--SAMEDI 15 MARS--
En milieu d'après-midi, tirs d'armes légères et lourdes à Bangui en provenance de l'entrée nord de la ville. Des centaines de Banguissois fuient les quartiers nord, pour se réfugier au sud ou à l'ouest de la capitale.
Des témoins indiquent avoir vu des hommes en armes pénétrer dans Bangui à bord de véhicules 4X4 et prendre position en plusieurs points. D'autres affirment avoir aperçu plusieurs dizaines de combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC), alliés au régime, fuir par le fleuve Oubangui vers la République démocratique du Congo (RDC).
L'avion du président Patassé, qui devait regagner Bangui en provenance de Niamey, où il avait participé à un sommet de chefs d'Etat africains, essuie des tirs et est empêché d'atterrir dans la capitale centrafricaine. Il est dérouté vers Yaoundé.
"Nos hommes ont pris le contrôle de l'aéroport et du palais présidentiel", déclare un responsable des rebelles, affirmant que ceux-ci n'ont pas rencontré de résistance de la part des Forces armées (FACA).
Scènes de liesse saluant les rebelles dans certains quartiers populaires.
Dans la soirée, plusieurs centaines de Banguissois pillent des résidences abandonnées par des dignitaires du régime, dont celle du président. Des habitations, des commerces et des entreprises sont également pillés. Tirs de sommation des rebelles pour disperser les pillards.
La France condamne "toute tentative armée de renverser un chef d'Etat légitimement élu".
--DIMANCHE 16--
Calme précaire à Bangui, après une nuit troublée. Les rebelles contrôlent tous les points stratégiques de la capitale: palais présidentiel, aéroport, radio-télévision, grandes avenues.
Dans la matinée, le porte-parole du général Bozizé, Parfait Mbaye, déclare que la prise du pouvoir par les partisans de Bozizé est "un fait accompli".
Peu après, le général Bozizé s'autoproclame "président de la République" par la voix de son porte-parole. Celui-ci lit, à la radio d'Etat, un communiqué officiel du "président de la République", demandant aux forces armées et de sécurité de regagner les casernes et à la population de "cesser les pillages".
En début de soirée, le général Bozizé impose un couvre-feu de 19H00à 06H00 (05H00 GMT), notamment pour mettre fin aux pillages.
Le général Bozizé annonce sur la radio nationale la suspension de la Constitution, la dissolution de l'Assemblée nationale, le limogeage du gouvernement, ainsi qu'une période de transition.
80 personnes, dont 60 Français, sont évacuées vers Libreville, par des Transall de l'armée française.
--LUNDI 17--
Le centre de Bangui offre un spectacle de désolation après deux jours de pillages: presque tous les édifices publics, commerces et entreprises ont été pillés, parfois saccagés, tout comme des ministères.
Le nouveau régime annonce des perquisitions pour démasquer les pillards.
Après la Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (Censad) et la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac), l'Union africaine (UA), le Gabon, l'Afrique du Sud et la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH) condamnent le coup d'Etat. Le président du Niger appelle au "rétablissement de l'ordre constitutionnel".
Le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune affirme que le président Patassé a été accueilli au Cameroun pour "raisons humanitaires" et que ce dernier s'est engagé à ne pas s'exprimer publiquement.
Selon des sources hospitalières, au moins treize personnes ont été tuées et des
dizaines blessées à Bangui.