BANGUI, 22 mars 2003 (AFP) - 16h44 - Une semaine après le coup d'état éclair du 15 mars qui a porté au pouvoir le général François Bozizé, le nouveau régime centrafricain conforte son assise et s'emploie à rétablir l'ordre dans le pays.
Réunis vendredi à Brazzaville, les représentants des pays membres de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac) ont entériné le changement de pouvoir en accédant à la demande du nouvel homme fort de Bangui.
Ce dernier souhaitait le renforcement de la force de paix de quelque 300 hommes, déployée depuis fin décembre en Centrafrique, initialement pour assurer la sécurité du président déchu Ange-Félix Patassé et des institutions républicaines.
Les représentants du Congo, du Gabon, du Tchad, du Cameroun et de la Guinée-équatoriale ont "accueilli favorablement la demande des nouvelles autorités centrafricaines sur le maintien de la force de la Communauté et le renforcement de ses effectifs" en Centrafrique, déclare le communiqué final.
Les responsables de la CEMAC ont également convenu de définir de nouveaux mandat et statut de leur force pour "contribuer à la sécurisation de la République centrafricaine (RCA) et à la restructuration de ses forces armées".
Les Etats-membres ont aussi accepté l'envoi par le Tchad d'un contingent qui renforcera à Bangui les troupes congolaises, gabonaises et équato-guinéennes déjà présentes.
Dès mercredi, le Tchad, qui n'était pas partie prenante jusqu'à présent dans la force Cémac, avait répondu positivement à l'appel lancé lundi par le général Bozizé et au moins 200 parachutistes tchadiens ont pris position à Bangui mercredi et jeudi en renfort des troupes de la Cémac.
La Cémac s'est également engagée "à accompagner le processus de transition pour un retour rapide à l'ordre constitutionnel". Elle a "pris acte des engagements du général François Bozizé à restaurer la paix et la démocratie, la sécurité des personnes et des biens" et l'encourage à "poursuivre résolument dans cette voie".
Au plan diplomatique, le général Bozizé a également reçu samedi le ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo (RDC), Léonard She Okitundu, auquel il a donné "des assurances" quant à l'amélioration des relations entre les deux pays.
"Le nouveau pouvoir en Centrafrique va respecter les relations de bon voisinage avec la RDC. Ca m'étonnerait qu'il y ait encore ces relations ambiguës entre un Etat (la RCA) et un mouvement rebelle", a déclaré M. Okitundu.
Le ministre congolais faisait allusion au soutien militaire apporté ces derniers mois au régime du président déchu par environ 2.000 combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, en rébellion contre le régime de Kinshasa.
M. Okitundu a rappelé l'existence d'accords de défense entre la RDC et la RCA. En cas de nouvelle intervention du MLC en Centrafrique, "nous ne saurions tolérer une telle ingérence et nous ne resterions pas inertes", a-t-il déclaré.
Afin de poursuivre le rétablissement de l'ordre dans Bangui après les pillages qui ont suivi le coup d'Etat, le nouveau pouvoir a lancé samedi une impressionnante opération de police destinée à récupérer les biens pillés.
Les quartiers populaires ont été bouclés samedi matin par les troupes de la Cémac, tandis que militaires et policiers centrafricains menaient des perquisitions systématiques dans chaque maison de la ville.
Enfin, entre 200 et 300 éléments de l'Unité de sécurité présidentielle (USP), garde rapprochée de l'ancien président, ont fait l'objet samedi, désarmés et en civil, d'un recensement.
Connue pour ses méthodes musclées, l'USP comptait au moins 8OO hommes avant le coup d'Etat.