BANGUI, 23 mars 2003 (AFP) - 16h22 - Cathédrale, Temple, église évangélique, après une mosquée vendredi: le président centrafricain autoproclamé François Bozizé s'est lancé dimanche dans un marathon oecuménique, soignant son image de leader rassembleur et soucieux d'étouffer tout germe de division religieuse en Centrafrique.
Après une première semaine de pouvoir consacrée aux problèmes de sécurité et à la diplomatie, le nouvel homme fort de la Centrafrique a transposé en fin de semaine au plan religieux son discours politique en faveur d'une "transition consensuelle" associant tous les Centrafricains de bonne volonté.
Dimanche matin, le général Bozizé a fait une apparition remarquée à la Cathédrale Notre-Dame de l'Immaculée Conception de Bangui, a rapporté à l'AFP l'abbé Pascal Tongamba, pour la première messe dominicale depuis le coup d'Etat du 15 mars. Il a ensuite assisté au service de l'Eglise protestante de N'Goubagara, au nord de la ville.
A l'aube, ce chrétien fervent s'était rendu à l'église évangélique du Christianisme céleste, qu'il a lui-même fondée. Une messe de Requiem devait y être donnée dans la soirée en hommage aux soldats tombés au combat, avant une veillée prévue jusqu'au lendemain matin, pendant les heures de couvre-feu.
Cet hommage aux différentes obédiences chrétiennes avait été précédé vendredi d'une visite à la mosquée centrale de Bangui, où Bozizé avait demandé à la communauté musulmane de prier pour la paix dans le pays.
Le général semblait ainsi manifester sa volonté d'apaiser au plus vite la tension religieuse apparue ces derniers mois pendant sa lutte contre le régime du président déchu, Ange-Félix Patassé.
A la tête d'un mouvement rebelle composé de Centrafricains, majoritairement chrétiens, et de mercenaires tchadiens, le général Bozizé était accusé par son prédécesseur d'être une marionnette du régime musulman tchadien.
Des prêtres catholiques ont été persécutés, et l'un d'eux assassiné, dans les régions contrôlées depuis novembre 2002 par la rébellion de Bozizé.
N'Djamena a vigoureusement dénoncé des exactions et tueries de Tchadiens, à Bangui juste après le premier putsch manqué de Bozizé en octobre 2002, puis dans le pays lors de la contre-offensive des forces loyalistes. Le président tchadien, Idriss Deby, avait même évoqué "un plan d'extermination des musulmans".
Parvenu au pouvoir, le général Bozizé se devait de calmer le jeu. Notamment en donnant des gages à l'Eglise catholique, qui s'était beaucoup investie dans la préparation d'un Dialogue national de réconciliation initié par M. Patassé, avorté en raison du coup d'Etat.
"L'Eglise ne prend pas parti mais elle reste l'Eglise, celle qui réconcilie", expliquait dimanche l'abbé Pascal Tongamba, qui avait dit la messe à la cathédrale. "Nous demandons au nouveau régime à chercher à réconcilier les Centrafricains, à ne pas laisser s'exprimer la rancune et nourrir la haine", avait-il ajouté.
A l'église du Christianisme céleste de M. Bozizé, fermée par le régime Patassé depuis son entrée en rébellion en novembre 2001, le retour du père fondateur était qualifié de "grande bénédiction" par le Pasteur Jules Féirekei, "vénérable senior leader de l'église".
Selon le pasteur évangéliste, l'avènement du général Bozizé, élu de Dieu, comme jadis Moïse contre les Egyptiens, était prédit par les écritures.
BANGUI, 23 mars 2003 (AFP) - 12h45 - Le général François Bozizé s'est rendu dimanche matin à la cathédrale de Bangui pour assister à la messe dominicale, une semaine après le coup d'Etat victorieux qui l'a porté à la tête de la Centrafrique.
Lui-même fondateur à Bangui d'une petite église protestante, il avait fait une visite similaire vendredi à une mosquée de la capitale centrafricaine.
Tôt dimanche matin, le président centrafricain autoproclamé a fait une apparition remarquée dans la cathédrale Notre-Dame de l'Immaculée Conception aux trois-quarts pleine, a rapporté à l'AFP l'abbé Pascal Tongamba, surpris de voir autant de fidèles pour cette première messe dominicale depuis le coup d'Etat.
"Nous lui avons adressé un petit remerciement parce qu'il n'est pas venu chez nous en tant que président, mais en tant que chrétien", a déclaré l'abbé, qui a prononcé la messe en langue nationale, le sango.
Le prêtre n'a pas fait d'allusion directe dans son homélie au changement de régime intervenu et aux pillages auxquels s'est livrée la population à la faveur de la confusion qui régnait à Bangui.
"Mais nous avons cité des textes bibliques mettant en garde contre la convoitise, et je crois que les gens ont compris le message", a-t-il dit.
"L'Eglise ne prend par parti mais elle reste l'Eglise, celle qui réconcilie, a expliqué l'abbé Tongamba. Nous demandons au nouveau régime à chercher à réconcilier les Centrafricains, à ne pas laisser s'exprimer la rancune et nourrir la haine".
Selon le prêtre, les fidèles étaient curieux de voir en personne le nouveau chef de l'Etat centrafricain. "D'autres étaient contents qu'il ait mis fin si vite aux pillages. Certains disaient: +C'est notre libérateur+".
L'église catholique centrafricaine avait été associée très étroitement à la préparation du dialogue national de réconciliation initié par le président déchu Ange-Félix Patassé, mais qui tardait à venir.
Au petit matin, avant de se rendre à la cathédrale, le général Bozizé était passé à son église du Christianisme céleste, fermée depuis son entrée en rébellion en octobre 2001. Une messe de requiem devait s'y tenir dans la soirée, suivie d'une veillée jusqu'au lendemain matin, entre les heures de couvre-feu.
Enfin, après la cathédrale, le président autoproclamé avait assisté au service de l'Eglise protestante de N'goubagara, dans le nord de la ville.