Arrivée et réception à Bangui des ministres congolais et gabonais des Affaires étrangères


Arrivée à Bangui des ministres congolais et gabonais des Affaires étrangères

BANGUI, 18 mars 2003 (AFP)- 12h06 - Les ministres congolais et gabonais des Affaires étrangères, Rodolphe Adada et Jean Ping, sont arrivés ensemble mardi matin à Bangui, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les deux chefs de la diplomatie sont venus s'entretenir avec les responsables militaires de la force de la Cémac (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale) de l'évolution de la situation sur le terrain après le coup d'Etat perpétré samedi par le général François Bozizé et ses hommes, a-t-on indiqué dans leur entourage.

La force de la Cémac, composée de 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens, avait été déployée à Bangui en décembre dernier pour assurer la protection du président élu centrafricain, Ange-Félix Patassé, en remplacement d'un contingent militaire libyen.

M. Adada, dont le pays assure actuellement la présidence de la Cémac, devrait également rencontrer le général Bozizé.

Attendu mardi matin dans la capitale centrafricaine, le chef de la diplomatie tchadienne, Mahamat Saleh Annadif, n'était toujours pas arrivé en fin de matinée.

Interrogé sur un éventuel renforcement de la force Cémac, réclamé lundi soir par le nouvel homme fort de Bangui, M. Adada a déclaré: "C'est une option que les chefs d'Etat (de la Cémac) auront à étudier".

"Toutes les options sont ouvertes", a commenté le ministre congolais concernant une redéfinition du mandat de la force de la Cémac. Cette force de paix avait été progressivement déployée à Bangui fin 2002 sur décision des chefs d'Etat des pays membres avec, comme mission première, d'assurer la protection du président élu, Ange-Félix Patassé.

"Un sommet des chefs d'Etat devra de toute façon avoir lieu", a souligné de son côté M. Ping. "Nous avons ici plus de 300 éléments. Devant l'évolution de la situation, il était bon de venir ici et de les rencontrer", a-t-il dit.

La CEMAC regroupe le Gabon, le Cameroun, la RCA, le Tchad, la Guinée équatoriale et le Congo.


Bozizé reçoit les ministres congolais et gabonais des Affaires étrangères

BANGUI, 18 mars (AFP) - 16h45 - Le général centrafricain François Bozizé a reçu mardi à Bangui la visite, en forme d'adoubement diplomatique, des ministres congolais et gabonais des Affaires étrangères, quatre jours après son coup d'Etat victorieux, a constaté un journaliste de l'AFP.

A l'issue de leur entretien, le ministre congolais, Rodolphe Adada, a fait part de l'intérêt des chefs d'Etats de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) pour la volonté affichée d'ouverture du général Bozizé lors de son allocution à la nation, dimanche soir.

"Il a parlé d'ouverture, de réconciliation. Les chefs d'Etat sont très intéressés par cette vision, car ce pays a beaucoup souffert de désunion", a déclaré M. Adada, dont le pays assure actuellement la présidence de la Cémac.

"Nous pensons que la République centrafricaine (RCA) peut faire confiance à une personnalité qui a fait la déclaration qui a été entendue. En tout cas, c'est au pied du mur qu'on voit le maçon", a ajouté M. Adada.

Le ministre congolais, qui avait salué le général Bozizé d'un "Bonjour Monsieur le président", a rappelé que si, "au niveau des principes", l'Union africaine condamnait toute prise de pouvoir par la force, la diplomatie ne reconnaissait que les Etats et non les gouvernements. "La RCA reste la RCA", a-t-il dit.

Les ministres gabonais et congolais ont déclaré avoir pris note du souhait exprimé par M. Bozizé d'un maintien, et même d'un renforcement, de la force de paix de la Cémac déployée en Centrafrique en décembre dernier, pour sécuriser le pays et aider à la restructuration de ses forces armées en lambeaux.

Cette force de plus de 300 hommes avait notamment pour mandat d'assurer la protection des institutions, dont le président élu, Ange-Félix Patassé, qui est réfugié depuis samedi au Cameroun.

Mais ils ont souligné qu'au vu de "l'évolution de la situation", ce serait aux chefs d'Etat des pays de la Cémac (Gabon, Congo, Tchad, Cameroun, Centrafrique, Guinée Equatoriale) de prendre une décision.

Un sommet des chefs d'Etat de la Cémac devrait se réunir dans les prochains jours, peut-être jeudi à Brazzaville, ont confié des sources diplomatiques en marge de la réunion.


"Bonjour M. le président": l'adoubement du général Bozizé

BANGUI, 18 mars 2003 AFP) - 18h19 - "Bonjour monsieur le président", lance au nouvel homme fort de la Centrafrique le ministre congolais des Affaires étrangères.

Rasé de frais, en treillis impeccable, le général François Bozizé, recevait mardi à Bangui ses premiers honneurs.

Quatre jours à peine après un coup d'état éclair unanimement condamné au nom des grands principes démocratiques, deux hôtes de marque descendent au petit matin du premier jet civil à se poser dans une capitale centrafricaine encore sous le choc.

Le ministre congolais des Affaires étrangères, Rodolphe Adada, au nom de la présidence de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC), et son homologue gabonais, Jean Ping, ont été dépêchés pour prendre le pouls de Bangui.

Ils ont d'abord effectué un bref crochet à la base de Bangui-Mpoko, pour saluer les chefs de la force de paix de la CEMAC, déployée en décembre pour veiller à la sécurité du président légal, Ange-Félix Patassé, qui se morfond depuis samedi dans un palace de Yaoundé.

Puis le convoi officiel s'ébranle, sous solide escorte militaire, le long d'avenues d'ordinaire grouillantes de taxis jaunes. Ce mardi, on ne croise que quelques pick-up hérissés de rebelles en armes.

Une foule désoeuvrée observe depuis les bas-côtés le passage des visiteurs étrangers de marque. "Libérateurs", lance un jeune garçon.

Au milieu d'une large avenue, trois jeunes hommes en haillons baignent dans leur sang, recroquevillés sur le bitume: des pillards exécutés par le nouveau pouvoir.

Pour l'occasion, le général Bozizé a pris ses quartiers au camp Béal, la plus grande caserne de Bangui. Surprise: on y croise la plus haute hiérarchie militaire du président Patassé, sourire au lèvres, bavardant à l'ombre en riant avec des rebelles aux tenues disparates.

Le colonel Antoine Gambi, chef d'état-major des armées du régime déchu, le général de division Alponse Gambadi, inspecteur général de l'armée, et toute une meute de colonels présumés loyalistes ont repris sans tarder du service.

Plus tôt à son arrivée, François Bozizé, longtemps leur chef d'état-major respecté, les a tous salués. "On avait basculé depuis longtemps de son côté", jure l'un d'eux. "Entre soldats de la même arme, on ne peut pas se combattre".

Le protocole d'Etat, qui introduit les deux ministres étrangers, est resté lui aussi le même. Entre le général Bozizé et ses invités, la poignée de main est ferme, les sourires chaleureux.

Impression confirmée après l'entretien à huis clos. Dimanche soir, lors de son premier discours à la nation, le général Bozizé "a parlé d'ouverture, de réconciliation", rappelle M. Adada.

"Les chefs d'Etat sont très intéressés par cette vision, car ce pays a beaucoup souffert de désunion", souligne le ministre congolais, estimant qu'on doit pouvoir faire "confiance" à un homme tenant un tel discours.

L'allusion en creux au président Patassé déchu, souvent critiqué par ses pairs pour son faible sens du dialogue, peut sembler cruelle. Mais "la RCA reste la RCA" ajoute, pragmatique, le ministre congolais.

Le général Bozizé, visiblement satisfait, ne pouvait espérer, pour l'heure, adoubement diplomatique plus appuyé.

Il attendait ensuite, à sa demande, un nouveau visiteur: l'ambassadeur de France à Bangui, qui, assurait ravi l'entourage du général, avait reçu l'aval de Paris pour rencontrer le nouveau patron de la Centrafrique.


Bozizé reçoit ses premiers émissaires dans Bangui encore sous le choc

BANGUI, 18 mars 2003 (AFP) - 19h03 - Les premiers émissaires officiels des pays voisins de la Centrafrique ont rencontré mardi le nouvel homme fort, le général François Bozizé, à Bangui, où des rebelles armés circulaient dans les rues encore jonchées de cadavres de pillards.

Dans la nuit de lundi à mardi, les tirs se sont faits plus rares dans la ville, et dans la matinée de mardi, les taxis circulaient à nouveau alors que les marchés ouvraient normalement trois jours après le coup d'Etat.

En revanche, les banques et les établissements scolaires n'ont pas rouvert leurs portes.

Alors que les Banguissois tentaient de reprendre leurs occupations quotidiennes, le général Bozizé a reçu les ministres congolais et gabonais des Affaires étrangères pour discuter principalement de la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), dont M. Bozizé avait demandé le renforcement la veille, sur les ondes de RFI.

Le général François Bozizé avait demandé un renforcement de cette force ainsi que le maintien des 300 militaires français arrivés dimanche à Bangui.

Une demande que n'a pas rejetée le ministre congolais, Rodolphe Adada, dont le pays assure actuellement la présidence de la Cémac. Le général Bozizé "a parlé d'ouverture, de réconciliation. Les chefs d'Etat sont très intéressés par cette vision car ce pays a beaucoup souffert", a-t-il commenté.

Mais le ministre congolais et son homologue gabonais Jean Ping n'ont rien pu promettre à l'homme qui a chassé du pouvoir le président élu, Ange-Felix Patassé, réfugié depuis samedi au Cameroun.

Selon "l'évolution de la situation", ce serait aux chefs d'Etats des pays de la Cémac (Gabon, Cameroun, RCA, Tchad, Guinée équatoriale et Congo) de prendre cette décision, ont-ils souligné.

Les chefs d'Etat pourraient se réunir dans les prochains jours à Brazzaville (Congo), ont précisé des sources diplomatiques en marge de la réunion.

Les deux ministres s'étaient, dès leur arrivée à Bangui, rendus à la base de Bangui-Mpoko pour y saluer les chefs de la force de paix, composée de 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens. Cette force avait été déployée à Bangui en décembre dernier pour assurer la protection de M. Patassé.

Au plan intérieur, la Concertation des partis politiques d'opposition (CPPO), qui regroupe douze formations, a exprimé le désir d'être "très rapidement" reçue par le nouvel homme fort de Bangui comme il l'a promis dimanche dans son allocution à la nation.

Le Pr Abel Goumba, vieil opposant et président de cette coordination, désire discuter du "programme consensuel de transition qu'il (Bozizé) préconise" afin que reprenne "le processus démocratique".

Sur le terrain, les rebelles semblent avoir affermi leur contrôle de la situation, s'efforçant de mettre un terme aux pillages qui ont marqué la capitale après le putsch éclair.

De nombreux Banguissois n'ont pu reprendre leur travail, leurs bureaux ayant été dévastés par les pillards, notamment les bâtiments publics.

Outre les rebelles, la présence de l'armée française aux côtés des militaires de la Cémac, rassure la population, a constaté un journaliste de l'AFP.

Depuis dimanche, l'armée française a acheminé vers la capitale gabonaise, Libreville, plus de 300 étrangers, dont une majorité de Français qui devront ensuite regagner leur pays d'origine par leurs propres moyens. Un Japonais, gravement blessé lors des troubles, a pu, après une nuit de repos, être transféré mardi à Johannesburg.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 15