Le général Bozizé fait son entrée dans le "club des six"

LIBREVILLE, 3 juin 2003 (AFP), 17h38 - Deux mois et demi après son coup d'Etat à Bangui, le général François Bozizé a fait mardi son entrée dans le "club des six" chefs d'Etat d'Afrique centrale, réunis à Libreville pour l'écouter et examiner avec une apparente bienveillance l'évolution récente de la RCA.

Costume strict, l'air sérieux et avare de ses mots, le général Bozizé a dû justifier, auprès des chefs d'Etat des pays membres de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cémac) qui le recevaient ensemble pour la première fois, les raisons qui l'ont amené à renverser le président élu Ange-Félix Patassé.

Le président centrafricain autoproclamé devait également présenter à ses pairs (Cameroun, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad) le calendrier qu'il s'est fixé pour le rétablissement en janvier 2005 de l'ordre constitutionnel ainsi qu'il l'a annoncé vendredi dernier.

Le général Bozizé devait aussi préciser comment il entend mener l'indispensable travail de réconciliation nationale destiné à panser les cicatrices des multiples convulsion de l'histoire récente de la Centrafrique.

En prélude à l'ouverture de leurs travaux qui se tiennent à huis clos, les présidents gabonais et congolais ont semblé, dans leurs déclarations préliminaires, avoir déjà entériné le fait accompli centrafricain.

Les chefs d'Etat sont rassemblés pour écouter le général Bozizé et "voir ce qu'il convient de faire pour conforter les actes qu'il a posés en vue d'un retour à une vie normale (...)
Nous apporterons notre soutien à l'effort de reconstruction politique et économique de la RCA", a déclaré l'hôte du sommet, le chef d'Etat gabonais Omar Bongo.

"Après les récents développements en RCA, a rappelé pour sa part Denis Sassou-Nguesso dont le pays assure la présidence tournante de la Cémac, nous nous sommes retrouvés à Brazzaville (NDLR: quelques jours après le coup d'Etat) où nous avons manifesté notre volonté de continuer à soutenir le peuple" centrafricain.

"Nous sommes réunis aujourd'hui, a-t-il dit, pour poursuivre ces efforts" et "écouter les analyses des nouvelles autorités". Le sommet va "prendre de nouvelles résolutions devant concourir à la paix, la stabilité, la démocratie et, il faut le dire, la bonne gouvernance", a conclu M. Sassou Nguesso.

Auparavant, le chef d'Etat congolais avait rappelé qu'en dépit du coup d'Etat du 15 mars, la Cémac avait décidé le maintien à Bangui de sa force de paix, initialement déployée en décembre pour assurer la sécurité du président renversé, Ange-Félix Patassé.

Seule, la Guinée Equatoriale avait fait bande à part, décidant unilatéralement le rappel à Malabo de la trentaine de militaires représentant sa contribution à cette force de paix.

La redéfinition du mandat de cette force devrait figurer parmi les points abordés lors de ce sommet. En l'absence de directives claires de ses mandants politiques, la force Cémac est, depuis le coup d'Etat, restée cantonnée dans ses casernes jusqu'à ces derniers jours, en dépit des besoins urgents de sécurisation qui se manifestaient à Bangui et dans l'arrière-pays.

La reconnaissance du nouveau régime par la Cémac est la porte d'accès à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds sans lesquels la Centrafrique, quelle que soit la volonté de ses nouveaux dirigeants, pourra  difficilement se relever.

La France, ancienne puissance coloniale, a ouvert la voie début mai en recevant à Paris le Premier ministre Abel Goumba, l'éternel opposant devenu figure de proue de la volonté démocratique affichée par le général-président.

Cette reconnaissance de facto a été confirmé vendredi à Libreville par le ministre français délégué à la Coopération,Pierre André Wiltzer, qui a jugé le délai de la transition proposé par Bangui "pas déraisonnable".


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16