NIAMEY, 17 mars 2003 (AFP) - 12h03 - Le président du Niger, Mamadou Tandja, également président en excercice de la Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (CENSAD), a appelé lundi à "une action concertée" de la communauté internationale pour "rétablir l'ordre constitutionnel" en République centrafricaine.
Dans un communiqué radiodiffusé, M. Tandja "condamne fermement les événements en cours en RCA et appelle à une action concertée de la communauté internationale en vue du rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel dans ce pays, conformément aux dispositions de la charte de sécurité de la CENSAD", dont la Centrafrique est un des 18 pays membres.
"Je suis avec une grave préoccupation les événements en cours en RCA tendant à interrompre par la force le processus démocratique et à renverser les autorités légalement élues par le peuple centre africain", a déclaré le président nigérien.
"Face à cette situation, je réaffirme avec force le ferme attachement des pays membres de la CENSAD au principe contenu dans la déclaration de l'OUA adoptée en 1999 à Alger sur les changements anticonstitutionnels des gouvernements en Afrique", a ajoute le communiqué.
De plus, M. Tandja "invite instamment toutes les parties (centrafricaines, ndlr) à faire preuve de retenue et à favoriser dans les meilleurs délais la tenue du forum sur le dialogue national en vue de la réconciliation nationale, la restauration de la paix et la préservation des acquis démocratiques dans ce pays".
ABIDJAN, 17 mars 2003 (AFP) - 12h00 - La presse ivoirienne proche du président Laurent Gbagbo accuse lundi la France d'avoir organisé le coup d'Etat en République centrafricaine et met en garde contre un scénario similaire en Côte d'Ivoire, confrontée depuis près de six mois à une crise politico-militaire.
"République centrafricaine: la France réussit son coup. Depuis Paris, (le général François) Bozizé renverse (le président Ange-Félix) Patassé, les Ivoiriens sont avertis", titre à la une Notre Voie, journal du Front populaire ivoirien (FPI) du président Gbagbo.
"Ce coup d'Etat qui vient de s'opérer à Bangui est celui de la FranceC'est exactement la même chose qu'elle tente en Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002", date du début de l'insurrection militaire, affirme Notre Voie.
"La crise qui frappe la Côte d'Ivoire a trop de similitudes avec son aînée centrafricaine pour ne pas interpeller nos consciences", écrit le journal, soulignant "l'omniprésence de la France dans les événements douloureux qui déchirent les pays francophones de l'Afrique".
"Comme en Côte d'Ivoire, la République centrafricaine a connu une partition de fait, avec des rebelles qui occupaient une partie du territoire national. Comme en Côte d'Ivoire, une force militaire multinationale a été déployée sur le terrain pour faire respecter le cessez-le-feu. Enfin, comme pour la Côte d'Ivoire, le putschiste en chef s'est retrouvé en France d'où il a pu librement mener ses actions déstabilisatrices", estime Notre Voie, qui appelle à la vigilance les Ivoiriens.
"Après le coup d'Etat en Centrafrique, voici le scénario que la France prépare pour la Côte d'Ivoire", renchérit Le National, autre journal proche du
"Le pays de Chirac n'est plus directement impliqué dans les coups d'Etat dans ses anciennes colonies. Il passe par des rebelles et des terroristes. Après avoir eu raison d'Ange Félix Patassé en Centrafrique, Laurent Gbagbo doit-il s'attendre au même scénario?", interroge le quotidien, qui multiplie les attaques contre la France depuis le début de la crise.
Dénonçant "l'hypocrisie de la France", accusée d'avoir soutenu le général Bozizé qui s'est proclamé président après le putsch de samedi, Le National estime que "ce qui se passe en Centrafrique n'est pas loin de se reproduire en Côte d'Ivoire, où les Français ont pris fait et cause pour la rébellion armée".
"Tout le monde doit faire attention à Chirac, qui a placé son mandat sous le signe de la déstabilisation des pays africains et le renversement des présidents qui refusent la soumission", poursuit le titre, appelant à une mobilisation populaire "pour dénoncer ce que préparent les troupes françaises", dont 3.000 hommes sont en Côte d'Ivoire dans le cadre de l'Opération Licorne.
PRETORIA, 17 mars 2003 (AFP) - 10h48 - Le président sud-africain Thabo Mbeki, président en exercice de l'Union africaine (UA), a exprimé lundi sa condamnation "sans équivoque" du coup d'Etat militaire survenu samedi en République centrafricaine.
"Le continent africain ne tolérera jamais un transfert de pouvoir inconstitutionnel, d'où qu'il vienne. Le leadership du continent africain a exprimé clairement son opposition à de tels actes inconstitutionnels", a déclaré M. Mbeki dans un communiqué.
Le président Mbeki déplore que le coup d'Etat survienne "à un moment ou gouvernement et partis d'opposition (en Centrafrique) étaient engagés dans la préparation d'un dialogue national, de la paix et de la réconciliation".
Dans ce contexte, le "transfert inconstitutionnel de pouvoir porte un coup à l'élan pour la paix et la stabilité et sape les efforts continentaux en vue d'un développement durable et d'un redémarrage économique", poursuit M. Mbeki.
Le président de l'Union africaine assure que l'organisation continentale "va continuer d'oeuvrer de manière collective pour aider le peuple de République centrafricaine à retourner à la démocratie, la paix et la stabilité".
Le général centrafricain François Bozizé, ancien chef d'état-major des armées entré en rébellion en novembre 2001, s'est autoproclamé dimanche président de la République centrafricaine au lendemain d'un coup d'Etat éclair qui l'a vu prendre le contrôle de la capitale Bangui.
ADDDIS ABEBA, 17 mars 2003 (AFP) - 6h25 - Le Président intérimaire de la Commission de l'Union Africaine (UA), Amara Essy, a condamné fermement lundi le coup d'Etat perpétré le 15 mars en République centrafricaine (RCA).
M. Essy rappelle "le rejet et la condamnation sans équivoque par l'Union Africaine de tout changement anticonstitutionnel, conformément aux décisions et déclarations adoptées par les Sommets d'Alger et de Lomé et aux termes de l'Acte constitutif de l'Union Africaine", lit-on dans un communiqué de l'UA.
"Conformément à la Déclaration de Lomé, l'Organe central du Mécanisme (de l'UA) pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits se réunira incessamment pour examiner la situation et les mesures à prendre pour y faire face", conclut le communiqué.
Le Gabon avertit Bangui contre toute action envers la force Cémac
LIBREVILLE, 16 mars 2003 (AFP) - 22h48 - Le Gabon a prévenu dimanche soir le nouveau pouvoir militaire en Centrafrique que toute nouvelle atteinte à la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) serait considérée comme une "agression délibérée" envers ses pays membres.
"Le Gabon met en garde contre toute nouvelle violation de l'intégrité de la force de sécurisation de la Cémac, qui serait alors considérée comme une agression délibérée envers tous les Etats membres de cette organisation", a annoncé le gouvernement gabonais dans un communiqué dont l'AFP a eu copie.
Cette déclaration intervient alors que la présidence congolaise en exercice de la Cémac a annoncé dimanche après-midi que trois soldats congolais participant à cette force de paix avaient été tués samedi à Bangui lors du coup d'Etat des rebelles du général centrafricain François Bozizé.
La force Cémac, composée de 310 militaires gabonais, congolais et équato-guinéens, avait été déployée à Bangui en décembre dernier pour assurer la protection du président élu centrafricain, Ange-Félix Patassé, en remplacement d'un contingent militaire libyen.
Le président Omar Bongo, "en concertation avec les chefs d'Etat de la Cémac" a donné des "instructions fermes" à ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères pour "envisager le retour des éléments de la force Cémac" (dans leurs pays: ndlr) au terme des opérations de sécurisation et d'évacuation des ressortissants étrangers, souligne le communiqué.
Le Gabon s'est par ailleurs associé "pleinement" à la présidence de la Cémac qui a condamné "fermement" le coup de force de Bangui.
Le gouvernement gabonais a réaffirmé son attachement "aux principes et aux résolutions de l'Union africaine adoptés aux sommets d'Alger et de Lomé" condamnant "toute prise de pouvoir par des voies non-constitutionnelles".
Revenant sur les événements de samedi à Bangui, il a souligné que les soldats de la Cémac s'étaient trouvés "obligés de riposer en situation de légitime défense", après avoir été pris à partie par les rebelles au niveau de la résidence privée du président Patassé.
"Le chef de l'Etat (M. Patassé: ndlr) étant absent de Bangui et le reste de sa famille ayant été sécurisé, les forces de la Cémac, dont le mandat n'était pas de combattre, se sont repliées au camp (militaire) Mpoko" de Bangui, est-il encore indiqué.
Kadhafi exhorte les dirigeants africains à garantir la paix en Centrafrique
TRIPOLI, 16 mars 2003 (AFP) - 22h07 - Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a exhorté dimanche les responsables africains à garantir la paix en Centrafrique, au lendemain d'un coup d'Etat éclair déclenché à Bangui pendant un voyage à l'étranger du président Ange-Félix Patassé, selon l'agence officielle Jana.
Le colonel Kadhafi a appelé les présidents sud-africain Thabo Mbeki -qui assure la présidence de l'Union africaine-, tchadien Idriss Deby, gabonais Omar Bongo et nigérien Mamadou Tandja, désigné vendredi président en exercice de la Communauté économique des Etats sahélo-saharien (Censad), selon Jana.
Il leur a déclaré qu'il était "nécessaire d'agir pour garantir la paix et la sécurité" en Centrafrique, selon la même source.
Le dirigeant libyen est le "médiateur de la paix dans l'espace Censad", créé à son initiative et qui regroupe 18 pays africains, dont la Centrafrique.
Tripoli a contribué à sauver à deux reprises le régime d'Ange-Félix Patassé, lors des tentatives de coup d'Etat de mai 2001 et octobre 2002, grâce à un contingent militaire libyen dépêché dans la capitale centrafricaine.
Ce contingent a été remplacé fin décembre 2002 par une force de maintien de la paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac).
Le général Bozizé s'autoproclame "président" et dissout l'assemblée
BANGUI, 16 mars 2003 (AFP) - 21h01 - Le chef de la rébellion centrafricaine, le général François Bozizé, s'est autoproclamé dimanche "président de la République" par la voix de son porte-parole, Parfait Mbaye, puis a dissous l'Assemblée nationale au lendemain d'un coup d'Etat éclair déclenché à Bangui en l'absence du président élu Ange-Félix Patassé.
Le général Bozizé a annoncé dimanche soir sur la radio nationale à Bangui la suspension de la Constitution, la dissolution de l'Assemblée nationale et le limogeage du gouvernement.
Aucun combat n'a été signalé dimanche dans la journée dans Bangui, où se déroulaient des scènes de pillage. Mais des tirs sporadiques continuaient de retentir, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le général Bozizé a imposé un couvre-feu à compter de dimanche de 19H00 (18H00 GMT) à 06H00 (05H00 GMT), sur toute l'étendue du territoire, selon un communiqué lu à la radio nationale.
Les dispositions de ce couvre-feu "ne s'imposent pas à la force de paix de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac)", qui compte environ 300 hommes à Bangui, "et aux forces armées centrafricaines", a précisé la radio.
Le bilan du coup d'Etat était encore inconnu dimanche. Mais au moins cinq morts et des dizaines de blessés étaient à l'hôpital, selon une source hospitalière. Trois soldats congolais de la force africaine déployée à Bangui ont également été tués samedi.
M. Patassé, actuellement à Yaoundé, n'avait fait dimanche aucune déclaration sur la situation dans son pays.
Deux Transall de l'armée française ont évacué dimanche soir une quarantaine de Français de Bangui qui souhaitaient quitter la ville, a annoncé par ailleurs à Paris le ministère français de la Défense.
Le porte-parole du général Bozizé, le capitaine Parfait Mbaye, a lu dimanche à Bangui sur les ondes de la radio d'Etat, un communiqué officiel du "président de la République", demandant aux forces armées et de sécurité de regagner les casernes dans la journée. Le capitaine Mbaye a par ailleurs déclaré à RFI que la prise du pouvoir par les partisans de Bozizé était "un fait accompli".
Trois soldats congolais de la froce de la Cémac ont été tués samedi à Bangui lors de la prise de la ville par les forces du général Bozizé, a annoncé dimanche la Cémac à Brazzaville.
Interrogé par l'AFP, le ministre congolais des Affaires étrangères, Rodolphe Adada, a précisé que les tués étaient deux soldats et un officier.
Ils ont été tués à l'aéroport, a dit le ministre qui n'a fourni aucune précision sur les circonstances de leur mort.
Plusieurs familles de Bangui étaient à la recherche de leurs proches perdus de vue dans la confusion qui a régné durant toute la nuit de samedi à dimanche.
Le porte-parole du général Bozizé a demandé à la population de "garder son calme" et de cesser les pillages", tout en remerciant les Banguissois de l'accueil qu'ils ont réservé aux rebelles.
Les pillages de maisons des dignitaires, de ressortissants français, de commerces et d'entreprises continuaient dimanche à Bangui, selon des témoignages concordants recueillis par l'AFP.
Depuis l'aube, des tirs sporadiques continuent de retentir: les rebelles font des sommations pour faire fuire les pillards, hommes et femmes confondus, qu'on croise ça et là, transportant leur butin.
On est sans nouvelles de la plupart des dignitaires du régime. Selon un diplomate africain, beaucoup auraient demandé protection au Bureau des Nations unies en Centrafrique (BONUCA).
La France, samedi soir, suivie dimanche par la Communauté économique des Etats sahélo-sahariens (CENSAD), qui regroupe 18 pays africains dont la Centrafrique, ont condamné cette prise du pouvoir et ont prôné une solution pacifique.
Les hommes de Bozizé ont profité samedi de l'absence du président Patassé, qui se trouvait à Niamey où il avait participé à un sommet de chefs d'Etat, pour attaquer Bangui, sans rencontrer de réelle résistance.
L'avion du président Patassé, qui devait regagner Bangui samedi après-midi a été dérouté vers la capitale camerounaise, Yaoundé où il a passé la nuit à l'hôtel Hilton en compagnie de son épouse et d'une délégation centrafricaine, après avoir été accueilli par les autorités camerounaises.
M. Patassé ne devrait pas rester à Yaoundé et des discussions étaient en cours dimanche pour lui trouver un pays d'accueil provisoire, ont indiqué à l'AFP deux sources diplomatiques africaines jointes dans la région depuis Libreville. L'une a évoqué la capitale gabonaise, Libreville, l'autre, la capitale libyenne, Tripoli.