Bangui se mobilise pour la marche de soutien de vendredi à Bozizé

BANGUI, 27 mars 2003 (AFP) - 18h12 - La capitale centrafricaine Bangui se mobilisait jeudi pour accueillir vendredi une grande marche de soutien au président autoproclamé François Bozizé, à l'appel d'une quinzaine de partis politiques et d'organisations de la société civile, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des affiches appelant les Banguissois à manifester étaient placardées dans la ville et des appels lancés à la radio nationale et par un véhicule, surmonté d'un haut-parleur, sillonnant la ville.

Depuis plusieurs jours déjà, des militants d'opposition ou d'associations de femmes et des droits de l'Homme effectuent un travail de proximité dans les quartiers pour appeler les Banguissois à venir massivement apporter leur soutien à l'auteur du putsch du 15 mars.

"C'est toute la population centrafricaine qui va marcher pour montrer qu'elle est libérée", a déclaré jeudi à l'AFP le président du comité d'organisation de cette marche, Lévi Yakété, qui espérait la mobilisation d'"au moins 10.000 personnes".

"On le fait parce qu'on a beaucoup souffert" sous le régime déchu du président élu Ange-Félix Patassé, expliquait ce militant de l'Union du renouveau démocratique (URD) un petit parti d'opposition.

"Il faut que l'opinion internationale apporte son soutien à ce nouveau régime pour reconstruire le pays", a-t-il ajouté.

L'ampleur de la mobilisation servira de test pour le nouveau pouvoir vis-à-vis de l'étranger où son coup d'Etat a été condamné, estimait la plupart des observateurs politiques à Bangui.

Les participants à la manifestation ont été invités à ce regrouper dès 07H00 locales (06H00 GMT) pour converger vers le Monument Barthélémy Boganda, le père fondateur de la République centrafricaine.

Le Professeur Abel Goumba y prononcera ensuite un "discours de circonstance", comme cela était prévu avant que ce vieil opposant consensuel ne soit nommé dimanche Premier ministre du futur gouvernement de transition par le général Bozizé.

La manifestation se rendra ensuite en un seul cortège vers son point final, le Stade Barthélémy Boganda où interviendront des représentants de la société civile et des partis politiques.

Les organisateurs ont mobilisé leur propre service d'ordre et des policiers devraient également être postés au points de passage stratégiques du cortèges. Les commerçants du centre-ville ont prévu par prudence de fermer leurs boutiques pendant la manifestation.

La capitale centrafricaine est encore sous le choc des pillages massifs qui s'y sont déroulés dans les 48H00 consécutives du coup d'Etat.

On ignorait jeudi si le nouvel homme fort de Bangui viendrait prendre un bain de foule pour mesurer sa popularité.

Il s'agira de la première manifestation d'envergure à Bangui depuis celles organisées en 1999 pour célébrer ou contester la victoire au premier tour de l'élection présidentielle de M. Patassé.


Retour des exilés politiques et accélération des préparatifs pour la marche

BANGUI, 27 mars 2003 (AFP) - 16h29 - Marche de soutien au nouveau régime vendredi, retour des premiers exilés: la Centrafrique se prépare à vivre une fin de semaine chargée presque deux semaines après le coup d'Etat du 15 mars qui a porté au pouvoir le président autoproclamé François Bozizé.

La marche de vendredi dans les rues de Bangui est activement préparée aussi bien par les organisateurs, la Concertation des partis politiques de l'opposition (CPPO), présidée par le Premier ministre désigné Abel Goumba, que par le tissu associatif.

Ainsi, à la Ligue des droits de l'Homme en Centrafrique, un responsable de quartier, Jean-Marie Makoudou, tente depuis le début de semaine de sensibiliser "les gens pour qu'ils viennent massivement".

"Nous allons l'aider avec notre marche", dit-il à propos du général Bozizé. "Après, ce sera à lui de nous aider, de payer les arriérés de salaires des fonctionnaires, les bourses, les pensions. Le gouvernement doit demander aux bailleurs de fonds de faire cela pour nous", explique-t-il.

Un espoir pour cet homme qui comme tant d'autres Centrafricains a perdu en moins de deux ans et autant de coups d'Etat manqués son travail, son épouse et vit dans la misère.

Pour aider le président autoproclamé à sortir le pays du "gouffre" dans lequel il est tombé, selon les termes de M. Goumba, de nombreux exilés politiques s'apprêtent à regagner Bangui.

"Je dois rentrer dans mon pays pour apporter ma contribution aux nouvelles autorités en vue de la reconstruction de la Centrafrique", a ainsi déclaré Charles Massi, président du Forum pour la démocratie et la modernité (Fodem), dont le retour à Bangui est prévu le week-end prochain.

Ancien ministre et proche de l'ex-président Patassé, passé dans l'opposition, Charles Massi avait été condamné à mort par contumace en 2002 suite à un coup d'Etat manqué dans lequel il a toujours nié toute participation.

Face au soutien quasi-général au nouveau régime, la Guinée équatoriale a, contre toute attente, retiré mercredi son contingent de Bangui, composé de 30 militaires intégrés à la force de paix de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac).

La Cémac avait décidé vendredi dernier de maintenir sa force de paix dans la capitale centrafricaine, de renforcer ses effectifs et de redéfinir son mandat, malgré le renversement du président Ange-Félix Patassé. Lors de cette réunion à Brazzaville, le Premier ministre équato-guinéen, Rivas Candido Muatetema, n'avait pas semblé se démarquer de ses pairs.

Quant aux pillages des édifices publics qui ont marqué les 48 heures suivant le coup d'Etat, les deux principaux quotidiens indépendants ont mis en cause l'ancien parti au pouvoir, faisant ainsi écho aux doutes émis dans ce sens dimanche par le général Bozizé.

Certains "voulaient par cet acte brouiller les pistes de leurs détournements" et "d'autres, entendaient par là effacer les traces de certaines pièces à conviction qui pourraient servir de preuves contre eux si jamais ils étaient poursuivis en justice", écrit le Confident.

Aucun de ces journaux n'a fait référence aux autres pillards, parmi lesquels, ont indiqué des témoins, des rebelles appartenant aux forces du général Bozizé.