BANGUI, 20 mars 2003 (AFP) - 19h17 - Le nouveau pouvoir centrafricain a pris jeudi des mesures drastiques pour enrayer l'insécurité qui perdure à Bangui cinq jours après le coup d'Etat, alors que les menaces de contre-offensive semblent s'atténuer.
Le général François Bozizé, président autoproclamé, a annoncé jeudi dans un communiqué lu à la radio nationale que les braqueurs et pilleurs seraient "traités comme des objectifs militaires".
Les militaires tchadiens armés arrivés mercredi à Bangui se sont joints aux patrouilles mixtes circulant en ville. Dès jeudi matin, ils ont effectué des contrôles de véhicules destinés à récupérer ceux qui ont été volés depuis samedi et à arrêter les auteurs de ces vols.
Un contingent tchadien est venu renforcer la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), composée de 310 hommes. A ces militaires s'ajoutent les 300 soldats de l'armée française qui contrôlent l'aéroport et ont acheminé depuis dimanche plus de 500 ressortissants étrangers vers le Gabon.
Le maintien et le renforcement de ces forces armées intervient dans un contexte d'insécurité à Bangui accru par la crainte d'une contre-offensive que pourrait lancer le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC, rébellion de , Jean-Pierre Bemba, allié du président déchu Ange-Félix Patassé.
Les déclarations de Bemba à l'AFP se veulent pourtant rassurantes. Selon lui, ses troupes reviendraient en République centrafricaine (RCA) uniquement si les forces de François Bozizé, ou des "groupes ennemis du MLC", devaient menacer la sécurité du territoire contrôlé par ce mouvement rebelle dans le nord de la RDCongo, frontalier de la Centrafrique.
L'attitude du MLC ainsi que la situation en RCA préoccupent les chefs d'Etats d'Afrique centrale. Le président congolais Joseph Kabila est venu à Libreville jeudi notamment pour s'entretenir de la situation dans ce pays avec le président gabonais Omar Bongo, médiateur dans les crises politico-militaires récurrentes qu'a connues la Centrafrique depuis 1996.
Un éventuel retour au pouvoir du président Patassé semble pour l'instant écarté même si, selon son entourage, il se considère toujours comme le président légitime de la Centrafrique et n'a pas renoncé à exercer ses fonctions.
Réfugié à Yaoundé pendant le putsch éclair de samedi, M. Patassé, sa famille et certains de leurs proches devraient partir très prochainement au Togo.
De nombreux Centrafricains, dont environ 150 hommes armés, fuyant leur pays à la suite du coup d'Etat, sont arrivés cette semaine au Cameroun, selon divers témoignages recueillis par un journaliste de l'AFP.
A Bangui, les rues présentent encore les stigmates du coup d'Etat. Deux cadavres en putréfaction gisent devant la villa du président déchu, entièrement mise à sac samedi. Seule la Buick blindée présidentielle est restée intacte.
Dans certaines administrations, les directeurs généraux et secrétaires généraux, appelés par le nouveau pouvoir à travailler en lieu et place des ministres limogés, tentent de réorganiser les services dans des locaux dévastés.
Mais les banques n'ont toujours pas fixé de date pour leur réouverture dans l'attente de garanties supplémentaires en matière de sécurité.
BANGUI, 20 mars 2003 (AFP) - 14h59 - La militaires tchadiens arrivés mercredi à Bangui ont commencé jeudi matin à effectuer des contrôles de véhicules dans la capitale centrafricaine, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une centaine de militaires tchadiens armés, portant le béret rouge des parachutistes, sont venus renforcer mercredi à Bangui la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), jusqu'alors composée de 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens.
Ces militaires ont établi dès jeudi matin des barrages sur les avenues encore quasi-désertes de Bangui, où le général centrafricain François Bozizé s'est emparé samedi du pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat éclair.
Ils arrêtaient les rares véhicules en circulation, en faisaient descendre les passagers, et ouvraient les coffres pour vérifier leur contenu.
Ces contrôles étaient visiblement destinés à récupérer les nombreux véhicules de particuliers centrafricains volés pendant les pillages qui se sont déroulés dans toute la ville pendant la confusion du coup d'Etat et à arrêter leurs auteurs.
A l'un de ces barrages, sur l'avenue des Martyrs, les militaires tchadiens gardaient cinq véhicules à l'arrêt tout en poursuivant leurs contrôles.
Deux cent mètre plus loin, six cadavres gisaient au bord de l'avenue, face au stade en ruines Barthélémy Boganda et au siège de la société nationale de télécommunications, la Socatel, entièrement pillée samedi et dimanche.
Selon les employés de la Socatel, ces cadavres sont ceux de pilleurs, des civils armés ou des rebelles, abattus dans la nuit par des hommes du général Bozizé.