BANGUI, 25 mars 2003 (AFP) - 18h03 - Unanimement accueilli, aussi bien par l'ONU, les syndicats que la population, le nouveau Premier ministre centrafricain Abel Goumba a annoncé mardi que son gouvernement serait formé en début de semaine prochaine et comprendrait "toutes les tendances" politiques.
Nommé dimanche par le président autoproclamé François Bozizé, M. Goumba n'a pas perdu de temps, en pleine période de bouleversements politiques consécutifs au coup d'Etat du 15 mars. Le gouvernement sera formé "en début de semaine prochaine (...) nous sommes en pourparlers. Toutes les tendances seront représentées", a-t-il assuré dans un entretien téléphonique à l'AFP.
M. Goumba a souligné vouloir consulter les partis politiques, les représentants de la société civile, notamment les femmes et les syndicats.
Ces derniers, qui avaient mené une forte contestation sociale sous le régime du président déchu, Ange-Félix Patassé, ont rencontré lundi soir le général Bozizé et l'ont assuré de leur soutien.
Ils ont annoncé leur intention d'appeler les fonctionnaires grévistes, principalement dans l'Education nationale, à reprendre le travail sans attendre le versement des arriérés de salaires qui, pour certaines catégories, avoisinent les 40 mois.
Avant les syndicats, l'Onu avait également réagi favorablement à la désignation de M. Goumba. Pour le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies (ONU) en Centrafrique, le général sénégalais Lamine Cissé, cette nomination devrait permettre "une transition plus douce, plus efficace".
Même écho au sein de la population qui a surnommé le nouveau Premier ministre, "Mains propres", en référence à son honnêteté reconnue.
Pour afficher son soutien au nouveau pouvoir, la Concertation des partis politiques d'opposition (CPPO), dont M. Goumba est le président, organise vendredi une grande marche pacifique.
"Nous voulons également exprimer (par cette marche) notre ferme volonté de nous opposer à toutes manoeuvres visant à ramener (le président déchu et réfugié au Togo) Ange-Félix Patassé au pouvoir", a précisé M. Goumba.
Craignant pour leur sécurité depuis le coup d'Etat, une centaine de ressortissants de la République du Congo (RDC) réfugiés en Centrafrique se sont regroupés dans les anciens locaux du Haut commissariat aux réfugiésdes Nations unies.
Ces réfugiés ayant fui la guerre en RDC voisine se disent menacés par la population centrafricaine, en représailles aux exactions commises en Centrafrique par les rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) alliés au régime du président déchu.
Nouveau signe de normalisation, des banques ont rouvert mardi, commerces et administrations fonctionnent à nouveau. Mais les magasins du centre-ville déplorent la perte d'une grande partie de leur clientèle occidentale. Près de 600 ressortissants étrangers ont fui le pays après les pillages qui ont suivi le coup d'Etat.
Même si les avions militaires français acheminent de moins en moins d'étrangers, les rotations se poursuivent entre le Gabon et la Centrafrique afin d'approvisionner la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) composée d'environ 700 hommes.
BANGUI, 25 mars 2003 (AFP) - 17h39 - Les centrales syndicales centrafricaines vont appeler à la reprise du travail des fonctionnaires après une rencontre lundi soir avec le président autoproclamé François Bozizé, a-t-on appris mardi de source syndicale.
Les enseignants sont en grève depuis la rentrée scolaire, le 1er octobre. D'autres catégories de fonctionnaires, en particulier dans certains ministères, ont entamé un mouvement de soutien aux enseignants depuis janvier.
De plus, du fait du non versement des salaires et face à la déliquescence de l'Etat, nombreux sont les fonctionnaires qui se rendaient ces derniers temps irrégulièrement à leur travail.
"Nous attendions cette rencontre (avec le général Bozizé) pour demander à la base de reprendre le travail", a déclaré à l'AFP le président de la coordination des centrales syndicales, Richard Sandoz Oualanga.
"Car exiger du président Bozizé à l'heure actuelle (avant de reprendre le travail) de payer aux travailleurs leurs dus serait de la mauvaise foi", a indiqué le syndicaliste en référence aux dizaines de mois d'arriérés de salaires accumulés par l'Etat centrafricain envers ses fonctionnaires.
La question du versement régulier des salaires a été abordée au cours de l'entretien de lundi. Les représentants syndicaux ont déclaré au général Bozizé "qu'ils approuvent le changement intervenu à la tête de l'Etat (le 15 mars) et expriment leur soutien à l'oeuvre de reconstruction nationale". Ils ont aussi "souhaité qu'il (Bozizé) puisse veiller à l'amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires, notamment le paiement régulier des salaires", a souligné M. Sandoz Oualanga.
Au cours de cette rencontre, a précisé le syndicaliste, le général Bozizé a affirmé qu'"une seule chose retient et retiendra mon attention, et constituera le leitmotiv de notre action: le travail".
Le nouveau président a demandé aux syndicalistes de "l'aider à mettre tout le monde au travail", en dépit "des difficultés". "Croisez les bras, c'est aller droit à la mort", a-t-il ajouté.