Retour dimanche à Bangui de quelques exilés politiques

BANGUI, 3O mars 2003 (AFP) - 15h24 - Quelques exilés politiques centrafricains ont regagné Bangui dimanche, quinze jours exactement après le coup d'Etat qui a porté au pouvoir à Bangui le général François Bozizé.

A bord du premier vol Air France depuis le putsch se trouvaient notamment l'ancien ministre Charles Massi, et l'homme d'affaires Sani Yalo, considéré comme le financier de la rébellion, a constaté un journaliste de l'AFP.

Outre MM. Massi et Yalo, accueillis chaleureusement par leurs proches, Charles Armel Doubane, membre de l'Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP), ancien député et ancien ministre, est rentré à Bangui après un séjour de cinq ans en France.

Charles Massi, président du Forum démocratique pour la modernité (FODEM), un parti membre de la Concertation des partis politiques de l'opposition (CPPO), évacué en France pour raisons médicales début 2OO1, avait été accusé "d'atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat" en mai 2OO2, puis cassé de son grade de commandant et rayé du contrôle des forces armées centrafricaines.

Il sera ensuite accusé, en octobre 2OO2, d'avoir été l'un des cerveaux du coup d'Etat manqué du général André Kolingba, en mai 2OO1, et condamné à mort par contumace.

Sani Yalo, directeur général de la société SICOTRANS (Société d'importation, de commerce et de transit), considéré par le régime déchu comme "l'homme à abattre" pour son soutien au général Bozizé, vivait entre N'djaména, Douala, Malabo, et Paris.

Accusé par la justice centrafricaine de fraude fiscale en 1998, il avait échappé de justesse à une tentative d'arrestation musclée en 1999. Il sera finalement arrêté au Cameroun en 2OO2 et détenu pendant plusieurs mois à Yaoundé.

Menacé d'extradition par les autorités camerounaises, sa famille avait craint pour sa sécurité en raison de ses liens avec François Bozizé. Détenteur d'un passeport tchadien, il finira par recouvrer sa liberté et s'exiler en France.

Après le premier coup de force du général Bozizé, fin-octobre-début novembre 2001, Sani Yalo avait été accusé par le régime de l'ancien président Ange-Félix Patassé d'avoir stocké des armes à son domicile et chez son frère cadet pour permettre au général de prendre le pouvoir.

Deux de ses proches, son frère cadet et son oncle maternel, avaient été arrêtés en mai 2OO2 et détenus sans jugement jusqu'à leur libération à la faveur du coup d'Etat du 15 mars.

L'ancien premier ministre centrafricain, Jean-Paul Ngoupandé, dont le retour était aussi annoncé pour ce dimanche, n'était finalement pas sur ce vol.

Toutefois, Karim Meckassoua, son ancien directeur de cabinet vivant en France et qui assure la coordination de la branche politique de la rébellion, est rentré à Bangui en milieu de semaine, par vol spécial à partir de N'djaména, de même que Idriss Salao, secrétaire général du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC), le parti de Kolingba.