P A R T I  D E  L ‘ U N I T E  N A T I O N A L E

                                   Unité – Discipline - Progrès

 

DISCOURS D’OUVERTURE DE LA DEUXIEME SESSION ORDINAIRE DU CONSEIL POLITIQUE ISSU DU PREMIER CONGRES

(Bangui, 7 et 8 Juin 2003)

 

 

Monsieur le Ministre représentant du Chef de l’Etat,

 

Mesdames et Messieurs les ministres,

 

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,

 

Mesdames et Messieurs les représentants d’organisations internationales,

 

Chers compatriotes représentants des partis politiques, des organisations de la société civile et des confessions religieuses,

 

Militantes et militants du PUN, de l’UJPUN et de l’UFPUN,

 

 

 

Comment ne pas débuter cette session ordinaire de notre Conseil Politique en pensant à ceux de nos adhérents et cadres, nombreux, qui ne sont plus des nôtres, arrachés à la vie par la misère, la maladie ou la violence aveugle, comme tant d’autres fils et filles de ce pays ? Comment, surtout, ne pas souligner le cas particulier de ceux qui ont été pris pour cibles par les tueurs du régime défunt, miliciens et autres mercenaires étrangers, tant à Bangui qu’en province ? Je vous prie, Mesdames et Messieurs, de bien vouloir vous lever pour observer une minute de silence en leur mémoire…

 

        

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,

 

Grâce aux luttes multiformes et conjuguées du peuple centrafricain dans ses diverses composantes, le régime antidémocratique et antinational d’Ange-Félix Patassé a cessé d’exister. La fausse querelle de savoir qui a fait quoi, qui a contribué ou non, m’amuse un peu. Un grand dirigeant africain, que j’ai bien connu, je veux parler du président Félix Houphouët-Boigny, avait coutume de dire : « La défaite est orpheline mais la victoire a plein de papas ». Eh bien , clôturons cette querelle un peu infantile en acceptant tous les papas, pourvus qu’ils contribuent tous à la reconstruction, qui est la seule chose qui compte à mes yeux.

 

Il m’apparaît cependant juste d’apprécier à comme il convient le sens du devoir, le courage et l’engagement dont a fait preuve le général François Bozizé. Pour avoir été en contact avec lui de manière ininterrompue à partir du 1er juin 2002, je puis témoigner du courage dont il a fait preuve, dans les moments les plus difficiles, quand les circonstances, au plan national et international, pouvaient devenir particulièrement défavorables. C’est au vu de cet engagement qu’en octobre dernier j’ai demandé au Parti, par le biais de notre Secrétaire Générale qui était en contact régulier avec moi, de soutenir l’action conduite par le général Bozizé, comme je le faisais moi-même. Nous avons rencontré des incompréhensions, en particulier lorsque j’ai signé la plate-forme politique du 7 décembre 2002, qui officialisait la jonction entre opposition politique civile et rébellion militaire, et jetait les orientations de base qui guident aujourd’hui le déroulement de la Transition consensuelle.

 

Je demeure convaincu, encore aujourd’hui, qu’il n’y avait pas d’autre choix à faire, dès lors qu’il s’agissait de conjuguer les efforts de toutes les forces vives de la nation centrafricaine, y compris les militaires en rébellion, pour venir à bout d’un régime particulièrement criminel, capable de faire venir des mercenaires payés à prix d’or pour tuer, violer, piller. Peu lui importaient le sort de ses concitoyens, les humiliations que subissaient les forces armées nationales, le discrédit international qui frappait le pays : l’essentiel, pour lui, était qu’il se maintienne au pouvoir par tous les moyens. Oui, mes chers compatriotes, militants et militantes du PUN, nous avons eu raison de soutenir dès le départ l’action de nos soldats qui, sous la conduite du général François Bozizé, ont pris les armes pour défendre l’honneur de la patrie. Nous ne l’avons pas fait pour revendiquer des récompenses. Nous l’avons fait parce que nous sommes des patriotes, et que le sort de notre pays nous importe plus que tout. C’est pour cela que je demande solennellement que cessent immédiatement, au sein comme en dehors du Parti, ces querelles indécentes autour du partage d’un gâteau qui n’existe plus. Cela devient insupportable, au regard des énormes défis que la République centrafricaine doit relever.

Ce n’est pas comme cela que je conçois le soutien à la Transition.

 

Chers compatriotes,

 

Il n’est pas nécessaire de revenir sur les méfaits du régime qui vient de quitter la scène centrafricaine. Les Centrafricains, qui ont payé un lourd tribut au cours des dix ans de pseudo-démocratie, marqués surtout par la violence, la division nationale, les pillages et la misère, savent, pensons-nous, à quoi s’en tenir sur Monsieur Patassé. La communauté internationale n’ignorait certes pas les dérives criminelles et mafieuses du « Barbu ». Au nom de principes discutables, elle a parfois donné l’impression de ne pas être tout à fait sensible aux souffrances du peuple centrafricain. Etre démocratiquement élu ne doit plus signifier un permis de tuer, de piller et d’appauvrir. C’est une leçon à méditer car, comme je l’écrit souvent, le soutien à des autocrates déguisés en démocrates n’est pas la meilleure façon de plaider le bien-fondé de la démocratie auprès des populations africaines. Il est heureux que cette même communauté internationale ait admis que le peuple centrafricain a eu raison d’user des moyens qui étaient à sa disposition pour faire partir l’autocrate. Pour sa part, le PUN assure qu’il fera tout pour que la Transition aboutisse dans des délais raisonnables à des élections libres, équitables et transparentes, afin que soient mises en places des institutions réellement démocratiques qui travailleront à donner un nouvel espoir au peuple de ce pays, si souvent dupé.

 

 

Mesdames et Messieurs, Distingués invités, chers compatriotes,

 

 Cela fait des années que je ne manque aucune occasion d’adresser à mes concitoyens le même message : le développement de la République centrafricaine sera d’abord l’affaire des Centrafricains. Ces deux dernières années, j’ai adressé le même message à toute l’Afrique, à travers des ouvrages, des articles de presse et des débats radiotélévisés qui ont connu un certain retentissement sur le continent et ailleurs dans le monde. Par moments, j’ai la nette impression que mon message est mieux reçu ailleurs que dans mon propre pays. Il est vrai que nul n’est prophète chez soi. Mais dans notre cas, il y a plus grave : je note que l’une des dérives les plus inquiétantes de notre pays est le culte de la médiocrité, qui se traduit par le penchant au nivellement par le bas. Il ne fait pas bon briller en Centrafrique, où toute tête qui dépasse doit être coupée. Pour ne prendre que mon exemple, je suis une star dès que je sors de mon pays. Quand j’y reviens, je me sens dans l’obligation de raser les murs. C’est ainsi, et apparemment on n’y peut rien. Or la pire chose qui puisse arriver à un pays, c’est d’ériger la médiocrité en modèle à suivre. Il ne peut y avoir de progrès sans valorisation de tout ce qui peut contribuer à tirer la société en avant plutôt que ce qui la tire en arrière.

 

Dans un peu plus de deux mois, cela fera exactement quarante-trois ans que la République centrafricaine est devenue indépendante. Depuis, tout s’est passé comme si ce pays était condamné à faire du sur place. Or nous savons que qui n’avance pas recule. En vérité, toutes les études montrent que dans pratiquement tous les domaines, notre pays a régressé à un point tel que le niveau de vie moyen du Centrafricain d’aujourd’hui est inférieur à celui de la première moitié des années cinquante. Qu’il s’agisse du système d’éducation et de formation, des infrastructures sanitaires, des équipements publics, du tissu économique et commercial, de la production agricole, de la protection sociale, de l’armée et des forces de sécurité en général, la République centrafricaine présente le spectacle d’un pays sinistré. Pays maudit, disent de nombreux Africains, qui ont du mal à comprendre la succession de tant de malheurs causés par des pouvoirs souvent ubuesques qui depuis quatre décennies défraient la chronique par leurs frasques qui ridiculisent tout un pays.

 

.Naturellement, les dirigeants qui se sont succédé portent la responsabilité première de la stagnation et du recul. L’exemple du régime qui vient de s’effondrer après dix ans de dégâts montre que le choix d’un président de la République est une affaire grave et sérieuse, et que les citoyens ont le devoir d’y regarder à deux fois avant de mettre leur bulletin dans l’urne. Pour peu que prévalent des considérations comme l’appartenance ethnique et régionale, le flot de promesses démagogiques, la manipulation par l’argent ou l’exploitation des penchants les plus rétrogrades de la population, le pire peut arriver : le pays peut se retrouver avec un personnage ravageur comme Ange-Félix Patassé, qui a fait faire à la République centrafricaine un terrible bond en arrière.

 

Mais comme j’ai aussi coutume de le dire, en règle générale, les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent. Qu’est-ce que j’entends par là ? Tout simplement que le profil des dirigeants qui finissent par s’imposer n’est pas sans rapport avec le niveau de conscience politique et de capacité de discernement des citoyens. Nous aurons, dans les mois à venir, à prendre part au Dialogue National, que le PUN appelle de tous ses vœux. Ce sera l’occasion, je l’espère, de mettre sur la table tous ces problèmes, ces blocages, ces pesanteurs et forces d’inertie, qui empêchent la Centrafrique de décoller : les peurs intériorisées et la lâcheté, le culte de la médiocrité, l’accentuation de la division ethnique et régionale, la perte du sens civique et la mentalité d’éternels assistés.

 

Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,

 

Sur ces trois dernières perversions, je voudrais m’arrêter un instant parce qu’elles expliquent en grande partie l’état dans lequel se trouve notre pays.

 

D’abord le tribalisme : A sa mort, le 29 mars 1959, Barthélemy Boganda a laissé, à la veille de l’indépendance, un pays qui était en Afrique subsaharienne un modèle d’intégration nationale réussie. Les Centrafricains de ma génération ont connu dans leur jeunesse une nation rassemblée, et toute notre fierté, à nous qui militions dans le mouvement étudiant africain en France, était d’apparaître comme les ressortissants d’un pays possédant, fait rare en Afrique subsaharienne, une langue nationale, et où les différences ethniques n’avaient pas atteint l’acuité conflictuelle des clivages tribaux qui déstabilisent aujourd’hui tant d’Etats africains dont le nôtre. Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment faire pour sortir du piège dans lequel nous nous sommes imprudemment laissés enfermer ? Voilà autant de questions que le Dialogue National ne pourra pas esquiver, au risque de laisser se perpétuer une situation qui menace directement la paix et la stabilité de notre pays.

 

Quant à la perte du sens civique, les Centrafricains viennent d’en administrer une tragique illustration avec les énièmes scènes de pillages que Bangui a connues dans les heures qui ont suivi la chute du régime de Monsieur Patassé. Aucun argument, aucune justification, ne sauraient légitimer des pratiques maintes fois répétées depuis au moins deux décennies, et dont la principale conséquence est le discrédit qui frappe le pays. Il y a des investisseurs, nationaux et surtout étrangers qui, en un quart de siècle, en sont peut-être à leur deuxième, troisième ou quatrième pillage. Mettons-nous un instant à leur place : qui, dans ces conditions, aurait envie de continuer à investir dans un tel pays ? Qui est assez fou pour vouloir posséder des biens dans un pays où la rage de la destruction n’épargne rien : maisons, voitures, établissements industriels et commerciaux, bâtiments administratifs, équipements électriques, téléphoniques ou de distribution d’eau potable, écoles, dispensaires, églises, temples et mosquées, et mêmes les cimetières ?

 

Qui peut donner le bon exemple, à partir du moment où l’Etat lui-même apparaît comme le premier casseur, qui, depuis 1979, détruit au mortier les biens des adversaires politiques à la faveur des affrontements partisans et tribaux ? Mais pourquoi donc ne pas confisquer pour le compte de l’Etat ces maisons, ces voitures et autres biens si l’on estime qu’ils ont été indûment acquis ?

 

Je pose enfin la question à laquelle les Centrafricains devront impérativement répondre dans les prochains mois : qui va reconstruire ces immeubles détruits, comme le building administratif de l’avenue Boganda, ces bureaux saccagés comme ceux de la Primature ? Qui va reconstituer le parc automobile de l’Etat, qui a été réduit pratiquement à néant ? Est-ce digne d’un peuple qui se respecte de détruire ses propres biens et de demander à d’autres de venir réparer les dégâts à sa place ??? En vérité, c’est à leur capacité à rétablir un minimum de sens civique que le monde extérieur jugera du sérieux des autorités qui sortiront des prochaines élections.

 

Le penchant à tout attendre de l’aide extérieure est la troisième perversion de l’évolution de la société centrafricaine depuis l’indépendance. Ceux qui se sont succédé à la tête du pays, et particulièrement celui qui vient d’être chassé, ne cessaient de nous répéter que nous sommes un pays riche. C’est vrai que nous sommes potentiellement riches, avec les richesses naturelles dont la présence est confirmée ou fortement soupçonnée. Mais de simples potentialités ne suffisent pas pour qu’un pays devienne riche. C’est l’apport humain, par le travail acharné, par les capacités de transformation des potentialités en réalités économiques, et par la gestion rigoureuse, qui rend possible le passage de la richesse virtuelle à la prospérité réelle. Je viens de passer une semaine dans un pays africain bien moins richement doté que le nôtre : le Burkina Faso. J’ai pu visiter diverses réalisations dans le domaine agro-pastoral, réalisations qui sont en train de modifier le visage de ce pays pourtant peu gâté par la nature. La différence avec nous s’explique tout simplement par le sérieux des hommes, de leurs dirigeants, ainsi que l’acharnement de tous au travail.

 

Je vois le Centrafricain comme un clochard couché sur un matelas de dollars, mais qui est tellement faible physiquement qu’il n’a même plus la force de tendre le bras pour sortir ne serait-ce qu’un billet. Mais des étrangers de passage parviennent à se baisser pour lui faucher une partie de sa richesse potentielle. Ce que je veux dire par cette image cruelle, c’est qu’il est désormais vital que les Centrafricains comprennent ceci : personne ne viendra faire leur bonheur à leur place. Le monde dans lequel nous vivons n’est plus celui de l’assistanat et de la pitié. Chaque jour qui passe, en particulier depuis la chute du mur de Berlin et la globalisation des échanges économiques et commerciaux, apporte la preuve que l’époque de l’aide publique au développement sur une vaste échelle est bien terminée. C’est pour ne pas l’avoir compris à temps que l’Afrique subsaharienne ne représente plus grand chose dans l’économie mondiale – 1,5 %, dont la moitié pour la seule République sud-africaine -, et c’est ce qu’on appelle la marginalisation. Tant que nous continuerons à miser exclusivement sur l’aide pour nous en sortir, nous serons définitivement condamnés à végéter. Certes, nous avons besoin d’être accompagnés dans nos efforts de reconstruction, ne serait-ce que parce notre pays a été complètement saccagé par un régime de démission nationale. Mais cet accompagnement ne se manifestera qu’au vu de nos efforts propres, au vu de notre volonté très claire de prendre nos problèmes à bras le corps. En aucun cas l’aide ne pourra se substituer purement et simplement à nos efforts nationaux. La règle est désormais simple : on aide ceux qui font eux-mêmes des efforts, et je dois ajouter, hélas, ceux qui représentent un enjeu pour les grands de ce monde, par rapport à leurs propres intérêts. Il n’y a plus de pitié, et surtout pas pour les canards boiteux.

 

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,

 

Je me suis évertué à adresser cette mise en garde depuis l’époque où je dirigeais le gouvernement d’union nationale. Je dois admettre, encore hélas, que nous n’avons pas beaucoup progressé sur le terrain de la prise de conscience. Et lorsqu’en plus un chef d’Etat déclare cyniquement qu’il a assez d’argent pour avancer dix millions de dollars pour le paiement des arriérés de salaires, comment voulez-vous que la communauté internationale nous prenne au sérieux et réponde positivement à notre demande d’aide ? Il urge désormais que les dirigeants du pays, et tous les leaders d’opinion, à commencer par nous, les chefs de partis, il urge, dis-je, que nous tenions tous le même langage de vérité et de responsabilité à notre peuple, au lieu de l’habituelle débauche de démagogie, surtout en période électorale

 

Le départ de Patassé, qui était nécessaire, ne règle évidemment pas tous les problèmes du pays. Je suis même enclin à penser que ceux-ci, masqués par le régime dictatorial, apparaîtront désormais avec plus de netteté. La communauté internationale, qui ne donne pas l’impression de regretter M. Patassé, paraît plutôt bien disposée à l’égard de la Centrafrique. Le signal positif donné par les Chefs d’Etat de la CEMAC, en recevant le président Bozizé au Sommet extraordinaire de Libreville le 3 juin dernier, peut avoir un effet d’entraînement sur l’Union Africaine puis sur les partenaires extra-africains comme l’Union européenne, les institutions de Bretton Woods et le système des Nations unies en général. A nous de fixer un cap clair, comme le chef de l’Etat a commencé de le faire, en indiquant une option pour l’acte final de la Transition, à savoir l’achèvement du processus électoral en janvier 2005. D’ici là, le gouvernement doit définir clairement nos actions prioritaires, en préciser l’agenda d’exécution et les modalités de mise en œuvre. En les soumettant à l’appréciation des partenaires susceptibles d’apporter des concours financiers pour leur réalisation, nous devrons à chaque fois préciser la part d’efforts nationaux que nous sommes prêts à accomplir, car c’est désormais la règle du jeu.

 

 Dans le contexte d’une période de transition, nos ambitions devront être raisonnables, et toucher essentiellement à ce qui permettra d’optimiser les conditions d’organisation des élections. Il ne s’agit pas, par exemple de se lancer dans un vaste programme de développement, ce qui sera l’apanage des autorités qui se mettront en place après les élections.

 

Le programme d’urgence dont il s’agit, qui couvre la période allant de la fin de la dictature de Patassé à l’achèvement du processus électoral, concernera donc des priorités comme le rétablissement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national ; le redémarrage de l’administration mise pratiquement en hibernation dans les derniers mois du régime défunt ; l’assainissement des régies financières pour une amélioration du taux de recouvrement des taxes dues à l’Etat ainsi que la maîtrise raisonnée des dépenses publiques, condition nécessaire pour que nous soyons en mesure d’assumer notre part d’efforts nationaux en vue du financement du programme d’urgence ; la reconstruction progressive des bureaux et immeubles saccagés récemment ; des interventions d’urgence en faveur de la santé, de nombreux établissements, à Bangui comme en province, ayant été pillés, et donc privés du minimum nécessaire pour accueillir les malades ; des concours d’urgence aussi pour permettre dès la rentrée prochaine un vrai redémarrage des activités scolaires et universitaires ; sans compter qu’il faut consolider la paix civile en faisant des efforts de paiement régulier des salaires ; sans compter aussi que des opérateurs économiques, nationaux et étrangers, qui ont fait confiance à notre pays, ont été pillés et ruinés, et attendent légitimement un geste, même limité, de la part des pouvoirs publics, afin de relancer leurs activités.

 

 Je ne parle pas, bien sûr, de l’organisation des élections, par rapport à laquelle il conviendra d’évaluer à temps les besoins réels en vue d’en rechercher le financement.

 

Programme d’urgence certes, mais programme essentiel, dont la réalisation conditionnera le bon déroulement de la Transition. Certains des partenaires traditionnels, comme la France ou le PNUD, ont déjà commencé à manifester leur vif intérêt pour contribuer à la mise en œuvre d’un tel programme dès lors que le gouvernement le fera rapidement connaître. La première, qui est disposée à se faire notre avocat auprès des autres partenaires, nous soutiendra, en rapport avec les pays de la CEMAC, dans nos efforts visant à rétablir la sécurité. L’urgence, dans ce domaine, est de prendre les mesures les plus fermes pour discipliner et, au besoin, neutraliser les éléments incontrôlés se trouvant parmi les forces qui ont libéré le pays. Qu’ils soient des nationaux ou des étrangers, le fait qu’ils aient aidé à chasser Patassé ne les autorise pas à entretenir une insupportable insécurité. De plus, la perpétuation d’une telle situation est de nature à discréditer la Transition et donc à compromettre son succès.

 

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,

 

La question de la reconstitution de forces de sécurité dignes de ce nom est cruciale. La restructuration des forces armées centrafricaines est une nécessité plus que vitale. A observer de près les crises qui se multiplient en Afrique subsaharienne au cours des dernières années, on voit bien que la question d’une véritable armée nationale est à l’ordre du jour. Sans armée nationale, il n’y a pas d’Etat, il n’y a pas de sécurité, il n’y a pas de paix, il n’y a surtout pas d’intégration nationale. La juxtaposition de milices politico-tribales se regardant en chiens de faïence est un facteur de désagrégation des Etats, comme le montrent tant d’exemples contemporains, de la République Démocratique du Congo à la Côte d’Ivoire. Le gouvernement d’union nationale a bien compris cet impératif et a organisé en 1996 les états généraux de la défense. De nombreuses et pertinentes recommandations ont été prises. L’assemblée nationale, avec le soutien des partenaires au développement, a voté les lois de restructuration. Seule la mauvaise volonté de M. Patassé a retardé leur application intégrale. Il urge maintenant de mettre ces lois en œuvre.

 

La France, comme d’autres partenaires, est prête à nous accompagner dans la réalisation de cette réforme vitale. A nous donc, maintenant, d’aider nos amis à nous aider. Concrètement, il s’agit pour nous de montrer tous les jours, à tous les niveaux, que nous sommes décidés à prendre nos problèmes à bras le corps, par notre acharnement au travail, et par la manifestation de notre amour pour notre pays. Quel impact extraordinaire aurait aujourd’hui sur la communauté internationale le spectacle de jeunes centrafricains se mobilisant pour le rafistolage de bâtiments administratifs éventrés, contre de bien modestes rémunérations, témoignant par là leur patriotisme ! Surtout, nous devrons faire la chasse aux gaspillages et aux habitudes de paresse ou, pire, de prévarications.

 

Le PUN soutiendra de toutes ses forces un tel programme. Je serai un lobbyiste actif auprès de tous ceux des partenaires qu’il m’arrivera de rencontrer. Notre soutien sera sincère, mais ce sera un soutien vigilant, parce que nous ne cautionnerons à aucun moment toute tentative de retour à des comportements d’un autre âge, que le pays doit désormais combattre avec détermination.

 

Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,

 

Le Parti de l’Unité Nationale est une formation toute jeune, la plus jeune de celles qui étaient représentées au sein de l’assemblée nationale qui vient d’être dissoute. Dès sa légalisation en mai 1998, le PUN a été immédiatement confronté à une hostilité particulièrement rude de la part du régime défunt. Souvent en concurrence avec l’ancien parti au pouvoir dans ses fiefs traditionnels, il a été de ce fait la victime de prédilection des mesures arbitraires de Monsieur Patassé et de la traque des miliciens du parti alors au pouvoir. Son président était devenu l’opposant à abattre, et était souvent contraint de se cacher ou de s’éloigner pour échapper à la mort. Dans l’histoire récente de la vie politique de notre pays, peu de responsables politiques ont fait l’objet de tant de haine et d’acharnement de la part de M. Patassé et de ses affidés. Le pays a gardé en mémoire l’acharnement à vouloir m’empêcher d’être élu à Dékoa, circonscription dans laquelle le pouvoir a mobilisé des moyens sans commune mesure avec les enjeux d’une simple élection législative. Tout a été mis en œuvre pour débaucher des cadres du parti et le noyer.

 

Malgré tous ces tracas, le PUN a tenu bon. Certes, quelques uns d’entre nous ont cédé à l’appel des sirènes patassistes, mais, je le répète, le PUN est resté debout. Ma longue absence de dix-huit mois n’a pas provoqué la disparition du parti, malgré la propagande du parti au pouvoir visant à démoraliser les militants et les cadres du PUN. Sous la conduite de notre dynamique Secrétaire Générale, Léa KOYASSOUM DOUMTA, aujourd’hui ministre de la Famille, des Affaires sociales et de la Solidarité nationale au sein du gouvernement de Transition, le PUN a maintenu haut le drapeau de la résistance à la dictature de Patassé.

 

Chère Léa, beaucoup de Centrafricains ne savent sans doute pas que tu n’as pas choisi la facilité en adhérant au PUN. Originaire de Markounda et donc proche de ce fait de M. Patassé au plan familial, tu aurais pu le suivre, comme beaucoup d’autres dans ce pays où la fibre ethnique est, hélas, la motivation essentielle des choix politiques. Tu as préféré combattre pour les idéaux que tu crois justes. Tu es demeurée inébranlable malgré les pressions ethniques. Ton engagement sincère et ton dynamisme, dont tu as encore donné une preuve éclatante avec l’organisation réussie de la Fête des Mères, constituent un modèle à suivre pour tout le Parti. Ces qualités, que l’ont retrouve chez beaucoup de nos compatriotes au féminin, justifient qu’il faille de plus en plus faire confiance à la femme centrafricaine, et compter désormais avec elle pour le développement de notre pays.

 

 Par rapport au changement qui vient d’intervenir, le PUN a joué, personne ne le conteste, un rôle actif à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur du pays, avec mes prises de position et ma collaboration directe avec le général François Bozizé. C’est pourquoi nous nous sentons pleinement concernés par la réussite de la Transition consensuelle. La présente session du Conseil Politique nous donne donc l’occasion de réaffirmer notre soutien au Général Bozizé et aux institutions de la Transition. Elle nous offre aussi l’occasion de donner notre point de vue sur les conditions à remplir afin de garantir le succès de cette Transition.

Etant l’organe le plus important du Parti après le Congrès, le Conseil Politique aura à faire le point de la situation intérieure du PUN. Même s’il ne s’est pas écroulé, il a besoin d’être redynamisé. Le Conseil Politique prendra donc les mesures qu’il jugera nécessaires pour que le parti aille toujours de l’avant. Ce que j’ai pu observer depuis mon retour au pays, c’est que de plus en plus nombreux sont nos compatriotes qui veulent se rapprocher de ce parti, qui croient au sérieux et à la sincérité du message que délivre son président. J’observe tout particulièrement que beaucoup de nos compatriotes qui ont suivi M. Patassé, soit par méconnaissance de la vraie nature de son régime, soit par peur de la répression, soit aussi par des calculs d’intérêts à court terme, regardent vers nous. Il en est de même d’autres compatriotes venant d’autres horizons politiques, qui croient en la sincérité de notre message sur la nécessité de l’unité et de la réconciliation. Parmi eux se trouvent des cadres de grande valeur et de grande expérience, qui ne peuvent qu’apporter un plus au PUN. Je demande solennellement à nos militants et cadres de ne pas leur fermer la porte. Le Parti n’a rien à gagner à cette fermeture. En se comportant comme une secte, il perdra toute chance de peser sur le devenir de ce pays.

 

Nous devons surtout nous convaincre de ce que le parti ne gagnera en force que s’il se rapproche de la population. Nous devons donc privilégier le terrain, et pas seulement à Bangui. Ce parti, qui s’est donné comme l’un des objectifs majeurs de son combat, la reconstitution d’une authentique citoyenneté centrafricaine, doit être un facteur de brassage et de diffusion partout du message de l’unité et de la réconciliation. J’attends désormais des cadres qu’ils soient plus sur le terrain que dans des discussions de salon à Bangui. J’attends de chacun qu’il amène son village, sa commune, sa sous-préfecture ou sa préfecture, vers les idéaux d’unité, de réconciliation, de paix, de renouveau et de modernité qui sont ceux du PUN. Cela demande aussi que nous mettions en place un vaste programme de formation des militants et des cadres. C’est parce que le militantisme politique s’est réduit dans notre pays, au cours des dernières années, au simple suivisme par rapport au leader ethnique, que nous en sommes arrivés là où nous nous trouvons, à savoir la perte de l’idéal national et donc du sens du bien public. Par la formation, nous tenterons de réconcilier les militants politiques centrafricains avec le respect du bien public et de l’intérêt général. Nous tenterons de trouver une réponse à la crise du politique, dont la principale manifestation est le discrédit de la classe politique et des partis politiques. En Centrafrique comme dans de nombreux autres pays africains, les partis politiques ne mobilisent plus. Les populations ont plus confiance dans leurs curés, leurs pasteurs ou leurs imams, que dans les leaders des partis. Ils sont plus disposés à se saigner pour la cause de leur église, de leur temple ou de leur mosquée, que pour financer les activités de leurs partis. Le terrible déficit de crédibilité de la classe politique préoccupe tout le monde, sauf, apparemment, les hommes politiques eux-mêmes.

 

Mesdames, Messieurs, chers compatriotes,

 

Parmi les facteurs qui expliquent le discrédit de la classe politique dans ce pays comme dans beaucoup d’autres en Afrique, il y a le poids excessif des positionnements individuels, des rivalités, des marquages à la culotte et des jalousies. Rarement le personnel politique africain n’a paru aussi éloigné des nobles idéaux de la politique comme engagement émancipateur impliquant le sens du devoir et de l’abnégation, et le rejet de l’égoïsme.

 

C’est la montée en force du tribalisme, liée aux ambitions personnelles, ainsi que l’accroissement de la pauvreté et donc de la précarité, qui expliquent les dérives de la politique. Quand, dans un pays, les responsables politiques ont des problèmes pour avoir ne serait-ce que mille francs CFA, il n’y a plus, il ne peut y avoir de véritables débats d’idées. La pauvreté est le pire adversaire de l’exercice sain de l’activité des partis politiques. Si l’unité de l’opposition pose tant de problèmes en RCA comme ailleurs en Afrique subsaharienne, ce n’est pas sans rapport avec ces questions de survie au quotidien. La mise en place d’une stratégie crédible de regroupement de l’opposition souffre d’abord de cette pauvreté ambiante, qui donne de la politique le spectacle insoutenable d’une danse macabre autour d’un gâteau devenu famélique, sans lisibilité des valeurs qui sont censées structurer l’engagement politique.

 

 Le PUN pense que le moment est venu d’engager un débat franc et sincère entre toutes ces formations qui, quant au fond, partagent les mêmes idéaux et qui veulent restituer ses lettres de noblesse à la politique. Plus nous serons rassemblés, et plus nous pèserons pour que ces idéaux se diffusent au sein de la population. L’émiettement actuel ne se justifie pas autrement que par les ambitions personnelles et les querelles de leadership qu’elles entraînent. Si le renouveau du pays est constamment renvoyé aux calendes grecques, c’est bien parce que nous qui nous réclamons de la modernité n’avons toujours pas compris l’urgence de nous regrouper sous une bannière unique pour faire triompher nos idéaux. Ce ne sont pas les marchandages parfois sordides pour le partage d’un gâteau qui n’existe plus qui feront progresser la diffusion des idéaux de renouveau et de modernité. Vendredi dernier, au lendemain de la réélection programmée du général Gnansingbé Eyadéma qui est au pouvoir depuis trente-six ans, la presse étrangère m’a demandé ce que j’en pensais. J’en surprendrai plus d’un parmi vous en disant que je n’ai pas pleuré sur le sort de l’opposition togolaise. Elle n’a eu que ce qu’elle méritait. Sachant que c’était un scrutin à un seul tour, elle n’avait pas d’autre choix que de s’unir derrière le candidat le mieux placé, ou de refuser d’aller aux urnes. Les méfiances, voire les haines personnelles, ont fait que l’opposition est allée en ordre dispersé, offrant au dinosaure togolais l’opportunité d’une réélection automatique. On remarquera, a contrario, qu’à chaque fois que l’opposition s’est rassemblée, elle a rendu l’alternance possible, comme ce fut le cas au Sénégal, puis en Zambie, et récemment au Kenya.

 

Le PUN déclare qu’il est tout à fait disponible pour un débat sincère autour de la question du regroupement des forces qui luttent pour la modernisation de notre pays, afin qu’il cesse d’être l’éternel mauvais élève de la classe africaine. Nous pouvons parvenir à un accord réaliste si nous en avons la volonté politique ferme.

 

 En ce qui me concerne, je dis aux uns et aux autres que je n’ai pas besoin d’être un chef de parti pour exister. Je fais la politique par devoir, et non par goût ou par nécessité individuelle de survie alimentaire. Par mon travail personnel, je me suis imposé depuis quelques mois comme un essayiste de référence sur la scène africaine et internationale. Beaucoup de ceux qui connaissent et apprécient mes travaux se sont demandé, et me l’ont fait connaître, si je ne faisais pas le mauvais choix en retournant sur la scène politique centrafricaine « à temps plein », parce que, argumentaient-ils, l’Afrique a besoin de penseurs qui puissent creuser les sillons de l’avenir et indiquer la voix pour notre sortie de la marginalisation. J’ai choisi de me réimpliquer pleinement dans le combat politique national. Je l’ai fait parce que j’ai estimé que je n’avais pas, moralement parlant, le droit d’abandonner tous ces jeunes qui ont cru en moi en adhérant au PUN et en prenant d’énormes risques face à la machine ultra répressive du régime antidémocratique de M. Patassé. J’ai donc l’esprit suffisamment libre et dégagé pour affronter sans complexe le débat sur le regroupement des forces du renouveau. Avec de la bonne volonté et le souci constant du bien public et de l’intérêt national, nous pouvons ouvrir la voie à un dialogue fraternel pour donner une chance au renouveau du pays.

 

Chers compatriotes,

 

Je le dis comme je le pense : en quarante ans d’indépendance, beaucoup de choses ont évolué dans le monde : la manière de concevoir le développement, la gestion des ressources humaines, la place et le rôle de l’Etat, j’en passe. Notre pays détient le record d’Afrique de l’inertie politique et de l’allergie au changement. Qu’il s’agisse des idées, des structures ou même des hommes, nous sommes rétifs à l’évolution. Or chacun sait qu’il en est des sociétés humaines comme des êtres vivants : qui ne se renouvelle pas s’assèche; qui ne se remet pas en cause végète. L’arbre dont les branches vieillies ne sont pas régulièrement élaguées dépérit. Depuis quatre décennies, ce sont les mêmes discours, les mêmes pratiques et, je l’ajoute parce que c’est vrai, ce sont les mêmes hommes. Et nous avons pourtant affaire à un pays dont plus de 70 % de la population a moins de trente ans ! Ce sont là des questions que nous ne pourrons pas esquiver indéfiniment au risque de compromettre pour longtemps les chances de décollage de notre pays. Je pose la question de savoir qu’est-ce qui est le plus important : les susceptibilités à ménager ou le développement de notre Centrafrique? Je choisis, pour ma part, de privilégier la vérité, aussi blessante soit-elle.

 

Mesdames, Messieurs, Distingués invités, chers compatriotes militants et militantes,

 

 Le pays doit procéder rapidement à un état des lieux. Un audit s’impose donc, pour mesurer avec précision l’ampleur et la nature des dégâts causés par dix ans de gestion prédatrice et mafieuse. S’il me paraît indispensable que nous travaillions résolument et sincèrement à la réconciliation nationale, s’il est exact que j’ai mis en garde, à plusieurs reprises, contre la chasse aux sorcières, cela ne signifie pas qu’il faille ériger l’impunité en une sorte de tradition nationale centrafricaine. L’impunité cultivée depuis des décennies de gestion patrimoniale est sans aucun doute l’une des principales causes du développement de l’incivisme et de la malhonnêteté dans notre pays.

 

Il y a également lieu de dire très clairement à ceux qui ont soutenu jusqu’au bout le régime qui a ravagé le pays en une décennie de pillages, au point de laisser la RCA totalement exsangue : d’accord, il faut pardonner ; d’accord, il faut réconcilier ; d’accord, il faut éviter la chasse aux sorcières. Mais cela ne saurait être interprété comme de la faiblesse, et comme un encouragement à l’impunité.

 

 Le PUN demande au Président et au gouvernement de ne pas laisser se perpétuer les pratiques de prédation et les blocages délibérés frisant le sabotage !

 

Certains patassistes irréductibles tentent délibérément de freiner la bonne marche de la Transition consensuelle en multipliant les embûches et les chausse-trappes. Passés maîtres dans l’art de la désinformation, ils continuent de distiller les mensonges les plus pervers pour semer le doute dans l’esprit de la population et la démoraliser : « çà ne va pas du tout entre Bozizé et Ngoupandé », ou encore « ils sont à couteaux tirés parce que le général veut faire revenir le Grand Camarade, et Ngoupandé s’y oppose ! » . Ils font même croire que Patassé sera bientôt de retour, « dans trois mois »…

 

Patassé ne reviendra plus, ou alors comme prisonnier, pour rendre compte de ses méfaits devant la justice centrafricaine !

 

 Chers compatriotes, militantes et militants,

 

 Rassurez la population : Patassé ne reviendra plus ! Ou alors il y aurait de quoi désespérer de ce pays. Le PUN ne laissera pas faire. S’il faut se lancer de nouveau dans la bagarre pour l’empêcher de revenir, alors, le PUN est prêt. Je suis prêt. Mais je vous rassure : il n’y a personne de sérieux au monde qui souhaite le retour d’un dirigeant aussi discrédité. La meilleure façon de l’effacer définitivement de la mémoire des Centrafricains, c’est de bien gérer la Transition, et d’engager ensuite, avec détermination, l’œuvre de reconstruction du pays. En attendant, il doit être dit clairement aux patassistes qu’ils ont de la chance de vivre dans un pays pacifique. Ailleurs, ils n’auraient pas pu se pavaner comme ils le font, et narguer leurs victimes d’hier à peine deux mois après le départ de leur champion. Mais attention : il y a une limite à ne pas dépasser. Cela vaut pour tous les autres aventuriers qui seraient tentés d’entraver la bonne marche de la Transition, dans lequel le peuple centrafricain place de grands espoirs. Encore une fois, nous ne les laisserons pas faire. Quand, le 8 juillet 2000, nous avons demandé la démission de Patassé, beaucoup ont douté de notre détermination. La suite a montré que nous ne sommes pas du genre à fuir nos responsabilités quand il s’agit du destin de notre pays.

 

 

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes,

 

Depuis, le 15 mars 2003, une petite fenêtre s’est ouverte pour le renouveau de notre Centrafrique. C’est une chance à saisir. Ne la gâchons pas. Notre unité autour du programme de la Transition sera notre premier atout. Notre volonté de nous prendre résolument en charge plaidera en notre faveur auprès de nos partenaires extérieurs. La Transition peut compter sur le PUN et sur son patriotisme.

 

 

C’est sur l’expression de cette conviction que je déclare ouverts les travaux de la deuxième session ordinaire du Conseil Politique issu de notre premier Congrès.

 

Je vous remercie.

 

[Discours prononcé par Jean-Paul NGOUPANDE, président du PUN]


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16