Bangui en voie de sécurisation reste sur ses gardes
BANGUI, 26 mars 2003 (AFP) - 17h15 - Couvre-feu oublié, reprise des cours dans l'enseignement privé, retour des premiers exilés: la Centrafrique poursuit sa normalisation onze jours après le coup d'Etat qui a porté au pouvoir le général François Bozizé mais le nouveau régime reste sur ses gardes.
Bangui retrouve son visage antérieur au putsch éclair du 15 mars avec, en prime, le retour annoncé des premiers hommes politiques exilés. Plusieurs d'entre eux devraient entrer dans le nouveau gouvernement dont la composition sera connue en début de semaine prochaine.
Karim Meckassousa, le chef de la Coordination des patriotes centrafricains, la branche politique de l'ex rébellion du général Bozizé, était attendu dès mercredi par vol spécial dans la capitale centrafricaine.
M. Meckassoua occupera sans doute un portefeuille clé dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Abel Goumba.
Condamné à mort par contumace, l'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé, en exil en France, chef du Parti de l'unité nationaleopposition), doit pour sa part gagner Bangui dès le premier vol Air France via N'Djamena, prévu normalement dimanche.
Mais ces signes de stabilisation n'empêche pas le nouveau pouvoir de rester prudent.
Ainsi, échaudés par les débordements qui ont suivi le coup d'Etat, les organisateurs de la marche de soutien vendredi au général Bozizé ont prévenu que les fauteurs de trouble seraient mis "hors d'état de nuire".
"Toute personne mal intentionnée qui sera tentée de poser des actes de vandalisme, sera automatiquement mise hors d'état de nuire", ont-ils assuré.
Organisée à l'appel de la Concertation des partis politiques de l'opposition (CPPO), présidée par M. Goumba, cette marche aura valeur de test. Aucune réunion ou manifestation politique de l'opposition n'avait été autorisée dans la capitale depuis la réélection en 1999 du président déchu Ange-Félix Patassé.
Par ailleurs, environ 5000 réfugiés centrafricains, en RDCongo ou au Congo Brazzaville, ont manifesté leur souhait de regagner rapidement leur pays, a indiqué le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Bangui.
Ces réfugiés sont majoritairement des Yakomas, l'ethnie de l'ancien président André Kolingba, une minorité très influente dans le pays.
Environ 25.000 personnes avaient fui la capitale centrafricaine lors du putsch manqué de mai 2001 imputé au général Kolingba.
En revanche, les quelque 20.000 Centrafricains qui se sont réfugiés ces derniers mois au Tchad, pour fuir les combats entre partisans du général Bozizé et forces rebelles congolaises alliées au président Patassé, n'ont pas encore manifesté de volonté de retour.
La presse centrafricaine met un bémol à ces notes d'optimisme. "Bozizé doit faire attention. Car le peuple est versatile", relevait cette semaine le quotidien indépendant Le Citoyen en lorgnant vers la Côte d'Ivoire.
"Le même peuple qui a crié +vive Houphouët+ a ensuite crié +Houphouët voleur+", rappelait ce journal.
Mais pour l'instant, les Centrafricains retrouvent peu à peu leurs habitudes et en arrivent à oublier le couvre-feu. Les Banguissois sont nombreux depuis quelques jours à sortir le soir dans les rues, bien au delà du couvre-feu officiellement imposé de 19H00 (18H00 GMT) à O6H00 (05H00 GMT) du matin.
Les Banguissois se promènent au-delà du couvre-feu
BANGUI, 26 mars 2003 (AFP) - 11h47 - Le couvre-feu imposé de 19H00 (18H00 GMT) à O6H00 (05H00) du matin n'est pas respecté depuis quelques jours par les Banguissois qui continuent de se déplacer jusqu'à 22H00 (21H00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP.
L'arrêt, depuis le milieu de la semaine dernière, des tirs sporadiques nocturnes et le rétablissement progressif de la sécurité amènent les habitants de la capitale à renouer peu à peu avec leurs promenades nocturnes, sans tenir compte des horaires du couvre-feu et sans que n'interviennent les patrouilles militaires pour le faire respecter.
Au quartier populeux du KM5, dans les quartiers nord, voire dans le centre et le sud-ouest, il est fréquent de voir des Banguissois se déplaçant dans la rue au-delà de 19H00.
Certaines informations non confirmées officiellement font état d'un allègement prochain du couvre-feu, initialement imposé pour 10 jours au surlendemain du coup d'Etat, le 15 mars.
Cette évolution a coïncidé avec l'arrivée des éléments tchadiens venus renforcer la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC).
Les 400 Tchadiens ont surtout contribué au désarmement des "faux rebelles", individus armés déguisés en rebelles qui se livraient à des braquages dans la ville.
Plus de 1.3OO armes, allant de la Kalachnikov au lance-roquettes, saisies par les forces tchadiennes, ont été remises lundi aux autorités militaires centrafricaines.