BANGUI, 28 mars 2003 (AFP) - 12h50 - La Centrafrique est en train de vivre une "renaissance", a déclaré vendredi à Bangui le Premier ministre Abel Goumba lors de la manifestation monstre de soutien à l'auteur du coup d'Etat du 15 mars, le général François Bozizé.
"C'est une renaissance de la RCA qui commence. Nous avons besoin du soutien de tous les compatriotes pour retrouver l'unité mise à mal, pour reconquérir notre dignité foulée aux pieds par des hors la loi", a déclaré M. Goumba au pied du monument à la mémoire de Barthélémy Boganda, le père fondateur de la Centrafrique, dans sa première intervention officielle depuis sa désignation.
"C'est pourquoi je considère le passage brutal du 15 mars (...) comme un véritable sursaut populaire, une révolution du peuple en quête de changement", a-t-il dit.
"Mais l'appauvrissement du pays est tel qu'aucun résultat spectaculaire ne doit être attendu dans des délais rapides", a averti le chef du gouvernement de transition en lançant un appel "à un long effort et un travail assidu".
"Comme l'a dit le chef de l'Etat, il faudra que notre propre effort de reconstruction soit visible avant d'en appeler à la communauté internationale, une comunauté internationale à qui j'exprime la reconnaissance de toute le peuple centrafricain pour les aides qu'elle nous apportera dans cet effort", a poursuivi le Premier ministre.
"Il faut que le monde entier sache que le peuple centrafricain dans son immense majorité était arrivé à demander (...) que l'ancien ordre des choses soit renversé", a encore déclaré M. Goumba.
"C'est une tâche immense qui nous attend. Le gouvernement de transition, restreint, soudé et composé de cadres compétents, ayant le sens de l'Etat, doit rompre avec les pratiques passées", a-t-il ajouté.
"Unité, dignité, travail. Je voudrais ici terminer sur cette devise (de la Centrafrique) devant la statue de cet illustre homme, Barthélémy Boganda, qui a donné son sang afin que la République centrafricaine vive. Vive le Centrafrique nouveau", a conclu le Premier ministre.
Barthélémy Boganda est décédé dans un accident d'avion, le 29 mars 1959, moins de quatre mois après la proclamation de la RCA. Mais nombre de Centrafricains mettent en doute la thèse officielle de l'accident, estimant que ses idées révolutionnaires dérangeaient dans un Oubangui-Chari colonial.
Une véritable marée humaine a envahi vendredi matin les rues de Bangui pour cette manifestation de soutien au nouveau régime à l'appel de la Concertation des partis politiques de l'opposition (CPPO) et de nombreuses associations.
Cette manifestation était considérée comme un test de la popularité dont jouit le nouveau pouvoir.
Le premier discours officiel du nouveau Premier ministre (extrait)
BANGUI, 28 mars 2003 (AFP) - 12h45 - Voici les principaux extraits du premier discours officiel du nouveau Premier ministre centrafricain, Abel Goumba, prononcé vendredi à Bangui lors d'une manifestation de soutien à l'auteur du coup d'Etat du 15 mars, le général François Bozizé:
"Merci d'avoir entendu notre appel et de venir aussi nombreux témoigner à la face du monde notre adhésion totale et notre soutien à ceux d'entre nous qui ont accompli la part la plus décisive de la lutte pour chasser Ange-Félix Patassé, ce compatriote dirigeant qui a utilisé le pouvoir à son profit personnel.
Le duperie et le mensonge ont régné sur notre malheureux pays pendant près de 10 ans (...) en dépit de la misère et de la colère du peuple centrafricain.
Il n'en reste pas moins que la part la plus importante a été réalisée par nous, partis politiques et autres patriotes de l'intérieur dans cette lutte de libération.
Il faut que le monde entier sache que le peuple centrafricain dans son immense majorité était arrivé à demander, souvent dans le silence de la peur, quelquefois en le criant, que l'ancien ordre des choses soit renversé.
Non seulement l'opposition, mais également une partie importante de ceux qui apportait son soutien à son (Patassé) régime, qui avaient conscience de l'impasse où s'enfermait le pays.
C'est pourquoi je considère le passage brutal du 15 mars, non pas comme une coup d'Etat militaire au sens classique du terme, mais comme un véritable sursaut populaire, une révolution du peuple en quête de changement.
Nous réconcilier est un devoir patriotique qui doit s'imposer à tous. Vous avez un autre devoir: après l'enthousiasme, nous devons tous nous remettre au travail pour redresser le pays. la transition consensuelle doit être mise à profit pour reconstruire la RCA.
Mais l'appauvrissement du pays est tel qu'aucun résultat spectaculaire ne doit être attendu dans des délais rapides. (Il y a) un long effort et un travail assidu à exiger de la part de chacun d'entre nous.
Comme l'a dit le chef de l'Etat, il faudra que notre propre effort de reconstruction soit visible avant d'en appeler à la communauté internationale, une communauté internationale à qui j'exprime la reconnaissance de toute le peuple centrafricain pour les aides qu'elle nous apportera dans cet effort.
Nous ferons en sorte que cette période d'effort soit aussi une période plus juste, une période où chaque effort sera récompensé pour ce qu'il est. C'est une tâche immense qui nous attend.
Le gouvernement de transition, restreint, soudé et composé de cadres compétents, ayant le sens de l'Etat, doit rompre avec les pratiques passées.
C'est une renaissance de la RCA qui commence. Nous avons besoin du soutien de tous les compatriotes pour retrouver l'unité mise à mal, pour reconquérir notre dignité foulée aux pieds par des hors-la-loi.
Unité, dignité, travail. Je voudrais ici terminer sur cette devise (de la Centrafrique) devant la statue de cet illustre homme, Barthélémy Boganda, qui a donné son sang afin que la République centrafricaine vive. Vive le Centrafrique nouveau.
BANGUI, 28 Mars 2003 (AFP) - 10h29 - Des dizaines de milliers de personnes ont envahi vendredi matin les rues de Bangui en soutien au général "libérateur" François Bozizé, qui a chassé du pouvoir par un coup d'Etat le 15 mars dernier le président élu Ange-Félix Patassé, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Toute la ville semble dans la rue dans une ambiance bon enfant et sans débordement. "C'est du jamais vu en Centrafrique", ont affirmé plusieurs témoins. Une femme a assuré que la plus grande manifestation populaire dans le pays, au lendemain du renversement de l'empereur Jean-Bedel Bokassa, en 1979, n'avait pas rassemblé autant de monde.
"Bozizé libérateur", "nous sommes libérés", crie la foule. Des manifestants, parfois des branchages autour de la tête ou à la main, brandissent des pancartes où l'on peut lire: "Vive le libérateur François Bozizé" ou "oui à la réconciliation nationale". Une banderole affiche: "la révolution de la RCA a eu lieu le 15 mars 2003".
Certains manifestants ont récupéré d'anciens portraits du président déchu qu'ils présentent la tête en bas ou bien encore en ayant découpé les yeux et les lèvres.
"Nous sommes là pour prouver à l'opinion internationale que ce qui s'est passé en Centrafrique est un mal nécessaire", a expliqué à l'AFP Urbain Randall, un membre du service d'ordre de la marche, organisée à l'appel de la Concertation des partis politiques de l'opposition (CPPO). Cette marche est également appuyée par de nombreuses associations.
"C'était la misère, la dictature. Les gens ne pouvaient plus supporter. La souffrance a amené le peuple à dire +non+", a déclaré une manifestante.
Des gendarmes sans armes apparentes encadrent la manifestation en plus du service d'ordre. En dépit des pillages qui ont suivi le coup d'Etat, certains magasins sont restés ouverts et leurs propriétaires observent, depuis leurs portes d'entrée, les défilés.
Nombreux à Bangui, des enfants des rues dépenaillés dansent et font des galipettes en tête de cortège.
Depuis 07h00 locales (06h00 GMT), des dizaines de milliers de personnes ont convergé en cortèges séparés des différents quartiers de la ville pour se rassembler au monument à la mémoire du père fondateur de la Centrafrique, Barthélémy Boganda.
Le cortège unifié doit ensuite gagner le grand stade de Bangui où sont prévues plusieurs interventions.
Cette manifestation était considérée comme un test de la popularité dont jouit le nouveau pouvoir.
BANGUI, 28 Mars 2003 (AFP) - 9h44 - Des dizaines de milliers de personnes ont envahi vendredi matin les rues de Bangui en soutien au général "libérateur" François Bozizé, qui a chassé du pouvoir par un coup d'Etat le 15 mars dernier le président élu Ange-Félix Patassé, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Toute la ville semble dans la rue dans une ambiance bon enfant et sans débordement. "C'est du jamais vu en Centrafrique", ont assuré plusieurs témoins.
"Bozizé libérateur", "nous sommes libérés", crie la foule. Des manifestants brandissent des pancartes où l'on peut lire: "Vive le libérateur François Bozizé" ou "oui à la réconciliation nationale".
Depuis 07h00 locales (06h00 GMT), des cortèges séparés venus des différents quartiers de la ville ont convergé vers le monument à la mémoire du père fondateur de la Centrafrique, Barthélémy Boganda.
Le cortège unifié doit ensuite gagner le grand stade de Bangui où sont prévues plusieurs interventions.