Célébration du 44eme anniversaire de la disparition de  Barthélemy Boganda


Le crash du 29 mars 1959  avec Barthélémy BOGANDA à bord, vu par le peintre Jérôme Ramedane


Le 44ème anniversaire de la mort de Boganda célébré dans la joie

BANGUI, 29 mars 2003 (AFP) - 16h24 - Contrairement à la tradition en vigueur sous le régime déchu, le 44ème anniversaire de la mort du fondateur de la République centrafricaine (RCA), Barthélemy Boganda, a plutôt été commémoré dans la joie samedi, au lendemain de la grande marche de soutien au président autoproclamé, le général François Bozizé, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Le général Bozizé, qui s'est emparé du pouvoir le 15 mars à la faveur d'un coup d'Etat, s'est rendu samedi matin sous forte escorte militaire à Bobangui, village natal de Boganda situé à environ 80 km de Bangui, comme le font tous les chefs d'Etat centrafricains chaque 29 mars.

Devant un parterre de notables, d'enfants des écoles primaires de la commune et de parents du défunt président Boganda, le nouvel homme fort de la Centrafrique s'est incliné devant le mausolée dédié au père de l'Indépendance de ce pays, anciennement colonisé par la France.

Son Premier ministre, l'opposant historique Abel Goumba, 76 ans, compagnon de route de Boganda, ainsi que les principaux responsables militaires du pays, avaient également fait le déplacement.

Les représentants des confessions catholique, protestante et musulmane de Bobangui, ont prononcé de brèves prières en langue nationale sango pour la paix et la réconciliation.

Le général Bozizé s'est ensuite rendu à Berengo, à quelques kilomètres de là, pour s'incliner sur la tombe de l'ex-empereur Bokassa 1er, qui l'avait fait général.

Le long de la route, les enfants des villages criaient et agitaient des feuillages au passage du cortège officiel.

Parmi la population, contrairement à l'habitude, cet anniversaire n'a pas été vécu comme une journée de deuil ainsi que l'imposaient les anciennes autorités.

La radio nationale a consacré certaines émissions à ce 44ème anniversaire sur fond de chansons populaires mais sans cantiques ou musique liturgique comme sous tous les régimes précédents.

Se conformant à la tradition, tôt samedi matin, les échoppes, buvettes et bars-dancing avaient fermé leurs portes bien que, contrairement à l'accoutumée, aucun texte n'avait ordonné leur fermeture en ce jour anniversaire.

Mais aux environs de 08H00, certains commerçants ont commencé à rouvrir leurs boutiques. D'abord dans le silence, ils se sont mis ensuite à diffuser de la musique en présence de nombreux clients à la mi-journée.

Vendredi soir déjà, les Banguissois avaient accordé une place de choix aux réjouissances. Au delà de 22H00 (21H00 GMT), heure officielle d'entrée en vigueur du couvre-feu, la population a laissé explosé sa joie tardivement dans les bars et dancings de plusieurs quartiers de la capitale,

Par ailleurs, ce week-end devrait voir le retour au pays d'une nouvelle vague d'exilés politiques avec l'arrivée attendue du premier vol Air France depuis trois semaines. La compagnie française assure normalement un vol hebdomadaire, suspendu depuis le coup d'Etat.

Au Congo Brazzaville, d'autres opposants centrafricains en exil ont annoncé leur soutien au général Bozizé. Réunis au sein de l"'Espace de réflexion citoyenne pour la paix et la démocratie en RCA" ces opposants louent "le courage et la détermination du nouveau chef d'Etat pour avoir épargné à la RCA des situations dramatiques".


Le général Bozizé rend hommage au père de la nation centrafricaine

BOBANGUI (Centrafrique), 29 mars 2003 (AFP) - 13h56 - Le président autoproclamé centrafricain, le général François Bozizé, a rendu hommage samedi au fondateur de la République centrafricaine (RCA), Barthélemy Boganda, dont on célébrait le 44ème anniversaire de la mort, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le général Bozizé, qui s'est emparé du pouvoir le 15 mars à la faveur d'un coup d'Etat, s'est rendu sous forte escorte militaire à Bobangui, village natal de M. Boganda situé à environ 80 km de Bangui, comme le font tous les chefs d'Etat centrafricains chaque 29 mars.

Devant un parterre de notables, d'enfants des écoles primaires de la commune et de parents du défunt président Boganda, le nouvel homme fort de la Centrafrique, s'est incliné devant le mausolée dédié au père de l'Indépendance de ce pays, anciennement colonisé par la France.

Son Premier ministre, l'opposant historique Abel Goumba, 76 ans, compagnon de route de M. Boganda, ainsi que les principaux responsables militaires du pays, avaient également fait le déplacement.

M. Bozizé, dans son habituel treillis, a salué au garde à vous un buste sous verre de M. Boganda placé au centre d'un petit mémorial blanc paré aux couleurs de la RCA, sur fond des roulements de tambours militaires.

Les représentants des confessions catholique, protestante et musulmane de Bobangui, ont prononcé de brèves prières en langue nationale sango pour la paix et la réconciliation.

"A travers les psaumes de la Bible, j'ai dit qu'on avait beaucoup souffert et qu'on voulait que cela cesse", a déclaré à l'AFP le Père français Philippe Rivals, installé en Centrafrique depuis 1969.

"J'ai dit aussi que nous voulions la paix, la justice et la vérité", a-t-il ajouté.

Après une cérémonie plus brève que celles des années précédentes, le général Bozizé s'est rendu à Berengo, à quelques kilomètres de là, pour s'incliner sur la tombe de l'ex-empereur Bokassa 1er, qui l'avait fait général.

Le long de la route, les enfants des villages criaient et agitaient des feuillages au passage du cortège officiel. Certains militaires profitaient de la balade pour acheter des bananes et se désaltérer au vin de palme.


Barthélémy Boganda, père de l'indépendance

BANGUI, 29 mars 2003 (AFP) - 9h15 - Pour tous les Centrafricains, Barthélémy Boganda, père fondateur de la République centrafricaine dont le 44è anniversaire de la mort est célébré samedi, reste la référence, incarnée par la devise qu'il a léguée au pays: "Unité, Dignité, Travail".

La célébration de cet anniversaire prend cette année un relief particulier, 15 jours après le coup d'Etat qui a porté au pouvoir le général François Bozizé. Ce dernier a en effet choisi comme Premier ministre Abel Goumba, le plus fidèle compagnon de Boganda, considéré comme son fils spirituel.

Né en 1910 à Bobangui, un village de la Lobaye, à quelques dizaines de km à l'ouest de Bangui, Barthélémy Boganda se retrouve à 10 ans orphelin, victime de la colonisation française dans ce qui s'appelait alors l'Oubangui-Chari: son père a été tué lors d'une opération militaire contre son village et sa mère battue à mort par un milicien pour n'avoir pas produit suffisamment de caoutchouc.

Il en restera marqué à vie, défendant des idéaux de justice, d'égalité, d'émancipation et de progrès.

Recueilli par un militaire français, il est confié à des missionnaires parmi lesquels il restera 18 ans, jusqu'à son ordination en 1938, devenant ainsi le premier prêtre oubanguien.

Quelques années plus tard, en 1946, candidat de "l'évolution sociale-indépendant", poussé par son compagnon d'alors, un certain Abel Goumba, il sera le premier député noir à l'Assemblée nationale (française).

Boganda s'inscrit au MRP (Mouvement républicain populaire, démocrate-chrétien). Il découvre Paris et saisit chaque occasion pour dénoncer la situation de ses frères oubanguiens.

Au sein de son propre parti, ses discours dérangent, et sur le terrain, ses relations avec les colons s'enveniment.

La campagne à son encontre atteint son paroxysme quand il décide en 1949 d'épouser sa secrétaire française dont il aura deux enfants.

Il crée en septembre de la même année son propre parti, le MESAN (Mouvement pour l'évolution sociale de l'Afrique noire), amenant le chef de région à écrire dans un rapport: "il faut mettre fin rapidement à l'agitation de Boganda".

Le MESAN peut se résumer par cinq verbes -loger, nourrir, vêtir, soigner, instruire- et vise au développement complet de l'homme noir et à sa libération.

En 1951, Boganda est incarcéré pendant deux mois et demi pour avoir organisé une action de protestation après l'assassinat d'un chef de village. L'incident le propulse et il remporte les législatives avec 9O% des voix à Bangui.

Malgré ses succès, le travail forcé et le régime de la chicotte (coup de bâtons) continue en Oubangui-Chari. Mais après un soulèvement populaire en 1954, des mesures sont prises pour la protection des travailleurs noirs.

Réélu en 1957, Barthélémy Boganda devient la même année, président du grand Conseil de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), ce qui en fait, à 47 ans, la première personnalité d'Afrique Centrale.

Face à la balkanisation en marche, le président de l'AEF, favorable à la création des Etats-Unis d'Afrique Latine, défend la création d'une grande région d'Afrique Centrale, membre de la communauté française.

Mais, devant les ambitions et les particularismes de chacune des régions de l'AEF, il se résoud la mort dans l'âme à proclamer, le 1er décembre 1958, un Etat limité à l'Oubangui-Chari, la République centrafricaine.

Parmi les membres de son premier gouvernement: le nouveau Premier ministre Abel Goumba, aux Finances, et celui qui lui succèdera, David Dacko, à l'Intérieur.

Barthélémy Boganda meurt le 29 mars 1959. Les causes de l'explosion de son avion n'ont jamais été révélées, pas plus que les conclusions de l'enquête, amenant nombre de Centrafricains à mettre en doute la thèse officielle de l'accident.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 15