Bozizé reçoit ses premiers émissaires dans Bangui encore sous le choc

BANGUI, 18 mars 2003 (AFP) - 19h03 - Les premiers émissaires officiels des pays voisins de la Centrafrique ont rencontré mardi le nouvel homme fort, le général François Bozizé, à Bangui, où des rebelles armés circulaient dans les rues encore jonchées de cadavres de pillards.

Dans la nuit de lundi à mardi, les tirs se sont faits plus rares dans la ville, et dans la matinée de mardi, les taxis circulaient à nouveau alors que les marchés ouvraient normalement trois jours après le coup d'Etat.

En revanche, les banques et les établissements scolaires n'ont pas rouvert leurs portes.

Alors que les Banguissois tentaient de reprendre leurs occupations quotidiennes, le général Bozizé a reçu les ministres congolais et gabonais des Affaires étrangères pour discuter principalement de la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac), dont M. Bozizé avait demandé le renforcement la veille, sur les ondes de RFI.

Le général François Bozizé avait demandé un renforcement de cette force ainsi que le maintien des 300 militaires français arrivés dimanche à Bangui.

Une demande que n'a pas rejetée le ministre congolais, Rodolphe Adada, dont le pays assure actuellement la présidence de la Cémac. Le général Bozizé "a parlé d'ouverture, de réconciliation. Les chefs d'Etat sont très intéressés par cette vision car ce pays a beaucoup souffert", a-t-il commenté.

Mais le ministre congolais et son homologue gabonais Jean Ping n'ont rien pu promettre à l'homme qui a chassé du pouvoir le président élu, Ange-Felix Patassé, réfugié depuis samedi au Cameroun.

Selon "l'évolution de la situation", ce serait aux chefs d'Etats des pays de la Cémac (Gabon, Cameroun, RCA, Tchad, Guinée équatoriale et Congo) de prendre cette décision, ont-ils souligné.

Les chefs d'Etat pourraient se réunir dans les prochains jours à Brazzaville (Congo), ont précisé des sources diplomatiques en marge de la réunion.

Les deux ministres s'étaient, dès leur arrivée à Bangui, rendus à la base de Bangui-Mpoko pour y saluer les chefs de la force de paix, composée de 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens. Cette force avait été déployée à Bangui en décembre dernier pour assurer la protection de M. Patassé.

Au plan intérieur, la Concertation des partis politiques d'opposition (CPPO), qui regroupe douze formations, a exprimé le désir d'être "très rapidement" reçue par le nouvel homme fort de Bangui comme il l'a promis dimanche dans son allocution à la nation.

Le Pr Abel Goumba, vieil opposant et président de cette coordination, désire discuter du "programme consensuel de transition qu'il (Bozizé) préconise" afin que reprenne "le processus démocratique".

Sur le terrain, les rebelles semblent avoir affermi leur contrôle de la situation, s'efforçant de mettre un terme aux pillages qui ont marqué la capitale après le putsch éclair.

De nombreux Banguissois n'ont pu reprendre leur travail, leurs bureaux ayant été dévastés par les pillards, notamment les bâtiments publics.

Outre les rebelles, la présence de l'armée française aux côtés des militaires de la Cémac, rassure la population, a constaté un journaliste de l'AFP.

Depuis dimanche, l'armée française a acheminé vers la capitale gabonaise, Libreville, plus de 300 étrangers, dont une majorité de Français qui devront ensuite regagner leur pays d'origine par leurs propres moyens. Un Japonais, gravement blessé lors des troubles, a pu, après une nuit de repos, être transféré mardi à Johannesburg.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 15