Début de sécurisation : 1300 armes récupérées, rotation de l'armée français, reprise de vie et du commerce à Bangui


L'armée française achemine des vivres pour la Cémac et ramène quelques étrangers

LIBREVILLE, 24 mars 2003 (AFP) - 18h41 - L'armée française poursuit ses rotations entre Libreville et Bangui où elle continue d'approvisionner la force de la Cémac et d'où elle a ramené lundi vers le Gabon cinq ressortissants étrangers, selon une source militaire française à Libreville.

Aucun ressortissant étranger n'avait embarqué samedi. Il n'y a pas eu de vol dimanche.

Ce chiffre porte à 574 le nombre de personnes ayant fui la capitale centrafricaine depuis le dimanche 16 mars, au lendemain du coup d'Etat du général François Bozizé.

Les militaires français vont pourtant poursuivre leurs rotations journalières car, même si l'avion est vide au retour, il est plein à l'aller: l'armée transporte une partie des vivres et de l'eau pour la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) composée d'environ 700 hommes, a indiqué cette source.

Après le vol d'Air France lundi matin, il ne reste plus que 25 personnes en attente au camp militaire français de Libreville.

Les ressortissants étrangers, dont une majorité de Français, ont rejoint leur pays d'origine à leur frais. La compagnie aérienne française avait affrété plusieurs avions supplémentaires la semaine dernière à destination de Paris.


Le centre de Bangui retrouve son affluence et ses commerces

BANGUI, 24 mars 2003 (AFP) - 15h27 - Commerces et administrations ouverts, nombreux taxis, marchands ambulants: le centre de la capitale centrafricaine a retrouvé lundi matin son animation normale, 10 jours après le coup d'Etat du général François Bozizé le 15 mars, a constaté un journaliste de l'AFP.

Une cohorte de retraités se pressaient devant le siège du Trésor public, pour savoir si leurs pensions seraient payées, pendant qu'à l'intérieur, les fonctionnaires nettoyaient les bureaux et reprenaient leurs postes.

A part certains commerces totalement pillés et saccagés par la foule juste après le coup d'Etat et dont les propriétaires ont quitté le pays, seuls les guichets des banques étaient encore fermés en début de matinée.

Des clients pris à l'improviste sans argent par le coup d'Etat attendaient leur ouverture avec impatience. Selon un des militaires tchadiens venus la semaine dernière sécuriser la ville, des sentinelles devaient y être postées en fin de matinée pour permettre leur ouverture rapide.

Une foule nombreuse circulait devant les échoppes des barbiers, vendeurs de viande grillée et autres bazars de fortune proposant postes de radio, valises et ventilateurs. Le Phénicia, célèbre boulangerie-patisserie et salon de thé du centre-ville, retrouvait son affluence normale.

Presque tous commentaient avec satisfaction la nomination du nouveau Premier ministre, le doyen des opposants centrafricains Abel Goumba, connu ici sous le surnom de "Mains propres" pour son intégrité reconnue.

L'ambiance était plus morose dans les grands magasins du centre-ville.

"Au pif, on nous a volé pour 400 à 500 millions de francs CFA (entre 610.000 et 760.000 EUR). Le stock de téléviseurs, de congélateurs et de réfrigérateurs a été emporté avec nos camions", commentait, amer, le directeur adjoint du magasin d'ameublement et d'électro-ménager Dameca, Jean-Jacques Nassif.

"C'est une perte énorme ajoutait ce commerçant, qui a été séquestré pendant quatre heures, frappé et menacé de mort par un groupes d'hommes armés parlant arabe, apparemment des mercenaires tchadiens de l'ex-rébellion de Bozizé.

Le supermarché d'alimentation Dias-frères, qui a rouvert dès vendredi, a eu la chance d'échapper aux pillages, grâce à ses vigiles et moyennant quelques liasses de billets aux hommes en armes.

Mais les derniers événements ont porté un coup dur à ce magasin fréquenté essentiellement par des expatriés européens.

"Entre les putschs manqués de 2001 et octobre dernier, nous avions perdu 25% de nos recettes. Cette fois, 600 personnes auraient été évacuées. On peut estimer en tout que la moitié de nos clients sont partis", expliquait un cadre du magasin, Carlos Santos.


1.300 armes de guerre remises au général Bozizé par l'armée tchadienne

BANGUI, 24 mars 2003 (AFP) - 15h11 - Le président centrafricain autoproclamé François Bozizé s'est fait remettre par l'armée tchadienne lundi à Bangui 1.300 armes de guerres récupérées ces jours derniers dans la capitale centrafricaine, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous avons récupéré 1.300 armes de guerre de tous calibres", a indiqué à l'AFP le colonel tchadien Khakil Daoud Soumaine, chef d'état-major adjoint des armées, devant un tas d'armes souvent anciennes, allant de la kalachnikov au mortier.

Ces armes ont été symboliquement remises au général Bozizé, au pouvoir depuis son coup d'Etat du 15 mars, lors d'une cérémonie au camp de Roux, où les 400 soldats tchadiens arrivés la semaine dernière pour sécuriser Bangui ont installé leur état-major.

Une bonne centaine de véhicules volés dans la confusion du coup d'Etat étaient également entreposés dans cette caserne de Bangui, en attendant d'être restitués à leur propriétaires.

"Les forces armées du Tchad, de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) et locales ont fait du bon travail", a simplement commenté le général Bozizé, vêtu de son habituel treillis.

Le représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu en Centrafrique, le général sénégalais Lamine Cissé était présent, ainsi que l'ambassadeur du Tchad en Centrafrique, Maïtine Djoumbé.

Le général Bozizé était accompagné d'une garde prétorienne parmi laquelle on reconnaissait son porte-parole, le capitaine Parfait Mbaye et le chef d'état-major des armées, le colonel Antoine Gambi, nommé il y a deux mois par le président déchu, Ange-Félix Patassé, mais vieux compagnon d'armes du nouveau chef d'Etat.

Le général Bozizé devait ensuite participer à une cérémonie similaire à l'Assemblée nationale, où ont été entreposés par les forces de l'ordre au moins 200 véhicules volés et des montagnes de biens pillés dans les premières 48h du coup d'Etat.