BRAZZAVILLE, 21 mars 2003 (AFP) - 20h37 - La Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) a décidé vendredi de maintenir sa force déployée en Centrafrique, de la doter d'un nouveau mandat, et de renforcer ses effectifs, indique un communiqué publié à l'issue d'un sommet extraordinaire à Brazzaville.
Les représentants du Congo, du Gabon, du Tchad, du Cameroun et de la Guinée-équatoriale ont "accueilli favorablement la demande des nouvelles autorités centrafricaines sur le maintien de la force de la Communautéet le renforcement de ses effectifs" en Centrafrique, déclare le communinqué.
Les responsables de la CEMAC réunis à Brazzaville ont également convenu de définir de nouveaux mandat et statut de leur force pour "contribuer à la sécurisation de la République centrafricaine (RCA) et à la restructuration de ses forces armées", souligne le communiqué.
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La Cémac en Centrafrique hésite entre retrait ou renforcement
BANGUI, 21 mars 2003 (AFP) - 16h15 - Un mini-sommet de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) devait établir vendredi si la force de paix déployée par l'organisation régionale se maintenait ou non en Centrafrique, après la prise du pouvoir samedi du général François Bozizé.
Pillages, braquages, coup de feu, "sabotages", règlements de comptes entre voisins, le nouvel homme fort de Bangui tente de sécuriser la ville par des mesures dissuasives avec l'aide de la Cémac et de l'armée française qui contrôle l'aéroport.
Dès mercredi, le Tchad, qui n'était pas partie prenante jusqu'à présent dans la force Cémac, avait répondu positivement à l'appel lancé lundi par le général Bozizé.
Au moins 200 parachutistes tchadiens sont arrivés à Bangui mercredi et jeudi en renfort des troupes de la Cémac. Ils ont immédiatement commencé à dresser des barrages et effectuer des contrôles d'identité à travers toute la ville pour arrêter les pillards.
Contrairement au Tchad, la Guinée équatoriale a été le premier pays membre de la Cémac à s'élever vendredi contre le maintien et le renforcement de la force de paix.
Le président du Parlement équato-guinéen, Salomon Nguema Owono, a demandé au gouvernement le "retrait automatique" du contingent militaire équato-guinéen, faisant valoir en substance que sa mission n'avait plus lieu d'être puisque le président élu Ange-Félix Patassé, dont la force devait assurer la protection, n'était plus au pouvoir.
La Guinée équatoriale, le Gabon et le Congo avaient envoyé fin décembre 310 militaires dans le cadre de la Cémac. Ceux-ci avaient relevé un contingent libyen présent depuis 18 mois à Bangui, chargé notamment de sécuriser les institutions républicaines de la Centrafrique.
Vendredi, M. Patassé, accompagné d'une vingtaine de personnes, a quitté le Cameroun où il s'était réfugié samedi au moment du coup d'Etat pour rejoindre le Togo, d'où sa femme, Angèle, est originaire.
Un mini-sommet de la Cémac, vendredi à Brazzaville, devait trancher entre le maintien de la force, son renforcement ou son retrait de Centrafrique et, le cas échéant, redéfinir son mandat.
La Cémac - dont les pays membres sont, outre la Centrafrique, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Tchad, le Cameroun et le Congo qui assure jusqu'en décembre la présidence de l'organisation - avait condamné "fermement" dimanche ce coup d'Etat mais n'avait pas retiré ses troupes.
Les présidents gabonais Omar Bongo et congolais Joseph Kabila se sont rencontrés jeudi pendant quelques heures à Libreville pour discuter de la situation dans le pays voisin à la veille du sommet Cémac.
Ils "ont pris acte des déclarations du général François Bozizé visant à restaurer la paix, la démocratie, la réconciliation nationale et garantir la sécurité des personnes et des biens en République centrafricaine ainsi que le respect des principes de bon voisinage et de non ingérence dans les affaires intérieures des pays de la sous-région", a indiqué le communiqué officiel.
Dans la capitale centrafricaine, le général Bozizé applique la manière forte pour rétablir l'ordre. Depuis mardi déjà, tout individu, civil, rebelle ou militaire, convaincu de vol, est abattu séance tenante sur le lieu de son interpellation, rapportent des témoins.
Chaque jour apporte son lot de cadavres de "pilleurs" encore frais gisant sur les avenues de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.
La population, vivant dans l'angoisse, semble approuver ces exécutions sommaires tout comme l'opposition politique qui y voit le seul moyen dissuasif de régler la question de l'insécurité à Bangui.
Depuis jeudi, tous les partis de l'opposition se sont rangés au côté du général Bozizé.
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BRAZZAVILLE, 21 mars 2003 (AFP) - 14h02 - Un mini-sommet de la Communauté économique et Monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) consacré à la situation en République centrafricaine s'est ouvert vendredi à Brazzaville sous la présidence du congolais Denis Sassou Nguesso, a constaté l'AFP.
Le mini-sommet réuni, outre le chef d'Etat congolais qui préside l'organisme économique, les présidents Omar Bongo (Gabon) et Idriss Déby (Tchad).
La Guinée équatoriale est représentée par son Premier ministre, Rivas Candido Muatetema et le Cameroun par le président du Conseil économique et social, Luc Ayang.
A l'ouverture du sommet le président Sassou Nguesso a souligné "les changements importants et l'accélération des évènements dans le pays frère" qu'est la République centrafricaine depuis la denière réunion de la CEMAC tenue à Paris en marge du sommet France-Afrique.
"Nous devons prendre toutes les mesures qui pourront garantir l'accomplissement de nos objectifs que sont le retour à la paix, l'intégration économique et la sécurité dans la sous-région", a souhaité le président congolais.
Le mini-sommet se terminera vendredi en fin d'après midi.
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MALABO, 21 mars 2003 (AFP) - 13h09 - Le président du Parlement équato-guinéen, Salomon Nguema Owono, a demandé au gouvernement le "retrait automatique" du contingent militaire équato-guinéen en République centrafricaine (RCA) après le renversement d'Ange-Félix Patassé, a-t-on appris vendredi de source officielle.
"Le président Patassé n'est plus au pouvoir. Un putschiste est arrivé et a pris sa place. Nous demandons donc au gouvernement de la Guinée Equatoriale de retirer automatiquement la force équato-guinéenne qui se trouve en territoire centrafricain", a déclaré M. Nguema Owono à la télévision d'Etat.
Pour le président du Parlement, "le président Patassé avait été élu constitutionnellement (...) il n'était pas un putschiste. C'est pourquoi le gouvernement de la Guinée Equatoriale avait envoyé sa force pour défendre le président constitutionnel de Centrafrique, Patassé. En ce moment, la situation n'est plus la même", a-t-il dit.
Les chefs d'Etat des six pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) avaient décidé en octobre 2002 de déployer plus de 300 hommes en RCA pour sécuriser les institutions républicaines de ce pays.
La Guinée Equatoriale est le premier pays de la Cémac à demander le retrait de son contingent à la suite du changement de régime à Bangui. Cette demande intervient alors que les chefs d'Etat de l'organisation régionale sont réunis vendredi à Brazzaville pour examiner la nouvelle donne en Centrafrique.
Le nouvel homme fort de Centrafrique, le général François Bozizé, a, depuis sa prise de pouvoir samedi, demandé non seulement le maintien de la force Cémac en Centrafrique, mais son renforcement pour assurer une sécurisation rapide du pays en proie aux pillages, favorisés par l'extrême dissémination des armes de guerre dans ce pays.
Au moins 200 militaires tchadiens, un pays non représenté jusqu'à présent au sein de cette force malgré son appartenance à la Cémac, sont arrivés ces dernières 48 heures à Bangui en appui au nouveau régime.
La force Cémac avait remplacé fin décembre un contingent libyen qui assurait la sécurité du président déchu depuis une tentative de coup d'Etat en mai 2001.
Avant l'arrivée des Tchadiens, cette force comptait 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens.
Trois militaires congolais ont trouvé la mort au cours de la prise de la capitale centrafricaine par les combattants de ce général, ancien chef d'état-major de M. Patassé.