à un sommet de chefs d'Etats de la Communauté des Etats sahélo-sahariens, lorsque les rebelles du général Bozizé ont fait irruption dans la capitale centrafricaine, samedi en milieu d'après-midi.
L'avion qui ramenait M. Patassé à Bangui avait été dérouté vers Yaoundé en raison des combats qui se déroulaient à proximité de l'aéroport.
Selon un membre de sa délégation, joint à Yaoundé par l'AFP, depuis Libreville, la tour de contrôle de Bangui avait prévenu le pilote qu'il serait impossible d'atterrir dans la capitale centrafricaine.
BANGUI, 16 mars 2003 (AFP) - 16h17 - Voici un film des événements depuis le coup d'Etat déclenché samedi en l'absence du président Ange-Félix Patassé par la rébellion du général François Bozizé, qui a revendiqué dimanche la prise du pouvoir à Bangui:
--SAMEDI 15 MARS--
En milieu d'après-midi, des tirs d'armes légères et lourdes, tantôt nourris, tantôt sporadiques, commencent à retentir à Bangui en provenance de l'entrée nord de la ville, semant la panique parmi la population. Des centaines de Banguissois fuient les quartiers nord, pour se réfugier au sud ou à l'ouest de la capitale.
Des témoins indiquent avoir vu des hommes en armes pénétrer dans Bangui à bord de véhicules 4X4 et prendre position en plusieurs points. D'autres affirment avoir aperçu plusieurs dizaines de combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC), alliés au régime, fuir par le fleuve Oubangui vers la République démocratique du Congo (RDC).
L'avion du président Patassé, qui devait regagner Bangui en provenance de Niamey, où il avait participé à un sommet de chefs d'Etat africains, essuie des tirs avant d'aterrir dans la capitale centrafricaine. Il est dérouté vers Yaoundé, la capitale camerounaise.
Un responsable rebelle déclare en début de soirée: "Nos hommes ont pris le contrôle de l'aéroport et du palais présidentiel". Il affirme que les rebelles n'ont pas rencontré de résistance de la part des Forces armées (FACA).
Des scènes de liesse saluant l'arrivée des rebelles sont signalées dans certains quartiers populaires.
Dans la soirée, plusieurs centaines de Banguissois pillent des résidences abandonnées par des dignitaires du régime. Une source diplomatique à Bangui confirme que la résidence privée du président et celle du Premier ministre Martin Ziguélé ont été pillées.
Des habitations de ressortissants français, des commerces et des entreprises sont également pillés, selon des témoignages concordants. Tirs de sommation des rebelles dans plusieurs secteurs pour disperser les pillards.
La France condamne "toute tentative armée de renverser un chef d'Etat légitimement élu".
Air France annule son vol hebdomadaire pour Bangui.
--DIMANCHE 16--
Un calme précaire règne le matin à Bangui, après une nuit troublée. Les rebelles contrôlent tous les points stratégiques de la capitale: palais présidentiel, aéroport, radio-télévision, grandes avenues.
La radio nationale, qui avait cessé d'émettre samedi, reprend ses émissions, diffusant de la musique militaire.
Dans la matinée, le porte-parole du général Bozizé, Parfait Mbaye, déclare sur Radio France internationale (RFI) que la prise du pouvoir par les partisans de Bozizé est "un fait accompli". Il précise que le général Bozizé veut une "transition collective", "pas du tout militaire", avec "tous les Centrafricains", et qu'il s'adressera bientôt personnellement à la nation.
Peu après, le général Bozizé s'autoproclame "président de la République" par la voix de son porte-parole. Parfait Mbaye lit, sur les ondes de la radio d'Etat, un communiqué officiel du "président de la République", demandant aux forces armées et de sécurité de regagner les casernes dans la journée. Le général Bozizé demande également à la population de "garder son calme" et de "cesser les pillages".
La Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (Censad), qui regroupe 18 pays africains dont la Centrafrique, condamne la prise du pouvoir par la rébellion.
BRAZZAVILLE, 16 mars 2003 (AFP) - 13h57 - La présidence congolaise de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) "suit l'évolution de la situation en République centrafricaine", a affirmé dimanche un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
"Nous suivons l'évolution de la situation avant de nous prononcer", a indiqué François Ibara, chargé de la communication au ministère congolais des Affaires étrangères. Le Congo assure la présidence de la CEMAC jusqu'au mois de décembre 2003.
"La CEMAC n'a pas encore fait officiellement de déclaration sur la situation en RCA. Elle se prononcera d'un moment à l'autre", a déclaré M. Ibara.
La CEMAC regroupe le Gabon, le Cameroun, la RCA, le Tchad, la Guinée équatoriale et le Congo.
Samedi à Brazzaville au cours d'une conférence de presse, le chef de la diplomatie congolaise Rodolphe Adada avait lancé un appel au cessez-le-feu en République centrafricaine, peu avant l'annonce du coup d'état.
Les partisans du chef de la rébellion centrafricaine, le général François Bozizé ont pris samedi le contrôle de la capitale, Bangui, lors d'un coup d'état éclair déclenché le même jour.
La CEMAC a dépêché en RCA une force de paix qui devait sécuriser Bangui et les institutions républicaines.
On ignore encore à Brazzaville le rôle exact joué par les troupes de la CEMAC présentes à Bangui lors du déclenchement du coup d'état.
NIAMEY, 16 mars 2003 (AFP) - 13h54 - La Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (CENSAD), qui regroupe 18 pays africains dont la Centrafrique, a condamné dimanche la prise du pouvoir à Bangui par la rébellion du général François Bozizé.
"Le président de la CENSAD (le chef de l'Etat nigérien, Mamadou Tandja, ndlr), m'a informé que la CENSAD condamne énergiquement la prise du pouvoir par la force en République centrafricaine", a déclaré dimanche matin à la radio nationale nigérienne le secrétaire général de la CENSAD, Mohamed El-madani.
"Il n'y a qu'un seul moyen de prendre le pouvoir, c'est par les voies pacifiques , par des élections", a affirmé M. el-Madani, à l'issue d'un entretien avec Mamadou Tandja, désigné président en exercice de la CENSAD vendredi au cours du 5e sommet de l'organisation, à Niamey.
Les rebelles de François Bozizé, ancien chef d'état-major des armées centrafricaines, ont profité samedi de l'absence du président Ange Félix Patassé, qui se trouvait à Niamey pour le sommet du CENSAD, pour attaquer Bangui, sans rencontrer de réelle résistance.
Ils contrôlaient dimanche matin tous les points stratégiques de la capitale centrafricaine et M. Bozizé s'est autoproclamé "président de la République" par la voix de son porte-parole.
Le président Tandja "m'a informé qu'il est en train de prendre contact avec ses pairs pour voir comment on peut travailler ensemble pour trouver une solution pacifique à cette question", a ajouté M. El-madani.
Le chef de l'Etat nigérien devait notamment contacter le "médiateur de la paix dans l'espace CENSAD", le colonel Mouamar Khadafi, le président de la CEMAC (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale), le président congolais Denis Sassou Nguesso, le président gabonais Omar Bongo, et ses homologues des pays voisins de la Centrafrique, a indiqué le secrétaire général de la CENSAD.
BANGUI, 16 mars (AFP) - 13h42 - Le chef de la rébellion centrafricaine, le général François Bozizé, s'est autoproclamé dimanche "président de la République" par la voix de son porte-parole, au lendemain d'un coup d'Etat en l'absence du président Ange-Félix Patassé.
La Centrafrique a connu deux tentatives de coups d'Etat en mai 2001 puis en octobre 2002.
Voici une chronologie des coups d'Etat et renversements de régimes en Afrique noire ces dernières années:
- 21 oct 1993 - BURUNDI: Le premier président hutu du pays,
Melchior Ndadaye, est assassiné lors d'un coup d'Etat manqué de
militaires tutsis. Cette tentative est suivie de massacres
inter-ethniques.
- 4 juil 1994 - RWANDA: Trois mois après la mort dans un
attentat du président Junéval Habyarimana et le génocide des
Tutsis et Hutus modérés, le Front patriotique rwandais (FPR, à
majorité tutsie) prend le contrôle de Kigali. Pasteur Bizimungu
(hutu) devient chef de l'Etat. En 2000, le général Paul
Kagamé, véritable homme fort du régime, a été élu à la
présidence.
- 23 juil 1994 - GAMBIE: Le président Dawda Jawara, au pouvoir
depuis 1965, est renversé par des militaires dirigés par le
lieutenant Yaya Jammeh.
- 15 août 1995 - SAO TOME ET PRINCIPE: Miguel Trovoada est
renversé par des militaires, mais il reprend le pouvoir une
semaine après, à la suite d'une loi d'amnistie accordée aux
putschistes.
- 28 sept 1995 - COMORES: Des mercenaires dirigés par Bob Denard
renversent le régime du président Saïd Mohamed Djohar. Une
intervention militaire française met fin au coup d'Etat.
- 16 jan 1996 - SIERRA LEONE: Le président Valentine Strasser
est "démis" par la junte qu'il dirigeait depuis quatre
ans.
- 27 jan 1996 - NIGER: Une junte militaire présidée par le
colonel Ibrahim Baré Maïnassara destitue le président élu
Mahamane Ousmane.
- 25 juil 1996 - BURUNDI : Un coup d'Etat porte au pouvoir
l'ancien chef de l'Etat tutsi Pierre Buyoya après la destitution
de Sylvestre Ntibantunganya (hutu), président depuis 1994.
- 17 mai 1997 - ZAIRE: Laurent-Désiré Kabila, à la tête d'une
rébellion depuis huit mois, s'autoproclame chef de "l'Etat
congolais". Le Zaïre, dirigé depuis près de 32 ans par le
maréchal Mobutu Sese Seko devient la République démocratique
du Congo (RDC).
- 25 mai 1997 - SIERRA LEONE: Renversement du président civil
Ahmad Tejan Kabbah par une junte dirigée par le commandant
Johnny Paul Koroma. Il est rétabli dans ses fonctions en mars
1998 après une intervention d'une force ouest-africaine,
l'ECOMOG.
- 15 oct 1997 - CONGO-BRAZZAVILLE: Denis Sassou Nguesso, qui a
déjà dirigé le pays de 1979 à 1992, reprend le pouvoir après
la victoire de ses milices sur celles de son prédécesseur
déchu Pascal Lissouba.
- 9 avr 1999 - NIGER: Le président Ibrahim Baré Maïnassara est
tué par des éléments de la garde présidentielle, dirigée par
le commandant Daouda Mallam Wanké. En décembre, le président
Mamadou Tandja démocratiquement élu est investi, mettant fin au
régime militaire.
- 30 avr 1999 - COMORES: L'armée dirigée par son chef
d'état-major, le colonel Azali Assoumani, prend le pouvoir à
Moroni. Celui-ci s'autoproclame chef de l'Etat.
- 7 mai 1999 - GUINEE-BISSAU: Le président Joao Bernardo Vieira
est renversé par une junte en rébellion depuis juin 1998 et
dirigée par le général Ansumane Mané. En janvier 2000, Kumba
Yala est élu à la présidence.
- 24 déc 1999 - COTE D'IVOIRE: Une mutinerie de soldats se
transforme en coup d'Etat, le premier de l'histoire du pays. Le
général Robert Gueï annonce la destitution du président Henri
Konan Bédié et la mise en place d'une junte. En octobre 2000,
celle-ci est chassée par un soulèvement populaire qui a suivi
une élection présidentielle remportée par Laurent Gbagbo.
Par ailleurs, le 16 janvier 2001, le président congolais
Laurent-Désiré Kabila a été assassiné par un de ses gardes
du corps dans le palais présidentiel à Kinshasa. Son fils,
Joseph Kabila, lui a succédé.
Réaction (suite), 10 ans de coup d'état en Afrique, Bozizé s'auto-proclame président, scènes de liesse