Environ 5.000 réfugiés centrafricains veulent regagner leur pays
BANGUI, 26 mars 2003 (AFP) - 16h57 - Environ 5.000 réfugiés centrafricains ont manifesté leur souhait de regagner rapidement leur pays depuis le coup d'Etat du 15 mars du général François Bozizé, a-t-on appris mercredi auprès de l'antenne du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Bangui.
"Il s'agit du reliquat des Centrafricains qui ont fui la capitale (lors de la tentative de coup d'Etat) en mai 2001", imputé à l'ex-président centrafricain André Kolingba, a déclaré à l'AFP Emile Segbor, délégué du HCR pour la Centrafrique et le Tchad.
Selon M. Segbor, 3.000 se trouvent actuellement en République démocratique du Congo (RDC), à Molé (environ 40 km de Bangui), en zone contrôlée par le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, et 2.000 autres au Congo-Brazzaville, à Bétou, sur un autre site du HCR.
Ces réfugiés sont majoritairement des Yakomas, l'ethnie de M. Kolingba, originaire des rives du fleuve Oubangui qui sépare le Centrafrique de la RDC.
Environ 25.000 personnes avaient fui la capitale centrafricaine lors du putsch manqué de mai 2001. La plupart sont déjà rentrés discrètement au pays.
Parmi ceux qui sont restés figure notamment un "noyau dur" d'environ 500 militaires et leurs familles, a souligné le représentant du HCR.
Depuis le renversement du président Ange-Félix Patassé par le général Bozizé, "ils sont impatients de rentrer", a ajouté M. Segbor.
"Nous sommes prêts à les aider, mais nous leur avons dit que c'était un peu prématuré car il n'y a pas encore de gouvernement nommé en Centrafrique. Nous préférons obtenir des garanties pour certains", a-t-il dit.
En revanche, les quelque 20.000 Centrafricains qui se sont réfugiés ces derniers mois au Tchad, pour fuir les combats entre partisans du général Bozizé et forces rebelles congolaises alliées au président Patassé, n'ont pas encore manifesté de volonté de retour.
"Pour le moment, ils restent prudents et attendent de voir l'évolution de la situation", a indiqué M. Segbor.
Des hommes politiques centrafricains en exil attendus à Bangui
BANGUI, 26 mars 2003 (AFP) - 16h32 - Plusieurs hommes politiques centrafricains en exil vont regagner Bangui dans les jours prochains, parmi lesquels de potentiels ministrables dans le futur gouvernement de transition voulu par le président autoproclamé François Bozizé, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Karim Meckassousa, le chef de la Coordination des patriotes centrafricains, la branche politique de l'ex-rébellion du général Bozizé, devait arriver dès mercredi par vol spécial dans la capitale centrafricaine, a indiqué à l'AFP le porte-parole du général Bozizé, le capitaine Parfait Mbaye.
M. Meckassoua occupera sans doute un portefeuille clé dans le gouvernement qu'est en train de composer le nouveau Premier ministre Abel Goumba.
L'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé, en exil en France, chef du Parti de l'unité nationale (PUN, opposition), doit pour sa part gagner Bangui dès le premier vol Air France via N'Djamena, prévu normalement dimanche, selon M. Mbaye.
Il fait l'objet d'une condamnation à mort par contumace pour sa supposée complicité, toujours démentie, dans le coup d'Etat manqué de mai 2001, tout comme le député Charles Massi, président du Fodem (opposition), dont le retour à Bangui n'est pas annoncé dans l'immédiat.
Avant de partir en exil, ces deux opposants avaient été à la pointe du combat contre le régime du président Ange-Félix Patassé, renversé le 15 mars par le général Bozizé à la faveur d'un coup d'Etat.
Idriss Salao, le secrétaire général du premier parti parlementaire de l'opposition, le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC), de l'ancien président André Kolingba, est également attendu à Bangui très prochainement, a indiqué M. Mbaye.
L'ex-président Kolingba (1981-93), condamné à mort par contumace pour son coup d'Etat manqué du 28 mai 2001, et dont on ignore exactement dans quel pays il se trouve actuellement, rentrera également à terme en Centrafrique, estimait-on dans les cercles du nouveau pouvoir.
Mais le retour de cet ancien chef d'Etat, qui emprisonna sous son règne le général Bozizé pour une tentative de coup de putsch, téléguidée ou non par M. Patassé selon les versions, ne semblait pas encore imminent, selon des sources informées dans la capitale centrafricaine.
D'autres personnalités centrafricaines, dont les identités n'ont pas été précisées, devraient arriver à Bangui par les premiers vols commerciaux Air France ou Cameroon Airlines depuis le coup d'Etat du 15 mars.
Le nouveau Premier ministre centrafricain, Abel Goumba, nommé dimanche, a indiqué mardi à l'AFP que "toutes les tendances" politiques du pays seraient représentées dans son équipe, dont il annoncera probablement la composition en début de semaine prochaine.