L'opposant Abel Goumba: Bozizé a "débarrassé" la RCA d'un "dictateur"
BANGUI, 20 mars 2003 (AFP) -
10h43 - Le doyen des opposants centrafricains, Abel Goumba,
a estimé jeudi à Bangui que les "patriotes en armes"
du général François Bozizé avaient "débarrassé le pays
d'un dictateur", saluant "l'esprit de dialogue" du
nouvel homme fort de Bangui, dans un entretien à l'AFP.
Selon le leader du Front patriotique et pour le Progrès (FPP),
président de la Concertation des partis politiques de
l'opposition centrafricaine (CPPO), dont les 12 partis membres se
sont félicité mercredi du "changement intervenu"
samedi en Centrafrique, le renversement du président Ange-Félix
Patassé n'était "pas un coup d'Etat".
"Un coup d'Etat, c'est quand un groupe d'officiers s'empare
du pouvoir. Cette fois, ce sont des Centrafricains excédés qui
ont pris les armes pour débarrasser le pays d'un dictateur qui a
amené la misère", a déclaré M. Goumba à propos des
rebelles du général Bozizé.
"Patassé a laissé le pays dans un gouffre. Nous avons
toujours parlé de la clochardisation de la société
centrafricaine, de la mauvaise gestion. Il (Patassé) a eu
recours à des rebelles (du Mouvement de libération du Congo
alliés au régime) dont les exactions sont connues de tous. Tout
cela rendait le pays asphyxiant. C'était trop, il fallait que
cela cesse", a estimé l'opposant.
"Même si les coups de force sont interdits, a poursuivi M.
Goumba, figure de proue de l'opposition centrafricaine, il faut
rappeler que le fait de léser des personnes de leurs droits
pousse à la révolte".
"Nous vivions dans un régime de parti unique qui ne dit pas
son nom. Nous, les opposants, étions des otages. Nous ne
pouvions pas sortir du territoire", a-t-il dit.
Selon Abel Goumba, premier homme politique centrafricain à avoir
été reçu mardi à Bangui par le général Bozizé, le soutien
apporté mercredi par la CPPO, "n'est pas un chèque en
blanc" au nouveau régime.
Il résulte des déclarations faites dimanche par le général
Bozizé dans son discours à la nation, en faveur d'un
"programme consensuel de transition" associant
"toutes les forces vives de la nation", a-t-il
expliqué.
La CPPO a indiqué mercredi dans un communiqué apporter
"tout son soutien aux axes tracés par le nouveau régime
dans le cadre de la gestion consensuelle de la transition
annoncée".
"Le nouveau régime a décidé de mettre en place un Conseil
national de transition qui fera un peu office d'Assemblée
nationale. Il n'a pas dissout les partis politiques. Ce qu'il
faut retenir, c'est que nous serons consultés sur le programme
consensuel de transition", s'est félicité M. Goumba,
saluant cet "esprit de dialogue".
Selon l'opposant -- vice-président aux premières heures de
l'indépendance sous la houlette du père fondateur de la
Centrafrique, Barthélémy Boganda, mais qui n'a jamais accepté
depuis d'entrer dans un gouvernement --, la phase de transition
remplacera d'une certaine façon le dialogue national promis fin
2002 par le président Patassé pour résoudre la crise
centrafricaine. Un dialogue qui tardait à venir en raison des
"tergiversations" du régime et de sa "logique de
guerre".
Le président Patassé avait déclaré en février que le
dialogue national se tiendrait quand toutes les villes du pays
occupées par les rebelles de Bozizé auraient été
"libérées".
"Ce sera un dialogue sans Patassé, sous une autre forme que
le schéma initial, par la concertation", a estimé le doyen
des opposants centrafricains.