POURQUOI LE PRESIDENT PATASSE VOULAIT ABSOLUMENT CONSTRUIRE UN MONUMENT DEDIE AUX MARTYRS.

 

Au delà de la destruction du tissu social, économique, politique, culturel, régional et identitaire à mettre à l’actif du président Patassé et de ses sbires ; des assassinats à caractère ethnique et politique, des détournements de deniers publics, du pillage systématique des maigres ressources dont disposent la RCA et qui sont exploitées à ce jour, des trois mutineries, des trois tentatives de coup d’état dont la dernière l’évinça ; de l’ethnocide de mai à juin 2001 et des crimes contre l’humanité de 2002, de l’envahissement de la RCA par les libyens et les Bembistes, de l’humiliation de l’armée Centrafricaine, de l’expansion sur tout le territoire centrafricain des troubles politico-militaire dont Bangui a toujours été le théâtre, de l’exil forcé des cadres et intellectuels Oubanguiens et de l’expatriation forcée de la jeunesse centrafricaine, de l’extermination par le SIDA ;la misère et la faim de bon nombre de  compatriotes , de la chute véritable du niveau scolaire, de la chute de l’espérance de vie, de l’augmentation vertigineuse et terriblement dangereuse du taux de séroprévalence en Centrafrique, de l’appauvrissement quasi général du peuple Centrafricain, de la vétusté des infrastructures administratives et hospitalières et des moyens de communication ( excusez moi si je m’arrête d’énumérer ; la liste est loin d’être exhaustive) que l’histoire retiendra des dix (10) ans passé avec Moïse(pour rires) Ange Félix Patassé, le MLPC et ses alliés ainsi que la grande bande des crapules politiques africains et de la bande des mafieux occidentaux et moyen-orientaux. L’histoire retiendra aussi de ces dix (10) dernières années la construction du monument des martyrs ; seul édifice et infrastructure d’utilité public débuté et achevé en dix (10) ans par le président Patassé. La question que l’on est en droit de se poser est la suivante : mais pourquoi Moïse Ange Félix Patassé, le papa de Salomon (symbole de sagesse d’après lui lors d’une interview accordée aux médias d’état par le concerné à l’aéroport de Bangui un jour de retour de voyage où il lui était encore possible d’atterrir à Bangui Mpoko.) tenait t’il absolument à construire le fameux monument des martyrs ? A la réponse à cette question, nous pourrons avec rires ; essayer de comprendre une partie de cet énorme gâchis qui ramène la RCA à l’ère d’un nouveau départ ; l’enfermant ainsi dans ce cycle d’éternel recommencement qu’elle connaît si bien. Oui, Moïse Ange Félix Patassé est bien un prophète comme son illustre homonyme hébreux ; mais à la différence de l’hébreux qui libera son peuple de la servitude que leur a imposé les égyptiens en un peu plus de quatre cent trente cinq ans (435) et qui les a mis sur le chemin de Canaan qui pour eux était la terre promise et symbole du bien être sur terre ; Moïse Ange Félix Patassé lui, a été un prophète de malheur, d’asservissement, de répression, de corruption, de division , de mensonge, d’équilibrisme et d’infantilité politique, économique et diplomatique. Mais pourquoi dis je que Mr Patassé est prophète ? Nous savons tous que la première des qualités de ceux qui nous ont gouverné en Centrafrique, depuis le départ des colons ; est la naïveté et la cécité générale qui les empêche (hélas pour leurs rejetons et pour le peuple) ; d’être à la hauteur des espérances placées en eux ; c’est ainsi que n’échappant pas à la règle ; Mr Patassé va ainsi un jour commettre l’irréparable en s’autoproclamant libérateur et faisant dire à ses fidèles sa moïsissation (néologisme : art de devenir libérateur au sens biblique). Je disais que ce prophète made in Paoua and Bangui a vu loin, je dirai même très loin, dans le passé, le présent, le futur immédiat et le futur lointain. Le monument des martyrs construit à proximité du lycée qui porte le même nom et à l’intersection des avenues des Martyrs, Conjugo et France ; est tout un symbole. Il réunit en lui ; l’histoire de la RCA de ces quarante dernières années, met à jour les destins intimement liés de Patassé et de son grand frère Kolingba ; ainsi que de leurs pères spirituels Bokassa pour le premier ; et Dacko pour le second. Lorsque je partais de Bangui il y’a quelques années de cela ; il y’avait une déviation à l’emplacement actuel du monument ; cette déviation résultait  du début des travaux. Puis il y’a eu une polémique autour de l’architecte qui aurait disparu semble t’il avec l’enveloppe dédiée aux travaux. Quelques temps après cela ; les travaux reprirent et le monument fut achevé. Je n’ai jamais su à quoi ressemblait le monument des martyrs ; jusqu’au jour où je découvris la photo de l’œuvre que Patassé a légué à la ville de Bangui et au déla à l’histoire et au peuple Centrafricain sur www.centrafrique.com ; parmi les nombreuses photos de la marche de soutien aux tombeurs de Moïse Ange Félix Patassé. L’histoire nous réserve parfois d’étranges surprises et métamorphoses ; et le peuple est loin d’être aussi bête et naïf que le pense hélas ceux qui nous gouvernent. C’est à ce même endroit que fut célébré la chute de l’un des derniers des grands prophètes politiques africains ; chantre de la division, de la corruption, du mensonge, de l’enfantillage politique, économique et diplomatique ; et preuve vivante s’il en est encore débat, de l’échec des oubanguiens et de la première génération des Centrafricains (heureusement qu’il y’a des exceptions). De la génération des centrafricains nés sous l’empire (qui dura deux ans : 1977 -1979); de Patassé ; je connaîtrais la véritable histoire et  le parcours  que vers la fin des années quatre vingt quand ce dernier fit son retour sur la scène politique aussi  incroyable que cela paraît l’être par la bénédiction du général Kolingba qui accepta le retour de l’ange de Paoua et plus encore ; quand ce dernier devint Président. Mais l’histoire étant un ordinateur avec une capacité incommensurable de mémorisation ; toute son œuvre et son parcours est à la portée du plus jeune des centrafricains. C’est ainsi que je saurai que Moïse Ange Félix Patassé fut pendant très longtemps ministre sous le régime présidentiel, le régime présidentiel renforcé (présidence à vie), le régime maréchal et le régime impérial avant de fuir comme le 15 mars 2003  en 1978 suite à une découverte de trahison par Bokassa 1er    où Moïse était trompé dans un complot de destitution du dernier des empereurs noirs et vers son Lomé d’amour en 1982 suite au putsch manqué de Franboz et compagnie. Devenu président  à la faveur de l’instauration de la démocratie par Kolingba (à César ce qui est à César) ; Moïse Ange Félix Patassé hérita d’un pays dont la situation politique, économique et sociale était chaotique :

·         Transition démocratique non réussie (même s’il y’a eu changement de régime)

·         Les années blanches

·         La longue grève des fonctionnaires

·         La chute de la production agricole centrafricaine qui suffisait à peine pour répondre aux exigences nationales et soutenir la concurrence sur le marché.

·         La chute des prix du café et du coton dont la production centrafricaine avait également chutée

·         La corruption dans le monde minier et dans l’industrie du bois

·         Les arriérés de salaire, de pensions et de bourses.

·         La pandémie du SIDA

·         La déforestation et la disparition du couvert végétal autour de la ville de Bangui et des grandes villes centrafricaines.

·         La quasi-disparition des espèces animales protégées dont Patassé fit le deuil un jour à la télé et demanda à la mise en place d’une commission d’audit sur la disparition de ces animaux qui faisaient la beauté de la faune centrafricaine.

·          Le non entretien des voies de communication

·         le non draguage du lit de l’Oubangui qui condamne dangereusement la grande rivière

 

Tout le monde s’est accordé pour dire que la situation de la RCA ce 23 octobre 1993 ; où Patassé accéda à la magistrature suprême était chaotique ; mais c’est en lambeaux qu’il nous a abandonné le pays. Mais dès son arrivée ; et les premières mesures qui ont été prises ; avec le recul aujourd’hui, nous permet de dire qu’à l’opposé de son illustre homonyme hébreux (Moïse) qui a eu le privilège d’être enterrer par Dieu le père lui-même dans la vallée du pays Moab en face de Beth-Peor (deutéronome 34 : 5 à 6) ; Moïse Ange Félix Patassé ; ne connaîtra pas ce hommage que devra lui rendre le peuple ; il sera jeté aux poubelles de l’histoire et vilipendé  comme les Ceausescu, les Mobutu, les Bokassa, les Samuel Doe , les Pol Pot (Saloth Sar) et autres ; à moins de faire un mea-culpa public et de restituer au peuple centrafricain  son argent volé(seulement ça) ; car l’histoire est la science des choses qui ne se répètent pas ; ainsi ces dix (10) ans passé sous lui ne peuvent nous être restituer.

A la différence de tous les autres chefs d’état d’Afrique centrale et de l’ouest ; le patrimoine de Moïse Ange Félix Patassé et de sa famille dans son pays est quasi-inexistant. Savait-il en son fort intérieur qu’il devrait un jour reprendre le chemin de Lomé, j’ai bien peur que cette analyse soit vraie, d’où son ministère de prophète; et c’est ce qui a caractérisé l’ensemble de son œuvre et de sa démarche politique, économique et diplomatique. A l’opposé d’un Bongo qui a fait de Franceville une grande cité moderne, d’un Mobutu qui a fait de Gbadolité la hollywoodienne, d’un Houphouët qui a fait de Yamoussoukro la capitale administrative de la côte d’ivoire, d’un Gnassingbé qui a fait de Kara un centre urbain de premier plan, d’un Sassou qui est entrain de vouloir construire dans la région d’Edou sa ville natale le plus grand complexe aéroportuaire d’Afrique centrale ; tout comme Kembé , Paoua n’est pas devenu une grande ville ; ni  la capitale de la république du Logone dont on accusait Patassé d’être l’un des penseurs et éventuels fondateurs ; pire, l’illustre fils de Paoua(Patassé) l’a fui  pour venir s’installer dans la grande banlieue de Boali un peu plus au sud à plus de trois cent kilomètres de son berceau de naissance. Les villas et grandes demeures de Patassé et de sa famille à Bangui ne se compte pas du tout. Pire, durant tout son règne ; il fut hébergé à la villa Adrienne (résidence ayant appartenue, à l’état gabonais) par son grand frère Bongo qui, est mêlé et cela n’est plus un secret à la destitution de Moïse Ange Félix Patassé. Toute sa suite et rejetons squattaient les rares résidences de l’état ou faisaient subir de la chirurgie esthétique architecturale à des vieilles bâtisses de Bangui. Toute l’activité de Patassé se résumait au travers des différentes colombes qui lui ont appartenu (colombe forêt, colombe mines, catadiam, omac …) et de ces multiples détournements et manipulations financiers sur le dos de l’état Centrafricain. Parler aujourd’hui de ces crimes économiques n’est pas mon but premier ; mais il y’a un fait sur lequel tout le monde est d’accord : l’addition de ces dix (10) ans en faveur du Président Patassé et de sa famille est amère pour le peuple Centrafricain. Et à la question de savoir où est passé tout ce butin ; seule l’ouverture d’une procédure judiciaire impartiale ; permettra peut être de savoir ce qu’il en est advenu. Mais nul n’est sans ignorer que sieur Patassé a énormément investi dans l’acquisition d’armes et les frais de conseillers terroristes comme Barril et des partenaires mercenaires comme Bemba et ces Banyamulenges ; ainsi que Miskine et ses hommes, pour défendre son trône de président et son ministère de prophète ; sans oublier ses innombrables voyages qui, ont fait de lui et de sa cour l’un des plus grands présidents voyageurs de tous les temps de l’histoire centrafricaine et très certainement de l’Afrique de ces dix(10) dernières années . Etait ce sur les maigres budgets de défense affectés annuellement à ce qu’on appelait les FACA, et sur les recettes de l’état Centrafricain ; j’y crois et seul les intéressés peuvent en parler. Mais toujours est-il que l’histoire retiendra que ces dix dernières années ont constitué un énorme gâchis pour le peuple et pour Patassé lui-même ; ainsi que ces rejetons. Pour revenir à la question essentielle de cet essai ; qui est de savoir pourquoi le président Patassé voulait absolument construire le monument des martyrs ; voici un début de réponse à cette question qui en soi même résume la pensée profonde et non avouée du Président Patassé, son action politique et sa cruauté, le manque de considération pour le peuple centrafricain : une insulte à sa dignité et à son honneur. L’histoire récente nous a montré bon nombre d’exemple de bourreaux qui vont réhabiliter leurs victimes et faire d’eux des héros. Ainsi, après avoir livré Lumumba aux cessessionistes Katangais ; Mobutu va s’atteler quelques années plus tard à faire de l’homme qu’il a livré à la mort un héros de la lutte de l’indépendance africaine et de la dignité noire. Quelle insulte pour la famille de Lumumba et de ceux qui ont cru en lui. Le bourreau devient béatificateur. C’est dans cette même lignée que notre prophète made in Paoua and Bangui va vouloir bâtir le monument des martyrs. Car non seulement son passé de gouvernant le rattrapait ; mais son projet pour les jours de son règne de président lui montait en tête. C’est pourquoi il va tout mettre en œuvre pour bâtir le monument des martyrs, pour que le peuple ne l’oublie pas, et son nom associé à cette construction rappellera à tout jamais les sévices qui y sont associés; ainsi que des autorités centrafricaines de son acabit. Par définition le mot martyr (du grec martur) : désigne une personne qui endure la mort  ou la souffrance à cause d’un principe, d’une croyance ou d’un système politique. Un monument des martyrs est une construction réalisée en la mémoire des dits concernés. Or l’histoire étant tellement récalcitrante; elle nous montre ceci : durant les treize années du règne de Bokassa ; années parmi les plus noires de l’histoire centrafricaine ; Mr Patassé était pendant onze (11) ans dans les hautes sphères du pouvoir jusqu’à accéder au grade suprême de premier ministre ; étant de fait le maître de cérémonie du sacre de Bokassa 1er . Comment ne pas l’associer alors aux exactions des droits de l’homme connus sous le règne de papa Bok dont tout le monde s’accorde à dire que Patassé est le rejeton spirituel ; tout se payant ici bas, le rejeton spirituel de Patassé le trahit aussi : Démafouth ou la loi de la rétribution universelle. Ayant appartenu aux cercles privés du pouvoir, si un jour il devrait y avoir un procès du régime de Bokassa, Mr Patassé serait probablement assigné à comparaître. C’est même à mon avis l’une des raisons pour lesquelles  le général Kolingba a fait jugé Mr Bokassa et non son régime ; car il a appartenu lui aussi à ce système : celui de papa Bok.

 Loin de moi l’idée de vouloir marginaliser les chapitres de la lutte des années 80 pour l’instauration de la démocratie et  les événements de 1979 ayant provoqué l’assassinat de plusieurs étudiants et élèves centrafricains à l’époque où je baignais encore dans l’insouciance de l’enfance ; d’autres se sont engagés et sacrifiés. Mais je désire seulement élargir la notion de martyr ; afin que l’on y intègre les victimes de tous les types de répression connus en Centrafrique. Or exactement dans ce macabre bilan ; quatre ères se dégagent :

 

1.      le mouvement de l’indépendance et de la première république : 1950- 1965

2.      le mouvement de la saint sylvestre : janvier 1966- septembre 1979

3.      le CMRN et le RDC : septembre 1981- octobre 1993

4.      le MLPC et la grande mangeoire nationale : octobre 1993- mars 2003

 

 

Sur quarante trois années sous le régime d’indépendance ; le bâtisseur du monument des martyrs totalise à lui seul un peu plus de vingt trois (23) années de règne direct et indirect ; alors comment ne pas l’associer à la liste des auteurs et co-auteurs de ces crimes, faille t’il rappeler qu’il était le premier chef d’état en fonction contre qui une plainte a été déposé au tout nouveau tribunal pénal international. Je disais que le passé du président Patassé l’a poussé à bâtir ce monument ; mais aussi son action politique de 1993-2003 l’a emmené à cette entreprise de construction. Car sieur Patassé savait qu’il était en mission de pillage et de ratissage commandé, désolé pour les Koyambonou, les Ndouba, les Kombonaguemo, les Mazette, les Sandy, les Ringui, les Dondon, les Dologuélé ; mais aussi l’ensemble de la classe politique centrafricaine en partant du RDC au MDREC en passant par l’ADP, le MDD, le  FPP , le FC, PUN et le FODEM ; qui au nom de l’intérêt national se sont tous à un moment associé à des gouvernements d’union nationale, de défense de la démocratie, de combat ; aveugles et assoiffés de participer à la grande mangeoire nationale que représente le gouvernement dans les pensées profondes des hommes politiques centrafricains. Naïvement, sciemment et inconsciemment ; ils ont tous participé à la mission de Patassé et de sa famille.

Je disais que ce prophète made in Paoua and Bangui a vu loin, très loin, dans le passé, le présent, le futur immédiat et le futur lointain et que le monument des martyrs qu’il a fait construire est un grand symbole. Il réunit en lui, l’histoire de la RCA de ces quarante (40) dernières années. Nous devons y voir la vision d’un homme qui s’est non seulement moqué du peuple qu’il a torturé en tant que membre éminent du système de papa Bok (1966-1978) mais aussi la macabre prophétie d’un homme qui a prévu de faire payer un lourd tribut au peuple centrafricain(pour quelle raison,Dieu seul et Patassé le savent) et qui a choisi d’entrer dans l’histoire nationale et internationale dans les rangs des grands despotes de l’acabit des Milosevic ; et pourtant rien ne prédestinait le prophète made in Paoua and Bangui à une sale besogne ; si ce n’est que les desseins de son cœur ; car le cœur de l’homme est méchant par-dessus tout et ses voies sont tortueuses ; c’est l’une des grandes leçons à retenir du règne inoubliable de Patassé dont nous devrons écrire les pages, les enseigner en toute impartialité, afin que des bêtises et des hommes de cette nature ne surgissent plus tous les dix ans en Centrafrique.

 De 1993 à 2003 ; le peuple aura subi et supporté les pires tortures et sévices et les plus grandes humiliations de son histoire. Mais les limites des tyrans étant fonction de ceux qu’ils oppriment ; le peuple, les amis et l’histoire du prophète made in Paoua and Bangui ont eu raison de son long règne(10 ans ce n’est dix jours). Mais si le président Patassé a échoué ; s’il est réparti planté du mil à Lomé ; s’il est entré dans l’histoire comme un despote et un dictateur, si de son ministère de prophète d’opérette l’on ne retiendra que le monument des martyrs et l’énorme gâchis économique, humain, culturel et politique ; l’on ne doit pas ramener tous les maux dont souffrent la Centrafrique à sa seule personne et au MLPC, et faire de Mr Patassé le dénominateur commun de tous les maux dont souffrent la Centrafrique est très facile. Loin de moi l’idée de vouloir trouver des circonstances atténuantes à sieur Patassé et ses alliés politiques et économiques ; mais la clairvoyance voudrait que l’on soit objectif et apporter une analyse juste ; prix du réel changement, il y’a trop de collabo en Centrafrique : «  les tékä mo te gué ». Au monument des martyrs, nous nous devrons d’associer tous les martyrs de tous les systèmes qui nous ont gouverné :

1.      les martyrs du mouvement de l’indépendance

2.      les martyrs de la stupidité et de l’aventure  politique de Dacko

3.      les martyrs du Napoléon noir Bokassa 1er et du MESAN

4.      les martyrs du CMRN, du RDC et de Kolingba

5.      les martyrs du MLPC, de la grande mangeoire nationale et de Patassé

Mais nous devons aussi associer à cette liste, les catégories suivantes de martyrs:

1.      les martyrs du SIDA, du paludisme, de l’insalubrité et de l’insécurité

2.      les martyrs de la pauvreté, de la sorcellerie

3.      les martyrs de l’ignorance, et des traditions négatives

4.      les martyrs du sous développement et des pillages

5.      les martyrs du tribalisme, du népotisme, de la corruption et de la barbarie

Mais au déla du fait que le monument des martyrs soit dédié aux victimes des differents systèmes qui nous ont gouverné et des differents fléaux qui nous ont frappés ; ce monument doit aussi nous rappeler l’échec des oubanguiens et des premiers centrafricains, un échec politique, économique, culturel, et religieux d’un ensemble de trois millions sept cent mille âmes ; incapables de bâtir un état moderne, quarante ans après le départ des colons. Mais il doit aussi être pour nous comme une phare ; une alarme qui nous avertira au moindre faux pas de ceux qui auront la charge de nous diriger. Son emplacement géographique en fait de lui aussi un grand symbole. A la limite des quartiers nord et sud de Bangui, il doit aussi être le symbole de la réconciliation. Situé sur l’avenue de France ; il doit symboliser une rupture historique avec le colon. A deux pas de l’université de Bangui, du lycée des martyrs, du stade Barthélemy Boganda, de la faculté théologique de Bangui et de l’école inter états de la douane d’Afrique centrale; il doit être le symbole de la jeunesse, de la pensée pure et de l’intégration

Nous sommes en 2003, et le constat est le suivant :

1.      les français sont partis officiellement le 13 août 1960

2.      Boganda se trouve là-haut chez le père

3.      Dacko est réduit à la mendicité et au vagabondage politique

4.      Bokassa s’en est allé en 1997 dans l’indifférence générale au pays des hommes allongés

5.      Kolingba est à la merci de Deby et de Franboz et sans domicile fixe à Bangui

6.      Patassé est réparti planté du mil et de l’igname  à Lomé

7.      Bozizé et Goumba sont les nouveaux maîtres du pays

8.      Edouard Franck (l’éternel collabo) est toujours dans la place

9.      le MLC est toujours de l’autre côté de la rivière et Bemba bientôt s’installera à Kinshasa

10.  les eaux de l’Oubangui ne seront plus transférées au lac Tchad

11.  les fonctionnaires, les étudiants, les retraités cumulent toujours des arriérés astronomiques de salaire

12.  l’armée centrafricaine n’est que l’ombre d’elle-même

13.  Bangui est un gros village et placé sous protectorat tchadien et de la Cemac

14.  le taux de séroprévalence en Centrafrique est de 16%

15.  le système scolaire est miné et fatigué par les grèves et les arriérés de tout genre

16.  24 ans après son pillage ; l’omnisport n’est toujours pas reconstruit

17.  le basket centrafricain est à son niveau le plus bas

18.  selon les médias, le mouvement « grâce à Bozizé » est un pillage d’anthologie

19.  les hôpitaux sont devenus des mouroirs

Mais face à la situation chaotique de la Centrafrique qui ressemble à s’y méprendre au tableau de la Centrafrique en 1993 multiplié par 3. Que peut on et doit on faire ?

Certains mots qui composent la renaissance (l’hymne national centrafricain) trouvent leur importance et constituent en eux des éléments de début de réponse :

·        nous devrons reprendre notre droit à la vie

·        refuser la brimade, la soumission et la tyrannie

·        se mettre au travail dans la dignité, l’unité et l’ordre

·        être patriotique

·        la philosophie du « donnant-donnant » se doit de revenir sur la place et être appliquer

·        arrêter de cultiver la médiocrité et la pauvreté

La renaissance centrafricaine est et doit être permanente, définitive. Ce doit être l’action collective de tous les centrafricains pour transformer la réalité et améliorer la situation concrète des masses de notre pays, et bâtir pour les générations actuelles et à venir un pays propre et saint où il fait bon vivre. Le mouvement du 15 mars 2003 n’aura de valeur et de signification, que s’il aboutit à la transformation de la mentalité du centrafricain, à une rupture historique et culturelle et à la mise en place d’un système qui, en regardant derrière nous, devant nous, et à nos côtés ; nous pouvons dire que la renaissance centrafricaine a apporté un bien être au peuple et que grâce à elle ; les centrafricains sont un peu plus heureux ; parce qu’ils ont de l’eau saine à boire, parce qu’ils ont une alimentation abondante et suffisante, parce qu’ils ont une santé resplendissante, parce qu’ils ont l’éducation, parce qu’ils ont des logements décents, parce qu’ils sont mieux vêtus, parce qu’ils ont droit aux loisirs, parce qu’ils ont l’occasion de jouir de plus de liberté, de plus démocratie et de dignité, parce qu’ils ont des moyens de communication performants et ne sont plus une banlieue oubliée de la planète. La renaissance centrafricaine n’aura de raison d’être que si elle répond concrètement à ces attentes et droits. Mais pour que cette renaissance voie le jour ; nous devons tous nous unir, dépasser nos frustrations, nos douleurs ; faire table rase du passé mais dans la justice et la vérité et conjuguer nos efforts pour faire face à cette œuvre gigantesque qui nous attend. Réduit à son Lomé d’amour comme Hissen Habré à son Dakar humanitaire, l’ingénieur Agronome de Nogent sur Marne (Moïse Ange Félix Patassé)rêve de revenir libérer la Centrafrique qu’il a lui-même emprisonné ; mais il a oublié qu’il n’est pas Hugo Chavez, ni Tedjan Kaba et que le MLPC qui l’a fait prophète,libérateur et président l’a lâché et reconnu le nouveau système en place à Bangui et même désavoué son appel à la résistance ; ses anciens amis financiers font la cour au général Franboz et au professeur Goumba ; ses amis et frères présidents de la Cemac l’ont lâché et à grande pompe sourient avec l’ancien 2eme classe redevenu général. Son alliance contre-nature avec Lissouba est vouée à l’échec ; la France a fait son retour à Bangui et le discours de Chirac au dernier sommet France Afrique était destiné à endormir des hommes comme lui. Merci  Mr Patassé pour le monument que tu as tenu à construire ; mais l’histoire l’a récupéré à des fins plus nobles que les mauvais présages de ton ministère prophétique et présidentiel. Le monument des martyrs sera associé à tes propres martyrs et à  ceux des systèmes qui t’ont précédé et éventuellement à ceux des systèmes qui t’ont succédé.

 

                                            Clément BOUTE MBAMBA

                                      Ingénieur des travaux en génie civil

                                            Dammarie les lys (France)

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16