MEMORANDUM:

Le MLPC annonce sa couleur, être une opposition responsable. (Sic).

Le 15 mars 2003, le régime du Mouvement de Libération du Peuple centrafricain (MLPC) sous la conduite de M. Ange Félix Patassé, président de la République, Chef de l'Etat, élu démocratiquement en 1993, puis réélu en 1999, a été renversé par un coup d'Etat militaire dirigé par le Général François Bozizé.

Le présent mémorandum a pour but, de faire la situation politico-économique et sociale de la République centrafricaine d'avant le coup d'Etat.

Mais avant cela, le Bureau exécutif du MLPC a pris acte du changement politique intervenu dans le pays et qui a interrompu le processus démocratique, lors d'une réunion des Partis politiques convoquée et présidée par le Général François Bozizé, président de la République, le 20 mars 2003 au camp militaire BEAL.

Au cours de cette réunion, le Général François Bozizé a expliqué aux partis politiques, les raisons qui l'ont conduit à renverser le régime du MLPC. Il a, par la même occasion, demandé à tous les partis politiques de taire leurs querelles, de retrousser les manches et de se remettre au travail en vue de reconstruire le pays déjà tombé très bas sur le plan économique.

Par la même occasion, le Général François Bozizé, président de la République, a annoncé la mise en place rapide :

     

  1. d'un Gouvernement de réconciliation nationale regroupant tous les partis politiques et société civile;

     

     

  2. d'un Conseil National de Transition.

     

Il a souhaité que tous les partis politiques, y compris le MLPC, fassent partie de ces organes de transition. Le bureau exécutif du MLPC était représenté à cette réunion par les camarades Jacquesson Mazette et Marcel Loudégué. Les deux représentants du Bureau Exécutif ont donné, au nom du parti, leur accord de principe pour la participation du MLPC à ces organes de transition. En outre, les deux camarades ont promis au président Bozizé, un mémorandum qui précisera les contours et les conditions de participation du MLPC à ces structures de transition. Il s'agit essentiellement des questions politiques, économiques
et sociales d'avant le coup d'Etat.

I - Sur le plan politique

Après le coup d'Etat du 25 octobre 2002, des voix se sont élevées tant au niveau national qu'international, pour exiger du président Patassé, la tenue d'un Dialogue national, ce à quoi il a accédé en instituant par décret le dialogue national. Deux coordonnateurs en la personne de Monseigneur Paulin Pomodimo, président de la conférence épiscopale de Centrafrique, et Henri Maïdou, Ancien Vive-président de la République, ont été nommés pour préparer ce Dialogue.

Après une tournée internationale faite par ces deux personnalités, un rapport a été fait et nous nous acheminions résolument vers la tenue de ce Dialogue.

Une dernière mission conduite par le président de la République auprès du président de la République gabonaise, a permis de clarifier les points de vue des uns et des autres et de subdiviser le Dialogue en trois phases :

     

  1. Le Pré-dialogue que se propose d'abriter une ONG religieuse de Rome (Italie)

     

     

  2. La réunion d'une commission militaire et sécuritaire, que se propose d'accueillir le président Bongo,

     

     

  3. Le dialogue national, lui-même, devait se tenir à Bangui, en raison du grand nombre des participants (estimés à au moins 500 personnes).

     

Des contributions acquises ou promises étaient en train d'être mises en place. C'est le cas du président Bongo qui a donné un chèque de cent (100) millions de francs CFA. L'Union européenne, la Chine, l'Allemagne ont annoncé leurs contributions.

Etant donné l'interruption du processus démocratique, le Bureau exécutif du MLPC se pose la question de savoir, si le dialogue qui devait déboucher sur la réconciliation entre les Centrafricains est définitivement enterré?

II - Sur le plan économique

Depuis le 25 octobre 2002, la République centrafricaine a connu un rythme de destruction sans précédent, tant au niveau des provinces que de Bangui.

En provinces, toutes les villes de l'Ouham, de L'Ouham-Pendé, de Kémo, de la Nana-Gribizi, sont détruites. Dans ces régions, les écoles, les hôpitaux, les églises, les structures administratives, les usines d'égrenage de coton, les structures économiques génératrices d'emplois ont été pillées et détruites par les rebelles.

Cette destruction s'est poursuivie au niveau de la Ouaka, de l'Ombella-Mpoko et de la Lobaye.

La destruction au niveau de Bangui est indescriptible. Les dernières structures qui permettent d'espérer la reprise d'une vie économique sont parties en fumée. Cette destruction a atteint les entreprises privées étrangères.

Le Bureau exécutif s'interroge sur le comment les nouvelles autorités du pays vont-elles s'y prendre pour le redémarrage de l'économie.

III - Sur le plan social

Les 25 octobre et 15 mars 2003, ont été des dates fatales pour beaucoup de Centrafricains : pertes en vies humaines, pertes des biens personnels, pillages et destructions des résidences des dignitaires du Régime renversé.

La chasse aux dirigeants et militants du MLPC a commencé dès le 15 mars. Ils vivent tous cachés dans les Ambassades ou en brousse. Le Bureau Exécutif demande aux nouvelles autorités, quelles mesures entendent-elles prendre :

     

  1. Pour garantir la sécurité des anciens dignitaires tous aujourd'hui sans abris?

     

     

  2. Pour indemniser tous les Centrafricains victimes des événements des 25 octobre 2002 et 15 mars 2003?

     

Tout en marquant son accord de principe pour participer sans rancœur aux organes de gestion consensuelle de transition annoncée, le Bureau Exécutif du MLPC souhaite obtenir des réponses précises à ces trois séries de questions.

Conclusion

Le Bureau Exécutif du MLPC tient à répéter au Président de la République, que le MLPC n'a pas d'ennemi parmi la classe politique centrafricaine.

Le Bureau Exécutif du MLPC tient également à faire savoir qu'il ne se laissera pas entraîner dans "un consensus trompeur", car d'ores et déjà, la nomination du Professeur Goumba, président d'un parti politique comme premier ministre d'un Gouvernement qui se veut Consensuel est déjà une transgression de la promesse du président de la République.

Pour terminer, le Bureau Exécutive du MLPC constate que par ce geste de nomination non consensuelle, le président de la République a acculé le MLPC à l'opposition. Cette opposition sera une opposition responsable.

La remise en place du processus démocratique interrompu par le coup d'Etat du 15 mars 2003 ainsi que l'organisation du Dialogue national devant déboucher sur la réconciliation nationale, seront les principaux objectifs du MLPC pendant cette période de transition dont la durée doit être connue d'avance par tous les centrafricains.

Fait à Bangui, le 24 mars 2003

Le Bureau exécutif du MLPC

Source Le Citoyen N°1601 – Samedi 12 avril 2003  / Kodro, 15 avril 2003


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16