LE PRESIDENT BOZIZE DEMANDE L'AIDE DE LA FRANCE
Libération.
19 mars 2003 - Les Centrafricains qui ont repris le travail hier, quarante-huit
heures après le coup d'Etat qui a renversé le président
Ange-Félix Patassé, n'ont pu que constater l'étendue des
dégâts causés par les pilleurs. L'entrée dans Bangui, samedi,
des hommes du général François Bozizé a déclenché une mise
à sac en règle de la capitale. Les affrontements et les
pillages ont coûté la vie à une trentaine de civils et à
trois soldats du contingent de maintien de la paix de la
Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac).
Composée de 310 militaires gabonais, congolais et
équato-guinéens, cette force avait été déployée en
décembre pour assurer la protection du Président. La Cemac
remplaçait un contingent libyen qui avait aidé Patassé à
déjouer plusieurs tentatives de coup d'Etat ou de mutinerie.
Evacuation. Conditionnant la tenue d'élections au retour au
calme, le nouvel homme fort de Bangui a demandé le renforcement
de cette force et le soutien de l'armée française. La France a
envoyé, depuis le Gabon, quelque trois cents militaires pour
aider à l'évacuation des étrangers. Trois cents d'entre eux
ont déjà quitté la République centrafricaine, dont hier un
groupe de cent personnes.
Glas. François Bozizé cherche surtout à se protéger à sa
frontière sud des rebelles congolais de Jean-Pierre Bemba,
alliés jusqu'alors du président Patassé. Sa rencontre, hier à
Bangui, avec le ministre congolais des Affaires étrangères,
Rodolphe Adada, et son homologue gabonais, Jean Ping, a dû le
rassurer. Le ministre congolais, dont le pays préside la Cemac,
a salué le putschiste d'un «bonjour monsieur le Président»
qui sonne le glas du régime de Patassé, réfugié au Cameroun.
Les combats entre l'ex-rebelle adoubé aujourd'hui et le
président déchu ont fait des dizaines de milliers de déplacés
et aggravé la misère. Il y a huit jours, le Programme
alimentaire mondial lançait un appel, afin de distribuer 8,2
millions de tonnes de vivres aux «victimes oubliées» de ce
conflit.