Normalisation à Bangui: militaires tchadiens et français à pied d'oeuvre

BANGUI, 19 mars 2003 (AFP) - 19h00 - Une centaine de militaires tchadiens sont arrivés mercredi à Bangui pour renforcer, avec l'armée française, la sécurité du pays menacé de pillages et d'une éventuelle contre-offensive, quatre jours après le coup d'Etat éclair qui a porté au pouvoir le général François Bozizé.

Le nouvel homme fort de Bangui, auquel l'opposition centrafricaine a apporté mercredi son soutien, avait demandé mardi le renforcement de la force de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), déployée depuis décembre à Bangui, ainsi que le maintien de l'armée française arrivée dimanche.

Les militaires tchadiens devraient être intégrés à la force de paix de la Cémac, a déclaré à l'AFP son porte-parole, le colonel gabonais Auguste Roger Bibaye. Leur arrivée précède le sommet de chefs d'Etat de cette organisation sous-régionale, qui doit se tenir jeudi à Brazzaville pour trancher entre le départ ou le maintien de cette force dont, dans ce dernier cas, les objectifs devront être redéfinis.

L'arrivée de ces soldats transforme également la composition de la force de la Cémac. Ils viennent s'ajouter aux 300 Gabonais, Congolais et Equato-guinéens dont le mandat essentiel était de prendre la relève du contingent libyen qui assurait jusqu'à fin décembre la sécurité du président centrafricain élu, Ange-Félix Patassé, réfugié au Cameroun depuis le coup d'Etat.

Cet envoi annoncé mardi soir par les autorités tchadiennes a provoqué une vive inquiétude à Bangui. De nombreux habitants ont commencé à fuir leur domicile craignant des violences de la part des troupes tchadiennes comme ce fut le cas lors de la troisième mutinerie en 1996, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le comportement de certains éléments tchadiens de la rébellion de François Bozizé dans les deux jours qui ont suivi leur entrée à Bangui n'a fait qu'accentuer ces craintes.

Toujours à la demande du général Bozizé, les 300 soldats français, venus sécuriser l'aéroport de Bangui et permettre à 400 ressortissants étrangers dont 250 Français de rejoindre le Gabon, resteront jusqu'à la stabilisation de la situation, a déclaré mercredi le ministre français délégué à la Coopération Pierre-André Wiltzer

Ce renforcement de la force de paix et le maintien de l'armée française interviennent alors que des rumeurs circulent dans la capitale centrafricaine comme à N'Djamena sur une possible contre-offensive des combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, alliés au régime déchu.

Le MLC, une des principales rébellions congolaises, avait terminé le 15 mars, jour du coup d'Etat, son retrait de République centrafricaine, après une intervention militaire de quatre mois en soutien au président Ange-Félix Patassé.

Le chef rebelle congolais avait, dès dimanche, accusé son ennemi, le gouvernement de Kinshasa, d'avoir envoyé des troupes combattre en Centrafrique aux côtés du général Bozizé. Accusation qui a été démentie mercredi par les autorités congolaises.

Un autre allié du président déchu a réagi à la situation en Centrafrique: "quand nos troupes étaient là-bas (en Centrafrique), nous avons déjoué toutes les tentatives de coup d'Etat, mais quand nos forces se sont retirées et ont été remplacées par celles de la Cémac, vous voyez ce qui s'est passé", a déclaré le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à l'issue d'une visite au Mali.

Afin d'accélérer la normalisation de la situation, les soldats de la Cémac ont commencé mardi soir à patrouiller avec les "forces nouvelles" du général Bozizé pour tenter d'endiguer les pillages et l'insécurité dans Bangui.

Certains magasins ont rouvert leurs portes mercredi matin tandis que la radio nationale demandait aux fonctionnaires et aux employés des sociétés nationales de reprendre leur travail dès jeudi.


La normalisation se poursuit à Bangui

BANGUI, 19 mars 2003 (AFP) - 17h48 - La normalisation se poursuit à Bangui où la radio nationale a diffusé mercredi plusieurs appels aux fonctionnaires et salariés des sociétés nationales, les rassurant sur les conditions de sécurité et leur demandant de reprendre le travail dès jeudi matin.

Des appels ont ainsi été nommément adressés à certaines catégories de personnels parmi lesquelles les employés de la Présidence de la République, du ministère des Finances et du Budget, de la Société centrafricaine des télécommunications (Socatel, entièrement pillée), de la société de distribution de l'électricité (Enerca) ainsi que de la municipalité de Bangui.

Dans certaines administrations, les directeurs généraux et secrétaires généraux, appelés par le nouveau pouvoir à travailler en lieu et place des ministres limogés, tentent de réorganiser les services.

Les banques n'ont toujours pas fixé de date pour leur réouverture dans l'attente de garanties supplémentaires en matière de sécurité.

Par ailleurs, plusieurs magasins et boutiques, restés fermés jusque là, ont commencé à rouvrir leurs portes à la clientèle.


L'armée tchadienne en RCA après "concertation informelle" avec la Cémac

N'DJAMENA, 19 mars (AFP) - 17h26 - L'envoi dès mercredi à Bangui, quatre jours après le coup d'Etat en Centrafrique, d'une centaine de militaires tchadiens intervient à la suite de consultations informelles entre les chefs d'Etat de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), a-t-on expliqué mercredi de source officielle à N'Djamena.

"C'est après concertation informelle entre les chefs d'Etat de la Cémac que le Tchad a décidé d'envoyer ses troupes à Bangui", a-t-on déclaré de même source.

"Nous avons envoyé ces soldats en appui aux forces de la Cémac pour la sécurisation de nos population" et pour parer à toute éventuelle contre-offensive contre le nouveau pouvoir, a-t-on ajouté. La communauté tchadienne en RCA est estimée à plusieurs centaines de milliers de personnes.

"Nous avons des informations sur le retour (à Bangui) des éléments (rebelles congolais) de (Jean-Pierre) Bemba et par conséquent nous avons pris le devant pour envoyer nos soldats afin d'annihiler toute tentative de déstabilisation de ce pays frère et sécuriser en même temps nos populations contre les représailles des hommes de Bemba", a-t-on précisé.

Très lié au président centrafricain déchu Ange-Félix Patassé qui l'appelle "mon fils", le président du Mouvement de Libération du Congo (MLC) avait dépêché plusieurs milliers de ses hommes à la demande du pouvoir centrafricain depuis la précédente tentative de coup d'Etat, fin octobre.

Officiellement, ces rebelles, haïs par la population pour leurs multiples exactions, avaient entamé leur retrait de Centrafrique il y a un mois et l'avaient achevé ces derniers jours.

A ce sujet, les officiels tchadiens font valoir "la position exprimée maintes fois auprès de la communauté internationale d'user de son droit pour asurer la protection de nos ressortissant en République centrafricaine".

Les civils tchadiens en RCA ont payé un lourd tribut à la guerre entre les éléments du général François Bozizé et les forces appuyant le président Patassé, dont les rebelles du MLC.

"Des massacres commis sous le régime de Patassé sur nos compatriotes par (...) la milice de Bemba ainsi que les 21.000 réfugiés que nous avons encore sur les bras (à la suite des combats de ces dernières semaines), nous amènent a prendre toutes nos dispositions pour faire face à toute eventualité", a souligné cet officiel tchadien.

L'un des six Etats membres de la Cémac qui comprend également le Cameroun, la Centrafrique, le Congo Brazzaville, le Gabon et la Guinée Equatoriale, le Tchad n'avait pas fourni de contingent militaire lors de la création par l'organisation régionale, en octobre dernier, d'une force de paix de quelque 300 hommes pour la RCA.

En effet, à la suite notamment d'incidents frontaliers, la tension était alors vive entre N'Djamena et Bangui qui accusait ouvertement son voisin du nord d'appuyer la rébellion du général Bozizé.

L'envoi de militaires tchadiens intervient au lendemain du souhait exprimé par le nouvel homme fort de Bangui de voir élargir la force de la Cémac à tous les pays membres de l'organisation.

Le général Bozizé a également souhaité non seulement le maintien, mais le renforcement de la force de la Cémac en Centrafrique afin de sécuriser le pays en vue d'être "en mesure d'organiser le plus rapidement possible des élections présidentielles, et législatives s'il le faut".


L'envoi de troupes tchadiennes à Bangui inquiète la population

BANGUI, 19 mars 2003 (AFP) - 14h04 - L'annonce mardi soir par les autorités de N'Djaména de l'envoi d'éléments tchadiens en Centrafrique a suscité l'inquiétude parmi la population de Bangui où des habitants ont commencé à fuir leur domicile, amenant la radio nationale à lancer des appels au calme, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des habitants des quartiers sud-ouest fuient "parce qu'ils estiment que des troupes tchadiennes vont arriver pour les massacrer", a rapporté la radio en langue nationale, le sango.

"Il n'en est rien, et que personne ne vous trompe. En tout cas, personne ne viendra avec une arme vous tuer là où vous êtes (...) Ne mettez pas vos vies en danger (...) Gardez votre calme, restez chez vous", a ajouté la radio.

Les habitants de plusieurs quartiers de Bangui, dont Fatima, Kina, Cattin, ont gardé en mémoire les exactions commises à leur encontre par les troupes tchadiennes de la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (MISAB), pendant la troisième mutinerie, en 1996.

Après avoir été attaqués par les mutins retranchés dans ces quartiers, les éléments tchadiens de la MISAB, basés dans le secteur populeux du KM5, avaient lancé des représailles, faisant des morts et des blessés parmi la population. Certaines victimes avaient alors été abattues par balles tandis que d'autres étaient égorgées.

Ces sentiments d'hostilité de la population avaient pourtant disparu en 1998, avec le déploiement du contingent tchadien dans le cadre de la Mission des Nations-unies en République centrafricaine (MINURCA) où ces troupes avaient alors adopté un comportement pacifique.

Néanmoins, une certaine psychose subsiste au sein de la population et les agissements de certains éléments tchadiens de la rébellion de François Bozizé dans les deux jours qui ont suivi leur entrée à Bangui, sont venus accentuer cette inquiétude.

L'envoi de troupes tchadiennes répond à la volonté des nouvelles autorités de Bangui de voir renforcée la force de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) déployée en Centrafrique depuis trois mois.

Ces autorités sont également soucieuses de garantir la sécurité de la communauté tchadienne, qui a fait l'objet de nombreuses tracasseries policières, voire de vengeance, ces derniers mois à Bangui.

Les autorités tchadiennes avaient accusé les forces supplétives du président élu Ange-Félix Patassé d'avoir massacré près de 150 civils tchadiens au nord de Bangui dans les jours qui avaient suivi la précédente tentative de coup d'Etat du général Bozizé, fin octobre dernier.


N'Djaména annonce l'envoi de troupes en RCA "à la demande" de la Cémac

N'DJAMENA, 18 mars (AFP) - 22h01 - Le gouvernement tchadien a annoncé mardi soir dans un communiqué l'envoi en Centrafrique, "à la demande" de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), d'unités de l'armée tchadienne "pour la securisation de la population".

"Le gouvernement tchadien, à la demande de la Cémac, décide d'envoyer dans ce pays frère (NRDL: la République centrafricaine), des unités de l'armée nationale tchadienne en appui aux forces de la Cémac pour la sécurisation de la population" indique le communiqué gouvernemental.

Une force de paix de la Cémac de quelque 300 hommes, avait été dépêchée fin 2002 en Centrafrique avec, parmi ses missions principales, d'assurer la sécurité du président élu, Ange-Félix Patassé, et des institutions de la République, chassé samedi du pouvoir par l'ancien chef d'Etat-major centrafricain, le général François Bozizé.

En raison des relations tendues entre N'Djamena et Bangui, cette force ne comprenait pas de militaires tchadiens mais était composée pour l'essentiel de soldats gabonais ainsi que de Congolais (Brazzaville) et d'Equato-Guinéens.

Dans son communiqué, le gouvernement tchadien "exprime ses inquiétudes face aux évenements survenus (samedi) le 15 mars 2003 et réaffirme son attachement aux règles et principes de l'organisation des Nations Unies, de l'Union Africaine, de la Cen-SAD (ou Comessa: Communauté des Etats sahélo-sahéliens) et de la Cémac".

"En ces circonstances graves, le gouvernement tchadien réitère sa position maintes fois exprimée auprès de la communauté internationale d'user de son droit pour assurer la protection de ses ressortissants en République centrafricaine", ajoute le communiqué.

Les premiers soldats tchadiens seront en Centrafrique dès mercredi, a-t-on appris de source militaire.


Arrivée à Bangui d'une centaine de soldats tchadiens (Cémac)

BANGUI, 18 mars 2003 (AFP) - 13h28 - Une centaine de militaires tchadiens sont arrivés mercredi à Bangui en renfort de la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), a-t-on appris auprès du porte-parole de cette force, le colonel gabonais Auguste Roger Bibaye.

"Environ cent militaires tchadiens ont atterri ce matin" dans la capitale centrafricaine, a déclaré à l'AFP le colonel Bibaye.

Le porte-parole gabonais a précisé que ces militaires seraient intégrés à la force de paix de la Cémac, déployée depuis décembre dernier à Bangui, après un sommet de chefs d'Etat de cette organisation sous-régionale, qui doit se tenir jeudi à Brazzaville.

La force Cémac est actuellement composée de 300 hommes environ, dont 150 militaires gabonais, 120 congolais et 30 équato-guinéens.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 15